06 Juil

Ni Terre ni mer, un thriller maritime haletant signé Olivier Megaton, Nicola Genzianella et Sylvain Ricard

Couv_305613Olivier Megaton. Ce nom me disait quelque chose. Serait-ce le Megaton de Taken 2 ou 3 ? Exactement. Le réalisateur, romancier, peintre, scénariste et producteur français signe pour la première fois un scénario de BD, un scénario écrit initialement, on peut l’imaginer, pour le cinéma avant de trouver sous le pinceau de Nicola Genzianella et les recentrages de Sylvain Ricard une existence salutaire en bande dessinée…

Ni Terre ni mer est un thriller maritime, un vrai, qui fout les pétoches au moins autant que L’Épave de Serge Brussolo ou Calme blanc de Philip Noyce avec la particularité de se passer dans un phare après l’échouage du voilier des protagonistes.

On ne comprend pas trop ce qu’ils, les protagonistes, sont venus faire sur ce voilier et dans ce coin-là. Il devait faire beau, ils se retrouvent en pleine tempête, ils devaient aller vers l’île de Sainte Agnès, ils se retrouvent à des milles de là, au large de la côte normande, le bateau violemment planté sur les rochers d’un phare. Tous sains et saufs, recueillis par les gardiens des lieux, le genre de gars patibulaires mais presque.

Peu à peu, l’intrigue se détricote d’un côté pour se retricoter de l’autre. On apprend en flashbacks que le groupe s’est retrouvé sur le fameux voilier pour affronter un passé commun et remplir une « mission ». Mais dans le phare, les affaires se corsent et le thriller maritime vire au thriller bien terrestre, façon Dix Petits nègres

On vous en a déjà trop dit. Pour la suite, plongez-vous dans l’aventure, graphiquement c’est plutôt pas mal fichu, les atmosphères sont oppressantes. Un récit sous tension en deux volumes, le tome 2 est prévu pour le mois d’octobre.

Eric Guillaud

Ni Terre ni mer, d’Olivier Megaton, Nicola Genzianella et Sylvain Ricard. Éditions Dupuis. 14,50€

© Dupuis / Megaton, Genzianella & Ricard

© Dupuis / Megaton, Genzianella & Ricard

04 Juil

Sous les BD, la plage : France Télévisions prend le chemin du littoral avec le camion qui bulle

Simul plage bisIl y a quelques décennies de cela, nombreux étaient les parents qui s’attristaient de voir leur progéniture lire des BD plutôt que de la littérature dite « classique ». Ce temps est bel et bien révolu. Aujourd’hui, ces mêmes parents, enfin les enfants de ces parents devenus eux-mêmes parents – vous me suivez ? – regrettent que leur propre progéniture ne lise plus, et ne lise plus entre autres de BD.

En cause ? Les écrans nomades ou non qui se multiplient comme des petits pains dans les foyers français.

Partant de ce constat, le groupe Média Diffusion en partenariat avec quatre éditeurs du groupe Média Participations (Dargaud, Dupuis, Kana et Le Lombard) et le club francetv, a lancé « le camion qui bulle », une opération qui s’est donnée pour mission de ramener vers le livre les enfants et adolescentst. En pratique, un Renault Master décoré aux couleurs des héros de BD viendra à la rencontre de tous les amoureux du 9e art, au plus près de leurs lieux de vacances dans 12 villes du littoral entre le 8 et le 30 juillet.

Véritable bibliothèque ambulante, le camion qui bulle proposera des lectures gratuites d’albums mais aussi des séances de dédicaces, des rencontres avec les auteurs, des concours de dessin, des ateliers, des quizz…

Les dates de la tournée

Samedi 8 juillet : Knokke-le-Zoute (Belgique) à Zeedijk-Het Zoute 777, 8300 Knokke-Heist – Dimanche 9 juillet : Dunkerque (59) à  la Digue de Mer – Lundi 10 juillet : Le Touquet (62) au Touquet-Paris-Plage, Boulevard du Dr Jules Pouget – Jeudi 13 et Vendredi 14 juillet : Saint-Lunaire (35) – Samedi 15 et Dimanche 16 juillet : Crozon (29), Place d’Ys – Lundi 17 et Mardi 18 juillet : Binic Etables-sur-mer (22), Aire Remy Collin – Mercredi 19 et Jeudi 20 juillet : Carnac (56), Parking de Port en Dro – Vendredi 21 juillet : Les Sables d’Olonne (85), promenade Lafargue en contrebas du Palais de Justice – Samedi 22 juillet : Les Sables d’Olonne (85), Place du Palais de Justice – Dimanche 23 et lundi 24 juillet : Angoulins (17) – Mardi 25 et Mercredi 26 juillet : Royan (17), esplanade de Pontaillac (à proximité du kiosque) – Jeudi 27 et Vendredi 28 juillet : La Teste-de-Buch (33), Boule du lac à la grande plage de Cazaux – Samedi 29 et Dimanche 30 juillet : Hossegor (64), Place des Landais

En attendant le passage du camion qui bulle dans votre région, direction le site du club francetv. Des cadeaux sont à gagner me dit-on dans l’oreillette pour les les 33 premiers inscrits…

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Plus d’infos ici

03 Juil

Fumetti : le festival de bande dessinée nantais pousse les cases et vous offre la grande aventure

extrait de l'affiche du festival Fumetti 2017

extrait de l’affiche du festival Fumetti 2017

On le savait à l’étroit à la Maison de quartier Madeleine – Champ de Mars, il s’installe cette année à la Manufacture des Tabacs où il pourra prendre tranquillement du poids, le festival de bande dessinée Fumetti donne rendez-vous du 7 au 9 juillet à tous les fondus de la case…

La suite ici

02 Juil

Pages d’été : le roman Intempérie de Jesús Carrasco adapté en BD par Javi Rey

K9xOOMcjUbtaJOWBjRsqWJFoWy8mfPzp-couv-1200 C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Relativement peu de textes, peu de dialogues, vous pouvez lire Intempérie en vingt minutes chrono mais vous pouvez aussi prendre votre temps – et je vous le conseille – pour savourer le dessin mais aussi et surtout vous imprégner des atmosphères et des émotions. Car toutes les pages de ce récit en sont riches.

Intempérie raconte l’histoire d’un gamin qui décide de fuir la violence de son père, fuir les coups et la vie de misère qu’il lui réserve. Mais la nature dans ce coin d’Espagne ravagé par une épouvantable sécheresse est aussi rude que les hommes. Et le jeune enfant, dont on ne connait pas le nom, doit faire face à la faim et à la soif. Recueilli par un berger nomade, il doit se reconstruire, réapprendre à faire confiance à l’homme. Mais les démons de son passé sont à ses trousses, des hommes qui sont prêts à tout pour le ramener au point départ…

Certains d’entre vous connaissent déjà le Barcelonais Javi Rey qui a précédemment signé l’album Un maillot pour l’Algérie ainsi qu’un épisode de la série Secrets chez Dupuis. Son graphisme, ses couleurs, illustrent ici parfaitement l’humilité du héros face à la nature et sa détresse face à la violence des hommes.

Comme l’explique l’auteur du roman, Jesús Carrasco, Intempérie dépeint le monde dans lequel il a grandi, le monde de l’Espagne rural : « Je suis né dans un village et j’y ai vécu jusqu’à l’âge de vingt environ. Pour cette première aventure, ce premier défit, je me suis rendu compte qu’il était indispensable de puiser à une source en émotions, en perceptions ou en sensations suscités par le paysage. Ce roman est fabriqué à partir de ce matériau-là : un vécu hautement exposé à l’environnement, au milieu naturel, à la campagne, à l’inclémence, à l’intempérie ». 

Un bel album et, à en croire l’auteur du roman lui-même, une adaptation qui « surpasse le livre »!

Eric Guillaud

Intempérie, de Javi Rey d’après le roman de Jesús Carrasco. Éditions Dupuis. 18€

© Dupuis / Javi Rey - Jesus Carrasco

© Dupuis / Javi Rey – Jesus Carrasco

01 Juil

Pages d’été : Camille Pot met en images les conversations de plage

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C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Pour être tout à fait juste, Conversations de plage n’a pas eu le temps de prendre la poussière sur mon bureau, ce petit bouquin jaune des éditions Warum est sorti en juin, juste à temps pour se trouver embarqué dans les sacs de plage des vacanciers à côté des tongs, de la crème solaire et des lunettes de soleil.

Mais de quoi ça cause me direz-vous ? Est-ce bien la peine de l’emmener avec vous même si son poids et son format ne vous embarrasseront pas plus qu’un, disons deux paquets de cigarette ? Conversations de plage parle de tout et de rien, de l’essentiel et du superflu, de l’anecdotique et du primordial, du mythe nietzschéen et de crumble banane sauce litchi, de prise de poids et d’amour, de chevauchées sauvages à travers les steppes mongoles et de crédits immobiliers, de la vie et de la mort, le tout en une suite de dessins drôles et colorés.

Rien de neuf sous le soleil me diront les plus attentifs puisque cet album a déjà été publié en 2008. Oui, mais cette nouvelle édition est en couleurs et est enrichie de gags inédits, ce qui la rend forcément indispensable.

Hier comme aujourd’hui, les histoires de Camille Pot sentent le sable chaud et les beignets à la confiture à toutes les pages. Idéal entre deux petits plongeons !

Eric Guillaud

Conversations de plage, de Camille Pot. Éditions Warum. 14€.

30 Juin

One Two Three Four Ramones : un monument du rock’n’roll vu par Cadène, Bétaucourt et Cartier

790601_01C’est dingue comment porter un tee-shirt estampillé Ramones est aujourd’hui devenu totalement hip au sein d’une certaine jeunesse qui n’écoute pas forcément du rock’n’roll et qui, pire encore, ne sait même pas qui se cache derrière ce nom. Eh bien non, Ramones n’est pas une marque de fringue, ni un modèle de planche de surf, Ramones est l’un des meilleurs groupes de rock’n’roll au monde. Que vous le découvriez aujourd’hui -on ne vous en voudra pas- ou que vous vénériez le groupe depuis toujours, cet album paru aux éditions Futuropolis et signé Cadène, Bétaucourt et Cartier nous permet de vivre la légende de l’intérieur…

Dire que les Ramones est un putain de groupe de rock qui a révolutionné le genre autant que les Beatles est d’une extrême banalité. C’est pourtant la réalité. Avant même les Sex Pistols ou les Clash, les Ramones prouvaient au monde entier que la musique appartenaient à tous, qu’il n’était nul besoin de sortir d’une académie de musique pour assembler trois accords et balancer un tube interplanétaire.

Surfin’ Bird, Blitzkrieg Bop, Rock and roll Radio, Poison Heart, Locket Love… Autant de bijoux qui tournent autour de la planète depuis plusieurs décennies et pour encore longtemps.

Dans cet album, Cadène, Bétaucourt et Cartier nous racontent la face cachée des Ramones, la jeunesse de Dee Dee, une mère alcoolique, un père violent, la création du groupe, les premières répétitions sans qu’ils sachent aligner trois accords, les premiers concerts, notamment au mythique CBGB à New York, la soif de célébrité, les tournées internationales, les filles, les amours des uns et des autres, la gloire ou presque mais aussi les disputes incessantes au sein du groupe, la paranoïa de l’un, les tocs de l’autre et surtout la drogue, omniprésente, qui empêche parfois Dee Dee de jouer et finit par le tuer.

« On se rêvait en rock stars, on était affamés… Londres, Tokyo, Buenos Aires, j’y ai cru… J’ai tout pris et la célébrité qui va avec. Mais rien peut durer. Il reste juste le manque »

Si les Ramones ont marqué l’histoire du rock’n’roll et grandement participé au lancement du mouvement punk, la vie du groupe n’a pas toujours été un long fleuve tranquille, on frôle même souvent le pathétique. Mais le rock’n’roll ne naît pas dans les soirées de la jet set, plutôt dans les caves des grandes villes comme ici à New York. Un extraordinaire voyage au coeur des années 70 en compagnie des Ramones, avec égelement la participation exceptionnelle d’Iggy and The Stooges, des Sex Pistols, des Clash, de Lemmy Kilmister de Motörhead. Que du beau monde, un groupe de légende et une BD indispensable pour tous ceux qui s’intéressent au rock’n’roll ! Hey ho! Let’s go…

Eric Guillaud

One Two Three Four Ramones, de Cadène, Bétaucourt et Cartier. Éditions Futuropolis. 20€

© Futuropolis / Cadène, Bétaucourt & Cartier

© Futuropolis / Cadène, Bétaucourt & Cartier

24 Juin

24 Heures du Mans : Une Vaillante sur la plus haute marche du podium grâce à Michel Vaillant

RebellionNe croyez aucunement tout ce qui est dit ou écrit depuis dimanche 18 juin, la Porsche numéro 2 pilotée par Brendon Hartley, Earl Bamber et Timo Bernhard n’a pas remporté les 24 Heures du Mans, non, c’est une Vaillante qui est arrivée première avec à son bord Michel Vaillant…

C’est du moins le scénario proposé dans ce sixième album des aventures de Michel Vaillant nouvelle saison, une histoire bien évidemment écrite avant l’édition 2017 de la légendaire course automobile. Un scénario comme toujours hyper sophistiqué dans lequel s’imbriquent histoires de famille et courses automobiles. C’est toujours aussi merveilleusement raconté et dessiné par une équipe  au top – on pourrait même parler d’écurie – réunissant Marc Bourgne, Denis Lapière, Benjamin Benéteau et Philippe Graton, le fils du créateur de la série. 

Michel Vaillant a tout juste 60 ans

C’est en février 1957 que Michel Vaillant fait son premier tour de chauffe dans les pages du journal Tintin. Son créateur, Jean Graton, est né à Nantes en 1923. Pendant la guerre, son père est fait prisonnier et envoyé en Allemagne. Se retrouvant seul, l’adolescent doit à contre coeur travailler au chantier naval. « Tout cela m’a donné comme objectif de faire dans la vie ce dont j’avais envie, quitte à prendre des risques », dira-t-il.

© Graton / Graton Lapière Bourgne & Benéteau

© Graton / Graton Lapière Bourgne & Benéteau

Le Nantais rejoint la Belgique en 1947. Là-bas, il apprend le métier de dessinateur, travaille un temps pour une agence de presse, fait ses premières armes dans le magazine Spirou, pour lequel il réalise plusieurs Belles Histoires de l’Oncle Paul, puis pour le journal de Tintin où il signe des récits courts, souvent autour du sport, avant de finalement lancer Michel Vaillant en 1957.

Pendant 50 ans, Jean Graton anime les aventures de son pilote, d’abord seul, puis entouré d’assistants et de son fils Philippe Graton. 70 aventures au total, 12 qui se déroulent au Mans, et une célébrité qui dépasse les frontières de l’hexagone avec plus de 20 millions d’albums vendus.

La deuxième vie de Michel Vaillant

En 2012, on change tout ou presque et on recommence ! Une nouvelle équipe est formée autour de Philippe Graton qui reprend les rênes de la série.Denis Lapière le rejoint au scénario tandis que Marc Bourgne et Benjamin Benéteau sont appelés à repenser le dessin. Pas facile de reprendre une série mythique comme celle-ci, l’équipe se met au travail et relooke complètement l’univers en conservant toutefois ce qui fait l’âme de la série : le savant cocktail « sport, famille, automobile ».

© Graton / Graton Lapière Bourgne & Benéteau

© Graton / Graton Lapière Bourgne & Benéteau

Les aficionados de la première heure s’inquiètent mais la sortie du premier album en 2012 met tout le monde d’accord, la série Michel Vaillant est repartie pour de belles années, peut-être encore 60 ans…

Des Vaillante aux 24 Heures du Mans 2017

Dans la série Michel Vaillant, la réalité a toujours côtoyé la fiction. Ce nouvel album n’y échappe pas, deux Vaillante Rebellion étaient pour de vrai sur a ligne de départ des 24 Heures cette année, une termina troisième avant d’être disqualifiée, l’autre, 16e au général.

La légende continue…

Eric Guillaud

Rébellion, Michel Vaillant (nouvelle saison, tome 6), de Graton, Lapière, Bourgne, Benéteau. Éditions Graton. 15,50€

Le Petit rêve de Georges Frog : un grand bonheur de Phicil et Drac réédité aux éditions Soleil

81pl8MGgfDLUn pianiste de jazz fauché à droite, une jeune fille de bonne famille à gauche, une histoire d’amour improbable au centre, des rêves de gloire et d’avenir meilleur tout autour, non ce n’est pas La La Land mais Le Petit rêve de Georges Frog, un récit initialement paru en quatre volumes entre 2006 et 2010 chez Carabas et aujourd’hui réédité en intégrale aux éditions Soleil…

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La comparaison avec le film de Damien Chazelle s’arrête là. Le Petit rêve de Georges Frog n’est pas une comédie musicale mais un récit animalier anthropomorphique qui nous ramène dans l’Amérique des années 30, celle de la grande dépression, de la misère généralisée et des clubs de jazz enfumés.

Le personnage central est une grenouille. Elle – ou plutôt il – s’appelle Georges Rainette, Frog de son nom de scène, et rêve de devenir un grand joueur de jazz à l’image de Beef Basie, son idole. « Cette musique, c’est toute ma vie. Je l’écoute, je la joue. J’en rêve même la nuit ! » Alors, Frog décide de jouer le tout pour le tout, quitte le conservatoire, s’enferme dans son appartement et y consacre tout son temps. Ou presque. Car en attendant de devenir célèbre, il va tout de même devoir multiplier les petits boulots qui lui seront payés le plus souvent en carottes par des plus pauvres que lui. Pas vraiment de quoi nourrir son homme, ou même sa grenouille, pas non plus de quoi payer son loyer. Frog se retrouve vite fait bien fait à la rue, squattant à droite et à gauche jusqu’au jour où Cora, la femme qu’il croit aimer, lui met le grappin dessus. Elle veut le mariage. Lui n’a rien contre. Mais pour ça, Frog doit devenir quelqu’un de bien avec un travail sérieux…

L’auteur de cet album, Phicil, n’est pas seulement scénariste, dessinateur et accessoirement professeur dans une école de bande dessinée, il est aussi titulaire d’une maîtrise de musicologie. Ceci explique celà, Le Petit rêve de Georges Frog est le concentré de ses deux passions, un concentré éclatant de tendresse, d ‘humanité, un regard éclairé sur l’univers du jazz, son histoire, une ode à l’amour, à la passion et à la liberté, mais aussi un plongeon dans l’Amérique des années 30. Un travail admirable, un graphisme au charme immédiat, des planches aux atmosphères envoûtantes grâce notamment aux couleurs de Drac qui a signé plusieurs albums de Phicil et une très très belle histoire. (Re)conquis !

Eric Guillaud

Le Petit rêve de Georges Frog, de Phicil et Drac. Éditions Soleil. 27€

© Soleil / Phicil et Drac

© Soleil / Phicil et Drac

20 Juin

Bianca, Jardin d’Eden, Heidi au printemps, Sous les étoiles… Quand la BD flirte avec l’érotisme

sousLesEtoilesLe printemps a été torride aux éditions Delcourt avec quasiment coup sur coup la publication de plusieurs albums érotiques, d’un côté la réédition du classique Bianca de Guido Crepax, de l’autre trois nouveautés signées Laura Scarpa, Gilbert Hernandez et Marie Spénale…

On commence par le plus ancien, publié en février, Sous les étoiles, un album de l’Italienne Laura Scarpa qui met en scène des histoires de sexe et d’amour inspirées de faits réels vécus par l’auteure elle-même ou ses amies, et publiées à heidiAuPrintempsl’origine dans le magazine italien Blue dans les années 90. Des histoires de sexe au téléphone, dans une église, sur une plage, en solo, à deux ou plus, qui reste assez classiques. Sous les étoiles navigue entre la BD d’auteur et la BD érotique (Sous les étoiles, de Laura Scarpa. 16,95€).

Attention attention, le titre, le personnage, la couverture, le graphisme et l’atmosphère pourraient faire penser à un livre jeunesse mais Heidi au printemps s’adresse surtout aux jeunes adultes avec un contenu explicite. Si on retrouve bien dans ses pages l’héroïne de la romancière suisse Johanna Spyril, celle-ci a bien grandi – le titre initial de cette BD était d’ailleurs Heidi a grandi – elle est adolescente et en passe de découvrir l’amour. C’est la première bande dessinée de Marie Spénale mais vraisemblablement pas la dernière, tant l’album dans sa globalité est une petite merveille qui prend le 682c81387dd3e7f20ea500ba3c82e0e0temps – on est en Suisse – de raconter une vraie histoire qui n’est pas le prétexte à une enfilade de scènes érotiques. Elle sont d’ailleurs très rares et plutôt vers la fin du bouquin. Une petite douceur ! (Heidi au printemps, de Marie Spénale. 16,95€)

Vous vous êtes toujours demandé comment Eve, Abel et Caïn avaient été conçus ? Ou Comment était la vie à bord de l’arche de Noé, à quoi on pouvait bien s’y occuper ? Gilbert Henandez vous le dévoile dans ce petit album Jardin d’Eden où les pénétrations succèdent aux fellations et vice-versa. Créateur avec ses frères, Jaime et Mario, du célèbre Love and Couv_305303Rockets, Gilbert Hernandez propose ici une relecture de la bible en apportant la contradiction aux créationnistes américains qui pensent que l’homme et la femme ont été créés spontanément par Dieu. (Jardin d’Eden, de Gilbert Hernandez. 12,50€)

Une réédition pour finir, celle de Bianca par LE spécialiste de la bande dessinée érotique, Bruno Crepax, à qui l’on doit par ailleurs la série Valentina, mais aussi La Vénus à la fourrure, l’adaptation en BD d’Histoire d’O ou encore d’Emmanuelle. Ce volume est une édition complète des aventures de Bianca, initialement parues en deux tomes en 1969 et 1987. On y retrouve le graphisme réaliste et raffiné de l’auteur ainsi que ce côté fantastique et psychédélique qui est sa signature. Ici, pas de pornographie mais de l’érotisme à toutes les pages avec la belle Bianca qui fit dire à Wolinski, nous rappelle l’éditeur, « Ça m’embête d’être amoureux d’une femme dessinée par un autre, parce que je ne peux pas la séduire ». (Bianca, de Crepax. 24,95€) 

Eric Guillaud

 

15 Juin

Hate, Chroniques de la haine : le livre qu’il faut emmener au Hellfest

HATE_couvertureBon ok, ce n’est pas tout à fait un livre de poche, il prend un peu de place et surtout pèse plus d’un kilo et demi, c’est un peu lourd dans un sac à dos, j’en conviens, mais c’est LE livre qu’il faut emmener au Hellfest cette année…

Pas besoin de concentration extrême, les décibels ne devraient donc pas gêner votre lecture, Hate, Chroniques de la haine est un album avare en dialogues mais généreux en graphisme. Adrian Smith, homonyme du guitariste d’Iron Maiden, y développe sur près de 300 pages un univers incroyablement noir et violent « où le soleil gèle et la lune brûle, où les forts dévorent les faibles », nous prévient l’éditeur.

Réalisé principalement sur ordinateur, la nuit, après son travail d’illustrateur chez Games Workshop et sur les romans de Dan Abnet, Hate, Chroniques de la haine fait immédiatement penser au travail de Philippe Druillet qu’il considère d’ailleurs comme un dieu.

Peu de textes et pas de couleurs, tout est ici en noir et blanc. Normal me direz-vous, il n’y a plus de soleil, mais ce n’est pas la seule raison : « J’adore le noir et blanc. Je pense que la couleur gêne le lecteur et qu’elle n’est souvent pas nécessaire. Elle dissimule de nombreux éléments intéressants. Le noir et blanc est plus direct, il montre tout », explique l’auteur à Jérôme Lachasse de bfmtv.com.

Une atmosphère lourde, très lourde, où la violence est pourtant plus souvent suggérée que montrée, et c’est là toute la force du récit de Smith : « Je n’ai pas besoin de faire quinze planches pour décrire une bataille… », confiait-il dans une récente interview d’Olivier Badin pour ce même blog, « je trouve beaucoup plus fort de dessiner l’avant et l’après. On revient toujours à cette notion d’atmosphère, je préfère suggérer plutôt que tout montrer. Et puis je trouve beaucoup plus fort une simple image des piles de corps et des vautours tournant autour une fois que les armes se sont tues».

À peine édité, Hate, Chroniques de la haine est déjà un livre de référence dans le milieu de la dark fantasy.

.Eric Guillaud

Hate, Chroniques de la haine, d’Adrian Smith. Éditions Glénat. 30€

© Glénat / Adrian Smith

© Glénat / Adrian Smith