Osamu Tezuka aurait eu 90 ans cette année. Pour célébrer cet anniversaire, les éditions Delcourt / Tonkam publient les trois premiers titres d’une collection exclusivement dédiée à la réédition des oeuvres emblématiques du « dieu des mangas » comme on le surnomme à juste titre…
170 000 planches, 700 titres… Comme le rappelle en préface Patrick Honnoré, traducteur du japonais, ces seuls chiffres suffisent « à mesurer l’immensité d’Osamu Tezuka » et à justifier ce surnom de « dieu du manga ». « Et il avait même une vie de famille ! », ajoute Patrick Honnoré. C’est dire !
Les chiffres parlent d’eux-mêmes mais rien, il est vrai, ne remplace la lecture de ses livres pour juger pleinement de l’importance et de l’influence qu’a pu avoir le travail d’Osamu Tezuka sur le manga. « Avec Tezuka… », écrit Patrick Honnoré, « le manga passe dès les années 40 d’un récit séquentiel à la grammaire encore sommaire à un moyen d’expression total ». Les récits Ayako d’un côté, publié au Japon au milieu des années 70, et L’Histoire des 3 Adolf de l’autre, publié pour sa part une dizaine d’années plus tard, en sont la preuve la plus éclatante. Ils inaugurent de la plus belle façon qu’il soit la collection consacrée aux chefs-d’oeuvre de l’auteur.
704 pages pour Ayako, 624 et 736 pages pour les deux volumes de L’histoire des 3 Adolf, de quoi se replonger le temps d’un bon week-end dans l’univers de cet artiste singulier inspiré par la littérature populaire, les comics américains, le cinéma d’une façon générale, les dessins animés de Walt Disney en particulier, à qui d’ailleurs il emprunta les yeux ronds que l’on retrouve aujourd’hui dans quantité de mangas.
Son esthétique trouve son fondement dans toutes ces influences, il suffit de parcourir quelques pages des ouvrages présentement publiés pour en avoir la confirmation. Le graphisme est épuré, aussi simple qu’efficace, presque apaisé, en tout cas moins caricatural que ce que l’on peut trouver dans une partie des mangas contemporains. Un style graphique mais aussi un style d’écriture et un regard sur le monde singulier, humaniste jusqu’au bout de la planche, des histoires qui parlent de l’homme, du monde, de façon relativement positive dans un premier temps et un peu plus sombre dans un deuxième temps. Ses personnages sont les témoins privilégiés d’un Japon en plein bouleversement depuis la fin de la deuxième guerre mondiale.
Après Ayako et L’histoire des 3 Adolf, devraient paraître La Vie Bouddha, Barbara, MW avant la fin de l’année 2018, puis Phénix, Demain les Oiseaux, Princesse Saphir, Kirihito en 2019. Des heures et des heures de belles lectures en perspective.Chefs d’oeuvre !
Eric Guillaud
L’histoire des 3 Adolf (2 volumes) et Ayako (1 volume), éditions Delcourt / Tonkam. 29,99€ le volume