05 Août

Chronique d’été : Julie Wood de retour en intégrale

72ZA0kSoLtbFTmzAYzheUcF2pZRLuiVs-couv-1200C’est l’été, les doigts de pied en éventail, le cerveau en mode détente et enfin du temps pour lire et éventuellement rattraper le retard. Sur la table de chevet, quelques livres en attente. C’est le moment…

Une bombe ! Les plus âgés d’entre vous se souviennent forcément de l’effet provoqué par l’apparition de cette jeune blonde américaine affreusement sexy et libérée. En album et pendant un temps dans le magazine Super-As, Julie Wood fit effectivement fantasmer pas mal de jeunes garçons, passionnés de sports mécaniques ou non. Julie Wood, une bombe, oui, mais pas seulement. Car elle avait du caractère la Julie, un sacré caractère même qui lui permettait de naviguer dans le milieu de la moto aux Etats-Unis, un « monde super-dingue » comme le définissait Jean Graton lui-même, un monde pour le moins masculin et macho.

Cinq  années d’existence autonome, huit albums, puis la jeune héroïne rejoint l’univers de Michel Vaillant à partir de l’album Paris-Dakar en 1982. Une existence finalement assez courte mais qui a fortement marqué le Neuvième art. En juillet, les éditions Dupuis ont lancé une intégrale consacrée à la jeune femme. Au menu du premier volet, trois récits précédés d’un cahier graphique revenant sur la genèse de cette très belle aventure graphique.

Eric Guillaud

Julie Wood Intégrale (tome 1), de Jean Graton. Editions Graton / Dupuis. 24 €

11 Sep

Les éditions Dupuis se lancent dans le coquin avec l’album « Gisèle et Béatrice » de Feroumont

A première vue, Gisèle et Béatrice ressemble à n’importe quel autre album des éditions Dupuis. La couverture est sobre : un homme et une femme les yeux dans les yeux. Non, vraiment rien d’extraordinaire ! Sauf qu’il s’agit là de l’illustration du fourreau, visible par tous. L’album, quant à lui, une fois extrait de ce fourreau, donne la véritable couleur du récit. Sur un fond rouge passion, ce sont maintenant deux femmes dont une en petite tenue qui s’embrassent langoureusement. Et là, la chose est déjà moins courante chez Dupuis. Encore moins courantes sont les scènes très chaudes qui ponctuent les 100 pages du récit. Vous ne vous trompez pas, Gisèle et Béatrice est bel et bien un album érotique mais avec un petit truc en plus, histoire peut-être pour l’éditeur de garder image honorable : l’histoire de sexe est doublée d’une satire sociale !!

L’histoire justement. Béatrice, harcelée par son patron, décide un soir de l’inviter chez elle où elle lui fait boire un breuvage magique qui le transforme en femme. Patron devient Gisèle, objet sexuel, accessoirement femme de ménage, et Béatrice en profite pour lui ravir son poste dans l’entreprise inversant ainsi les rôles prédéfinis. Au delà de la sexualité, de la transexualité, Gisèle et Béatrice aborde la question de la place de la femme dans l’entreprise et plus largement dans la société. Surprenant ! Eric Guillaud

Gisèle et Béatrice, de Benoît Feroumont. Editions Dupuis. 18 euros

08 Déc

Libre de choisir, de Wachs et Richelle. Editions Casterman. 18 euros.

C’était au temps des R16, des Who, des Deep Purple et autres Pink Floyd. C’était au temps où les femmes, dans la grande majorité, ne travaillaient pas, au temps aussi où Max Meynier se faisait le relais radiophonique des routiers sympas sur RTL. C’était au temps où la contraception féminine n’était pas une évidence pour les jeunes femmes, au temps enfin où l’avortement était considéré comme un crime aux yeux de la loi, comme aux yeux de la majeure partie de la population.

Libre de choisir n’est pas une BD documentaire sur l’interruption volontaire de grossesse mais une fiction seulement réaliste – très réaliste – construite autour de la destinée d’une jeune femme prénommée Anna. On est au début des années 70, en 1971 pour être précis, une « année charnière pour les femmes… », rappelle Gisèle Halimi en préface. C’est en effet l’année du Manifeste des 343 femmes qui reconnaissaient ouvertement avoir avorté. On est aussi à un an du fameux procès de Bobigny où une jeune femme de 16 ans, que défendait justement Gisèle Halimi, avait choisi l’avortement après avoir été violée. Un procès qui devait ouvrir la voie à la loi de 1975, dite Loi Veil.

Issue de la petite bourgeoisie de province, Anna reçoit une éducation stricte et religieuse qui la maintient à sage distance du mouvement d’émancipation de la femme. A son rythme, elle découvre la vie, jusqu’au jour où elle se fait violer et tombe enceinte. C’est ensuite la spirale infernale, le schéma classique de ces années-là, les regards qui se détournent à son passage, les remarques qui blessent, le père qui se fâche et refuse de regarder les choses en face, la mère dépassée qui ne supporte plus les qu’en-dira-t-on… Anna passera par tous les stades, de la peur jusqu’à la honte, de la tentation du suicide jusqu’à la reprise en mains de son destin…

Le récit de Wachs et Richelle dresse le portrait d’une époque. Révolue ? Pas tant que ça ! Aujourd’hui, nombre de médecins et d’établissements de santé remettent en cause la légalisation de l’IVG en se désengageant de cette activité sous prétexte qu’elle ne serait pas rentable. C’est aussi pour ces raisons là que Libre de choisir est un livre important, un soutien pour les femmes en lutte pour la liberté, la dignité et l’égalité. A mettre entre toutes les mains ! E.G

Visitez le site de l’association Choisir la cause des femmes