Lucille, album sorti en 2006, avait fortement impressionné les lecteurs mais aussi les professionnels du Neuvième art. Renée, publié en janvier, ne devrait pas non plus passé inaperçu… Sur plus de 400 pages, Ludovic Debeurme nous offre là une suite à la hauteur de nos espérances, une petite leçon de scénario et de narration en même temps qu’une exploration sombre et sans concession des sentiments humains et plus particulièrement ici de la colère. On y retrouve la fameuse Lucille qui, de retour chez sa mère, tente de faire de l’anorexie un mauvais souvenir. Elle doit aussi apprendre à vivre sans Arthur emprisonné pour meurtre. Et ce n’est pas facile. Du tout ! Même si le plus dur est pour Arthur, bien sûr, qui doit cohabiter avec des détenus impitoyables ! Et on découvre Renée, une jeune femme un peu paumée, angoissée, insatisfaite, qui entretien une relation sans passion avec un musicien de jazz…. marié. Pour Lucille comme pour Renée, la vie n’est pas une évidence, un long fleuve tranquille et toutes deux expriment leur mal-être par la colère, une colère envers les autres, envers elles-mêmes, une colère qui n’épargne rien ni personne. « J’ai commencé à écrire la suite de Lucille en utilisant le même processus que pour mes autres livres… », précise l’auteur, « c’est à dire en l’improvisant tout d’abord, puis en posant petit à petit les grandes lignes. La psychologie humaine est complexe et mouvante. C’est la sinuosité de nos parcours qui me passionne, l’impact du temps et des rencontres, le poids ou parfois la légèreté du passé qui nous fabriquent, c’est cela dont je veux rendre compte. Quelle est la part du libre arbitre, comment se joue la bataille pour devenir l’auteur de sa propre vie, sont les questions que je pose dans Renée… ». Une œuvre singulière et forte pour lecteurs exigeants ! E.G.
02 Fév