Un monde parallèle, des scientifiques qui ont trop voulu jouer avec mère Nature, des militaires cyniques, un homme en quête de rédemption… Voici quelques-uns des ingrédients de cette nouvelle série qui verse certes dans le spectaculaire mais qui n’oublie jamais l’humain.
Oblivion Song pourrait presque être une série de science-fiction comme les autres, avec ses histoires de mondes parallèles et ses monstres terrifiants et démesurés régnant sur un monde cauchemardesque. Sauf que derrière tout ça, on retrouve le scénariste de la série mondialement connue The Walking Dead, Robert Kirkman dont on reconnaît d’ailleurs très vite le style. Et ça fait toute la différence.
Sa patte ? Imbriquer de l’horreur pure, mais galvanisée par le champ des possibles offert par la science-fiction, dans un contexte malgré tout très humain où chaque personnage a le temps de prendre de l’épaisseur et de laisser paraître ses forces mais aussi ses fragilités.
Le point de départ de la série est assez ambitieux : dix ans auparavant, sans crier gare, toute une partie de la ville de Philadelphie a disparue dans une autre dimension, ses 300,000 habitants avec. Des scientifiques ont malgré tout réussi à fabriquer une sorte de pont entre les deux mondes. Depuis, l’un d’entre eux fait quotidiennement le voyage pour tenter de ramener des gens parmi ceux qui ont réussi à survivre dans ce monde surnommé ‘Oblivion’ (‘oubli’), bien que cernés par des monstres de cauchemar et des moyens limités. Mais il cherche avant tout son frère, disparu corps et âme depuis la catastrophe…
Très réussie visuellement, cette nouvelle saga post-apocalyptique (dont les droits ont déjà été vendus au cinéma) est tout-à-tour bouillonnante et mélancolique. Certes, le tout met un certain temps à démarrer mais ensuite, cela va à un train d’enfer. Trop parfois, (surtout dans le tome 2, sorti cet été) et on a parfois un peu du mal à suivre. Mais cela vaut le coup de s’accrocher car Oblivion Song a les qualités de ses défauts. Notamment cette obsession qu’a toujours eu Kirkman de tout miser sur ses personnages et d’en faire les derniers espoirs d’une société sinon en pleine décadence. Ici, la clef de voûte de son récit reste l’opposition régnant entre ces deux frères qui ont tous les deux fait deux choix de vie très différents mais qui vont devoir, malgré tout, s’entraider.
À travers leur quête commune, on découvre donc une réflexion à peine voilée sur la notion de résilience, de rédemption mais aussi de culpabilité. On peut aussi y coller plein d’autres choses comme une métaphore sur un monde post-11 Septembre ou les Etats-Unis sous Trump mais bon, chacun y verra ce qu’il veut. Reste que tout cela faisait, justement, déjà la saveur de The Walking Dead et que cette double-lecture marche de nouveau très bien ici. Surtout qu’avec son épilogue aussi inattendu que frustrant, malgré ce que le deuxième tome laisse initialement croire, on en a visiblement pas fini avec Oblivion Song, bien parti pour prendre le même chemin que son illustre grand frère.
Olivier Badin
Oblivion Song tome 1 & 2, de Robert Kirkman, Lorenzo de Felici et Annalisa Leoni, Delcourt, 16,50€