25 Jan

Cosey Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée 2017 d’Angoulême

©Antoine Menard

©Antoine Menard

L’auteur de bande dessinée suisse Cosey, de son vrai nom Bernard Cosendai, vient d’être élu par ses pairs Grand Prix du Festival International de la Bande Dessinée, événement phare du neuvième art qui ouvre ses portes demain jeudi 26 janvier.
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Pour beaucoup, Cosey est le créateur des aventures de Jonathan, 16 albums à ce jour, il est aussi l’auteur de quelques albums plus personnels comme Le Voyage en Italie, Orchidea, Saigon – HanoÏ, Zélie Nord – Sud ou encore Une Maison de Frank L. Wright.
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Les éditions Dupuis se félicitent de ce prix en précisant que Cosey « est un auteur phare d’Aire Libre (collection des éditions Dupuis, ndlr), qui a marqué toute une génération de lecteurs avec la publication de l’album iconique Le Voyage en Italie (1988), véritable best-seller qui n’est pas étranger au rayonnement du label. Fidèle à ce dernier, Cosey signera 6 autres albums faisant de lui un auteur sensible se plaisant à refléter la vie réelle de ses personnages par petites touches discrètes mais toujours justes. Nous sommes très heureux et fiers de cette élection à ce Grand Prix tant mérité ! »
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De leur côté, les éditions Glénat évoquent « l’auteur d’une œuvre qui lui ressemble, le créateur d’une ligne reconnaissable entre mille : rares sont ceux qui ont su capter la poésie brute des cimes comme ce Suisse amoureux des montagnes. Privilégiant l’épure, le rythme lent et la maîtrise de l’espace, Cosey a également participé par sa narration aérée – voire aérienne – à totalement redéfinir son médium. Dès 1984 avec À la recherche de Peter Pan, il s’affirme comme l’un des grands précurseurs d’un genre aujourd’hui incontournable : le roman graphique ».
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C’est une très très bonne nouvelle, Cosey étant un auteur complet, à la fois scénariste et dessinateur, un homme qui privilégie l’humain au sensationnel. Il a élaboré en quelque ciquante ans une oeuvre absolument magnifique, étonnante et vagabonde. Il est reconnu et apprécié dans le milieu du Neuvième art pour ses récits réalistes, sensibles, emprunts d’humanisme et truffés de personnages à la psychologie particulièrement fouillée. Les aventures de Jonathan, prépubliées à partir de 1975 dans les pages du journal Tintin, racontent l’histoire d’un jeune occidental amnésique marchant sur les traces de son passé. Une aventure ponctuée de rencontres exceptionnelles mais aussi et surtout une aventure intérieure dans le somptueux décor du Népal et du Tibet.
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Cosey, c’est le voyage au Tibet mais aussi au Vietnam (Saïgon-Hanoï), en Italie (Voyage en Italie), aux Etats-Unis (Joyeux Noël, May!) ou encore au Sahel (Zélie Nord-Sud). Bravo pour ce prix qui devrait faire l’unanimité parmi les amoureux du neuvième art.
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 La réaction de Cosey

 Eric Guillaud

Cinéma. Les aventures de Spirou et Fantasio en tournage

16195016_1302185183137705_5514356134070987416_nAttention, silence, action. C’est parti, le tournage du film d’Alexandre Coffre a débuté lundi 16 janvier et se poursuivra jusqu’au 27 mars, à la fois en France et au Maroc.

Ce long métrage qui sortira le 20 juin 2018 réunit Thomas Soliveres (Spirou), Alex Lutz (Fantasio), Géraldine Nakache (Seccotine), Christian Clavier (compte de Champignac), Ramzy Bedia (Zorglub)…

L’histoire. Lorsque Spirou, prétendu groom dans un Palace, rencontre Fantasio, reporter en mal de scoop, tout commence très fort… et plutôt mal ! Ces deux-là n’ont aucune chance de devenir amis. Pourtant, quand le comte de Champignac, inventeur aussi génial qu’excentrique, est enlevé par les sbires de l’infâme Zorglub, nos deux héros se lancent aussitôt à sa recherche. En compagnie de Seccotine, journaliste rivale de Fantasio, et de Spip, petit écureuil espiègle, ils sont entrainés dans une poursuite effrénée entre l’Europe et l’Afrique. Spirou et Fantasio vont devoir faire équipe pour sauver Champignac… et accessoirement le reste du monde !

Eric Guillaud

21 Jan

Le goût du kimchi : l’histoire savoureuse d’une famille coréenne signée Yeon-sik Hong chez Sarbacane

gout-kimchi-sarbacane-1 C’est l’histoire d’une famille comme beaucoup de familles coréennes, comme beaucoup de familles à travers le monde finalement, une famille modeste fuyant la ville et ses loyers exorbitants pour une petit coin de campagne, un petit coin de paradis, qui lui permettrait de vivre en toute quiétude… et de préparer le kimchi.

« Plus l’accès est compliqué, plus les loyers sont bas« . Alors, Madang et sa femme sont allés la chercher loin de Séoul leur petite maison, tellement loin qu’ils ont failli se retrouver en Corée du Nord. Ils ont fini par la trouver. Dans le style local. Avec un jardin. Et beaucoup de neige en hiver. Le bonheur en somme, se dit Madang, juste de quoi voir grandir son enfant, pousser ses laitues et préparer le kimchi avec sa femme. Une vie simple et joyeuse. C’est en tout cas son objectif !

Mais en s’éloignant de Séoul, Mading s’est aussi éloigné de ses parents. Ce qui pouvait passer au départ pour une volonté, une certaine recherche de liberté, devient très vite un poids, une contrainte. Ses parents sont âgés, le père est alcoolique et la mère malade du coeur. Il faut s’occuper d’eux en permanence, les transporter chez le médecin, à l’hôpital… Et surtout, Mading ne supporte plus de les voir habiter un sous-sol indigne. « Dans une ville comme Séoul… » se dit-il, « vivre dans les bas-fonds revient à dire qu’on n’a pas les moyens de vivre au-dessus du sol ». Ça le travaille. Et en même temps, il souhaite construire sa vie. « Ah la famille! Parfois elle me désespère tant elle ressemble à une punition divine… ».

Le Goût du kimchi est un manwha, une bande dessinée coréenne, qui parle de cuisine, notamment de ce fameux kimchi, un met traditionnel qui se prépare en famille et nécessite des mois de fermentation. Mais il parle aussi et surtout de la famille, de la vie moderne qui sépare les gens qui s’aiment, des traditions qui survivent difficilement, du fossé qui se creuse entre les générations, de la culpabilité des enfants face à la perte d’autonomie des parents, de l’alcoolisme, de la vieillesse, du retour à la terre… Un récit assez universel finalement qui aborde la vie avec intelligence et tendresse.

Le nom de Yeon-sik Hong ne vous est peut-être pas inconnu, l’auteur de manwha a déjà publié un album en France, c’était en 2014 aux éditions Ego comme X. Il s’appelait Histoire d’un couple, un récit qui commençait aussi par la recherche d’une maison loin de la pollution de Séoul et racontait la vie au quotidien d’un couple.  Le goût du Kimchi a reçu le prix du meilleur « Manhwa d’Aujourd’hui » en 2015.

Eric Guillaud

Le Goût du kimchi, de Yeon-sik Hong. Éditions Sarbacane. 17,90€

© Sarbacane / Yeon-sik Hong

© Sarbacane / Yeon-sik Hong

 

18 Jan

Rencontre avec Hervé Tanquerelle, auteur de l’album « Groenland Vertigo » paru chez Casterman

Hervé Tanquerelle n’est pas vraiment du genre baroudeur. En 2011, pourtant, l’auteur embarque sur un voilier pour trois semaines d’expédition au Groenland. Il en tire aujourd’hui une bande dessinée, une fiction autobiographique. Nous avons poussé la porte de son atelier pour en savoir un peu plus. Rencontre…

Une vidéo et le reportage complet ici

14 Jan

Au bout du fleuve : un périple au coeur de l’Afrique signé Jean-Denis Pendanx

9782754815734_cg« On n’est pas orphelin d’avoir perdu père et mère, mais d’avoir perdu l’espoir ». C‘est bien la seule chose qui lui reste au jeune Kémi. L’espoir. L’espoir de retrouver un jour son frère jumeau, Yao, la moitié de son âme…

Une mère décédée alors qu’il n’était qu’un bébé, un père mort dans un accident de moto, une vie de galère pour seul horizon… on ne peut pas dire que le quotidien de Kémi soit enviable. Mais elle a raison la vieille femme que Kémi croise un beau jour du côté ce la cité lacustre de Ganvié sur lac Nokoué au Bénin. Tant qu’il y a de l’espoir, il y a de la vie. L’espoir d’une vie meilleure et surtout l’espoir de retrouver ce frère jumeau qui lui manque tant. Et Kémi est prêt à tout pour le retrouver. Même s’il doit aller jusqu’au bout du fleuve, le bout du monde ou presque, le Nigéria.

C’est justement la vieille femme qui va l’y emmener, sur sa pirogue. Des heures et des heures de navigation en compagnie, parfois, des esprits et des sorcières. Puis c’est Lagos, une jungle urbaine où les buildings côtoient les bidonvilles les plus sordides, où la violence fait partie du paysage, où les hyènes sont promenées en laisse. Kémi se rapproche de son frère, il le sait, il le sent. Il veut aller le chercher en pays ogoni, là où sont installées les raffineries qui ont pollué toute la région. Le coin est dangereux, entre les frelateurs de pétrole qui siphonnent les pipe-lines et les rebelles du MEND (Mouvement for the Emancipation of the Niger Delta), mais rien n’empêchera Kémi…

Pour retranscrire les atmosphères ou les scènes que l’on peut trouver dans l’album Au bout du fleuve, il faut connaître l’Afrique. Jean-Denis Pendanx la connaît plutôt bien pour y avoir vécu quelques années. Et ce n’est pas la première fois qu’il la met en scène. Abdallahi ou Les Corruptibles s’y déroulaient déjà. Mais, pour la première fois, Jean-Denis Pendanx signe le dessin ET le scénario, l’occasion pour lui de nous parler plus profondément peut-être de l’Afrique, de sa réalité sociale, politique et environnementale, de l’exploitation que certains grands groupes en font, du mépris avec lequel sont traitées les populations locales, de la misère, de la corruption, de la répression policière, de la pollution qui détruit les ressources naturelles, celle des pêcheurs par exemple. Le tableau n’est pas franchement gai, c’est la réalité. Mais il y a aussi de l’amour dans tout ça, comme celui qui unit les frères jumeaux Kémi et Yao.

Eric Guillaud

Au Bout du fleuve, de Pendanx. Éditions Futuropolis. 20€

© Futuropolis / Pendanx

© Futuropolis / Pendanx

09 Jan

Un Norvégien vers Compostelle : mieux qu’une Porsche, Jason se paie un pèlerinage pour ses 50 ans

unNorvegienVersCompostelleTous ceux qui prennent la route de Compostelle ont de bonnes raisons pour le faire. Des raisons spirituelles, sportives, intimes… Jason, lui, vient d’avoir 50 ans et souhaite simplement marqué le coup. « C’était ça ou acheter une Posche », dit-il avec humour…

Et il en faut de l’humour pour avaler des dizaines de kilomètres à pied pendant une trentaine de jours, pour affronter le soleil, la pluie, le froid, les ampoules aux pieds, les punaises de lit, les moments de solitude.

Saint-Jean-Pied-de-Port, Roncevaux, Pampelune, Burgos, Léon, Cruz de Ferro… et enfin Compostelle, Jason nous raconte son périple avec beaucoup d’humilité, de minutie et d’humour nordique. On le suit sur le chemin mais aussi en coulisse, pourrait-on écrire, lors de ses étapes dans quelques gîtes, ici tentant de trouver le sommeil au milieu de ronfleurs invétérés, là cherchant une petite place pour sécher son linge de corps dans le séchoir mis à disposition des pèlerins.

Des moments intimes, des pensées introspectives, mais aussi des rencontres avec d’autres marcheurs venus d’horizons variés. Qu’ils soient américains, espagnols, belges ou encore français, Jason nous décrit un chemin de Compostelle finalement très fréquenté où beaucoup se connaissent à l’arrivée du périple pour s’être croisés, recroisés et rerecroisés.

Jason, auteur d’origine norvégienne vivant aujourd’hui à Montpellier, récompensé trois années de suite par le Prix Eisner de la meilleure édition américaine d’une oeuvre internationale, occupe une place à part dans le monde du Neuvième art avec un graphisme singulier, un trait dépouillé, des personnages à têtes d’animaux et des dialogues rares, souvent inexistants. Ici, Jason se lâche côté bavardages, l’auteur se montrant même demandeur en conversation avec ses frères de marche. Sans grand résultat, il faut bien l’avouer.

Ne cherchez pas l’action pour l’action, le rebondissement incroyable en milieu de récit, les premières pages de l’album vous donneront un aperçu des dernières. Mais l’ensemble se laisse lire avec intérêt, peut-être pour des gens qui comme moi ne connaissent rien de rien de la vie du pèlerin en route pour Compostelle.

Eric Guillaud

Un Norvégien vers Compostelle, de Jason. Éditions Delcourt. 15,50€

© Delcourt / Jason

© Delcourt / Jason

06 Jan

La réédition colorisée de Tintin au pays des Soviets disponible mercredi 11 janvier

71oDFMn4FQLIl n’est pas encore sorti qu’il fait déjà un carton chez certains marchands en ligne, au point de figurer à la première place des meilleures ventes. Normal, Tintin au pays des Soviets n’est pas une aventure comme les autres, c’est une aventure de Tintin, la première, celle qui a posé les jalons d’une série mythique du neuvième art. Une réédition événement en couleurs qui bien sûr soulève ici ou là la polémique…

Les puristes intégristes ne décolèrent pas. Les fans de 7 à 77 ans, eux, ont déjà commandé leur album. La réédition colorisée de Tintin au pays des Soviets sera à n’en pas douter le carton éditorial de l’année 2017, plus fort que le dernier Lucky Luke tout de même imprimé à 500 000 exemplaires en 2016.

Tintin au pays des Soviets est la première aventure du célèbre reporter à la fameuse houppette et au pantalon de golf. Elle a été publiée à partir de janvier 1929 dans les pages du journal belge de droite, de droite extrême pourrait-on même écrire, Le XXe Siècle. C’est l’abbé Wallez, le directeur de ce journal qui en a passé commande à Georges Remi, aka Hergé, en lui conseillant au passage un livre dont il pouvait s’inspirer, Moscou sans voiles d’un certain Joseph Douillet, un pamphlet anticommuniste.

© Hergé/Moulinsart 2017

© Hergé/Moulinsart 2017

Certains voient dans Tintin au pays de Soviets la pure et simple adaptation du livre de Joseph Douillet, d’autres y voient le reflet plus large d’une société belge gagnée dans les années 30 par un fort sentiment anticommuniste. D’autres encore y voient, avec le recul historique et culturel nécessaire, la naissance d’un géant du neuvième art, la naissance d’un héros aussi, même si le trait est encore loin de cette fameuse ligne claire dont Hergé est l’initiateur.

Un récit plus burlesque qu’engagé ?

« L’histoire s’avère d’ailleurs plus burlesque qu’engagée… », confie Philippe Goddin, biographe d’Hergé, « Elle est engagée, bien sûr, parce qu’Hergé est dans un milieu catholique et qu’à cette époque-là, le pays des Soviets, c’est l’enfer. Il y a donc une part de caricature. Mais c’est vraiment l’aspect burlesque qui prime, avec des enchaînements très dynamiques. L’imagina- tion d’Hergé est sans limite puisque le personnage n’a pas encore cette nécessité d’être ancré dans une certaine réalité. Il peut lui faire faire n’importe quoi, même des choses absolument loufoques ou totalement impossibles ! Mais il y a en germe dans cet épisode toute une série de choses qui vont être très importantes dans la suite de la carrière d’Hergé, du point de vue du vocabulaire ou de la grammaire de la bande dessinée, notamment : les procédés pour indiquer la dynamique, la forme des phylactères, l’inscription des bruits… Quant à la ligne claire, elle se met également en place, peu à peu.

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Absolument géniale dans la forme, contestée dans le fond, cette aventure de Tintin disparut des écrans radars pendant de longues années, jusqu’en 1973 précisément, date à laquelle elle fut publiée dans un album intitulé Archives Hergé réunissant notamment Tintin au pays des Soviets, Tintin au Congo et Tintin en Amérique, trois aventures alors en noir et blanc.

Si Tintin au Congo et Tintin en Amérique connurent une rapide mise en couleur, Tintin au pays des Soviets resta en noir et blanc jusqu’à nos jours.

Pourquoi coloriser Tintin au pays des Soviets?

« Ce qui est important… », explique Philippe Goddin, « c’est que dans l’état actuel, Tintin au pays des Soviets reste illisible pour une partie du public, parce que c’est du noir et blanc, parce qu’ils trouvent le dessin primitif, parce qu’ils n’y reconnaissent pas le Tintin qu’ils aiment, etc. Pour moi, cette colorisation est subtile, au service du dessin. Et grâce à elle, l’album en devient extrêmement lisible. Une partie du public va pouvoir le découvrir de manière plus agréable, plus vivante, plus proche du Tintin qu’on connaît ».

Pas question de coller des couleurs flashy sur une aventure de plus de 86 ans. À l’image de la couverture, la mise en couleur devrait (nous n’avons pas pu à ce jour voir les planches entières de l’album) être dans des tons neutres, gris, une colorisation et non un coloriage. La nuance est de taille comme nous l’explique Michel Bareau, directeur artistique.

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« Le défi pour nous était de dynamiser une œuvre qui n’a pas été conçue pour la couleur, en restituant une ambiance d’époque, à la manière de ce qui a été fait dans la série documentaire Apocalypse. Hergé avait inventé un système de coloriage qui permettait, à un moment où la sélection des tons était encore balbutiante, d’imprimer Tintin en trichromie, c’est-à-dire dans une combinaison de cyan, de magenta et de jaune. La seule intervention du noir, c’est la ligne claire, c’est donc le trait. Il n’y a donc aucune nuance d’ombres ou de dégradés dans le coloriage d’Hergé. Avec les moyens de notre époque, on a pu créer une sélection en quadrichromie, intégrant le noir, qui nous a permis de développer des tons plus nuancés, grâce auxquels on peut davantage travailler les ambiances. Quand Tintin approche de Moscou, par exemple, le ciel change de ton, il accompagne la montée en intensité du récit. Chose impossible avec les ciels toujours clairs d’Hergé. »

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Des heures et des heures de travail pour un résultat qui devrait permettre à l’histoire, selon Michel Bareau, de gagner en lisibilité et de mettre l’accent sur une grande qualité de l’auteur, la précision. « Je suis convaincu… », confie-t-il dans un entretien avec Julien Bisson, « que cet album peut être lu par les plus jeunes, et leur permettre d’entrer par la suite dans l’ensemble des aventures de Tintin. Cela peut aussi leur permettre de s’interroger sur la Révolution d’octobre et l’entre-deux guerres. Pendant un temps, Hergé a été beaucoup critiqué pour sa critique du communisme dans l’album. Mais après la chute du mur de Berlin, des vérités sont apparues, et le récit paraît aujourd’hui nettement moins sulfureux qu’il ne l’était il y a encore quelques décennies. Tintin au pays des Soviets est un album qui gagne à être découvert, ou redécouvert, et je crois que cette colorisation peut en être l’occasion ».

Tintin en chiffres

Tintin, c’est 230 millions d’albums vendus depuis la création, 500 000 albums vendus par an en langue française, 77 langues à travers le monde. Tintin au pays des Soviets version 2017, c’est deux éditions différentes, une édition standard à 14,95€ imprimée à 300 000 exemplaires, une édition luxe à 31,50€ tirée à 50 000 exemplaires et une projection des ventes évaluée à 500 000 exemplaires pour l’année 2017.

Le + de l’INA

En 1981, déjà à l’occasion d’une réédition de l’album Tintin au pays des Soviets en fac-similé, Pascal Ory, historien de la culture et spécialiste de la bande dessinée, revenait sur la polémique qui entoure l’album d’Hergé…

Rendez-vous chez votre libraire préféré le 11 janvier!

Eric Guillaud

04 Jan

Le cycle d’Inari : un périple autobiographique et initiatique entre la France et le Japon signé Winston

CYCLE D_INARI 01 C1C4 V04.indd« Parfois, tout commence… quand tout s’arrête ». C’est sur ces quelques mots que débute l’histoire du Cycle d’Inari. De quoi refermer le livre en pensant qu’on a dû louper quelque chose, un premier tome peut-être. Mais non, Le Cycle d’inari commence bien ainsi, quand tout s’arrête pour le dessinateur Winston touché par une paralysie des jambes aussi mystérieuse que subite…

Tout se présentait pourtant bien pour le jeune dessinateur qui mettait la touche finale à sa première exposition de dessins à Paris avant de repartir pour le Japon où l’attendait sa fiancée et un probable mariage. C’est dans la rue que les douleurs sont apparues. Tellement aiguës que Winston se retrouve plaqué à terre. Direction l’hôpital où les médecins diagnostiquent ici une banale rupture de ménisque, là une triple tendinite. Mais l’IRM passé dans la foulée ne détecte rien de spécial. Winston va devoir apprendre à vivre avec des douleurs et une paralysie inexplicables en espérant que ça passe et que ce net soit pas plus grave.

Après l’expo, le Japon. Mais les retrouvailles avec sa petite amie ne se passent pas comme prévu. L’ambiance est tendue, il doit trouver un travail avant d’envisager le mariage. Aux douleurs de ses jambes viennent s’ajouter celles de son âme. Lui qui voyait sa vie toute tracée – Japon, travail, mariage, enfants… – se met à douter de tout.

Premier album d’un diptyque, L’âme et la matière est aussi le premier album de Winston Wilsteiner, jeune graphiste qui travaillait jusqu’ici dans l’animation 3D, la publicité et l’illustration, notamment pour un studio d’animation japonais. On y parle de l’amour, de la culture japonaise, un peu de spiritualité mais pas trop quand même, de la maladie, et surtout surtout de ces doutes, de ces erreurs qui font que la vie est finalement pleine de surprises. Un album sorti en octobre dernier et toujours disponible.

Eric Guillaud

L’âme et la matière, Le cycle d’Inari (tome 1), de Winston. Éditions Delcourt. 15,95 €

© Delcourt / Winston

© Delcourt / Winston

30 Déc

Chroniques de la fruitière, voyage au pays du comté avec Fred Bernard

Capture d’écran 2016-12-29 à 22.13.58Cet album là est resté quasiment trois mois sur ma table de chevet avant que je ne me décide finalement à l’ouvrir. Trois mois d’affinage en quelques sortes pour une savoureuse dégustation avec un petit verre de vin rouge bien entendu…

Vous, je ne sais pas mais personnellement, j’ai été bercé dans ma jeunesse par cette publicité qui, telle une horloge, donnait le rythme des soirées devant le petit écran. Com … Té … Com … Té … Com … Té. C’est un fromage qui prend son temps, disait la publicité. Et la BD de Fred Bernard mérite qu’on le prenne aussi.

Page après page, l’auteur de L’Ivresse du poulpe, Lily Love Peacock, La Paresse du panda et bien sûr des Chroniques de la vigne nous embarque dans l’histoire du Comté, son origine, ses secrets de fabrication, ses paysages, ses pâturages, ses vaches, ses fenaisons, ses fleurs – tout est important dans la Comté – et surtout ses hommes et ses femmes, producteurs de lait, fromagers ou encore affineurs.

Le comté, c’est avant tout une affaire de passionnés. C’est en tout cas ce qu’on ressent en lisant la bande dessinée de Fred Bernard. Faire du comté, ce n’est pas faire du camembert ou de la tome, aussi respectueux et délicieux soient ces fromages, non, faire du comté, c’est faire du comté. Une méthode unique pour un fromage unique.

Chroniques de la fruitière est un véritable voyage au coeur de la Franche-Comté et de ses exploitations agricoles, au coeur des caves d’affinage, au coeur des coopératives qu’on appelle ici les fruitières, au coeur d’une vie toute entière organisée autour de la fabrication de ce fromage. Une bande dessinée documentaire forcément passionnante, pédagogique sans être un instant ennuyeuse.

Eric Guillaud 

Chroniques de la fruitière, voyage au pays du comté, de Fred Bernard. Editions Glénat. 19,50€

© Glénat / Fred Bernard

© Glénat / Fred Bernard

28 Déc

La BD en 2016 ? Une stabilisation selon le rapport Ratier

La-terre-promiseÉditeurs, auteurs, libraires, passionnés… Le monde de la bande dessinée l’attend chaque année avec impatiente parce qu’il offre une photographie très précise de la production de bande dessinée dans l’espace francophone européen. Le rapport Ratier, du nom du secrétaire général de l’ACBD, Association des critiques et journalistes de bande dessinée, est sorti. 

5305 livres de bande dessinée publiés en 2016, dont 3988 pures nouveautés, l’offre éditoriale afficherait selon le rapport une légère augmentation de 0,9% par rapport à l’année précédente.

Une légère augmentation, certes, mais une offre globale qui reste extraordinaire, au dessus de la « barre symbolique » des 5000 publications. Pour mémoire, en 2000, le rapport Ratier parlait d’une « énorme production » avec seulement 1137 nouveaux albums. On en est bien loin aujourd’hui…

« Au fil des ans… », explique Gilles Ratier, « le 9e art s’est construit une place de choix au sein de l’industrie culturelle et ses acteurs ont su trouver un rythme de production, ainsi que des politiques éditoriales efficaces, dans un monde en constante mutation économique et artistique : d’où la multiplication des licences et des valeurs sûres allant dans le sens des goûts d’un large lectorat. »

Parmi les plus gros producteurs, on trouve bien évidemment les habituels groupes Média Participations (Dargaud, Dupuis, Marsu, Lombard…) avec 746 publications, Delcourt (Soleil, Quadrants…) avec 652 publications, Glénat (Vent d’Ouest, Treize étrange…) avec 417 publications.

Tirages : le podium

Du classique, du très classique même, pour la plus haute marche du podium avec le nouvel album de Lucky Luke, La Terre promise, (500 000 ex), suivi du nouveau volet de Blake et Mortimer (400 000 ex) et de Lou!, La Cabane, (320 000 ex).

Parmi les séries qui montent, Les Légendaires bien sûr (200 000 exemplaires en 2016) ou Les Sisters (150 000) et parmi les entrées fracassantes, Ki & Hi (230 000), My Hero Academia (110 000), One Punch Man (265 000)…

Le rapport de Gilles Ratier recense 1419 auteurs européens de BD francophones en 2016 (20 de plus par rapport à 2015), dont 182 femmes (9 de plus par rapport à 2015).

Tous les chiffres, toutes les analyses sur le site de l’ACBD ici

© Gilles Ratier, secrétaire général de l’ACBD(Association des Critiques et journalistes de Bande Dessinée)