C’est l’histoire d’une famille comme beaucoup de familles coréennes, comme beaucoup de familles à travers le monde finalement, une famille modeste fuyant la ville et ses loyers exorbitants pour une petit coin de campagne, un petit coin de paradis, qui lui permettrait de vivre en toute quiétude… et de préparer le kimchi.
« Plus l’accès est compliqué, plus les loyers sont bas« . Alors, Madang et sa femme sont allés la chercher loin de Séoul leur petite maison, tellement loin qu’ils ont failli se retrouver en Corée du Nord. Ils ont fini par la trouver. Dans le style local. Avec un jardin. Et beaucoup de neige en hiver. Le bonheur en somme, se dit Madang, juste de quoi voir grandir son enfant, pousser ses laitues et préparer le kimchi avec sa femme. Une vie simple et joyeuse. C’est en tout cas son objectif !
Mais en s’éloignant de Séoul, Mading s’est aussi éloigné de ses parents. Ce qui pouvait passer au départ pour une volonté, une certaine recherche de liberté, devient très vite un poids, une contrainte. Ses parents sont âgés, le père est alcoolique et la mère malade du coeur. Il faut s’occuper d’eux en permanence, les transporter chez le médecin, à l’hôpital… Et surtout, Mading ne supporte plus de les voir habiter un sous-sol indigne. « Dans une ville comme Séoul… » se dit-il, « vivre dans les bas-fonds revient à dire qu’on n’a pas les moyens de vivre au-dessus du sol ». Ça le travaille. Et en même temps, il souhaite construire sa vie. « Ah la famille! Parfois elle me désespère tant elle ressemble à une punition divine… ».
Le Goût du kimchi est un manwha, une bande dessinée coréenne, qui parle de cuisine, notamment de ce fameux kimchi, un met traditionnel qui se prépare en famille et nécessite des mois de fermentation. Mais il parle aussi et surtout de la famille, de la vie moderne qui sépare les gens qui s’aiment, des traditions qui survivent difficilement, du fossé qui se creuse entre les générations, de la culpabilité des enfants face à la perte d’autonomie des parents, de l’alcoolisme, de la vieillesse, du retour à la terre… Un récit assez universel finalement qui aborde la vie avec intelligence et tendresse.
Le nom de Yeon-sik Hong ne vous est peut-être pas inconnu, l’auteur de manwha a déjà publié un album en France, c’était en 2014 aux éditions Ego comme X. Il s’appelait Histoire d’un couple, un récit qui commençait aussi par la recherche d’une maison loin de la pollution de Séoul et racontait la vie au quotidien d’un couple. Le goût du Kimchi a reçu le prix du meilleur « Manhwa d’Aujourd’hui » en 2015.
Eric Guillaud
Le Goût du kimchi, de Yeon-sik Hong. Éditions Sarbacane. 17,90€