13 Mar

Indeh : une histoire des guerres apaches signée Ethan Hawke et Greg Ruth chez Hachette Comics

Capture5Que ce soit de ce côté-ci de l’Atlantique ou de l’autre, l’histoire des Apaches a principalement été écrite et transmise par l’homme blanc, à travers le cinéma mais aussi la littérature. C’est encore la cas ici avec Indeh, Ethan Hawke et Greg Ruth ne sont pas Apaches, mais le point de vue qu’ils ont choisi pour raconter cette histoire est justement celui de ces tribus amérindiennes. Et ça change tout…

« Pendant des décennies, la culture populaire américaine a prétendu parler en notre nom par le truchement de films, de livres et d’émissions télévisées », explique en préface l’artiste amérindien Douglas Miles, « Presque toujours, ces histoires nous resservent les mêmes clichés et suscitent un sentiment mêlé de tragédie, de pitié, de sauvagerie, non dépourvu d’arrières pensées commerciales ».

Aux innombrables films hollywoodiens qui ont contribué au mythe de l’Amérique conquérante et à la simplification de l’image de l’Indien par le recours massif aux clichés les plus basiques, où les gentils colons se voyaient attaqués par des hordes sauvages, Indeh répond en se mettant dans la peau et dans le regard des Apaches qui ne font que répondre à la violence par la violence, choisissant la guerre contre le gouvernement des États-Unis pour défendre leur liberté, leurs terres, leur culture, et s’opposer à la déportation des leurs dans des réserves.

© Hachette Comics - Hawke & Ruth

© Hachette Comics – Hawke & Ruth

Si l’histoire des Apaches ne lui appartient pas non plus, l’acteur de cinéma Etan Hawke a découvert très jeune que les films de cow-boys n’étaient qu’un tissu de mensonges. « Les fusillades qui les émaillaient… », écrit-il, « n’avaient rien d’accrochages héroïques et palpitants. Ce n’était que des massacres ».

Des années plus tard, devenu acteur de renom, Etan Hawke entame l’écriture d’un film inspiré par l’ouvrage de David Roberts sur les guerres apaches, Nous étions libres comme le vent, film qui ne verra finalement jamais le jour pour de sombres raisons de casting et d’argent.

De fil en aiguille, le script de ce qui devait être un film devient un scénario de bande dessinée avec au dessin un illustrateur américain réputé, Greg Ruth.

« J’avais été très sensible à son style, à sa puissance émotionnelle. Le script lui plaisait, mais il me fit comprendre que, si je cherchais simplement quelqu’un pour en faire un story-board, j’avais frappé à la mauvaise porte (…) Mais, si j’étais prêt à creuser encore et à faire en sorte de mettre ce matériau au service de la création d’une oeuvre originale dans ce médium, alors il serait partant pour travailler avec moi ». 

© Hachette Comics - Hawke & Ruth

© Hachette Comics – Hawke & Ruth

A l’arrivée, Etan Hawke et Greg Ruth nous offrent un roman graphique absolument captivant, 240 pages en noir et blanc, une mise en scène époustouflante, un graphisme réaliste de caractère, un nouveau regard, plus objectif, sur le destin tragique des Apaches et sur le rôle de leur chef emblématique Geronimo.

« Geronimo représente le protagoniste parfait d’un récit épique, avec toute sa complexité, sa lumière et ses zone d’ombre – un véritable héros shakespearien ».

Sortie en librairie le 22 mars

Eric Guillaud

Indeh, une histoire des guerres apaches, De Ethan Hawke et Greg Ruth. Éditions Hachette Comics. 19,95€

© Hachette Comics - Hawke & Ruth

© Hachette Comics – Hawke & Ruth

 

12 Juil

Pages d’été : Un maillot pour l’Algérie ou l’histoire de combattants en short racontée par Rey, Galic et Kris

kSC98R5cmgH57R33hvf9AICXWOMvLkaw-couv-1200C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Un instant, je me suis demandé s’il était opportun de parler de cette bande dessinée au lendemain de la défaite des Bleus face au Portugal. Un instant seulement. Car, si Un Maillot pour l’Algérie parle de football, il parle aussi et surtout de la lutte du peuple algérien pour son indépendance, sa liberté. Et nous rappelle que le football, le sport plus généralement, a parfois d’autres enjeux qu’une simple victoire dans un tournoi. Nous sommes en 1958, à la veille d’un autre grand rendez-vous footballistique, la Coupe du monde. Nous sommes aussi en pleine guerre d’indépendance de l’Algérie, de simples « événements » comme on les désigne à l’époque du côté français. Et c’est à ce moment précis que douze footballeurs algériens en contrat avec des clubs français de Première Division décident de rejoindre les rangs du FLN pour créer la première équipe nationale de ce qui n’est pas encore un pays, l’Algérie.

Parmi ces douze joueurs, on trouve Mokhtar Arribi (entraîneur à Avignon), Abdelhamid Kermali (Lyon), Abdelhamid Bouchouk (Toulouse), Mustapha Zitouni (Monaco), Amar Rouäi (Angers) ou encore Rachid Mekhloufi (Saint-Etienne). Tous quittent la France en avril 1958 et se retrouvent à Tunis pour lancer cette équipe de combattants d’un genre nouveau, une bande de révolutionnaires en short que d’autres rejoindront par la suite…

Entre 1958 et 1962, année des Accords d’Evian et de l’indépendance de l’Algérie, l’équipe du FLN aura joué 83 matchs pour 57 victoires et 14 nuls, marqué 349 buts pour 119 encaissés. Elle aura surtout représenté un peuple en lutte et une certaine idée de la liberté un peu partout sur la planète, depuis le Maroc jusqu’au Vietnam, en passant par l’Irak, la Roumanie ou encore la Russie.

Si comme moi, vous n’êtes pas assez passionné par le football pour en connaître son histoire dans les moindres détails, Un maillot pour l’Algérie vous permettra d’en découvrir un épisode étonnant, une aventure incroyable mettant en scène non pas des guerriers ou des terroristes, mais de simples footballeurs qui vont se battre pour l’indépendance avec leur talent et un ballon pour unique arme. Le résultat est passionnant, parfois surprenant, toujours très documenté, raconté et mis en images avec passion par trois vrais fans du ballon rond, le Bruxello-barcelonais Javi Rey et les deux Bretons Bertrand Galic et Kris.

Vous avez aimé Invictus de Clint Eastwood ? Alors vous aimerez Un maillot pour l’Algérie. Tous deux, dans des contextes très différents, démontrent avec force que le sport fait partie intégrante de nos sociétés, de notre histoire commune…

Eric Guillaud

Un maillot pour l’Algérie, de Galic, Kris et Rey. Editions Dupuis. 24 €

L’info en + Un dossier documentaire d’une quinzaine de pages accompagne le récit en bande dessinée. On y trouve une chronologie, une présentation des footballeurs algériens, une interview de Rachid Mekhloufi, des photos… pour un éclairage complet du contexte.

© Dupuis / Rey, Galic et Kris

© Dupuis / Rey, Galic et Kris

11 Sep

Zep plonge son personnage Titeuf dans le drame des réfugiés

extrait Mi-petit, mi-grand © Zep 2015

extrait Mi-petit, mi-grand © Zep 2015

Notre blondinet de Titeuf confronté à des tirs, à des explosions, à des bombardements, à la mort… Vous y croyez ? C’est pourtant bien le scénario très noir que l’auteur suisse à écrit pour son personnage sur le blog What a wonderful world ! hébergé sur le site du quotidien Le Monde. 42 cases qui nous rappellent si besoin est que la guerre a frappé et peut encore frapper sur notre territoire, semant la mort et jetant des millions d’hommes, de femmes et d’enfants sur les routes de l’exil.

Une page pour lutter contre « notre incroyable capacité au cynisme« , déclare l’auteur qui confesse avoir eu « le ventre noué » en dessinant ses personnages fauchés par les balles et les explosions.

Vue plus d’un million de fois, partagée près de 200 000 fois, cette page a profondément marqué les lecteurs qui relèvent unanimement dans les commentaires sa puissance d’évocation.

Pour la première fois dans l’histoire du quotidien Le Monde, une page de bande dessinée, cette page précisément, figure à la Une de l’édition papier du Monde daté du 11 septembre 2015.

Eric Guillaud

La page complète ici

07 Sep

14-18 : les éditeurs montent au front

Capture d’écran 2014-09-06 à 15.58.57Casterman, Futuropolis, Delcourt, Dupuis, Glénat, Le Lombard… pas un éditeur n’a fait l’impasse en cette année de commémoration. Chacun y est allé de sa contribution à la mémoire collective, façon fiction ou documentaire. Après Finnele, La Mort blanche, La Grande guerre de l’Américain Joe Sacco ou encore La Guerre des Lulus, voici en cette rentrée une nouvelle livraison d’albums qui nous plongent corps et âme dans l’horreur absolue de la Grande guerre… 

Et on commence avec peut-être la plus prolifique maison d’édition en la matière, Casterman, maison d’édition qui a connu la guerre de 14 comme quelques autres d’ailleurs. C’était la guerre des tranchées n’est pas une nouveauté, simplement un chef d’oeuvre régulièrement réédité depuis 1993 et signé Jacques Tardi. Comme l’auteur l’exprime lui-même en introduction, C’était la guerre des tranchées n’est pas un travail d’historien. « Il ne s’agit pas de l’histoire de la Première guerre mondiale racontée en bande dessinée, mais d’une succession de situations non chronologiques, vécues par des hommes manipulés et embourbés, visiblement pas contents de se trouver où ils sont, et ayant pour seul espoir de vivre une heure de plus, souhaitant par-dessus tout rentrer chez eux… ».

Pas de héros dans ces pages, juste des anonymes comme le 2e classe Binet qui se demande bien ce qu’il fout là à défendre une patrie à laquelle il ne croit pas. Il ne se le demandera pas longtemps. Comme tant d’autres, Binet finit le nez dans la boue et la merde, fauché par une mitrailleuse allemande.

Surtout, ne fermez pas le livre avant d’avoir été jusqu’au bout. Dans les dernières pages, Jacques Tardi donne son opinion, tranchée comme toujours et sans mauvais jeu de mots, sur cette commémoration du centenaire et l’intérêt soudain du plus grand nombre pour la période. Du Tardi dans le texte !Capture d’écran 2014-09-06 à 16.09.01

Toujours chez Casterman, le premier volet des Poilus d’Alaska raconte une histoire méconnue pour ne pas dire totalement inconnue, classée secret défense par l’armée française nous précise l’éditeur. Une histoire de poilus à quatre pattes, des chiens, oui oui, que le capitaine Louis Moufflet ira chercher en Alaska avec leurs traineaux pour venir en aide aux divisions françaises empêtrées dans la neige quelque part du côté des Vosges. Rien à voir avec La Guerre des tranchées mais l’album apporte un éclairage différent sur la Grande guerre, en retrait pour l’instant (2 tomes sont prévus) du front et des tranchées.

album-cover-large-23630Cette histoire là commence dans les cabinets, les lieux de commodités, le petit coin quoi. Et finalement, comme le suggère le sergent Sabiane, un des personnages de ce récit, l’endroit pourrait ressembler au paradis. Parce que sorti de là, c’est l’enfer des tranchées, l’horreur de la guerre, partout l’odeur de la mort, les rats et surtout, surtout, ces officiers qui envoient les sans grades au turbin avec de fortes chances d’y rester. Pas de pitié. Alors, les poilus se rebiffent même s’ils savent que ça peut leur coûter cher. 3000 soldats ont déjà signé la pétition de la côte 108 pour dénoncer les exactions du général Nivelle que l’on surnommait Le Boucher.

Malgré un graphisme peu convainquant, presque dérangeant, Le Chant du cygne apporte à sa manière un éclairage sur les mutineries de 1917 après la fameuse « offensive Nivelle » qui fit 350 000 morts du côté des Alliés. Une histoire prévue en deux tomes !9782756035307_1_75

Plus classique dans le fond et la forme quoique que très ambitieux, le projet 14-18 de Corbeyran et Le Roux se présente comme une saga qui nous accompagnera sur cinq ans et comptera à terme dix albums. Même si dans chacun d’eux, un événement marquant servira de toile de fond, c’est bien le quotidien des soldats que veulent mettre en lumière les auteurs à travers le destin de huit personnages principaux, huit jeunes hommes issus du même petit village et enrôlés dans la même compagnie. « La série 14-18 », explique Corbeyran, « est filmée au ras des tranchées. Elle exprime le point de vue des soldats, les petits, ceux à qui on ne demande pas leur avis ». Une histoire de l’intime à grand spectacle !

Couv_221989Pour finir, voici un roman graphique qui nous invite à prendre de la hauteur en suivant les aventures d’un as de l’aviation, Hubert Lessac, 25 ans, 19 victoires… et une folle envie de mourir. Il faut dire que le jeune homme vient de perdre l’amour de sa vie, Louise, peu encline à attendre la fin de la guerre pour le retrouver. La lettre de rupture lui fait l’effet d’un coup de poignard. Mais plutôt que de se tirer une balle dans la tête, Hubert choisit de mourir au combat, dans les airs. Et ce qu’il espérait se produit. Son appareil est abattu. Malheureusement, il s’en sort miraculeusement et est pris en charge par une bande de poilus atypiques dont il partagera le quotidien.

Olivier Supiot, auteur par ailleurs du Dérisoire, album qui lui valut le Prix du dessin au festival d’Angoulême de 2003, signe ici un album très réussi graphiquement parlant mais pas seulement. Les ambiances, les gueules de tranchées comme il appelle ses héros, les dialogues, les couleurs, l’histoire elle-même font de La Patrouille des invisibles un album marquant. L’interview de l’auteur à lire ici

Eric Guillaud

Dans le détail :

C’était la guerre des tranchées, de Tardi. Editions Casterman. 25 €

Les Poilus d’Alaska, de Brune, Delbosco et Duhand. Editions Casterman. 13,50 €

Le Chant du cygne, de Babouche, Dorison et Herzet. Editions Le Lombard. 14,99 €

14-18, de Corbeyran et Le Roux. Editions Delcourt. 14,50 €

La Patrouille des invisibles, d’Olivier Supiot. Editions Glénat. 24,90 €

30 Sep

« Revenants » et « Uriel Samuel Andrew », deux histoires de vétérans de la guerre d’Irak

Hasard des calendriers, les éditions Futuropolis et Casteman publient à quelques jours d’intervalle deux ouvrages ayant pour thème les vétérans de la guerre d’Irak. Un thème identique mais un traitement sensiblement différent puisque le premier, « Uriel Samuel Andrew », est une fiction, le second, « Revenants », un documentaire.

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Welcome home ! Uriel, Samuel et Andrew sont enfin de retour au pays et ils sont visiblement attendus. Tout le village s’est mobilisé pour les accueillir en véritables héros eux et 36 autres soldats qui en ont définitivement fini avec l’Irak. Définitivement ? Pas vraiment. Après le temps des retrouvailles, des embrassades et des cris de joie vient celui pas si simple du retour à la vie normale et pour certains de la descente aux enfers. Comme pour nombre de vétérans, le quotidien d’Uriel, Samuel et Andrew est hanté par la guerre. Tous les trois ont des hallucinations le jour, font des chauchemars la nuit, pètent les plombs pour un rien, sombrent dans l’alcool ou la drogue… Et pourquoi se plaindraient-ils ? Tant de copains n’ont pas eu la chance de revenir vivants ou entiers !

Ce récit de près de 200 pages en noir et blanc est tellement senti et juste qu’on le croirait écrit par un vétéran, tout au moins par un Américain. Rien de tout cela, Will Argunas est un auteur bien français, certes empreint de culture nord-américaine. Il décrit le difficile retour à la vie civile des vétérans d’Irak et le trouble de stress post-traumatique qui affecte 20 % d’entre-eux. Au passage, l’éditeur nous rappelle que 18 vétérans d’Irak et d’Afghanistan se suicident chaque jour, ce qui dépasse de loin le nombre de morts sur le terrain. Effrayant !

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Olivier Morel, lui, est citoyen américain. Ce Français d’origine s’est installé aux Etats Unis en 2005 et a obtenu sa naturalisation trois ans plus tard. Il est aujourd’hui réalisateur de films documentaires et auteur de séries radiophoniques. Il a notamment réalisé « L’Âme en sang », un documentaire sur les traumatismes laissés par la guerre en Irak sur les soldats. C’est le tournage de celui-ci et notamment la rencontre entre le réalisateur et les différents acteurs, pardon les différents vétérans, que nous raconte Revenants. Conçu comme un complément au documentaire, l’album s’arrête sur les mondes intérieurs des vétérans, ceux qui ne peuvent se voir dans l’objectif d’une caméra.

C’est Maël, (Les Rêves de Milton, Notre Mère la guerre...) qui s’est chargé de la mise en image. Son trait réaliste, sobre, ses planches au lavis, souvent en noir et blanc, parfois monochromes, nous plongent littéralement dans ce récit du réel, à des années lumière du rêve américain. Au delà de cette rencontre avec les vétérans, Revenants nous parle d’une société malade « qui se paie elle-même la fausse monnaie de son rêve ».

Eric Guillaud

Revenants, de Maël et Olivier Morel. Editions Futuropolis. 19 euros

Uriel Samuel Andrew, de Will Argunas. Editions Casterman. 16 euros

03 Sep

Les Guerres silencieuses, une histoire de famille signée Jaime Martin chez Dupuis

Impossible pour l’auteur de BD Jaime Martin de ne pas connaître l’histoire de son père. Combien de repas de famille se sont en effet achevés par le récit de sa vie et plus particulièrement de son service militaire dans le Sahara espagnol. Beaucoup, beaucoup trop, de quoi ne plus vraiment écouter. Il faudra que l’auteur se retrouve en manque d’inspiration et bloqué sur une page blanche depuis des jours, pour qu’il y prête à nouveau attention lors d’un repas dominical et la juge finalement assez intéressante pour être adaptée en bande dessinée.

Et pour nous lecteurs, cette vie se révèle effectivement très intéressante. D’abord parce qu’elle nous ramène dans l’Espagne des années 50, une Espagne meurtrie par la guerre civile, bâillonnée par le franquisme, tenue d’une main de fer par les institutions, l’armée, la religion, ensuite parce qu’elle nous parle d’une autre guerre, une guerre que très peu de gens connaissent, la guerre d’Ifni, qui opposa l’Espagne au Maroc. Avec un graphisme élégant et clair, qui tend parfois vers le minimalisme, et l’intégration modérée de quelques photos anciennes, l’auteur de Ce que le vent apporte et de Toute la poussière du chemin, également parus aux éditions Dupuis, nous dresse ici un tableau réaliste et fort de l’Espagne d’hier et d’aujourd’hui. La rentrée s’annonce bien… EGuillaud

Les Guerres silencieuses, de Jaime Martin. Editions Dupuis. 24 euros


27 Juil

Clichés de Bosnie, un récit d’Aurélien Ducoudray et de François Ravard aux éditions Futuropolis

Avant d’être auteur de bande dessinée, Aurélien Ducoudray était journaliste et notamment photographe de presse pour un quotidien de province. C’est justement dans les colonnes de celui-ci qu’il prend connaissance du départ imminent d’un camion humanitaire pour la Bosnie. Nous sommes en 2004. Aurélien entre immédiatement en contact avec les bénévoles de la mission et parvient à se joindre à eux. 56 heures de route, 1700 kilomètres et 4 frontières plus loin, Aurélien découvre un pays encore profondément marqué, traumatisé, par la guerre…

Bien sûr, dès les premières pages, Clichés de Bosnie ne peut que nous faire penser à la trilogie du Photographe (éd. Dupuis) d’Emmanuel Guibert et de Didier Lefèvre sauf qu’ici, le travail du photographe, en l’occurrence d’Aurélien, n’est pas réellement au centre des préoccupations, même si Aurélien se met en scène dans le récit et même si quelques-une de ses photographies sont réunies dans un cahier spécial en fin d’album. L’idée de départ était bel et bien de réaliser un reportage sur la Bosnie pour son journal. Huit ans après, le reportage se transforme en bande dessinée-reportage sous la plume d’Aurélien et le pinceau de François Ravard. Suivant les préconisations du grand Robert Capa qui disait  « Si vos photos ne sont pas assez bonnes, c’est que vous n’êtes pas assez près » ou encore « Aime les gens et fais leur savoir », Aurélien Ducoudray et François Ravard nous offrent un témoignage particulièrement fort sur la Bosnie, les Bosniaques, la guerre et ses conséquences… le tout avec beaucoup de proximité, d’humanité et d’humour. EGuillaud

Clichés de Bosnie, d’Aurélien Ducoudray et François Ravard. Editions Futuropolis. 27 euros

04 Fév

Régis Hautière et Hardoc nous plongent dans la Grande guerre avec « La Guerre des Lulus »

Ils s’appellent Ludwig, Lucas, Luigi, Lucien mais tout le monde les connaît sous le nom des Lulus, quatre gamins qui usent leurs fonds de culotte sur les bancs de l’assistance public, quatre joyeux Lulus qui préfèrent parcourir les bois alentours que fréquenter la chapelle de l’orphelinat. Aout 1914, c’est la guerre et l’ordre d’évacuation est donné. L’orphelinat se vide, les villages alentours aussi. Mais les Lulus, planqués dans leur cabane ne sont pas prévenus. Ils se retrouvent seuls, bientôt rejoints par une jeune réfugiée de Belgique. Elle s’appelle Luce et deviendra la cinquième Lulu de la bande…

Pourquoi La Guerre des Lulus risque d’être l’un des grands succès de ce début d’année ? Plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, la guerre de 14-18 est un thème largement apprécié du grand public et un thème récurrent dans la bande dessinée francophone, traité par de nombreux auteurs dont l’un des plus grands, Jacques Tardi. Ensuite, parce que la guerre est ici traitée sous un angle particulier, celui d’enfants, de civils donc. L’aspect pesant, noir, des tranchées, est évité. « On est dans la guerre de 14, mais à côté… », confirment les auteurs dans une interview accordée à Daniel Muraz. Enfin, parce que le graphisme semi réaliste de Hardoc, le scénario et les dialogues de Régis Hautière ont l’intelligence de la simplicité. Comme La Guerre des boutons, dont certains ne manqueront pas de noter une certaine proximité, La Guerre des Lulus est une histoire universelle. EGuillaud

La Guerre des Lulus (tome 1), La Maison des enfants trouvés, de Régis Hautière et Hardoc. Editions Casterman. 12,95 euros

29 Oct

Cézembre, de Nicolas Malfin : le destin de quatre adolescents pris dans la tourmente de la libération de Saint-Malo

Voici un grand écart qui ne devrait pas passer inaperçu. Nicolas Malfin, le talentueux dessinateur de la série d’anticipation Golden City vient de sortir un récit de guerre ayant pour décor la ville de Saint-Malo. Cézembre, du nom d’une île située dans la baie, raconte la destinée de quatre ados qui comptent bien participer à la libération de leur cité en intégrant la Résistance. Nous sommes en aout 1944, les forces alliées ne sont plus qu’à quelques kilomètres de là mais la bataille décisive se prépare aussi à l’ombre des remparts.

Dessinateur ET scénariste de ce nouveau projet, Nicolas Malfin fait donc un bond de plus de cent cinquante ans en arrière pour nous offrir un récit de fiction ancré dans la réalité historique. Et son trait fluide et élégant qui a participé à l’immense succès de Golden City fait également merveille dans ce genre, admirez notamment les pages de combats aériens ! Côté scénario, une première pour Nicolas, le résultat est plutôt convaincant malgré peut-être quelques longueurs. La suite au prochain épisode… EGuillaud

Cézembre (première partie), de Malfin. Editions Dupuis. 16,50 euros

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