Adapté d’un roman du Canadien Richard Wagamese, Les Etoiles s’éteignent à l’aube explore de très belle façon les relations père-fils dans un road-trip montagnard sur fond de nature sauvage et de culture amérindienne…
Le vieil homme avec lequel échange le jeune Franklin Starlight dans les premières pages de ce livre pourrait être son père, du moins peut-on l’imaginer. Il l’est d’une certaine manière. Même si son vrai père, son père biologique, Eldon, est ailleurs, en train de mourir. Trop d’alcool ! Lui qui ne s’est jamais occupé de son fils lui demande aujourd’hui de l’emmener sur une ligne de crête dans la montage, face à l’est, pour y être enterré comme le veut la tradition chez les Ojibwés. Franklin accepte !
Soixante kilomètres à cheminer ensemble à travers la montagne quelque part dans l’arrière-pays de la Colombie britannique, un cheval pour deux, des années à rattraper entre le père et le fils et une vie qui se débobine, celle d’Eldon, une vie qui n’a absolument rien d’un long fleuve tranquille, une vie aux multiples blessures, aux multiples renoncements. Pas après pas, mètre après mètre, Franklin apprend à connaître ce père, à lui pardonner son absence et à l’aimer. Il comprend qui était sa mère, pourquoi il ne l’a jamais connue, et qui est réellement ce vieil homme qui l’a élevé avec tant d’amour…
Le titre du livre de Richard Wagamese et aujourd’hui de l’album de Vincent Turhan donne le ton, Les Étoiles s’éteignent à l’aube est un récit aussi magnifique que bouleversant, aussi sombre que lumineux. Avec son trait crayeux et sa palette de couleurs ternes, Vincent Turhan nous met en condition pour ce bout de voyage au coeur d’une nature immense et sauvage, au coeur de l’humain et de ses légitimes interrogations sur l’identité, les racines, la filiation, l’amour, la mort… Les planches sont d’une grande beauté, les dialogues concis, le décor somptueux. Magnifique !
Eric Guillaud
Les Étoiles s’éteignent à l’aube, de Vincent Turhan d’après le roman de Richard Wagamese. Sarbacane. 24€