Elle est belle, elle est intelligente, mais terriblement vénéneuse. La femme fatale dans toute sa splendeur ! Mais pour l’instant, personne ne connaît sa réelle personnalité. Dans la petite ville normande de Bléville où elle vient de débarquer, la jeune femme fait sensation et parvient à infiltrer la société des notables en moins de temps qu’il ne faut pour porter un toast à la nouvelle halle aux poissons dont on célèbre justement l’inauguration. Son nom ? Aimée Joubert. Ses intentions ? Pas franchement louables…
Comme Jacques Tardi, Max Cabanes fait partie des très grandes signatures du Neuvième art européen. Et si je parle de Jacques Tardi dans cette chronique, ce n’est pas pour faire joli, non, c’est plus simplement pour rappeler qu’au moment de la sortie de Fatale dans les années 70, il fut question que ce soit lui qui l’adapta en bande dessinée, projet abandonné et remplacé par un autre : Griffu. Moins prolifique que Tardi, Cabanes a néanmoins élaboré une oeuvre homogène, reconnaissable entre toutes, et touché du bout de sa plume ou de son pinceau des genres différents comme ici le polar. Le travail d’adaptation sur Fatale, soutenu par Doug Headline (le propre fils de Jean-Pierre Manchette), est tout à fait remarquable, la narration est exemplaire, le graphisme de caractère et les ambiances merveilleusement travaillées. Un très très beau livre de 132 pages qui ne devrait pas vous laisser sur votre faim !
Eric Guillaud
Fatale, de Cabanes et Manchette. Editions Dupuis. 22 €