17 Mai

Le sourire de Mao, un récit de Jean-Luc Cornette et Michel Constant chez Futuropolis

Oubliez la Belgique telle que vous avez pu la connaître, oubliez par la même occasion les revendications séparatistes car oui le pays a finalement succombé à la tentation du mal en se scindant en deux états. Voilà le point de départ du récit de Jean-Luc Cornette et Michel Constant, une politique fiction qui a pour décor la République Démocratique de Wallonie, une dictature nazillarde où tous les moyens sont bons pour éradiquer une opposition déjà exsangue et donner au pays une image d’avenir radieux par l’achat aux Chinois de la dépouille de Mao Tsé-Toung. Rien que ça ! Et dans cette belle république démocratique bien propre, bien unie, la jeune Ludmilla avec son tee shirt à l’effigie de Mao va rejoindre ses collègues des Fauves de Hesbaye, formation scoute aux ordres, pour dresser une haie d’honneur au président avant de se faire tirer dessus par un jeune contestataire dont elle finira par tomber amoureuse…

Prépublié dans le quotidien belge Le Soir, Le Sourire de Mao ne cache pas ses intentions : inviter les Belges à réfléchir à ce qu’ils perdraient dans une aventure séparatiste. Et rien que pour ça, Le Sourire de Mao est une bande dessinée utile et nécessaire. EGuillaud

Le Sourire de Mao, de Cornette et Constant. Editions Futuropolis. 16 euros

15 Mai

Ouessantines, un récit iodé de Weber et Nicoby chez Vents d’Ouest

C’est décidé, Soizic part s’installer sur l’île d’Ouessant avec la ferme intention d’y vivre et d’y travailler. Et personne n’y pourra rien changer, pas même sa mère légèrement envahissante qui accepte à contre coeur de la véhiculer jusqu’au bateau. Soizic est une vraie Bretonne, têtue comme un bloc de granit. Une heure de traversée seulement et la jeune femme pourra enfin changer de vie. Le bonheur !  Enfin presque… car Ouessant est un île au bout du bout du monde. Et les autochtones pas toujours faciles faciles. Alors, avec son idée de maison d’hôtes, Soizic va très vite se retrouver au coeur des sujets de conversations et confrontée à quelques réactions pour le moins hostiles. Jusqu’au jour où Marie, une vieille Ouessantine qui l’avait prise d’affection se suicide…

Direction la terre la plus occidentale de la France, Ouessant, pour un récit qui relève à la fois de la chronique sociale et du polar. Sur Cette île bercée par les tempêtes aux paysages de caractère mais à la vie souvent rude, le scénariste Patrick Weber et le dessinateur Nicoby développent une histoire captivante sur fond de secrets et de croyances traditionnelles. EGuillaud

Ouessantines, de Weber et Nicoby. Editions Vents d’Ouest. 18,25 euros

Le bleu est une couleur chaude par Julie Maroh – Glénat

Le Bleu est une couleur chaude par Julie Maroh - Glénat

Le saviez vous ? Le bleu est une couleur chaude, celui de l’amour entre une adolescente et une jeune femme. Sous le titre La vie d’Adèle chapitre 1 & 2 (Blue is the warmest colour), cette BD remarquée de Julie Maroh a été adaptée au cinéma par Abdellatif Kechiche, avec Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux dans les rôles principaux. Le film se retrouve en sélection officielle au Festival de Cannes 2013. Salué par la critique, il est en bonne place dans la course à la palme d’or.

« – Quand tu tomberas amoureuse, ce mec sera le plus chanceux de toute la terre.                 – Comment as tu pu me dire ça, Emma ? Ce mec, c’est toi. »

Le Bleu est une couleur chaude par Julie Maroh - Glénat

C’est une première oeuvre réussie que nous livre là Julie Maroh. Un roman graphique sensible sur l’homosexualité. Comme souvent après l’échange d’un premier regard, Clémentine, lycéenne de 15 ans, tombe amoureuse d’une fille différente, Emma 30 ans. Les Anglais utilisent l’expression poétique « out of the blue » pour décrire des moments de grâce comme celui-ci. D’ailleurs, coïncidence ou non, Emma a les cheveux bleus (clin d’oeil peut-être aussi à Bilal et son héroïne Jill Bioskop, elle aussi à la chevelure couleur bleu intense, dans la trilogie Nikopol Froid Equateur). Emma va faire découvrir à Clémentine toutes les facettes du désir.

La vie d'Adèle d'Abdellatif Kechiche avec Léa Seydoux © ©WILD BUNCH

Dans la version cinéma du réalisateur Abdellatif Kechiche (L’esquive, La Graine et le Mulet), Clémentine devient Adèle, du nom de son interprète principale Adèle Exarchopoulos. Cette native de la région parisienne a grandi à Clichy (92). Pas encore connue, Cannes la découvre et lui rêve déjà un prix au palmarès 2013. Elle partage l’affiche avec l’actrice reconnue Léa Seydoux. Selon le cinéaste, le film est « une très libre adaptation de la BD » :

Adèle Exarchopoulos & Léa Seydoux © ©WILD BUNCH

« Je n’avais rien à dire de militant sur l’homosexualité. Je ne cherchais pas à la définir et durant toute la fabrication du film je ne me suis jamais posé la question : « ah oui, ce sont deux femmes… ». J’avais plus le sentiment de traiter, de raconter l’histoire d’un couple, du couple. La problématique de l’homosexualité, je ne voyais pas pour quelles raisons je l’aborderai spécialement, car la meilleure façon, si je devais avoir un discours sur ce sujet, ce serait de ne pas en avoir, de filmer cela comme n’importe quelle histoire d’amour, avec toute la beauté que cela comprend. »

Le film est en lice pour la 66ème palme d’or à Cannes.

Le Bleu est une couleur chaude par Julie Maroh - Glénat

Pour en revenir au graphisme de l’oeuvre initiale, les traits du visage, comme celui des corps à corps, sont dessinés avec une grande finesse. Ils illustrent parfaitement les sentiments contrastés propres à l’adolescence et à la découverte de son homosexualité. Le récit tend vers l’aquarelle au fur et à mesure que la jeune héroïne doit faire face à l’homophobie de certains lycéens et à l’hostilité de ses parents. Cet album a reçu la récompense la plus forte du festival d’Angoulême en 2011 : le Grand Prix du Public.

Une oeuvre forte sur une histoire d’amour absolue entre deux femmes, à lire ou relire en attendant la sortie du film le 9 octobre 2013.

Deux premiers extraits du film :

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Baby can I hold you par Tracy Chapman

Le site de Julie Maroh

Pour lire les premières planches : Glénat

Le point de vue le presse spécialisée : BDgest

13 Mai

Vivre vieux et gros: les clés du succès, un guide pour chats signé Leslie Plée chez Delcourt

Michel est un chat, un chat roux originaire de Nantes. Jusque là, rien de bien original. Des chats nantais, il y en a des milliers, roux plusieurs centaines et qui s’appellent Michel, au moins trois ou quatre. Mais ce chat-là n’est pourtant pas comme les autres. C’est le chat de Leslie Plée, auteure de BD, et sa seule ambition dans la vie est de vivre vieux et gros. Comment chaparder dans les assiettes tout en évitant les colères de sa maîtresse ? Comment manger comme un cochon, croquer tout ce qui traîne au sol, avaler le contenu de la poubelle sans vomir, apitoyer le maître pour avoir plus de croquettes… Bref, autant de questions existentielles et bien d’autres qui trouveront ici, dans ce guide d’un genre nouveau, de brillantes réponses.

Parue dans la nouvelle collection Tapas:-*, Vivre vieux et gros : les clés du succès est une petite pépite d’humour à consommer entre deux paquets de croquettes. EGuillaud

Vivre vieux et gros : les clés du succès, de Leslie Plée. Editions Delcourt. 14,95 euros

11 Mai

Pablo – Matisse (t3) par Julie Birmant & Clément Oubrerie

Pablo (t3) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Le Rouge est de mise dès la couverture. Le sang chaud de l’ibère, l’amour viril, les braises  … Pour patienter jusqu’à la réouverture de son musée fin 2013 à Paris, découvrez comment un jeune espagnol nommé Pablo, fraîchement arrivé dans la capitale française à 19 ans, est devenu Picasso. 10 ans plus tard il aura inventé l’Art Moderne et le Cubisme. Le tome 3 de cette aventure en 4 volets vient de paraître.


Comme pour les deux précédents albums, la qualité graphique de Clément Oubrerie, amplifiée par le talent de sa coloriste Sandra Desmazières, se confirme – tout comme le point de vue original choisi par la scénariste Julie Birmant : le récit des premières années parisiennes de Pablo à travers le regard de son modèle, son premier grand amour Fernande Olivier. La grande absente des biographies de Picasso a pourtant partagé pendant près de 10 ans, une période charnière de sa vie : ses années de formation.

Pablo (t3) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Chaque volume est ponctué par une rencontre qui lie le futur Picasso à un grand nom de l’art moderne. Après Max Jacob et Guillaume Apollinaire, c’est au tour d’Henri Matisse surnommé C.M., Cher Maître. Mais cette fois-ci le défi est de taille. Fernande est sous le charme de l’auteur du Nu Bleu et de La Danse. Henri Matisse devient le rival et le modèle à dépasser. Pablo part à la chasse à l’inspiration jusqu’au fin fond de sa Catalogne natale. Il en revient avec l’idée de peindre un bordel : celui des Demoiselles d’Avignon, la toile fondatrice du cubisme. Pour s’opposer à l’idéal esthétique de Matisse, il peint une œuvre provocante, choquante et délibérément inachevée. Sous ses pinceaux jaillit l’Art Moderne, sous l’influence de vestiges anciens et de statues africaines.

Pablo (t3) par Julie Birmant et Clément Oubrerie - Dargaud

Au final ce nouvel opus continue d’être une magnifique description du mécanisme de création à travers le regard d’une femme amoureuse. L’art est en marche et l’aventure n’est pas terminée : de grandes oeuvres restent à être inventées.

Julie Birmant & Clément Oubrerie - Dargaud/Cécile Gabriel

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Baïa – Matthieu Chedid

Pour découvrir les premières planches de l’album : Dargaud

Le point de vue de la presse spécialisée : La Ligne Claire BDgest

09 Mai

Abymes par Mangin, Griffo, Malnati & Bajram (3 tomes) – Air Libre Dupuis

Abymes (t3) par Mangin & Bajram - Dupuis

Quel est le point commun entre le romancier Honoré de Balzac, le cinéaste Henri-Georges Clouzot et la scénariste Valérie Mangin ? Un abîme, ou plutôt une mise en abyme : ce jeu de miroir qui permet un enchâssement d’un récit dans un autre récit. Cette figure de style nous offre le projet BD le plus enthousiasmant de cette année, publié dans la prestigieuse collection Air Libre. Comme l’héroïne, partez vous aussi à la recherche de cette trilogie dans les rues de Paris.

Valérie Mangin (Alix Senator, le Fléau des Dieux), la scénariste de cette série, développe son histoire en trois tomes avec la complicité de trois dessinateurs différents. Dans le dernier tome, elle se met elle-même en scène (et en auto-fiction ?) avec son mari, le dessinateur Denis Bajram (Trois christs, UW1).

Pour le 1er album de la série, elle a fait appel au talentueux Griffo (SOS Bonheur, Petit Miracle). Honoré de Balzac apparaît dans sa vie personnelle comme un personnage balzacien riche en turpitudes, mais il goûte peu de lire la description de ses vices, publiée chaque jour en feuilleton.

Pour le second tome, avec Loïc Malnati (Du Plomb pour les Garces, Apocalypse) au dessin, c’est le cinéaste Henri-Georges Clouzot qui est décrit à la fois comme le cinéaste le plus doué de sa génération mais aussi comme un tyran sans coeur. Lui aussi voit sa vie et sa dernière oeuvre, Le Mystère Balzac, un film sur le romancier éponyme, éclater de chausse-trappes en fausses révélations dans le piège de la mise en abyme.

Abymes (t1) par Mangin & Griffo - Dupuis

C’est vraiment avec le 3ème et dernier épisode que l’intrigue se boucle sur elle-même dans un vertige sidérant pour le lecteur tout en permettant de questionner le statut de l’oeuvre, principe même de la mise en abyme. Aussi réelle soit elle, une oeuvre n’est pas la réalité mais une création. Dans le Paris des années 90, la scénariste Valérie Mangin et le dessinateur Denis Bajram, racontent leur rencontre, de leur vie étudiante à la création de cet album, en ménageant un à un tous les effets de suspense et de révélations propre au thriller. Le récit est truffé de références au monde de la BD, des « private joke » souvent réservés aux initiés, mais nécessaires pour la mise en abyme.

Abymes (t2) par Mangin & Malnati - Dupuis

L’effet de trouble s’avère étourdissant pour le lecteur, d’autant que le final, aussi délirant soit-il, est réussi. L’important dans ce genre d’élucubration fantastique est bien sûr de retomber sur ses pieds sous peine de perdre son lecteur en route.

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Angel – Massive Attack (entendu dans le tome 3)

Pour découvrir les premières planches de l’album : Dupuis

Site officiel de : Valerie Mangin

Valérie Mangin

Denis Bajram

Denis Bajram

Griffo

Griffo

Loïc Malnati

Loïc Malnati

Le point de vue de la presse spécialisée : BSCnews PlanetBD BDgest

07 Mai

« Toi au moins, tu es mort avant », l’histoire d’un révolutionnaire communiste grec racontée par Sylvain Ricard, Myrto Reiss et Daniel Casanave chez Futuropolis

Valait-il mieux mourir que connaître la guerre civile, le chaos, la dictature des colonels, la Grèce érigée en rempart du communisme pour l’Europe de l’Ouest ? C’est ce que semblait avancer le Grec Chrònis Missios en intitulant son autobiographie parue en 1985 : Toi au moins tu est mort avant. Il faut dire que l’homme, révolutionnaire communiste dès le plus jeune âge, a passé une grande partie de sa vie en prison, plus de 20 ans, et connu les pires traitements. Condamné à mort, il échappe de très peu à la sentence et voit sa peine commuée en perpétuité. Nous sommes en 1946. Tandis que le reste de l’Europe retrouve la paix et la démocratie, la Grèce, elle, s’entredéchire. Torturé, affamé, balloté de prison en prison, mêlé aux condamnés de droit commun, aux drogués, aux malades psychiatriques… Chrònis Missios, comme nombre de communistes, ne reniera jamais ses idées et finira par retrouver sa liberté et écrire cette autobiographie aujourd’hui adaptée en bande dessinée par Sylvain Ricard, Myrto Reiss et Daniel Casanave. Un hommage à l’homme, un hommage à son engagement, qu’il ne connaîtra malheureusement pas. Chrònis Missios décède en novembre 2012, à l’âge de 82 ans. Restent pour la mémoire de l’humanité son livre et cette bande dessinée au récit dense et au graphisme semi-réaliste qui allége le propos très sérieux. EGuillaud

Toi au moins, tu es mort avant, de Casanave, Ricard et Reiss. Editions Futuropolis. 24 euros

06 Mai

Spécial Jeunesse #3

Jeangot, Renard Manouche par Joann Sfar & Clément Oubrerie - Gallimard

Jeangot, Renard Manouche par Joann Sfar & Clément Oubrerie – Gallimard

Le Jeangot guitariste du titre c’est Django Reinhardt, l’inventeur du Swing de Paris, l’artiste de génie qui a donné à la capitale sa bande-son idéale. Qui mieux pour lui rendre un hommage truculent en 3 volumes que Joann Sfar ? L’auteur du Chat du Rabin sait aussi le mieux rendre la substantifique moëlle d’une biographie, en toute liberté, sans hagiographie ni fidélité historique à la lettre (Gainsbourg, Chagall, Pascin ..). Le malicieux dit être parti de la pochette du premier 78 tours enregistré, celle où le nom du musicien a été transformé en « Jiango Renard, Banjoiste ! » Le style réinventé de Clément Oubrerie (Pablo, Aya de Yopougon) permet de récréer le Paris de l’entre-deux-guerres. Sous ses crayons, ce goupil de Jeangot prend vie, entouré de tout un bestiaire digne du célèbre fabliaux du moyen-âge, le Roman de Renart. Une vie de manouche riche en péripéties et facéties, à suivre dès 13 ans. Une magnifique initiation au jazz dont les notes surgissent des pages au fil des cases et des bulles.

Jeangot, Renard Manouche par Joann Sfar & Clément Oubrerie - Gallimard

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Les Yeux Noirs – Django Reinhardt

Le point de vue de la presse spécialisée : Bulles & Onomatopées Bodoï

Lou ! (t6) par Julien Neel - Glénat

Lou ! L’Age de Cristal (t6) par Julien Neel – Glénat

« Tout change, tout reste pareil » … est-il dit pour ce nouvel épisode des aventures de la jeune Lou. Cette héroïne est une des rares dans le monde du 9ème art à avoir la particularité de grandir à chaque nouvel album. Nous la retrouvons cette fois-ci dans l’année de ses 16 ans, deux années se sont écoulées depuis le précédent album. La série, multiprimée pour ses qualités, dont le Prix Jeunesse du Festival d’Angoulême en 2005 et 2010, rassemble des dizaines de milliers de fans ((400 000 exemplaires du tome 1 ont été vendus), des filles surtout, mais aussi des garçons, qui évoluent avec Lou depuis près de 10 ans (1,6 million d’albums de la série au total).

Qu’est ce que devenir adulte ? Quelles peurs et angoisses cela suscite-t-il ? Tel est le thème de cet opus. L’auteur Julien Neel, fait le choix de dérouter totalement ses lecteurs habituels et peut-être d’en séduire de nouveaux. Une sensation ouateuse, un flottement incertain, ainsi est décrite l’entrée dans la vie adulte du personnage, à l’image du décor étrange de cristaux roses qui envahissent de façon anarchique la ville. Cela peut être aussi vu comme un hommage appuyé à L’écume des Jours de Boris Vian, tout comme l’incursion du fantastique dans le réel présent dans l’oeuvre du romancier japonais Haruki Murakami (Kafka sur le rivage, 1Q84), deux auteurs de chevet pour Julien Neel.

Ne manquez pas la séquence très réussie graphiquement de la boîte de nuit, pendant laquelle la mise en couleurs alternées respecte la rythmique à 4 temps de la musique électro. Gageons que cette histoire prendra tout son relief et son sens avec les tomes suivants. Patience donc ! L’auteur a d’ores et déjà annoncé qu’il y aurait 8 albums au total et qu’il sait où il va (« Je sais déjà ce qu’il y aura dans les deux dernières pages du tome 8. »), même si le chemin pour y parvenir reste à inventer pour lui.

Lou ! (t6) par Julien Neel - Glénat

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Devil or Angel – Lou Doillon

Le point de vue de la presse spécialisée : Du9 PlanéteBD

Spirou et Fantasio - Les Pirates du Silence - A.Franquin - Marsu Productions

Spirou et Fantasio : Les Pirates du Silence (t10) de Franquin & Maurice Rosy – Marsu Productions

Pépite mal connue, cet album est à découvrir par tous les amateurs de belles voitures et de courses poursuites. A l’occasion des 75 printemps de son célèbre groom, Marsu Productions, récemment repris par Dupuis, publie dans la série « Version Originale« , l’intégrale des planches de travail du génial Franquin. Du crayonné à la couleur, toute l’évolution de sa palette est là, en format XXL. Un régal pour découvrir le maître à l’oeuvre pour sublimer par son dessin la vitesse. Ce qui ne gâche rien, le véritable héros de cette aventure, c’est bien le marsupilami qui nous dévoile un talent jusque-là bien caché, une nouvelle source de gags.

A ne pas manquer pour tous ceux qui ont ont connu ces années-là, les années 50, et qui souhaitent les faire découvrir à leurs enfants et petits enfants.

Spirou et Fantasio - Les Pirates du Silence - A.Franquin - Marsu Productions

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Bullit – Lalo Schifrin

« Dent d’ours », un récit de guerre et d’amour signé Yann et Henriet aux éditions Dupuis

Il s’appelle Max Kurtzman, matricule 450775042, né à Opole en Silésie polonaise le 9 septembre 1922, émigré aux Etats-Unis en décembre 1935, engagé volontaire en 1941 dans l’armée américaine après l’attaque de Pearl Harbor. Oui mais voilà, au retour d’une mission dans le Pacifique sur le porte-avions Fighting lady, Max Kurtzman se retrouve mis aux arrêts. Son tort ? Ressembler à l’aviateur allemand Werner Königsberg qu’il a effectivement connu et côtoyé dans sa jeunesse au même titre que la belle mais dangereuse Hanna Reitsch, pilote d’élite de la Luftwaffe.  Soupçonné d’être un espion nazi, menacé d’être exécuté, Max va devoir accepter une mission impossible…

Attention chef d’oeuvre ! D’un côté le génial et prolifique, très prolifique, scénariste Yann (Les Innommables, Colt Walker, Le Pilote de l’Edelweiss…), de l’autre le dessinateur non moins génial Alain Henriet (Pandora Box, John Doe…) et au centre le premier album d’une nouvelle série qui nous ramène à l’époque de la Seconde guerre mondiale.  Dent d’ours est un récit de guerre et d’aviation bien sûr mais pas seulement. Aux magnifiques scènes de combats aériens des premières pages, succèdent les scènes plus intimistes de trois enfants, trois amis pour la vie, fous d’aviation (comme les auteurs!) que la folie des adultes va séparer et tenter d’opposer. Une histoire de guerre qui parle aussi de jeunesse, thème récurent chez Yann, d’amitié, d’amour et d’espionnage. Dents d’ours allie un scénario musclé, des personnages à fort caractère, un trait de génie et une mise en couleurs subtile signée Usagi. On attend la suite avec une certaine impatience ! EGuillaud

Max, Dent d’ours (tome 1), de Yann et Henriet. Editions Dupuis. 14,50 euros

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02 Mai

« Georges Clooney une histoire vrai », un récit délirant et plein de fautes d’ortographe de Philippe Valette chez Delcourt

Pour ceux qui ne connaissent pas Philippe Valette, ça peut surprendre. Pour les autres, ceux qui visitent régulièrement ses blogs, sites et autres pages de réseaux sociaux pas de souci ! Un dessin enfantin, tendance art brut, réalisé au feutre de couleur, des fautes d’orthographe à toutes les pages pour ne pas dire dans toutes les bulles y compris sur le titre de couverture, une histoire délirante de super héros en costume moulant rouge nourri au double cheese et affublé d’un nom de star à une lettre prêt, oui car le vrai George Clooney s’écrit sans « s »… voici un récit pour le moins singulier que personne n’aurait peut-être eu l’idée d’éditer… avant ce jour. Il fallait le triple effet d’un buzz sur le web, d’un Delcourt audacieux et d’un lancement de label, en l’occurrence Tapas :-*, pour que ce soit chose faite. L’éditeur nous promet dans ce label « du rire, des larmes et des sentiments (…) des albums de bande dessinée et des livres en prise directe avec notre époque ». Côté rire et prise directe c’est franchement réussi, Georges Clooney une histoire vrai est légèrement scatologique, lourdement comique et absolument encré dans notre époque. Bon, adeptes du bien écrit dans la langue de Molière, du joli dessin à maman et de la lecture intelligente, passez votre chemin, Philippe Valette fait ici dans le débile et le revendique.

Toutefois, ne vous méprenez pas, Philippe Valette n’a pas 8 ans, ni 10 ans, ni 15 ans et n’a pas dessiné Georges Clooney une histoire vrai depuis le fond d’une salle de classe adossé au plus gros radiateur de la planète, non, Philippe Valette serait plutôt proche de la trentaine et travaille depuis plusieurs années dans le cinéma, l’animation et les jeux vidéo. Ca ne prouve rien me direz-vous mais bon ça fixe son homme. Un album débile mais un auteur crédible. On adore ! EGuillaud

Georges Clooney une histoire vrai, de Philippe Valette. Editions Delcourt. 29,95 euros