08 Déc

Libre de choisir, de Wachs et Richelle. Editions Casterman. 18 euros.

C’était au temps des R16, des Who, des Deep Purple et autres Pink Floyd. C’était au temps où les femmes, dans la grande majorité, ne travaillaient pas, au temps aussi où Max Meynier se faisait le relais radiophonique des routiers sympas sur RTL. C’était au temps où la contraception féminine n’était pas une évidence pour les jeunes femmes, au temps enfin où l’avortement était considéré comme un crime aux yeux de la loi, comme aux yeux de la majeure partie de la population.

Libre de choisir n’est pas une BD documentaire sur l’interruption volontaire de grossesse mais une fiction seulement réaliste – très réaliste – construite autour de la destinée d’une jeune femme prénommée Anna. On est au début des années 70, en 1971 pour être précis, une « année charnière pour les femmes… », rappelle Gisèle Halimi en préface. C’est en effet l’année du Manifeste des 343 femmes qui reconnaissaient ouvertement avoir avorté. On est aussi à un an du fameux procès de Bobigny où une jeune femme de 16 ans, que défendait justement Gisèle Halimi, avait choisi l’avortement après avoir été violée. Un procès qui devait ouvrir la voie à la loi de 1975, dite Loi Veil.

Issue de la petite bourgeoisie de province, Anna reçoit une éducation stricte et religieuse qui la maintient à sage distance du mouvement d’émancipation de la femme. A son rythme, elle découvre la vie, jusqu’au jour où elle se fait violer et tombe enceinte. C’est ensuite la spirale infernale, le schéma classique de ces années-là, les regards qui se détournent à son passage, les remarques qui blessent, le père qui se fâche et refuse de regarder les choses en face, la mère dépassée qui ne supporte plus les qu’en-dira-t-on… Anna passera par tous les stades, de la peur jusqu’à la honte, de la tentation du suicide jusqu’à la reprise en mains de son destin…

Le récit de Wachs et Richelle dresse le portrait d’une époque. Révolue ? Pas tant que ça ! Aujourd’hui, nombre de médecins et d’établissements de santé remettent en cause la légalisation de l’IVG en se désengageant de cette activité sous prétexte qu’elle ne serait pas rentable. C’est aussi pour ces raisons là que Libre de choisir est un livre important, un soutien pour les femmes en lutte pour la liberté, la dignité et l’égalité. A mettre entre toutes les mains ! E.G

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