14 Avr

« Terra Australis » : 500 pages pour raconter la naissance de l’Australie, un album de Philippe Nicloux et Laurent-Frédéric Bollée

Les éditions Glénat parlent d’un nouveau « From Hell ». Sans aller jusque là, il faut bien avouer que l’ouvrage impose le respect. 500 pages réalisées au lavis pour raconter la colonisation de ce qu’on appelait à l’époque la Terra Australis Incognita ou Terre australe inconnue, un épisode important de l’histoire, un épisode finalement pas si éloigné de nous, 230 ans à tout casser. Et c’est vrai que, tant au niveau du scénario que du graphisme, l’ouvrage est plutôt pas mal léché. Et de nous entraîner dans les basfonds de Londres, ceux des sans grades, des sans sous, des brigands et des forçats. L’Angleterre croule sous ses prisonniers, la criminalité est en hausse, décision est prise d’en exiler vers l’île continent. Une dizaine de navires, 1000 personnes, des hommes, des femmes et des enfants, 24000 km à parcourir, une véritable armada se met en branle, enmenée par la capitaine Arthur Phillip. Et au bout, pour ceux qui survivront, l’espoir d’une autre vie, peut-être meilleure…

5 ans de travail ont été nécessaires pour réaliser Terra Australis, entre le moment où a germé l’idée dans l’esprit de Laurent-Frédéric Bollée et la livraison de la dernière page à l’éditeur. 5 ans de travail, de fouilles documentaires, de réflexions sur la mise en scène des événements, sur l’apparence des êtres et des choses, sur le découpage, 5 ans de recherches graphiques, de mise en images… et au bout du compte un album riche, très riche, qui a valeur de témoignage sur ce passé pas toujours glorieux et qui nous appartient collectivement. Un énorme boulot et un résultat très digeste, Terra Australis se lit d’une traite. Une magnifique aventure humaine ! Bravo. EGuillaud

Terra Australis, de Bollée et Nicloux. Editions Glénat. 45 euros

13 Avr

Le beau voyage de Zidrou et Benoit Springer

Le Beau Voyage - Springer & Zidrou - Dargaud

COUP DE COEUR

Ce beau voyage est tout d’abord un voyage intérieur, un de ceux qui m’a transporté dans un maelström d’émotions. C’est un récit bouleversant à travers la quête d’identité d’une jeune femme. Un récit signé Zidrou, un auteur à découvrir ou plutôt à redécouvrir sous un jour nouveau pour ceux qui le connaissent déjà.

Depuis toujours, Léa poursuit sa vie plus qu’elle ne la construit. Trentenaire aux goût sexuels multiples, elle mène la vie décousue de présentatrice de show TV. Son quotidien bascule le jour où elle apprend la mort de son père. Pour elle, c’était à la fois un homme qu’elle idéalisait et un médecin plus présent pour ses patients que pour elle-même. Le retour à la maison familiale fait remonter les images du passé et le secret de cette piscine vide, autant de bulles de souvenirs qui éclatent une à une comme autant d’épreuves surmontées : la mort de la mère, le premier avortement, la maladie, la perte d’un enfant.

Le Beau Voyage - Springer/Zidrou - Dargaud

C’est d’ailleurs par cette image envoutante que démarre le récit : une pleine page avec un enfant tout habillé flottant entre deux eaux. Le récit est rythmé par les paroles d’une chanson, celle de Boby Lapointe, Le beau voyage, une chanson qu’appréciait le père de l’héroïne.

Zidrou - Dargaud / Rita Scaglia

L’auteur, Zidrou, de son vrai nom Benoit Drousie, nous fait découvrir depuis plusieurs albums (Les Folies Bergères, La peau de l’Ours) une nouvelle facette de son talent. Reconnu pour les gags de L’élève Ducobu (2,3 millions d’exemplaires vendus), c’est cette fois-ci un récit subtil et intimiste qu’il développe. Le parti pris de départ, très distancié et très cru (public adulte), amène par petites touches vers des sentiments vrais, ceux d’une jeune femme face à son passé.

Dans une autre partie de sa vie, Zidrou était un instituteur en Belgique. Il a gardé en mémoire une peinture d’enfant, celle d’une « maison qui pleure », « une maison triste, noire et rouge, sur laquelle s’acharnaient de grosses gouttes de pluie ». A l’époque il n’a pas su ou pas pu interprété le sens caché de ce dessin. Aujourd’hui avec Benoit Springer (Les funérailles de Luce, On me l’a enlevée) aux crayons, il en donne une magnifique et bouleversante signification.

Le Beau Voyage - Springer/Zidrou - Dargaud

Un album à lire et à offrir, pour faire un beau voyage. Et qui sait, peut-être, un album qui aidera à trouver « la force de vider et nettoyer sa piscine, puis de la remplir d’une eau fraiche et cristalinne. »

Le Beau Voyage - Springer/Zidrou - Dargaud

Le Client - Man/Zidrou - Dargaud

Post-Scriptum : un nouvel album de Zidrou vient de paraître, Le Client, avec l’espagnol Man, Manolo Carot (Mia, En sautant dans le vide) aux dessins.

Une histoire dans le milieu de la prostitution en Espagne (là même où vit Zidrou depuis quelques années), une histoire comme on aime à croire qu’elle puisse arriver, aussi incroyable puisse-t-elle être. Celle d’un client amoureux, qui réussit à extraire son « ange déchu » de cet univers. Un récit bien mené avec des dessins fluides.

Le Client - Man/Zidrou - Dargaud

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Le beau voyage Boby Lapointe (la chanson donne son titre à l’album)

Save me – Aimee Mann

Pour découvrir les premières planches de l’album : Dargaud

Site officiel de : Benoit Springer Man

Le point de vue de la presse spécialisée : Le Monde des Livres PlanéteBD L’express

10 Avr

« Jacques a dit », un récit BD de Fabien Grolleau et Thierry Bedouet qui se déroule à Nantes

Quelle drôle d’idée ! Voler dans le port de Nantes l’ancien escorteur Maillé-Brézé devenu musée pour aller se recueillir sur la tombe de Jacques Brel aux Marquises. Et cette idée, c’est celle d’un vieux gars de la Marine justement, Jacques, comme le chanteur. Et Jacques est malade. Quelques mois et il aura lui aussi cassé sa pipe. Alors c’est le moment ou jamais. Avec ses potes et le jeune Stéphane, un pauvre gars rencontré sur les quais, Jacques transforme son idée en opération commando. Larguez les amarres et cap vers l’aventure…

Une étrange aventure de fait, imaginée par deux Nantais, Fabien Grolleau et Thierry Bedouet, connus sur la place pour avoir créé la maison d’édition associative Vide Cocagne. Au delà de l’effet sympathique pour les Nantais de retrouver les lieux de leur ville, Jacques a dit est un récit bourré d’humanité, de sensibilité et de poésie subtilement mis en images et en couleurs par un auteur formé aux livres jeunesse. Un album pour tous les gars de la Marine et les autres… EGuillaud

L’interview des auteurs ici

Jacques a dit, de Fabien Grolleau et Thierry Bedouet. Editions Sarbacane. 17,90 euros

06 Avr

75 ans de Spirou : La Galerie des illustres, un ouvrage collectif réunissant Brüno, Cosey, Davodeau, Goossens, Gotlib, Hermann, Rabaté, Schuiten, Vivès, Yoann, Zep…

Enorme ! Enorme par son poids, énorme aussi par le nombre d’auteurs réunis dans ses pages. 200 au total ! Et pas des moindres, non, tous ceux ou presque qui comptent dans la bande dessinée franco-belge sont ici. Visez plutôt : Baru, Baudoin, Berthet, Blutch, Boucq, Brüno, Cosey, Cabu, David B, Davodeau, Dupuy & Berberian, Le Gall… reprenez votre souffle… Dodier, Goossens, Gotlib, Le Gall, Lepage, Loustal, Margerin, Pedrosa, Pétillon, Schuiten… une galerie d’auteurs plus illustres les uns que les autres réunis pour rendre hommage à l’univers de Spirou en cette année marquée par le soixante-quinzième anniversaire du personnage et du journal. 2013, année groom !

200 auteurs donc qui ont réalisé dans leur propre style une planche mettant en scène leur enfance, leur rencontre avec la BD et plus particulièrement avec le journal Spirou. On s’amuse de voir un Gaston Lagaffe prenant vie sous la plume de Florence Cestac, un Fantasio sous celle de Ted Benoît, on s’émerveille devant ce bolide ressuscité des premières aventures de Spirou et Fantasio par Christophe Blain, ce Marsupilami géant imaginé par Nicolas de Crécy, cette histoire délirante de Lucky Luke écrite par Gotlib ou encore ce récit autobiographique de Zep mettant en scène ses déboires de débutant avec les éditions… Dupuis.

Mais là où l’ouvrage frôle le génie, oui oui absolument, c’est quand il nous propose en regard de chaque planche-hommage une courte interview de l’auteur signataire. Et on y apprend beaucoup de choses, souvent très intimes…  Beau boulot ! EGuillaud

La Galerie des illustres, collectif. Editions Dupuis. 45 euros

España la vida, un album de Vaccaro et Le Roy chez Casterman

La guerre civile espagnole connaîtrait-elle un regain d’intérêt ? En l’espace de quelques semaines sont apparus sur les étagères de nos librairies spécialisées Le Convoi, un dyptique signé Torrents et Lapière portant sur la « retirada », l’exode des Républicains vers la France à partir de décembre 1938, et España la Vida, un récit de Vaccaro et Le Roy qui nous ramène quelques mois auparavant, au moment du bombardement de Guernica. Jean-Léonard, Léo pour les intimes, jeune Parisien issu de la bonne bourgeoisie ne supporte plus de regarder l’Espagne sombrer et tomber aux mains des Franquistes. Bien décidé à défendre ses idéaux libertaires, Léo finit par rejoindre les Brigades internationales où il se frotte très rapidement à la dure réalité de la guerre…

A la différence du Convoi, clairement inspiré de faits réels ayant touché la famille d’un des auteurs, España la vida est cette fois une pure fiction. « J’avais envie d’essayer un autre type d’écriture… », explique le scénariste Maximilien Le Roy, familier d’une bande dessinée plus documentaire. « Le travail de reportage ne laisse, et pour cause, pas la moindre place à l’imagination : il faut être au plus près des témoignages que l’on recueille. Une fiction nécessite un autre type de travail sur la narration. Celà dit, j’ai tenu à écrire une fiction qui soit très ancrée dans les réalités historiques et politiques de l’époque ». Maximilien Le Roy au scénario, Eddy Vaccaro au dessin et Anne-Claire Thibaut-Jouvray aux couleurs : le trio nous offre ici un récit sur l’engagement individuel en même temps qu’une belle histoire d’amour. Un récit plein d’humanité dans un monde en guerre ! EGuillaud

España la vida, de Vaccaro, Le Roy et Thibaut Jouvray. Editions Casterman. 25 euros

03 Avr

Fred a rejoint Philémon sur la lettre A

Fred de son vrai nom Frédéric Othon Aristidès - Dargaud

Les éditions Dargaud nous font part du décès de Fred, Othon Aristidès, hier soir à l’âge de 82 ans. Il était depuis plus de 60 ans l’un des plus grands artistes, un créateur et un poète hors du commun. Aujourd’hui, l’ensemble de la bande dessinée est en deuil. Les éditions Dargaud, ainsi que tous les auteurs, s’associent à l’immense tristesse de sa famille.

Celui qui vivait à Paris venait de publier le dernier album de sa série la plus connue Le Train où vont les choses, le tome 16 de Philémon.

En mars et avril 2011, la galerie Martel, à Paris, a présenté une grande exposition consacrée à ce monstre sacré de la bande dessinée, Fred. Le père de « Philémon » et du « Corbac au basket » nous plonge dans un univers enchanté, qui a bercé les jeunes années de millions de personnes. Parmi ses amis, le dessinateur Bilal et Thomas Dutronc qu’il a connu enfant quand il écrivait des chansons avec son père Jacques Dutronc, comme Le fond de l’air est frais.

Pour revoir le reportage de France Télévisions :

Voici sa biographie publiée par Dargaud. Une autre façon de la découvrir est de picorer au hasard dans son oeuvre : chaque planche a bien souvent un lien avec sa vie…

Othon Aristidès, dit Fred, naît le 5 mars 1931 à Paris. Tout môme, il remplit des cahiers entiers de bandes dessinées bourrées de « fôtes d’ortografe ». Il publie son premier dessin humoristique dans le courrier des lecteurs d’un journal pour enfants. Un peu plus tard, il fait ses premiers pas vers l’absurde, l’envers du décor et le dérapage contrôlé en dévorant Edgar Poe, Charles Dickens et Oscar Wilde.

Fred - editions Dargaud

Vers 18 ans, il fait timidement le tour des rédactions. À sa grande fierté, il finit par placer un dessin à Ici-Paris ; à sa grande déception, sa signature est coupée. À son retour de l’armée, il dessine pour France Dimanche, Paris Match, Le Hérisson et Quartier latin, un modeste journal vendu à la sauvette par Georges Bernier, connu plus tard sous le nom de Professeur Choron. C’est avec le même Georges Bernier et François Cavanna (rencontré à Ici-Paris) que Fred crée Hara-Kiri en septembre 1960. Promu directeur artistique, il exécute les soixante premières couvertures, touche un peu à tout, s’aperçoit qu’il aime bien écrire, et revient à la bande dessinée avec Les Petits Métiers, Le Manu-Manu, Tarsinge, l’homme Zan et Le Petit Cirque.

En 1966, après six mois de labeur, il propose quinze planches d’une nouvelle histoire au journal Spirou, qui les refuse : le dessin n’est pas bon, l’histoire non plus… À la lecture des mêmes planches, René Goscinny, alors rédacteur en chef de Pilote, s’enthousiasme et publie La Clairière des trois hiboux, premier épisode des aventures de Philémon. Mais cette fois-ci, ce sont les lecteurs qui n’apprécient pas le dessin. Fred décide donc de s’en tenir à l’écriture ; il propose toute une série de scénarios qui seront mis en images par d’autres – ce qui ne l’amuse pas du tout… sauf quand il imagine Time is Money pour Alexis. Et puis il commence à ruminer dans ses moustaches l’idée d’envoyer Philémon sur les lettres de l’océan Atlantique – idée qui lui est venue dans son bain : où va-t-on quand on se laisse aspirer par le tourbillon de la baignoire qui se vide ? (Fred trouve toujours ses idées dans son bain. Quand l’idée ne vient pas, il prend cinq bains par jour ; il est donc très propre…) Il écrit le scénario, le fait lire à Goscinny et déclare assez fermement qu’il veut le dessiner lui-même. Goscinny accepte, et la grande aventure de Philémon, dont le quinzième album paraîtra en 1987, commence.

Dans les années 1970, tout le monde s’arrache Pilote, même Jacques Dutronc qui demande à Fred de lui écrire des chansons. Fred tente le coup avec une fraîcheur absolue, à l’instinct : Le fond de l’air est frais entre très vite au hit-parade. Devenus copains, ils composent ensemble deux livres-disques pour enfants : La Voiture du clair de lune et Le Sceptre. En 1993, après quelques expériences autoéditées, dont le magnifique Magic Palace hôtel, Fred imagine pour l’imagerie Pellerin d’Épinal La Magique Lanterne magique, puis pour Futuropolis un superbe portfolio intitulé Manège. C’est alors que Le Matin de Paris lui offre une pleine page hebdomadaire qu’il occupe avec Le Journal de Jules Renard lu par Fred, une histoire qui sera publiée en 1988 chez Flammarion.

En 1991, Fred signe trente-cinq scénarios de courts-métrages, réalisés, entre autres, par Daniel Vigne (Le Retour de Martin Guerre), Jacques Ruffio et Gérard Zingg. Tournés en trente-cinq millimètres dans des conditions extrêmement luxueuses – pour deux minutes de pellicule, ils partent par exemple à trente personnes dans le désert avec des Land Rover –, courts films sont des merveilles de poésie et d’humour. Pris au jeu, Fred signe ensuite pour Gérard Zingg le scénario d’un long-métrage, L’Autobus de la haine. Le projet est malheureusement abandonné.

Le petit Cirque de Fred - Dargaud

Après Philémon – réédité en trois gros volumes dans une édition millésimée en mars 2011 – , Fred explore d’autres univers et signe plusieurs albums considérés (à juste titre) comme des chefs-d’œuvre : L’Histoire du corbac aux baskets, L’Histoire de la dernière image et L’Histoire du conteur électrique. À la fin de l’année 2010, Dargaud regroupe d’ailleurs ces trois albums dans un coffret, auquel est ajoutée l’Histoire du Magic Palace hôtel, pour la première fois mise en couleurs !Deux recueils de dessins d’humour – Le Noir, la couleur et lavis et Fredissimo – voient également le jour. Mais Fred se fait rare ; il se prête pourtant au jeu de la confidence dans une rubrique régulière, « Un magnéto dans l’assiette de Fred », publiée dans La Lettre (l’officiel de la BD). Cet auteur majeur de la bande dessinée a tant de choses à raconter que Dargaud lui consacre une biographie ; l’ouvrage, intitulé L’Histoire d’un conteur éclectique, sort au mois de mars 2011.

Rédigée par Marie-Ange Guillaume, cette monographie de deux cents pages rassemble de nombreux documents inédits, dont les toutes premières pages du prochain Philémon, un épisode auquel Fred travaille depuis plusieurs années. En attendant la sortie de ce nouvel album, Dargaud réédite toute la série sous la forme de trois intégrales, mais présente aussi une nouvelle édition du superbe Petit Cirque. Cette version, remasterisée à partir des originaux et agrémentée de quatre pages supplémentaires, paraît en janvier 2012, à l’occasion de la grande exposition rétrospective que le festival d’Angoulême consacre à Fred. En février 2013, Fred publie son dernier Philémon, Le train où vont les choses, le tome 16 de la série qu’il avait commencée vingt-cinq ans plus tôt.

Mais l’aventure n’est pas finie : le producteur Roger Frappier travaille en ce moment à l’adaptation cinématographique de la série, ce que l’auteur avait, jusqu’à présent, toujours refusé. En mai 2013 paraîtra Un magnéto dans l’assiette de Fred, un recueil de l’ensemble des entretiens présentés dans La Lettre.

Le petit Cirque de Fred - Dargaud

Fred fait partie des géants de la bande dessinée et a influencé toute une génération d’auteurs. Dans chacune de ses œuvres – de Philémon au Petit Cirque – l’auteur accomplit un numéro de funambule dans lequel son génie éblouit. Son langage résolument novateur, son inventivité, son imagination foisonnante ont ouvert une nouvelle voie à la bande dessinée.

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Fred, le créateur de Philémon, est décédé mardi soir…

Frédéric Othon Théodore Aristidès, alias Fred, est décédé hier à l’âge de 82 ans laissant orphelin quantité de fans mais aussi son personnage Philémon créé au début des années 70 pour le journal Pilote et qui connut une ultime aventure en février de cette année avec l’album Le Train où vont les choses.
Fred était aussi l’auteur des albums Magic Palace Hôtel, Le Fond de l’air est frais, Le Petit cirque, Manège, L’Histoire de la dernière image
Grand Prix de la ville d’Angoulême en 1980, Alph’Art du meilleur album en 1994… Fred fait partie des géants du Neuvième art, un poète qui a développé un univers onirique sans pareil !

En janvier 2012, une équipe de reportage de France 3 Poitou-Charentes rencontrait l’auteur alors en plein travail sur son dernier album…

01 Avr

Le Convoi, une histoire de la guerre d’Espagne signée Torrents et Lapière

Montpellier, un jour de novembre 1975. Angelita reçoit un appel de son beau père. Sa mère a fait une crise cardiaque et est hospitalisée à Barcelone. Alors que tout le monde la croyait en Auvergne ! Pourquoi Barcelone, elle qui s’était jurée de ne plus mettre les pieds en Espagne tant que Franco serait vivant. Mystère. Angelita est une fille de réfugiés espagnols arrivée en France en 1939. Sa mère et elle ont depuis refait leur vie, son père est mort en déportation, du moins le pensait-elle jusqu’à ce jour…

Inspiré par des faits réels dont certains auraient touché la famille du dessinateur Eduard Torrents, Le Convoi nous plonge au coeur des années noires, depuis la guerre civile espagnole jusqu’à la Seconde guerre mondiale en passant par ce qu’on appelle la « retirada », l’exode de 500 000 républicains espagnols vers le territoire français à compter de décembre 1938, des réfugiés entassés dans des camps souvent improvisés avant pour certains d’être déportés dans les camps de concentration nazis. Dans ce contexte fort et douloureux, Eduard Torrents et Denis Lapière développent une très belle histoire de famille en deux volumes. EGuillaud

Le Convoi (2 tomes), de Torrents et Lapière. Editions Dupuis. 15,50 euros le volume

27 Mar

75 ans de Spirou : la fête continue avec la parution de l’album de Nicoby et Joub, « Dans l’atelier de Fournier »

L’année groom se poursuit ! Après la publication de la 53e aventure de Spirou et Fantasio, du premier volet de La Véritable histoire de Spirou et de Spirou par Rob-Vel, voici Dans l’atelier de Fournier, un album qui explore le parcours artistique de Jean-Claude Fournier. Mais qui est ce Jean-Claude Fournier ne manqueront pas de s’interroger les plus jeunes d’entre-vous ? Un Breton ! Et surtout l’un des 22 auteurs ayant travaillé sur les aventures de Spirou et Fantasio. Dans l’ordre chronologique, Jean-Claude Fournier arrive juste après Franquin et avant Nic et Broca. Nous sommes dans les années 70, l’auteur apporte sa griffe à la série avec des récits teintés d’écologie, de fantastique et de poésie… A cette époque, son personnage de L’Ankou devient même l’emblème de la lutte contre le projet de centrale nucléaire à Plogoff. Mais Jean-Claude Fournier, c’est aussi Bizu, Les Crannibales et plus récemment Les Chevaux du vent.

Réalisé sous la forme d’une rencontre en bande dessinée, Dans l’atelier de Fournier dresse le portrait de cet homme avec beaucoup d’humour et quantité de documents à l’appui, des documents d’archives souvent inédits, des planches, des croquis, intégrés dans le récit lui-même ou réunis en fin d’album. Aux manettes, les deux Bretons Joub (Geronimo, Max et Zoé…) et Nicoby (20 ans ferme, Excursion coréenne…) ont visiblement pris un plaisir immense à réaliser ce travail qui mine de rien nous permet de redécouvrir un auteur talentueux et humain passé par des hauts et des bas, la gloire et la déprime, mais qui a su se renouveler et nous surprendre encore récemment. Et dire que le grand Franquin lui avait déconseillé de reprendre les aventures de Spirou et Fantasio… Passionnant ! EGuillaud

Dans l’atelier de Fournier, de Joub et Nicoby. Editions Dupuis. 24 euros

26 Mar

Philémon – Le Train où vont les choses …t16 de Fred – Dargaud

Philémon - Le Train où vont les choses - Fred/Dargaud"

« Si le train où vont les choses est immobilisé, les choses ne vont plus où elles devraient aller ! »

La métaphore est belle, autant que l’imaginaire de son dessinateur. Voilà 26 ans que le parisien Fred avait mis sur pause les aventures de Philémon. Un quart de siècle sans nouvelle du héros au pull rayé et enfin son ultime histoire arrive en gare.

Depuis 1965, Philémon, le héros lunaire, a passé sa vie dans le monde des lettres, celles de l’ O C E A N  A T L A N T I Q U E, qui sont autant d’îles autonomes dans un monde avec deux soleils. L’auteur raconte que l’idée lui vint en s’évadant dans la contemplation des cartes de géographie qui ornaient les salles de classe de son enfance. Avec une tendresse rêveuse et une poésie psychédélique, Philémon, au fil des albums, a surmonté une à une les épreuves depuis sa chute au fond d’un puits, première étape de son aventure.

Un puits sans fond que le dessinateur connait trop bien. Quinze albums, un par lettre de l’ O C E A N  A T L A N T I Q U E. Le cycle semblait achevé après Le Diable de Peintre, paru en 1987. Pourtant Fred avait dessiné depuis vingt premières pages d’un seizième tome, jamais terminé car il a cumulé les épreuves comme le suggère avec subtilité sa biographe Marie-Ange Guillaume, qui signe une préface pour cet ultime album : « quelques problémes de santé l’ont fait dévier (coté âme) ce qui nous a donné l’extraordinaire Histoire du Corbac aux Baskets (à relire pour en savoir plus) … et puis d’autres problèmes de santé sont venus se greffer (coté corps) et Philémon à continué d’attendre ». Il revient avec une loco à pattes, la Lokoapattes qui carbure à la vapeur d’imagination et tire le train où vont les choses. La machine s’est embourbée à l’image de son dessinateur, faute de nouvelles idées. Il lui est aussi impossible de retourner dans le tunnel imaginaire, l’entrée est perdue, et gare, l’araignée du matin y a tissé sa toile.

Philémon - Le Train où vont les choses - Fred/Dargaud

Fred - Dargaud

C’est là que, pour retomber sur ses pattes et retourner sur l’île du A de l’océan Atlantique, le dessinateur tire sa révérence sur une boucle en forme de ruban de Möbius, un salto arrière du dessin qui laisse songeur et dubitatif … le fond de l’air est frais, effraie … Bien vite heureusement un désir irrépressible nous saisi de relire l’histoire à son commencement. Cela titillera celles ou ceux qui avaient choisi ce seul ou premier ami (Philemon en grec) . Signe supplémentaire s’il était nécessaire de la pérennité de l’oeuvre de ce drôle de moustachu, la qualité de son dessin demeure du premier à cet ultime album …

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Le fond de l’air est frais – Jacques Dutronc en collaboration avec Fred

Pour découvrir les premières planches de l’album :

Dargaud

Le point de vue de la presse spécialisée :

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