04 Mar

Le Peintre hors-la-loi : un one-shot au coeur de la Révolution française signé Frantz Duchazeau

Vous ne ne connaissez certainement pas, son nom n’est pas passé à la postérité mais il a marqué son époque en apportant un autre regard sur l’art du paysage, le peintre Lazare Bruandet, être aussi talentueux et créatif que violent et imprévisible, est le personnage central de ce nouvel album du très talentueux Frantz Duchazeau…

Paris, le 21 janvier 1793. Louis XVI vient d’être guillotiné. « Ils ont raccourci l’cochon » entend-t-on chanter dans les rues de la capitale tandis que certains se défoulent sur une femme ayant eu le malheur d’apporter un soutien à la royauté. C’est le début de la Terreur !

Pour le peintre Lazare Bruandet, pas le temps de traîner dans les rues. Entre sa maîtresse, une brune plantureuse, sa peinture et la taverne du coin, notre homme retrouve son foyer, le temps de tuer sa femme dans une crise de jalousie. Et de fuir ! Direction la campagne avec pinceaux mais aussi sabre et pistolet dont il sait tout autant se servir. On ne sait jamais en ces temps chaotiques !

Et c’est dans un monastère qu’il se réfugie, lui le pourfendeur d’ecclésiastiques, avec une ambition, une seule : peindre. Et oublier ce pays qui se déchire.

« Ce n’est rien que de donner un coup de sabre ou un coup de fusil… », se dit-il devant la beauté d’un paysage, « mais c’est bien autrement difficile de donner un coup de pinceau sur le haut des arbres ou sur un ciel bleu ».

Mais la colère des hommes ne s’arrête pas aux rues de Paris. Des révolutionnaires, des royalistes, ratissent la campagne à la recherche de têtes à couper. Bruandet doit poser ses pinceaux à contrecoeur pour apprendre à ces hôtes, les moines, à se défendre…

Sacré personnage que ce Lazare Bruandet, dans la vraie vie comme ici, une gueule de héros comme on les aime, taillé à la serpe, au regard aussi fou que déterminé, un dur à cuire qui s’attendrit devant la beauté de la nature et déteste la violence des hommes dont il a pu souffrir enfant, un hors-la-loi ou plus exactement un esprit libertaire, égocentrique, qui se moque des règles imposées. Oui, un sacré personnage, un sacré caractère et une sacrée BD au scénario d’une très belle fluidité et au trait charbonneux séduisant.

Ceux qui ont adoré Le Rêve de Meteor Slim aux éditions Sarbacane – et j’en fais partie – ne pourront que se régaler ici. La somptueuse couverture devrait suffire à les en convaincre !

Eric Guillaud 

Le peintre hors-la-loi de Frantz Duchazeau. Casterman. 20€

© Casterman / Duchazeau

01 Mar

Patrick Dewaere, À part ça la vie est belle : une biographie émouvante de Laurent-Frédéric Bollée et Maran Hrachyan

Après Lino Ventura, Sergio Leone, Hichcock et François Truffaut, la collection 9 ½ s’intéresse à une star du septième art disparue il y a bientôt 40 ans et toujours présente dans le coeur des Français. Il s’agit de Patrick Dewaere, 37 films à son a actif dont le cultissime Les Valseuses

L’album de Laurent-Frédéric Bollée et Maran Hrachyan commence précisément où tout s’arrête pour Patrick Dewaere. Nous sommes le 16 juillet 1982. L’acteur de 35 ans met le canon de son fusil dans la bouche et tire. Rideau !

Cette fin tragique, on la connaît tous. Ce qu’on connaît peut-être moins, c’est la vie de Patrick Bourdeaux aka Patrick Maurin aka Patrick Dewaere. Une vie courte mais une carrière plutôt riche avec 37 films et 27 pièces de théâtre à son actif. Il faut dire qu’il a commencé tôt, foulant les planches des théâtres dès l’âge de 3 ans.

Alors forcément, Laurent-Frédéric Bollée et Maran Hrachyan ont de quoi raconter. « Il a bien évidemment fallu creuser sa vie et son parcours… », explique Laurent-Frédéric Bollée, « et je me suis rendu compte alors qu’il avait de nombreuses fêlures et cicatrices à l’âme, l’archétype presque de l’écorché vif… ».

Un écorché vif et un talent fou. Des Valseuses à Série noire, en passant par Adieu Poulet, Un Mauvais fils ou encore Beau-Père, Patrick Dewaere a marqué le cinéma français d’une empreinte indélébile, montrant le chemin à nombre de comédiens et acteurs apprentis.

Dans la vie, comme au cinéma, Dewaere était un personnage entier. Il aimera Miou-Miou, jalousera Depardieu, provoquera certains réalisateurs et finira par ne plus supporter la vie, sa vie.

Dense, documenté, bourré d’anecdotes, le récit de Laurent-Frédéric Bollée et Maran Hrachyan nous glisse dans la peau du comédien grâce à une narration à la première personne bien sentie et bien menée de bout en bout. Ajoutez à cela l’élégant trait au crayon de la jeune autrice arménienne Maran Hrachyan, qui signe ici son premier album, et vous aurez compris que cet album figure parmi les indispensables de ce premier trimestre 2021.

Eric Guillaud

Patrick Dewaere : À part ça la viel est belle, de Bollée et Hrachyan. Glénat. 22€