14 Mar

« Plogoff », une BD historico-documentaire de Delphine Le lay et Alexis Horellou chez Delcourt

Plogoff. Bien sûr, tous ceux qui connaissent un tant soit peu la Bretagne ont entendu parler de ce village. Un peu plus de 1300 habitants, une économie orientée vers la biscuiterie, la pêche, le tourisme… et une affaire, c’est comme ça qu’on l’appelle, qui va imprimer l’inconscient collectif pour de longues années. Cette affaire, c’est le projet de construction dans le milieu des années 70 d’une centrale nucléaire. C’est aussi et surtout la mobilisation populaire inédite qui se met parallèlement en place pour combattre ce projet pendant des mois, des années, jusqu’à l’élection de François Mitterrand en 1981 et son abandon définitif.

De cette période, il reste bien évidemment nombre d’histoires, de souvenirs, de témoignages, tous plus forts les uns que les autres, mais aussi un film tourné dans le feu de l’action par Nicole et Félix Le Garrec. Son titre : Plogoff, des pierres contre les fusils. 30 ans qu’ils voyagent à travers l’hexagone avec ce film. Et puis, un beau jour, un jeune couple d’auteurs débarque chez eux avec le projet de raconter l’histoire de cette mobilisation, en BD cette fois.

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L’interview des auteurs à lire ici

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Rencontres des différents acteurs, recueil de témoignages, recherche et accumulation d’une abondante documentation… Delphine Le Lay et Alexis Horellou, les auteurs, plongent corps et âme dans le passé de ce village de résistants gaulois. A l’arrivée, l’album tout simplement appelé Plogoff se présente comme une immersion dans la vie quotidienne de la population, une vie quotidienne bien évidemment rythmée par les manifestations, les confrontations parfois violentes avec les CRS, les barricades, les opérations coup de poing, les rondes de nuit des forces de l’ordre… Il ne manquait plus que le couvre feu pour se croire dans un pays en guerre !

D’une approche plus militante que journalistique ou historique, Plogoff est malgré tout un album remarquable. Remarquable par sa construction narrative, la mise en scène des combats, son graphisme réaliste minimaliste, son atmosphère intimiste et surtout cette entrée en résonance avec une autre affaire, plus proche de nous cette fois, le projet d’aéroport à Notre Dame des Landes et le combat mené par ses opposants notamment sur la Zad. Passionnant ! EGuillaud

Plogoff, de Delphine Le Lay et Alexis Horellou. Editions Delcourt. 14,95 euros

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12 Mar

Spécial Jeunesse #2

Boule et Bill t53 - Dargaud

Boule et Bill – Un Amour de Cocker – t34 – Dargaud

Un amour de Cocker : deux attitudes possibles face à un tel titre.

Soit vous aimez les animaux et vous avez gardé la nostalgie de vos premières lectures franco-belges. Vous découvrirez alors que le dessinateur Laurent Verron est digne de prendre la succession de Jean Roba. L’ex-assistant du créateur de la série Boule et Bill s’est glissé dans les traces de son maître. L’illusion est parfaite au niveau graphique et l’esprit des gags originaux conservé par les scénaristes Pierre Veys et Cric, aidés de Diego Aranega.

Soit vous êtes allergique aux opérations commerciales bien orchestrées et vous n’irez pas voir le film sorti sur les écrans ce mois ci. Une consécration cinématographique que Jean Roba n’aura pas vu, il est décédé en 2006.

Jean Roba - Dargaud

Ce 34e album de la série reprend les codes du cinéma avec un humour grand public et familial. Une BD qui plaira sans nul doute aux plus jeunes de vos enfants.

Boule et Bill t53 - Dargaud

Le site de Dargaud

Le point de vue de la critique : PlanéteBd CoinBD

Spirou et Fantasio t53 - Dupuis

Spirou et Fantasio – Dans les Griffes de la Vipère – t53 – Dupuis

Crise de la presse oblige, le Journal de Spirou va mal et il vient de perdre un procès. Inscrit dans l’actualité, le scénario de cette nouvelle aventure donne du sens à l’habituelle course poursuite du sympathique héros. Lorsque le journal est renfloué par un mystérieux investisseur VIPER, Spirou ne s’appartient plus à lui-même. Sa quête pour reconquérir sa liberté permet de retrouver des personnages qui l’ont déjà aidé depuis 75 ans : Seccotine, le maire et le comte de Champignac.

Une bonne idée des auteurs Yoann et Fabien Velhmann (Green Manor et Seuls). Après avoir affûté leurs crayons sur le 1er tome de la série parallèle Le Spirou de …, les deux compères réussissent à donner un souffle nouveau à la série originale à leur 3ème tentative (Alerte aux Zorkons, La Face Cachée du Z). Une modernisation du style tout en respectant une certaine tradition mise en place par Franquin, tel est le point d’équilibre que semble avoir enfin trouvé ce nouveau duo, pour perpétuer le plaisir de lire les aventures du célèbre groom.

Spirou et Fantasio t53 - Dupuis

Même si le dénouement de l’histoire est bien trop rapide (Ah la contrainte des 48 pages !!!), ce nouvel opus reste un album de qualité avec une couverture surprenante, à acheter et à offrir à tous, en attendant la suite déjà annoncée à la fin en guise de « à suivre » …

La Véritable Histoire de Spirou - Dupuis

Pour le plaisir, les nostalgiques comme ceux qui souhaitent retourner au code source de La Véritable Histoire de Spirou et de son journal, il y a 75 ans du coté de Charleroi en Belgique, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault ont réalisé une enquête fouillée et richement documentée sur 312 pages à partir des archives de l’entreprise familiale Jean Dupuis.

Vous en saurez plus sur son créateur Rob-Vel, de son vrai nom Robert Velter, et comment, dans les années 20, il a eu l’idée de ce personnage quand il était lui-même groom sur de grands paquebot, le transatlantique Ile-de-France notamment où ceux qui apportaient les messages et cigarettes aux passagers étaient vêtus de rouge.

La Véritable Histoire de Spirou - Dupuis

Le site de Dupuis

Le point de vue de la critique : BDgest CoinBD

Nelson t13 - Mini Cataclysme - Dupuis

Nelson t13 – Mini cataclysme de Bertschy – Dupuis

Des gags en 3 cases : l’essence du strip. Un format qui convient bien à Nelson, ce diablotin orange, compagnon de Julie, une jeune trentenaire aussi perdue que son loustic est excité. Pour avoir volé au bureau un rouleau de papier toilette, elle a été condamnée à vivre avec ce diable immature et farceur, qui ne pense qu’à remplir sa panse… Les qualificatifs manquent en fait pour décrire cette mini calamité ambulante… Bêtises et galères sont les deux ressorts de l’humour du suisse Christophe Bertschy.

Au départ publié dans le journal helvète Le Matin, donc pour un public plutôt adulte, c’est en étant édité par les éditions Dupuis, que Nelson est devenu tout public.

Nelson t13 - Mini Cataclysme - Dupuis

Ce 13e album ne décevra pas les fans qui retrouveront le naïf labrador Floyd, souffre douleur de Nelson ainsi que Stupidon, une version drôle et stupide de Cupidon. Les nombreuses références cinématographiques et littéraires permettent un plaisir de lecture pour tous. A l’instar du diable, le comique se cache aussi dans les détails.

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Le site de Dupuis

Le point de vue de la critique : BoDoï ActuaBD

07 Mar

Silence de Didier Comès – Casterman

Le silence qui suit … ou plus exactement Silence, l’un des albums majeurs de l’histoire du 9ème art, est paru en 1979 dans le magazine À suivre. Son auteur, Didier Comès, est décédé hier à l’age de 71 ans. Maître du noir et blanc, il travaillait ses plans comme un musicien; il est aussi le précurseur du roman graphique.

Didier Comès - Casterman

Didier Comès est né en pleine Seconde Guerre mondiale, en Belgique, d’un père allemand, réquisitionné sur le front russe, et d’une mère francophone. Dieter Herman, pas encore francisé en Didier, se définit lui-même comme étant un « bâtard de deux cultures », caractéristique dont on retrouvera la trace dans son imaginaire, source principale de ses inspirations : les maux de l’identité et de la bâtardise, le goût du fantastique et des légendes germaniques, les affres de la guerre.

Il grandit dans les Ardennes belges. Resté fidéle à cette région et ses forêts, où il vivait à l’écart du monde de la BD, il publiera plusieurs longs récits, dont La BeletteEvaL’Arbre-Cœur et Dix de Der (2006), qui prend pour cadre la Seconde Guerre mondiale.

Silence de Didier Comès - Casterman

«J’ai rarement rencontré quelqu’un d’aussi cohérent par rapport à son œuvre», a déclaré l’auteur belge de BD François Schuiten, cité par Casterman«Je reste toujours ébloui devant la beauté de ses planches, la façon dont il traduit le mystère des forêts qui l’entourent. Il travaille le végétal comme un orfèvre ou un artiste japonais», a-t-il ajouté.

Même s’il a relativement peu produit en 30 ans de carrière, son talent a été reconnu très tôt par l’Alfred du meilleur album au Festival d’Angoulême 1981 pour Silence, longue bande dessinée contemplative publiée en 1979 et qui reste son œuvre la plus connue. Il a su s’imposer comme l’un des plus grands auteurs, à l’instar d’Hugo Pratt et Jacques Tardi. En janvier dernier, le 40e Festival international d’Angoulême l’a célébré par une ovation debout lors de sa dernière apparition publique, à l’occasion d’une exposition rétrospective de son oeuvre.

Une minute de Silence s’impose …

et plus si vous avez le temps de lire ou relire son oeuvre …

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Pour aller plus loin, une interview dans le journal Le Soir et un article de BDzoom

A l’ombre du Silence, rétrospective Comès en 2012 à Liège

05 Mar

Douce pincée de lèvres en ce matin d’été, un très beau livre signé Laurent Bonneau chez Dargaud

Comme tous les matins, Max se lève, fait son lit, sort le chat et prend son petit déjeuner. Oui comme tous les matins. A la différence prêt que sa petite amie vient de le quitter. Max est maintenant seul face à son bol de café, même si elle est toujours présente, omniprésente, dans sa pensée. Un peu plus tard, Max enfourche son vélo, direction la salle de sport. Max est entraîneur de tennis de table et prépare ses ados à une compétition très importante quelque part en Chine. Pas le moment de flancher ! Il doit faire avec, faire le deuil de la petite amie et en même temps donner le meilleur de lui-même dans son travail. Et pour dépasser ce moment difficile, Max fait confiance aux philosophies orientales, notamment au Yi…

Voici un album qui porte bien son nom. Douce pincée de lèvres en ce matin d’été est le récit subtil, délicat, poétique d’une rupture amoureuse. Laurent Bonneau dont on a déjà pu mesurer le talent graphique dans le thriller Metropolitan, également paru chez Dargaud, met en place ici un style graphique très particulier, minimaliste mais sans homogénéité, un graphisme qui colle malgré tout à l’atmosphère intimiste du récit. Douce pincée de lèvres en ce matin d’été n’est pas une histoire d’amour qui finit mal mais plus surement une histoire de rupture qui finit bien. Un travail et un auteur singuliers à découvrir au plus vite ! EGuillaud

Douce pincée de lèvres en ce matin d’été, de Laurent Bonneau. Editions Dargaud. 16,45 euros

04 Mar

9 ans après « Le Processus », Marc-Antoine Mathieu publie « Le Décalage », une nouvelle aventure de Julius Corentin Acquefacques

Imaginer un récit sans héros n’est déjà pas chose aisée. Mais imaginer un récit sans héros et sans histoire, alors là… Enfin, quand je dis sans héros et sans histoire, c’est un peu exagéré. Simplement, notre bon Julius Corentin Acquefacques qui a encore rêvé trop fort se réveille et constate que l’histoire a démarré… sans lui. Les personnages secondaires font ce qu’ils peuvent pour assurer un fond d’action mais Julius ne peut intervenir dans le récit. Il y a comme un décalage, un glissement spatio-temporel. Tandis que certains évoquent une entourloupe existentialiste, d’autres se gargarisent de l’absence d’aventure : « Parler pour en rien dire ne nous avance à rien. Improvisons ! ». Et c’est parti pour une avancée dans le rien, dans l’infiniment rien, jusqu’au moment où les protagonistes parviennent à recaler l’histoire…

Si Marc-Antoine Mathieu n’existait pas, il faudrait de toute urgence l’inventer ! Chacun de ses albums est un régal d’expérimentations narratives, une exploration sans fin des possibilités offertes par le médium. Vingt-trois ans après L’Origine, le premier volet de cette série (souvenez-vous de la case en moins), et neuf ans après Le Processus, voici donc Le Décalage. Et ce sixième opus nous réserve bien des surprises à commencer par une couverture purement et simplement remplacée par une planche du récit, la septième pour être précis. Et ne croyez pas à une astuce de l’éditeur pour faire des économies sur le nombre de pages, bien au contraire. Le décalage est à la fois virtuel, dans le récit, et bien réel, sur l’album. Mais shut ! Comme toujours, Marc-Antoine Mathieu joue sur l’effet de surprise et nous n’allons pas gâcher votre plaisir en dévoilant plus que nécessaire. Le Décalage nous plonge corps et âme dans le fantastique et l’absurde, un univers qui ne cache pas ses références à l’oeuvre de Winsor McKay, de Francis Masse ou même d’un Raymond Devos ! EGuillaud

Le Décalage, Julius Corentin Acquefacques (tome 6), de Marc-Antoine Mathieu. Editions Delcourt. 14,30 euros

28 Fév

Pacifique, un premier album étonnant signé Romain Baudy et Martin Trystram chez Casterman

Udo Grothendieck ne supporte pas l’avion. Ca le rend malade. Alors, imaginez le sur l’eau ou pire sous l’eau, dans un sous-marin. C’est pourtant bien là qu’on l’attend. Qu’on attend surtout ses compétences en matière de radio. Et le voilà un beau jour de 1945 quasi-parachuté sur le pont d’un u-boot en plein milieu du Pacifique. Visite des lieux au pas de charge, petite séance obligatoire de bizutage et direction le poste qui lui a été assigné. Mais Udo n’est pas venu seul. Avec lui un livre et qui plus-est un livre interdit par le régime nazi dont l’équipage se débarrasse immédiatement. Mais au fil des jours, d’autres exemplaires de ce livre réapparaissent jusqu’à envahir la salle des machines…

Attention talent ! Romain Baudy et Martin Trystram signent ici leur tout premier album d’une déconcertante maturité. Pacifique, très bel objet au format à l’italienne, est un petit bijou graphique et scénaristique réalisé à quatre mains. Une méthode de travail à la « Dupuy & Berberian » pour un résultat tout à fait saisissant. Dès les premières pages, ce récit de guerre nous plonge corps et âme dans une atmosphère claustrophobique à souhait qui sent l’huile de moteurs, les vapeurs d’essence et la sueur. On pense au Réducteur de vitesse de Blain, même si l’action se passait sur un cuirassé, ou au polar U-Boot de Nicolas Juncker, en moins noir et en plus poétique. Dans Pacifique, la littérature, le rêve, l’utopie, finissent par gagner la guerre. Deux auteurs et un album à découvrir de toute urgence ! EGuillaud

Pacifique, de Romain Baudy et Martin Trystram. Editions Casterman. 15 euros

26 Fév

Rencontre avec Benoît Springer, le dessinateur de la BD « Le Beau voyage » parue chez Dargaud

Allo Benoît, est-ce qu’on peut-on se voir pour les photos ? Pas de souci Eric. Il est comme ça Benoît. Pas de souci. Alors même si je traîne ce jour là une cochonnerie de grippe, j’attrape au vol mon appareil photo et rejoins au pas de course le centre ville de Nantes, ce qui aura pour effet bénéfique de faire tomber la fièvre. Bonjour bonjour… Alors on se met où ? Très bonne question. Dans le passage Pommeraye? Ah oui bonne idée. C’est parti…

Benoît que j’ai la chance de rencontrer ce jour-là est dessinateur de bande dessinée, parfois scénariste, et surtout présentement auteur de l’album « Le Beau voyage » sorti ce mois-ci aux éditions Dargaud avec l’auteur belge Zidrou au scénario.

Le Beau voyage est un récit poignant construit autour d’un de ces secrets de famille qui peuvent flinguer plusieurs générations, un récit choc qui vous prend par le colbac dès la première page pour ne jamais vous lâcher grâce à un savant égrainage de flashbacks et de révélations.  Un album qui nous parle de la vie, la vraie, mais aussi de la mort, en l’occurrence d’un être proche, du suicide, de l’absence, des remords… avec beaucoup de délicatesse et d’intelligence.

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Rencontre avec Benoît Springer, le dessinateur de la BD « Le Beau voyage » parue chez Dargaud

Allo Benoît, est-ce qu’on peut-on se voir pour les photos ? Pas de souci Eric. Il est comme ça Benoît. Pas de souci. Alors même si je traîne ce jour là une cochonnerie de grippe, j’attrape au vol mon appareil photo et rejoins au pas de course le centre ville de Nantes, ce qui aura pour effet bénéfique de faire tomber la fièvre. Bonjour bonjour… Alors on se met où ? Très bonne question. Dans le passage Pommeraye? Ah oui bonne idée. C’est parti…

Benoît que j’ai la chance de rencontrer ce jour-là est dessinateur de bande dessinée, parfois scénariste, et surtout présentement auteur de l’album « Le Beau voyage » sorti ce mois-ci aux éditions Dargaud avec l’auteur belge Zidrou au scénario.

Le Beau voyage est un récit poignant construit autour d’un de ces secrets de famille qui peuvent flinguer plusieurs générations, un récit choc qui vous prend par le colbac dès la première page pour ne jamais vous lâcher grâce à un savant égrainage de flashbacks et de révélations.  Un album qui nous parle de la vie, la vraie, mais aussi de la mort, en l’occurrence d’un être proche, du suicide, de l’absence, des remords… avec beaucoup de délicatesse et d’intelligence.

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24 Fév

Seul autour du Monde, une Histoire du Vendée Globe d’Alexandre Chenet & Renaud Garreta – Dargaud

Le Grand Paris de la BD n° 13

Seul autour du Monde - A. CHENET & R. Garreta - Dargaud

Le 11e et dernier marin du Vendée Globe vient de terminer cette course surnommée « l’Everest de la voile ». Il fait partie des « coubertinistes », comme aime à les définir le double vainqueur Michel Desjoyaux, des sportifs pour qui l’essentiel est de participer,  à la différence des favoris et des outsiders qui visent une place sur le podium. Le héros fictif de ce récit à la première personne fait partie du premier groupe. A travers ses yeux, c’est l’occasion d’embarquer à bord d’un voilier monocoque de 60 pieds, sans escale. La course est mythique, le trajet simplissime, sur le papier en tout cas : depuis les Sables-d’Olonne, une bouée à virer, l’Antarctique, en passant par les trois plus grands caps des mers du sud, le Cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud), le cap de Leeuwin (Australie) et le Cap Horn (Chili).

« Entretenir mon « will to go », cette envie de continuer cette carotte que l’on se met devant le museau pour aller de l’avant » est le leitmotiv de ce nemo en solitaire. Nourris de tous les récits des marins qui ont écrit la légende de cette course, le scénariste Alexandre Chenet et son coéquipier le dessinateur Renaud Garetta (l’auteur d’ Insiders et du Maitre de Benson Gate) n’ont pas hésité à passer trois mois en mer à bord du 60 pieds Imoca d’Arnaud Boissières (skipper arrivé 8e cette année, 7e en 2008 et déjà prêt pour  repartir pour une 3e fois en 2016).

Seul autour du Monde - A. CHENET & R. Garreta - Dargaud

Le résultat est là : plaisir de lire une histoire fouillée et documentée grâce au style sobre d’Alexandre Chenet, un grand récit d’aventure dans lequel le héros révèle ses doutes et ses failles comme ses joies et ses petits bonheurs. L’histoire nous embarque directement au cœur de l’Atlantique dès la première planche, au 27e jour de la course. Ce voyage au long cours est ponctué de drames humains et de tempêtes assourdissantes, soulignées par le choix judicieux d’une mise en page sur fond noir.

Renaud Garreta - Dargaud

Le graphisme de Renaud Garetta est à la hauteur du défi de cette course hors norme. Ne vous arrêtez pas à la première impression laissée par la couverture au dessin inusuel. La force des pleines pages magnifie les contrées aquatiques traversées, les albatros du cap Horn comme les icebergs au large de l’Antarctique. Revivre de l’intérieur cette course, telle est la réussite de cet album unique.

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Alexandre CHENET - Dargaud

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Renaud Dès que le vent soufflera


Le site officiel de Dargaud

Pour découvrir les premières planches de l’album : la bande annonce

Le point de vue de la presse spécialisée :

Planéte BD Actua BD La Vie


Fred Duval, Jean-Pierre Pécau et Mr Fab inaugurent la nouvelle série concept de Delcourt : L’Homme de l’année

L’histoire n’est pas exclusivement écrite et vécue par les puissants de ce monde. Par la pensée, par la force, pour la bonne ou la mauvaise cause, chacun de nous, anonyme parmi les anonymes, participons aussi à l’écriture de l’histoire, de notre histoire. Et c’est justement le concept de cette nouvelle série lancée par les éditions Delcourt. « Nous évoquerons… », précise Fred Blanchard, le directeur du label Série B, « le Chemin des dames, la bataille de Waterloo, la mort de Che Guevara et celle de Jeanne d’Arc, la commune de Paris, la découverte des Amériques par Christophe Colomb et l’affaire Dreyfus… Autant d’événements où des anonymes ont laissé trace de leur présence au travers de quelques lignes dans un livre, d’un visage flou sur une photo ou d’une  silhouette à l’arrière plan d’un tableau… ».

Et pour ouvrir cette nouvelle série collective, honneur à l’un des anonymes les plus célèbres de l’histoire de France puisqu’il s’agit ni plus ni moins du soldat inconnu, lequel repose je vous le rappelle sous l’Arc de triomphe depuis plus de 90 ans. Qui peut-il bien être ? Comment est-il arrivé là ? Pour l’imaginer : une équipe de choc composée des scénaristes Fred Duval et Jean-Pierre Pécau (l’équipe de Jour J), rejoints pour l’occasion par le dessinateur Mr Fab. « L’Homme de l’année – 1917 part d’une réalité… », expliquent les scénaristes, « celle de l’emploi massif de l’Armée d’Afrique sur les champs de bataille d’Europe durant la Première guerre mondiale ». Et d’imaginer une histoire d’amitié impossible entre un tirailleur sénégalais et un officier blanc français en pleine guerre des tranchées. Un graphisme réaliste de caractère, des couleurs qui accentuent l’atmosphère de fin du monde, des scènes d’une réalisme cru, un scénario blindé et une intrigue particulièrement travaillée font de 1917 un album d’ouverture prometteur ! EGuillaud

1917, L’Homme de l’année (tome 1), de Duval Pécau et Mr Fab. Editions Delcourt. 14,95 euros.