25 Avr

Avec Rouge comme la neige, Christian de Metter se met au western et ça lui va bien

L.10EBBN001973.N001_RougNEIGE_C_FRColorado, 1896. Buck Macfly n’est pas exactement le genre de type avec qui on a envie de partir en voyage. D’ailleurs, le seul voyage auquel il est aujourd’hui promis, c’est le grand, le définitif, une balade au bout d’une corde. A moins que… Macfly s’ait fait arrêté alors qu’il tentait d’enlever un enfant. Et à ce qu’on dit, ce ne serait pas le premier. En apprenant la nouvelle, la veuve Mackinley a accouru. Sa fille a elle-aussi disparu il y a quelques années. Soudainement. Persuadé que Macfly dispose d’informations sur cette disparition, elle décide de le faire évader. Commence alors pour elle et lui une longue chevauchée sanglante à travers les Rocheuses du Colorado…

Que dire ? Génial… tout simplement. Et comme d’habitude pourrait-on ajouter ! Christian de Metter est l’un de ces auteurs qui font avancer le Neuvième art plus que de le suivre. Mais l’auteur de Dusk, Emma, Le Curé ou encore de l’adaptation en BD de Shutter Island arrive encore à nous surprendre, la preuve avec ce western qui sent la poudre et la poussière à toutes les pages, un one shot à la trame scénaristique relativement classique mais d’une efficacité totale. Des personnages à la psychologie fouillée, des dialogues qui font mouche, un titre qui sent la mort, et un graphisme, un putain de graphisme serais-je tenté d’écrire si je ne me retenais pas, qui nous emporte à chaque page avec un crayonné monochrome d’une intensité presque palpable. Voilà quoi. Vous ai je dit que c’était un super album ?

Eric Guillaud

Rouge comme la neige, de De Metter. Editions Casterman. 18 €

Regardez et écoutez cette bande annonce, la musique est signée… Christian de Metter.

03 Sep

Les Petits hommes, La Patrouille des castors, Jerry Spring… la rentrée se dessine en intégrale

Finies les vacances, les légendes du journal Spirou reprennent du service pour une nouvelle saison d’intégrales. Et ce mois-ci, ce sont Jerry Spring, La Patrouille des Castors et Les Petits hommes qui s’y collent. Trois volumes, une bonne douzaine de récits, des pages et des pages d’aventures…

Et pour commencer, honneur au plus ancien d’entre eux, le cowboy Jerry Spring. Apparu dans les pages du journal Spirou au milieu des années 50, Jerry Spring s’impose très vite comme un personnage incontournable de la légende du Far West. Ses récits influenceront quantité d’auteurs, de Jean Giraud à Hermann, en passant par Derib. Dans ce cinquième et dernier volume de l’intégrale sont réunis cinq aventures, et non des moindres, publiées entre 1966 et 1977 : Jerry contre KKK, Le Duel, L’Or de personne, La Fille du canyon et Le Grand calumet. Un cahier documentaire replace chacun de ces récits dans le contexte de l’époque, un contexte marqué par la fin d’un modèle, celui du gentil héros, propre et poli, face au méchant, sale et grossier. Les anti-héros prennent le pouvoir et modifient profondément et durablement le paysage culturel européen. De son côté, Jerry Spring vit ses dernières heures. Son créateur, Jijé, décède en 1980. Il faudra attendre les années 90 pour que notre cowboy remonte à cheval pour une ultime chevauchée sous la plume de Festin et le pinceau de Franz…

La Patrouille des castors fait son apparition dans le journal Spirou quelques mois seulement après Jerry Spring. Nous sommes en novembre 1954 et le scoutisme a encore de belles heures devant lui. La série emmenée par MiTacq au dessin et Jean-Michel Charlier au scénario passera d’ailleurs le cap des quarante ans de longévité et disparaîtra avec la mort de son créateur MiTacq. Ce troisième volume de l’intégrale réunit quatre récits, Le Traite sans visage, Le Signe indien, Les Loups écarlates, Menace en Camargue, et un cahier graphique avec nombre d’illustrations inédites, de croquis, de photographies…

Petits par la taille mais grands par la notoriété, les habitants de Ravejols, village touché par la chute d’une mystérieuse météorite, reviennent pour trois nouvelles aventures, initialement publiées entre 1976 et 1978 dans le journal Spirou. Il s’agit de Les Ronces du Samouraï, Le triangle du diable et Le Peuple des abysses. Très proche graphiquement de Franquin, le dessinateur Seron devient à cette époque un pilier « discret » de la rédaction du journal Spirou et Les Petits hommes une des séries phares. Preuve en est ce mini récit également publié dans les pages de cette intégrale mettant en scène une rencontre au sommet entre les Petits hommes et les fameux Schtroumpfs de Peyo. Toute une époque ! EGuillaud

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Dans le détail :

Jerry Spring (Intégrale 5), de Jijé, Lob et Philip. 24 euros

La Patrouilles de Castors (Intégrale 3), de MiTacq et Charlier. 28 euros.

Les Petits hommes (Intégrale 4), de Seron, Mitteï et Desberg. 24 euros

09 Juil

Down Under et Les Quatre coins du monde : rendez-vous avec la grande aventure

Vous rêvez de grands espaces ? De liberté ? D’action ? D’aventure ? Voici donc une sélection d’albums qui devrait vous contenter. D’un côté Les Quatre coins du monde,de Hugues Labiano, chez Dargaud. De l’autre, Down Under, de Nathalie Sergeef et Fabio Pezzi, aux éditions Glénat. Deux premiers albums qui vont vous faire voyager dans le temps et l’espace…

Premier dans l’ordre d’apparition, Les Quatre coins du monde nous entraîne dans le massif du Hoggar dans le grand sud saharien. Nous sommes au début du XXème siècle, les unités méharistes françaises tentent de pacifier la région en établissant des relations privilégiées avec les tribus nomades. C’est dans ce contexte que nous faisons connaissance avec le sous-lieutenant Dupuy, fraîchement débarqué de St-Cyr, et surtout le capitaine Barentin qui va lui enseigner le désert, son histoire, ses règles, ses réalités et ses mythes. Un graphisme réaliste de belle facture, des décors grandioses, des couleurs et des ambiances somptueuses, une aventure à forte dimension humaine prévue en deux volumes.

Changement de décor. Changement d’époque. Nous sommes cette fois en Australie à la fin du XIXème siècle. Pour le jeune orphelin irlandais Lonàn O’Farrell, 10 ans, comme pour des millions de migrants, cette terre représente l’espoir d’une vie meilleure. Confié lors de son arrivée sur l’île-continent à un père adoptif violent et stupide, Lonàn décide très vite de s’enfuir. Il se cache dans un chariot, celui de Ian McFarlane, un fils de migrant écossais en route vers l’exploitation familiale. Un très long voyage et à l’arrivée une mauvaise surprise : le père de Ian est mort, son frère a disparu et la propriété a été vendue dans des conditions particulièrement obscures. Western  transposé sur les terres australiennes, Down Under nous plonge au coeur d’une nature à la fois sauvage et magnifique pour un récit épique sur fond de colonialisme et de culture aborigène. Le scénario, signé par une jeune femme, Nathalie Sergeef, et le graphisme de Fabio Pezzi, s’inscrivent dans une veine classique, trop classique diront certains, tout en offrant un dépaysement bienvenu et un bon moment de lecture. EGuillaud

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Dans le détail :

Down Under (tome 1), de Nathalie Sergeef et Fabio Pezzi. Editions Glénat. 13,90 euros.

Les Quatre coins du monde (tome 1), de Hugues Labiano.  Editions Dargaud. 14,99 euros.

31 Juil

Impostures, Pour tout l’or du monde (tome 1), de Hautière et Grand. Editions Soleil. 14,30 euros.

1850. Une époque en or ! Surtout du côté de la Californie où ont été découverts d’importants gisements du précieux minerai. Depuis, c’est la ruée ! Du monde entier affluent des aventuriers désireux de s’enrichir. En France, Louis Napoléon Bonaparte lance même une loterie pour financer le voyage vers la Californie des gagnants, histoire de favoriser l’entreprise dit-il lors d’une cérémonie dans la cour de l’Ecole des Mines. Etrange ! Stanislas de Rochebourg, élève dans cette fameuse école, n’est pas dupe mais de là à imaginer le machiavélique plan monté par le pouvoir en place autour de cette loterie…

Accords sensibles chez Glénat, Yerzhan chez Delcourt, Abélard chez Dargaud, Le Marin, l’actrice et la Croisière jaune puis Pour tout l’or du monde chez Soleil, 2011 s’annonce comme une belle année pour le scénariste Régis Hautière qui signe ici un récit d’aventure bien écrit, énergique et riche, dans le contexte de la Deuxième République. Côté graphisme, Alain Grand, transfuge de l’édition jeunesse, nous offre un graphisme semi-réaliste qui colle parfaitement bien à l’histoire ! E.G.

L’info en +

Dans son blog, que vous pouvez découvrir ici, Régis Hautière dévoile des extraits de la prochaine couverture d’Aquablue, série mythique dont il a repris la destinée scénaristique en compagnie du dessinateur Reno. Sortie prévue vers la fin de l’année 2011…