D’un côté, Jean-Denis Pendanx, dessinateur des excellents Abdallahi et Jeronimus. De l’autre, Kris, scénariste humaniste révélé par Un Homme est mort et Notre Mère la guerre. Deux auteurs qui ont du talent à revendre et un sacré penchant pour les belles histoires. Réunis pour la première fois autour d’un projet, Kris et Pendanx ont exhumé un épisode épique de l’histoire tchèque connu sous le nom de L’Anabase sibérienne. Retour en 1918… 70000 soldats de nationalités tchèque et slovaque profitent de la Révolution russe pour fuir les camps de prisonniers tsaristes. Ils s’emparent du Transsibérien pour rejoindre les alliés sur le front de l’Ouest en espérant obtenir la création d’une république tchécoslovaque. Le périple prévu pour durer deux mois s’étalera sur trois ans ! « L’idée n’est évidemment pas de raconter cette histoire incroyable à la façon des belles histoires de ce cher Oncle Paul… », précise Kris. « J’ai toujours pensé que l’on fait entrer le lecteur dans la grande histoire par le truchement de la petite, que l’on perçoit bien mieux l’essence d’une aventure humaine à travers le destin de quelques-uns. Et que pour mieux la raconter, il faut aussi, paradoxalement, savoir s’en éloigner un minimum. » Acteur de cette Histoire vraie, un personnage de fiction : le Tchèque Josef Cerny, dit Pepa, juif, professeur d’arts plastiques. Lorsqu’en 1938, il apprend la signature des accords de Munich, il se sent trahi et se remémore l’époque où il s’est battu pour son pays. Tout avait commencé à Tcheliabinsk, en mai 1918…
Des couleurs raffinées, un graphisme beaucoup moins pictural que dans les précédents albums de Jean-Denis Pendanx, des dialogues qui font mouche… Ce premier album offre une très belle entrée en matière ! E.G.