J'aurai ta peau Dominique A - O.Balez & A Le Gouëfflec - Glénat
« Il ne faut pas souhaiter la mort des gens, ça n’est jamais assez méchant » chantait en 1996 Dominique A dans l’album La mémoire neuve. Depuis, l’auteur-compositeur, qui a grandi en Seine et Marne à Provins, a fait du chemin avec même une récente Victoire de la musique. Mais voilà la figure de proue indépendante de la chanson française, tout à son bonheur d’une nouvelle tournée, victime d’une lettre Anonyme. Comment va réagir ce nouveau personnage de papier et héros d’une BD à la frontière de deux arts ?
Voilà un polar graphique original et de belle tenue, à lire et à écouter avec la playliste dessinée par Olivier Balez et Arnaud Le Gouëfflec. Les amateurs de Dominique Ané et de son compère et ami dans la vie, le plus célèbre Philippe Katerine, apprécieront ce récit bien mené, avec juste ce qu’il faut de références musicales et de belles inventions graphiques. Ne manquez pas les bois de cerf qui poussent sur le front de Dominique quand il se sent pourchassé ou bien cette empreinte digitale sur son visage quand il se demande qui il est vraiment, lui ou son sosie qui finira par prendre sa place. Un style graphique proche du collage ; c’est une bonne idée pour une histoire qui démarre par un courrier avec des lettres découpées.
J'aurai ta peau Dominique A - O.Balez & A Le Gouëfflec - Glénat
« J’aurai ta peau, Domonique A … » proclame la lettre anonyme. Et pourquoi diable on lui en voudrait à lui ? Qui peut vouloir la peau d’un inoffensif chanteur originaire de Provins, comme il le raconte dans son livre Y revenir récemment paru chez Stock, et même pas si célèbre que ça ?
J'aurai ta peau Dominique A - O.Balez & A Le Gouëfflec - Glénat
Pas si célèbre ? Faut voir ! En 20 ans de carrière et déjà 9 albums, le crâne chauve est devenu une référence dans le monde musical pour son absence de compromis. Vers les lueurs, son dernier album unanimement salué par la critique, éclaire d’un jour plus joyeux sa carrière.
J'aurai ta peau Dominique A - O.Balez & A Le Gouëfflec - Glénat
Et si vous rêvez de voir disparaitre d’autres chanteurs français, regardez ce clip réalisé par Julie Gavras pour la chanson d’Armand Mélies Mon plus bel incendie. Dans le viseur : Christophe, Benjamin Biolay, Julien Doré, Joseph d’Anvers et bien d’autres que vous reconnaîtrez peut-être …
Ce beau voyage est tout d’abord un voyage intérieur, un de ceux qui m’a transporté dans un maelström d’émotions. C’est un récit bouleversant à travers la quête d’identité d’une jeune femme. Un récit signé Zidrou, un auteur à découvrir ou plutôt à redécouvrir sous un jour nouveau pour ceux qui le connaissent déjà.
Depuis toujours, Léa poursuit sa vie plus qu’elle ne la construit. Trentenaire aux goût sexuels multiples, elle mène la vie décousue de présentatrice de show TV. Son quotidien bascule le jour où elle apprend la mort de son père. Pour elle, c’était à la fois un homme qu’elle idéalisait et un médecin plus présent pour ses patients que pour elle-même. Le retour à la maison familiale fait remonter les images du passé et le secret de cette piscine vide, autant de bulles de souvenirs qui éclatent une à une comme autant d’épreuves surmontées : la mort de la mère, le premier avortement, la maladie, la perte d’un enfant.
Le Beau Voyage - Springer/Zidrou - Dargaud
C’est d’ailleurs par cette image envoutante que démarre le récit : une pleine page avec un enfant tout habillé flottant entre deux eaux. Le récit est rythmé par les paroles d’une chanson, celle de Boby Lapointe, Le beau voyage, une chanson qu’appréciait le père de l’héroïne.
Zidrou - Dargaud / Rita Scaglia
L’auteur, Zidrou, de son vrai nom Benoit Drousie, nous fait découvrir depuis plusieurs albums (Les Folies Bergères, La peau de l’Ours) une nouvelle facette de son talent. Reconnu pour les gags de L’élève Ducobu (2,3 millions d’exemplaires vendus), c’est cette fois-ci un récit subtil et intimiste qu’il développe. Le parti pris de départ, très distancié et très cru (public adulte), amène par petites touches vers des sentiments vrais, ceux d’une jeune femme face à son passé.
Dans une autre partie de sa vie, Zidrou était un instituteur en Belgique. Il a gardé en mémoire une peinture d’enfant, celle d’une « maison qui pleure », « une maison triste, noire et rouge, sur laquelle s’acharnaient de grosses gouttes de pluie ». A l’époque il n’a pas su ou pas pu interprété le sens caché de ce dessin. Aujourd’hui avec Benoit Springer (Les funérailles de Luce, On me l’a enlevée) aux crayons, il en donne une magnifique et bouleversante signification.
Le Beau Voyage - Springer/Zidrou - Dargaud
Un album à lire et à offrir, pour faire un beau voyage. Et qui sait, peut-être, un album qui aidera à trouver « la force de vider et nettoyer sa piscine, puis de la remplir d’une eau fraiche et cristalinne. »
Le Beau Voyage - Springer/Zidrou - Dargaud
Le Client - Man/Zidrou - Dargaud
Post-Scriptum : un nouvel album de Zidrou vient de paraître, Le Client, avec l’espagnol Man, Manolo Carot (Mia, En sautant dans le vide) aux dessins.
Une histoire dans le milieu de la prostitution en Espagne (là même où vit Zidrou depuis quelques années), une histoire comme on aime à croire qu’elle puisse arriver, aussi incroyable puisse-t-elle être. Celle d’un client amoureux, qui réussit à extraire son « ange déchu » de cet univers. Un récit bien mené avec des dessins fluides.
Dans l’atelier Manjari de Paris 11e, un vent nouveau souffle sur le manfra. Le manga à la française, comme nous avons pris l’habitude d’appeler cette BD hybride depuis 2005, renaît avec l’expérience Lastman. Cette série pourrait bien réussir là où les autres tentatives avaient échouées. Derrière la tablette graphique (exit la gomme et le crayon), pas un auteur, mais un trio : Balak, Michaël Sanlaville & Bastien Vivès.
Des trois, Bastien Vivès est le plus connu du grand public depuis ses multiples succès en solitaire ou en groupe, du Goût du Chlore à Polina, et jusqu’au récent La grande Odalisque. Comme pour ce dernier album multiprimé, l’artiste, en perpétuelle évolution, tente l’expérience du travail à 6 mains, mais cette fois-ci en atelier selon la méthode japonaise.
Lastman de Balak, Vivès & Sanlaville - KSTR
Depuis le 11e ardt de Paris, la triplette détourne avec humour leur aventure façon télé-réalité, à suivre en ligne. Des coulisses qui révèlent comment produire les centaines de planches nécessaires en un temps record pour suivre le rythme imposé par les mangakas des titres phares comme Naruto ou One Piece plébiscités par les amateurs.
Balak (Lord of Burger) s’occupe du story-board et du découpage des planches, alors que Michaël Sanlaville (Le Fléau vert, Rocher rouge et Hollywood Jan) se partage le dessin avec Bastien Vivès, qui dirige aussi l’écriture. Objectif : exécuter un chapitre, soit vingt planches par semaine qui ont été prépubliées sur le site Delitoon. Et c’est la seconde clé du succès potentiel. Après déjà plus de 120 000 vues sur le net, le tome en version papier se vend maintenant très bien en librairie : l’ impression initiale de 30 000 exemplaires est déjà augmentée de 10 000 albums.
Lastman de Balak, Vivès & Sanlaville - KSTR
L’histoire est simple : celle d’un gamin de 12 ans qui rêve de participer au tournoi annuel de combat organisé dans une ville indéterminée, à une époque qui ressemble à celle du Moyen-Age. Sans partenaire, il se retrouve à faire équipe avec un homme solitaire de passage, une brute plus attirée par les femmes et l’argent que par la défense d’un garçonnet dont tous se moquent. Le regard de cet étranger changera avec la découverte du personnage féminin central, la jolie mère de l’enfant.
Lastman de Balak, Vivès & Sanlaville - KSTR
Un simplisme assumé, comme la rapidité des dessins produits – le copié-collé de certaines cases pourrait agacer les plus exigeants – pour une aventure au long cours sur 12 à 58 tomes comme les shônen, les mangas destinés aux ados (comme Dragon Ballou Yu-Gi-Oh!).
Les auteurs promettent d’apporter de la profondeur dans les prochains albums, avec le développement de la relation mère fils, de la notion d’apprentissage … Ce premier tome se lit avec un plaisir accrocheur; le lien avec les personnages est immédiat, l’humour présent jusque dans les scènes de combat, comme l’apparition des mentons des frères Bogdanov, armes redoutables. Cette nouvelle série pourrait bien se révéler créatrice de nouvelles oeuvres originales, mi-européennes, mi-asiatiques : le 9e art n’a plus de frontières !
Fred de son vrai nom Frédéric Othon Aristidès - Dargaud
Les éditions Dargaud nous font part du décès de Fred, Othon Aristidès, hier soir à l’âge de 82 ans. Il était depuis plus de 60 ans l’un des plus grands artistes, un créateur et un poète hors du commun. Aujourd’hui, l’ensemble de la bande dessinée est en deuil. Les éditions Dargaud, ainsi que tous les auteurs, s’associent à l’immense tristesse de sa famille.
Celui qui vivait à Paris venait de publier le dernier album de sa série la plus connue Le Train où vont les choses, le tome 16 de Philémon.
En mars et avril 2011, la galerie Martel, à Paris, a présenté une grande exposition consacrée à ce monstre sacré de la bande dessinée, Fred. Le père de « Philémon » et du « Corbac au basket » nous plonge dans un univers enchanté, qui a bercé les jeunes années de millions de personnes. Parmi ses amis, le dessinateur Bilal et Thomas Dutronc qu’il a connu enfant quand il écrivait des chansons avec son père Jacques Dutronc, comme Le fond de l’air est frais.
Pour revoir le reportage de France Télévisions :
Voici sa biographie publiée par Dargaud. Une autre façon de la découvrir est de picorer au hasard dans son oeuvre : chaque planche a bien souvent un lien avec sa vie…
Othon Aristidès, dit Fred, naît le 5 mars 1931 à Paris. Tout môme, il remplit des cahiers entiers de bandes dessinées bourrées de « fôtes d’ortografe ». Il publie son premier dessin humoristique dans le courrier des lecteurs d’un journal pour enfants. Un peu plus tard, il fait ses premiers pas vers l’absurde, l’envers du décor et le dérapage contrôlé en dévorant Edgar Poe, Charles Dickens et Oscar Wilde.
Fred - editions Dargaud
Vers 18 ans, il fait timidement le tour des rédactions. À sa grande fierté, il finit par placer un dessin à Ici-Paris ; à sa grande déception, sa signature est coupée. À son retour de l’armée, il dessine pour France Dimanche,Paris Match, Le Hérisson et Quartier latin, un modeste journal vendu à la sauvette par Georges Bernier, connu plus tard sous le nom de Professeur Choron. C’est avec le même Georges Bernier et François Cavanna (rencontré à Ici-Paris) que Fred crée Hara-Kiri en septembre 1960. Promu directeur artistique, il exécute les soixante premières couvertures, touche un peu à tout, s’aperçoit qu’il aime bien écrire, et revient à la bande dessinée avec Les Petits Métiers, Le Manu-Manu, Tarsinge, l’homme Zan et Le Petit Cirque.
En 1966, après six mois de labeur, il propose quinze planches d’une nouvelle histoire au journal Spirou, qui les refuse : le dessin n’est pas bon, l’histoire non plus… À la lecture des mêmes planches, René Goscinny, alors rédacteur en chef de Pilote, s’enthousiasme et publie La Clairière des trois hiboux, premier épisode des aventures de Philémon. Mais cette fois-ci, ce sont les lecteurs qui n’apprécient pas le dessin. Fred décide donc de s’en tenir à l’écriture ; il propose toute une série de scénarios qui seront mis en images par d’autres – ce qui ne l’amuse pas du tout… sauf quand il imagine Time is Money pour Alexis. Et puis il commence à ruminer dans ses moustaches l’idée d’envoyer Philémon sur les lettres de l’océan Atlantique – idée qui lui est venue dans son bain : où va-t-on quand on se laisse aspirer par le tourbillon de la baignoire qui se vide ? (Fred trouve toujours ses idées dans son bain. Quand l’idée ne vient pas, il prend cinq bains par jour ; il est donc très propre…) Il écrit le scénario, le fait lire à Goscinny et déclare assez fermement qu’il veut le dessiner lui-même. Goscinny accepte, et la grande aventure de Philémon, dont le quinzième album paraîtra en 1987, commence.
Dans les années 1970, tout le monde s’arrache Pilote, même Jacques Dutronc qui demande à Fred de lui écrire des chansons. Fred tente le coup avec une fraîcheur absolue, à l’instinct : Le fond de l’air est frais entre très vite au hit-parade. Devenus copains, ils composent ensemble deux livres-disques pour enfants : La Voiture du clair de lune et Le Sceptre. En 1993, après quelques expériences autoéditées, dont le magnifique Magic Palace hôtel, Fred imagine pour l’imagerie Pellerin d’Épinal La Magique Lanterne magique, puis pour Futuropolis un superbe portfolio intitulé Manège. C’est alors que Le Matin de Paris lui offre une pleine page hebdomadaire qu’il occupe avec Le Journal de Jules Renard lu par Fred, une histoire qui sera publiée en 1988 chez Flammarion.
En 1991, Fred signe trente-cinq scénarios de courts-métrages, réalisés, entre autres, par Daniel Vigne (Le Retour de Martin Guerre), Jacques Ruffio et Gérard Zingg. Tournés en trente-cinq millimètres dans des conditions extrêmement luxueuses – pour deux minutes de pellicule, ils partent par exemple à trente personnes dans le désert avec des Land Rover –, courts films sont des merveilles de poésie et d’humour. Pris au jeu, Fred signe ensuite pour Gérard Zingg le scénario d’un long-métrage, L’Autobus de la haine. Le projet est malheureusement abandonné.
Le petit Cirque de Fred - Dargaud
Après Philémon – réédité en trois gros volumes dans une édition millésimée en mars 2011 – , Fred explore d’autres univers et signe plusieurs albums considérés (à juste titre) comme des chefs-d’œuvre : L’Histoire du corbac aux baskets, L’Histoire de la dernière image et L’Histoire du conteur électrique. À la fin de l’année 2010, Dargaud regroupe d’ailleurs ces trois albums dans un coffret, auquel est ajoutée l’Histoire du Magic Palace hôtel, pour la première fois mise en couleurs !Deux recueils de dessins d’humour – Le Noir, la couleur et lavis et Fredissimo – voient également le jour. Mais Fred se fait rare ; il se prête pourtant au jeu de la confidence dans une rubrique régulière, « Un magnéto dans l’assiette de Fred », publiée dans La Lettre (l’officiel de la BD). Cet auteur majeur de la bande dessinée a tant de choses à raconter que Dargaud lui consacre une biographie ; l’ouvrage, intitulé L’Histoire d’un conteur éclectique, sort au mois de mars 2011.
Rédigée par Marie-Ange Guillaume, cette monographie de deux cents pages rassemble de nombreux documents inédits, dont les toutes premières pages du prochain Philémon, un épisode auquel Fred travaille depuis plusieurs années. En attendant la sortie de ce nouvel album, Dargaud réédite toute la série sous la forme de trois intégrales, mais présente aussi une nouvelle édition du superbe Petit Cirque. Cette version, remasterisée à partir des originaux et agrémentée de quatre pages supplémentaires, paraît en janvier 2012, à l’occasion de la grande exposition rétrospective que le festival d’Angoulême consacre à Fred. En février 2013, Fred publie son dernier Philémon, Le train où vont les choses, le tome 16 de la série qu’il avait commencée vingt-cinq ans plus tôt.
Mais l’aventure n’est pas finie : le producteur Roger Frappier travaille en ce moment à l’adaptation cinématographique de la série, ce que l’auteur avait, jusqu’à présent, toujours refusé. En mai 2013 paraîtra Un magnéto dans l’assiette de Fred, un recueil de l’ensemble des entretiens présentés dans La Lettre.
Le petit Cirque de Fred - Dargaud
Fred fait partie des géants de la bande dessinée et a influencé toute une génération d’auteurs. Dans chacune de ses œuvres – de Philémon au Petit Cirque – l’auteur accomplit un numéro de funambule dans lequel son génie éblouit. Son langage résolument novateur, son inventivité, son imagination foisonnante ont ouvert une nouvelle voie à la bande dessinée.
Philémon - Le Train où vont les choses - Fred/Dargaud"
« Si le train où vont les choses est immobilisé, les choses ne vont plus où elles devraient aller ! »
La métaphore est belle, autant que l’imaginaire de son dessinateur. Voilà 26 ans que le parisien Fred avait mis sur pause les aventures de Philémon. Un quart de siècle sans nouvelle du héros au pull rayé et enfin son ultime histoire arrive en gare.
Depuis 1965, Philémon, le héros lunaire, a passé sa vie dans le monde des lettres, celles de l’ O C E A N A T L A N T I Q U E, qui sont autant d’îles autonomes dans un monde avec deux soleils. L’auteur raconte que l’idée lui vint en s’évadant dans la contemplation des cartes de géographie qui ornaient les salles de classe de son enfance. Avec une tendresse rêveuse et une poésie psychédélique, Philémon, au fil des albums, a surmonté une à une les épreuves depuis sa chute au fond d’un puits, première étape de son aventure.
Un puits sans fond que le dessinateur connait trop bien. Quinze albums, un par lettre de l’ O C E A N A T L A N T I Q U E. Le cycle semblait achevé après Le Diable de Peintre, paru en 1987. Pourtant Fred avait dessiné depuis vingt premières pages d’un seizième tome, jamais terminé car il a cumulé les épreuves comme le suggère avec subtilité sa biographe Marie-Ange Guillaume, qui signe une préface pour cet ultime album : « quelques problémes de santé l’ont fait dévier (coté âme) ce qui nous a donné l’extraordinaire Histoire du Corbac aux Baskets (à relire pour en savoir plus) … et puis d’autres problèmes de santé sont venus se greffer (coté corps) et Philémon à continué d’attendre ». Il revient avec une loco à pattes, la Lokoapattes qui carbure à la vapeur d’imagination et tire le train où vont les choses. La machine s’est embourbée à l’image de son dessinateur, faute de nouvelles idées. Il lui est aussi impossible de retourner dans le tunnel imaginaire, l’entrée est perdue, et gare, l’araignée du matin y a tissé sa toile.
Philémon - Le Train où vont les choses - Fred/Dargaud
Fred - Dargaud
C’est là que, pour retomber sur ses pattes et retourner sur l’île du A de l’océan Atlantique, le dessinateur tire sa révérence sur une boucle en forme de ruban de Möbius, un salto arrière du dessin qui laisse songeur et dubitatif … le fond de l’air est frais, effraie … Bien vite heureusement un désir irrépressible nous saisi de relire l’histoire à son commencement. Cela titillera celles ou ceux qui avaient choisi ce seul ou premier ami (Philemon en grec) . Signe supplémentaire s’il était nécessaire de la pérennité de l’oeuvre de ce drôle de moustachu, la qualité de son dessin demeure du premier à cet ultime album …
Boule et Bill – Un Amour de Cocker – t34 – Dargaud
Un amour de Cocker : deux attitudes possibles face à un tel titre.
Soit vous aimez les animaux et vous avez gardé la nostalgie de vos premières lectures franco-belges. Vous découvrirez alors que le dessinateur Laurent Verron est digne de prendre la succession de Jean Roba. L’ex-assistant du créateur de la série Boule et Bill s’est glissé dans les traces de son maître. L’illusion est parfaite au niveau graphique et l’esprit des gags originaux conservé par les scénaristes Pierre Veys et Cric, aidés de Diego Aranega.
Soit vous êtes allergique aux opérations commerciales bien orchestrées et vous n’irez pas voir le film sorti sur les écrans ce mois ci. Une consécration cinématographique que Jean Roba n’aura pas vu, il est décédé en 2006.
Jean Roba - Dargaud
Ce 34e album de la série reprend les codes du cinéma avec un humour grand public et familial. Une BD qui plaira sans nul doute aux plus jeunes de vos enfants.
Spirou et Fantasio – Dans les Griffes de la Vipère – t53 – Dupuis
Crise de la presse oblige, le Journal de Spirou va mal et il vient de perdre un procès. Inscrit dans l’actualité, le scénario de cette nouvelle aventure donne du sens à l’habituelle course poursuite du sympathique héros. Lorsque le journal est renfloué par un mystérieux investisseur VIPER, Spirou ne s’appartient plus à lui-même. Sa quête pour reconquérir sa liberté permet de retrouver des personnages qui l’ont déjà aidé depuis 75 ans : Seccotine, le maire et le comte de Champignac.
Une bonne idée des auteurs Yoann et Fabien Velhmann (Green Manor et Seuls). Après avoir affûté leurs crayons sur le 1er tome de la série parallèle Le Spirou de …, les deux compères réussissent à donner un souffle nouveau à la série originale à leur 3ème tentative (Alerte aux Zorkons, La Face Cachée du Z). Une modernisation du style tout en respectant une certaine tradition mise en place par Franquin, tel est le point d’équilibre que semble avoir enfin trouvé ce nouveau duo, pour perpétuer le plaisir de lire les aventures du célèbre groom.
Spirou et Fantasio t53 - Dupuis
Même si le dénouement de l’histoire est bien trop rapide (Ah la contrainte des 48 pages !!!), ce nouvel opus reste un album de qualité avec une couverture surprenante, à acheter et à offrir à tous, en attendant la suite déjà annoncée à la fin en guise de « à suivre » …
La Véritable Histoire de Spirou - Dupuis
Pour le plaisir, les nostalgiques comme ceux qui souhaitent retourner au code source de La Véritable Histoire de Spirou et de son journal, il y a 75 ans du coté de Charleroi en Belgique, Christelle et Bertrand Pissavy-Yvernault ont réalisé une enquête fouillée et richement documentée sur 312 pages à partir des archives de l’entreprise familiale Jean Dupuis.
Vous en saurez plus sur son créateur Rob-Vel, de son vrai nom Robert Velter, et comment, dans les années 20, il a eu l’idée de ce personnage quand il était lui-même groom sur de grands paquebot, le transatlantique Ile-de-France notamment où ceux qui apportaient les messages et cigarettes aux passagers étaient vêtus de rouge.
Des gags en 3 cases : l’essence du strip. Un format qui convient bien à Nelson, ce diablotin orange, compagnon de Julie, une jeune trentenaire aussi perdue que son loustic est excité. Pour avoir volé au bureau un rouleau de papier toilette, elle a été condamnée à vivre avec ce diable immature et farceur, qui ne pense qu’à remplir sa panse… Les qualificatifs manquent en fait pour décrire cette mini calamité ambulante… Bêtises et galères sont les deux ressorts de l’humour du suisse Christophe Bertschy.
Au départ publié dans le journal helvète Le Matin, donc pour un public plutôt adulte, c’est en étant édité par les éditions Dupuis, que Nelson est devenu tout public.
Nelson t13 - Mini Cataclysme - Dupuis
Ce 13e album ne décevra pas les fans qui retrouveront le naïf labrador Floyd, souffre douleur de Nelson ainsi que Stupidon, une version drôle et stupide de Cupidon. Les nombreuses références cinématographiques et littéraires permettent un plaisir de lecture pour tous. A l’instar du diable, le comique se cache aussi dans les détails.
C’est la 6ème édition d’un festival pas comme les autres qui se tiendra les 9 et 10 mars 2013. Il démarre au lendemain de la Journée Mondiale de la Femme. Ce festival BD au féminin met en lumière, comme son nom l’indique, les trop rares auteurEs de la profession.
Derrière les pionnières comme Claire Brétécher (Cellulite), la seule femme à travailler dans le magazine Pilote, situation pas facile dans les années 70, Florence Cestac et ses gros nez (Le démon de midi), seule femme à avoir remporté le Grand Prix d’Angoulême, Marjane Satrapi (Persepolis) et Pénélope Bagieu (Joséphine), d’autres dessinent leur chemin dans un monde de bulles d’hommes. En France, d’après une étude menée par l’ACBD, l’Association des journalistes et Critiques de Bande Dessinée, les femmes représentaient un peu plus de 12% des auteurs de BD en France en 2010.
BD d'Essonne
Seront présentes à Igny en Essonne (91) cette année :
Le silence qui suit … ou plus exactement Silence, l’un des albums majeurs de l’histoire du 9ème art, est paru en 1979 dans le magazine À suivre. Son auteur, Didier Comès, est décédé hier à l’age de 71 ans. Maître du noir et blanc, il travaillait ses plans comme un musicien; il est aussi le précurseur du roman graphique.
Didier Comès - Casterman
Didier Comès est né en pleine Seconde Guerre mondiale, en Belgique, d’un père allemand, réquisitionné sur le front russe, et d’une mère francophone. Dieter Herman, pas encore francisé en Didier, se définit lui-même comme étant un « bâtard de deux cultures », caractéristique dont on retrouvera la trace dans son imaginaire, source principale de ses inspirations : les maux de l’identité et de la bâtardise, le goût du fantastique et des légendes germaniques, les affres de la guerre.
Il grandit dans les Ardennes belges. Resté fidéle à cette région et ses forêts, où il vivait à l’écart du monde de la BD, il publiera plusieurs longs récits, dont La Belette, Eva, L’Arbre-Cœur et Dix de Der (2006), qui prend pour cadre la Seconde Guerre mondiale.
Silence de Didier Comès - Casterman
«J’ai rarement rencontré quelqu’un d’aussi cohérent par rapport à son œuvre», a déclaré l’auteur belge de BD François Schuiten, cité par Casterman. «Je reste toujours ébloui devant la beauté de ses planches, la façon dont il traduit le mystère des forêts qui l’entourent. Il travaille le végétal comme un orfèvre ou un artiste japonais», a-t-il ajouté.
Même s’il a relativement peu produit en 30 ans de carrière, son talent a été reconnu très tôt par l’Alfred du meilleur album au Festival d’Angoulême 1981 pour Silence, longue bande dessinée contemplative publiée en 1979 et qui reste son œuvre la plus connue. Il a su s’imposer comme l’un des plus grands auteurs, à l’instar d’Hugo Pratt et Jacques Tardi. En janvier dernier, le 40e Festival international d’Angoulême l’a célébré par une ovation debout lors de sa dernière apparition publique, à l’occasion d’une exposition rétrospective de son oeuvre.
Une minute de Silence s’impose …
et plus si vous avez le temps de lire ou relire son oeuvre …
Seul autour du Monde - A. CHENET & R. Garreta - Dargaud
Le 11e et dernier marin du Vendée Globe vient de terminer cette course surnommée « l’Everest de la voile ». Il fait partie des « coubertinistes », comme aime à les définir le double vainqueur Michel Desjoyaux, des sportifs pour qui l’essentiel est de participer, à la différence des favoris et des outsiders qui visent une place sur le podium. Le héros fictif de ce récit à la première personne fait partie du premier groupe. A travers ses yeux, c’est l’occasion d’embarquer à bord d’un voilier monocoque de 60 pieds, sans escale. La course est mythique, le trajet simplissime, sur le papier en tout cas : depuis les Sables-d’Olonne, une bouée à virer, l’Antarctique, en passant par les trois plus grands caps des mers du sud, le Cap de Bonne Espérance (Afrique du Sud), le cap de Leeuwin (Australie) et le Cap Horn (Chili).
« Entretenir mon « will to go », cette envie de continuer cette carotte que l’on se met devant le museau pour aller de l’avant » est le leitmotiv de ce nemo en solitaire. Nourris de tous les récits des marins qui ont écrit la légende de cette course, le scénariste Alexandre Chenet et son coéquipier le dessinateur Renaud Garetta (l’auteur d’ Insiders et du Maitre de Benson Gate) n’ont pas hésité à passer trois mois en mer à bord du 60 pieds Imoca d’Arnaud Boissières (skipper arrivé 8e cette année, 7e en 2008 et déjà prêt pour repartir pour une 3e fois en 2016).
Seul autour du Monde - A. CHENET & R. Garreta - Dargaud
Le résultat est là : plaisir de lire une histoire fouillée et documentée grâce au style sobre d’Alexandre Chenet, un grand récit d’aventure dans lequel le héros révèle ses doutes et ses failles comme ses joies et ses petits bonheurs. L’histoire nous embarque directement au cœur de l’Atlantique dès la première planche, au 27e jour de la course. Ce voyage au long cours est ponctué de drames humains et de tempêtes assourdissantes, soulignées par le choix judicieux d’une mise en page sur fond noir.
Renaud Garreta - Dargaud
Le graphisme de Renaud Garetta est à la hauteur du défi de cette course hors norme. Ne vous arrêtez pas à la première impression laissée par la couverture au dessin inusuel. La force des pleines pages magnifie les contrées aquatiques traversées, les albatros du cap Horn comme les icebergs au large de l’Antarctique. Revivre de l’intérieur cette course, telle est la réussite de cet album unique.
Chroniques d'un maladroit sentimental T1 - V.Zabus/D.Casanave - Glénat/Vents d'Ouest
Petits béguins et gros pépins ou le portrait d’un gentil malhabile en amour. Février nous est présenté comme la saison de Cupidon ; mais avec un nom comme Gérard Latuile, le personnage de cette série ne part pas avec un profil de gagnant. Sentier battu et histoire connue … tout est question de point de vue pour séduire le lecteur.
L’histoire d’un parisien trentenaire et dépressif, perdu et célibataire, affublé qui plus est d’un gros nez, ce qui n’est pas gagné. Mais quand la dame paraît, Florence, l’histoire s’envole au sens propre comme dans un tableau de Marc Chagall. Les amoureux prennent de la hauteur et c’est toute la réussite du scénariste de l’heureux Les petites Gens. Vincent Zabus, de nous faire aimer ses personnages, tout autant qu’ il s’est attaché à eux.
Chroniques d'un maladroit sentimental T1 - V.Zabus/D.Casanave - Glénat/Vents d'Ouest
Le héros apparaît dès les premières planches tel un distrait qui ne mesure l’amour qu’il aura pour une femme qu’à la taille de son tour de poitrine, avant de reconnaître que ce n’est sans doute pas le meilleur critère pour établir une relation durable.
Et conscient d’être dans une BD, il dialogue avec nous, le lecteur, et nous apostrophe. Pur artifice stylistique puisque nous sommes bien incapables de lui répondre, ce procédé nous place cependant dans la situation du témoin privilégié de ses interrogations existentielles. L’auteur utilise aussi avec brio un second artifice, celui des apparitions imaginaires, sources de dialogues savoureux entre le héros et sa mère dans les toilettes, ou bien son médecin, et même lui dans un futur possible.
Chroniques d'un maladroit sentimental T1 - V.Zabus/D.Casanave - Glénat/Vents d'Ouest
Chronique d'un maladroit sentimental T1 - V.Zabus/D.casanave - Glénat/Vents d'Ouest
Ce premier tome est divisé en quatre parties, sous forme de chapitres : Le rendez-vous, Premier baiser, Noël en famille, Premier repas chez Florence… Autant d’étapes familières, qui rythment le parcours de ce tendre vers cette femme plus âgée que lui et mère de trois enfants.
Nous attendons la suite de cet itinéraire sentimental avec impatience !
Un album à découvrir seul, en couple, pour la Saint-Valentin ou à toute autre occasion où l’envie de renouer avec les grandes comédies romantiques se fait sentir à Paris ou ailleurs.