17 Déc

Jojo, Yoko Tsuno, L’Appel de la forêt, Le Narval… Quelques idées cadeaux de dernière minute…

Plus qu’une semaine et c’est Noël ! Voici pour tous ceux qui n’auraient pas encore bouclé leurs achats quelques idées de dernière minute, une sélection d’albums pour toute la famille…

Et commençons par le dernier volet de Jojo paru en octobre dernier. C’est le 18e de la série et il s’intitule Mamy Blues. Jojo est un petit garçon adorable qui vit avec sa mamie. Mais justement, sa mamie ne va pas très fort. Malaise, Check-up, traitement, repos… Jojo s’inquiète ! Mais pas pour longtemps. Jojo et sa Mamie ont gagné une croisière en Méditerranée. Et les voilà partis pour quelques jours de bonheur à bord du Dolce Vita… Depuis 23 ans et leur première parution en album, les aventures de Jojo nous ouvrent en grand le monde de l’enfance avec ses petits malheurs et ses  grandes joies. Une série pleine de tendresse, d’amour, d’amitié, de fraîcheur et d’humour…

Si je vous dis qu’elle est électronicienne, japonaise, qu’elle est apparue dans les pages du journal Spirou en 1970 et qu’elle vient de vivre sa vingt-cinquième aventure… vous pensez immédiatement à la belle Yoko Tsuno et vous avez raison. L’héroïne de Roger Leloup est en effet de retour dans La servante de Lucifer pour un récit qui commence en Ecosse dans un château anciennement hanté où a été découvert un automate qui serait, selon d’anciens manuscrits, la servante le Lucifer. Un nouveau mystère à éclaircir qui va entraîner notre Yoko sous terre pour une rencontre avec le diable… Un grand classique avec, toujours, ce graphisme d’une très grande lisibilité…

En route pour le Grand Nord américain maintenant avec l’adaptation en bande dessinée d’un des plus célèbres romans de Jack London, paru en 1903 : L’Appel de la forêt. C’est Fred Simon, dessinateur précédemment de L’Ile au trésor, de Rails ou encore du polar Le Poisson-clown, qui signe ici à la fois le scénario, le dessin et les couleurs. L’histoire nous entraîne dans les pas d’un chien, un croisé terre-neuve et colley dénommé Buck, un chien de compagnie qui menait une vie paisible dans une grande demeure en Californie avant d’être enlevé et vendu comme chien de traineau pour des chercheurs d’or quelque part en Alaska. Au contact de cette nature sauvage et de la méchanceté des hommes, Buck revient à ses instincts naturels… En 48 pages, Fred Simon offre une belle adaptation du roman de Jack London, grâce notamment à un graphisme délicat et des couleurs légères qui restituent parfaitement les grandes étendues neigeuses de ce coin de la planète… Une grande aventure animalière pour tous et toutes.

Un peu d’action pour finir avec le deuxième volet du Narval qui nous entraîne en eaux plus ou moins troubles pour des histoires à couper le souffle. Aux manettes, le scénariste Olivier Supiot et le dessinateur Boris Beuzelin. Au bout du crayon, un sacré personnage, Bob Narval, plongeur de son état, prêt à parcourir la planète pour remplir ses missions. On peut ainsi le suivre dans un désert où il découvre une ancienne planque nazie et quelques trésors picturaux signés Kandinsky, Picasso…, à Cuba pour des vacances un peu spéciales ou encore à Paris, pour une petite promenade quelque peu mouvementée dans les égouts de la ville. Cinq histoires d’une dizaine de pages constituent cet album surprenant. A noter le très sobre et très efficace graphisme de Boris Beuzelin ainsi que l’excellent travail effectué sur l’ensemble des planches par la coloriste Céline Bessonneau… On aime ! E.G.

  

Dans le détail :

Mamy blues, Jojo (tome 18), de Geerts et Salma. Editions Dupuis. 9,95 euros.

La servante de Ludifer, Yoko Tsuno (tome 25), de Roger Leloup. Editions Dupuis. 9,95 euros.

L’Appel de la forêt, de Jack London, par Fred Simon. Editions Delcourt. 10,50 euros.

Terrain vague, Le Narval (tome 2), de Olivier Supiot et Boris Beuzelin. Editions Treize Etrange. 9,90 euros.

15 Déc

Salammbô Les Nus et Salammbô L’intégrale, de Flaubert et Druillet. Editions Drugstore. 30 et 35 euros.

Philippe Druillet est de retour ! L’homme qui a révolutionné la bande dessinée dans les années 70, la faisant entrer dans l’âge adulte en la rapprochant de la dite grande littérature, connaît en effet une double actualité aux éditions Drugstore avec la sortie simultanée de Salammbô en intégrale et du livre Salammbô Les nus. Un univers flamboyant, baroque, un graphisme minutieux, géométrique, une narration révolutionnaire, des cadres explosés, des planches aux ambiances inimitables, des couleurs fortes, un trait de génie… cette adaptation du roman de Gustave Flaubert, transposant les guerres puniques dans le Monde de l’Etoile, ne pouvait passer inaperçu à l’époque. Elle a de fait remporté un immense succès auprès du public, des professionnels aussi, et marqué, influencé même, nombre d’auteurs et de futurs auteurs… Cette nouvelle édition sous jaquette réunit sur près de 200 pages les trois volets de l’adaptation : Salammbô, Carthage et Mâtho.  La qualité de l’intégrale est exemplaire, comme l’est la qualité de l’ouvrage Salammbô Les nus qui réunit 42 portraits de la femme-déesse Salammbô réalisés sur toile à la fin de la première décennie du XXIè siècle, soit 30 ans après les premières planches de Salammbô. « Des portraits de femmes, inaccessibles comme jamais… », écrit Michel-Edouard Leclerc en préface, « objets de ses fantasmes, miroirs de ses blessures ». Par ces portraits, Philippe Druillet nous rappelle avant tout qu’il n’est pas uniquement l’auteur de bande dessinée que tout le monde connait mais un artiste complet, ouvert, immensément talentueux dans des domaines aussi divers que la photographie, la sculpture, l’opéra-rock, l’architecture et, donc, la peinture… Sur ces portraits, on retrouve toute la flamboyance de l’adaptation en bande dessinée, agrémentée d’une touche de sensualité et d’érotisme. Deux albums incontournables pour tous les amoureux de Druillet et plus généralement du Neuvième art. Une belle idée de cadeau pour Noël ! E.G.

11 Déc

Naguère les étoiles, Le Fond du bocal, La Pire espèce, Les Tuniques bleues, Le petit Spirou… Un brin d’humour sous le sapin !

Sachant qu’un peu d’humour ne peut nuire à la santé en ces sombres mois d’hiver, coup d’œil rapide sur quelques titres drolatiques parus ces dernières semaines, à commencer par les deux premiers volets de Naguère les étoiles qui, vous l’aurez certainement compris, est une parodie de Star Wars, avec côté distribution, le Seigneur Salvador, la princesse Leïca, Ravi Ravi dit R2, Suzy-Wan le cénobite et Jean-Luc qui suit l’enseignement d’un certain maître Yoga. Hervé Bourhis, le scénariste, et Rudy Spiessert, le dessinateur, plongent tout ce beau monde dans un contexte moyenâgeux pour une enfilade de gags en quelques vignettes qui retracent les événements de la saga originelle. C’est frais, c’est drôle, c’est décalé et parfaitement dans la lignée de la collection Shampooing, dirigée par Lewis Trondheim. Le troisième tome est annoncé pour janvier 2011…

C’est la crise ! Et certains, comme Nicolas Poupon (Faire semblant les jours d’orage, Le Cri de l’autruche, Supersensible…), ont pris le pari d’en rire. Chômage, reclassement, SDF, pauvreté, délocalisation, extrémisme, crise du logement… Depuis le fond de leur bocal, ses poissons posent un regard décalé et drôle, parfois grinçant, sur ce qui fait notre actualité. Une série de gags qui nous aide à garder la tête en dehors de l’eau…

    

Restons dans le genre animalier avec La Pire espèce, un album écrit et dialogué par Richard Malka, auteur par ailleurs de La Face karchée de Sarkozy, et Agathe André, dessiné par Ptiluc, le célèbre géniteur des Rat’s et de Pacush Blues, et par Tiéko. Direction une île mystérieuse qui n’apparaît sur aucune carte pour une fable politico-animalière déjantée. Là vivent des animaux étranges comme les Bonobos, singes bienheureux et pacifiques, les oiseaux journalistes, les hyènes féministes, les cochons politiques, les loups philosophes, les ânes gauchistes ou encore les hippopotames banquiers. Et tout ce beau monde cohabite pour le meilleur et pour le pire nous renvoyant une image de nous-mêmes, les humains, pas franchement terrible. Une fable acide mais franchement drôle !

Est-il encore nécessaire de présenter le sergent Chesterfield et le caporal Blutch, les personnages principaux des Tuniques Bleues ? Non, assurément non. Ces deux lascars sont depuis longtemps d’immenses vedettes du Neuvième art. Leur dernière aventure, Miss Walker, cinquante-quatrième de la série, permet aux auteurs de lancer une nouvelle charge contre l’horreur et la bêtise de la guerre en mettant en scène l’arrivée d’un nouveau médecin au campement des Tuniques Bleues, un médecin inspiré d’un personnage historique atypique, féministe, abolitionniste, prohibitionniste… et qui va ici réveiller les consciences des soldats sur les dangers de la guerre. De quoi plaire au caporal Blutch, beaucoup moins à l’Etat-Major… Un grand et bon classique à l’humour mâtiné d’antimilitarisme !

Un autre grand personnage du Neuvième art pour finir, grand par la célébrité mais petit par la taille. Il s’agit du Petit Spirou qui n’est autre que le vrai Spirou… mais jeune. Depuis 20 ans et 15 albums, Tome et Janry nous invitent à partager les aventures trépidantes et hilarantes de cet enfant terrible de la bande dessinée et de ses copains, Vertignasse, Ponchelot, Cassius, Masseur, de son amoureuse, Suzette, de la séduisante professeur de mathématiques, Claudia Chiffre, de l’abbé Langélusse ou encore de Monsieur Mégot qui, comme son nom ne l’indique pas est prof de gym… Un petit nouveau dans ce nouvel opus, intitulé Tiens-toi droit !, il s’agit de Malogrodo, le nouvel assistant de l’abbé, qui a un physique à jouer dans les films d’horreur et qui, pourtant, est doux comme un agneau. De quoi alimenter les fantasmes des enfants…

  

Dans le détail :

Naguère les étoiles (tomes 1 et 2), de Bourhis et Spiessert. Editions Delcourt. 10,50 euros.

Le Fond du bocal, de Poupon. Editions Drugstore. 10 euros.

La Pire espèce, de Agathe André, Ptiluc, Tiéko et RIchard malka. Editions Vents d’ouest. 15 euros.

Miss Walker, Les Tuniques bleues (tome 54), de Lambil et Cauvin. Editions Dupuis. 9,95 euros.

Tiens-toi droit !, Le Petit Spirou (tome 15), de Janry et Tome. Editions Dupuis. 9,95 euros.

 

02 Déc

Ayrton Senna, Dossier Michel Vaillant, de Lionel Froissart et Philippe Graton. Editions Dupuis. 19 euros.

Jamais peut-être pilote de course n’avait été autant adulé. Une véritable légende ! Une légende fauchée en pleine gloire sur le circuit d’Imola en 1994. Il avait alors 34 ans. Son nom ? Ayrton Senna. Dans ce Dossier Michel Vaillant, les fans du pilote brésilien retrouveront l’historique de sa carrière, depuis ses débuts en karting jusqu’à cette fin tragique. Ils découvriront le sportif mais aussi l’homme grâce à de nombreux documents exceptionnels, photos d’archives personnelles ou signées Raymond Depardon, images de presse, récits en bande dessinée, textes, signés du journaliste à Libération, grand spécialiste de la F1, Lionel Froissart, et du fils du créateur de Michel Vaillant, Philippe Graton. En bonus, la galerie de toutes les voitures pilotées par Ayrton. Un magnifique cadeau pour tous les amoureux du sport automobile ! E.G.

28 Nov

L’embranchement de Mugby, de Rodolphe et Meyrand d’après l’oeuvre de Charles Dickens. Editions Delcourt. 10,50 euros.

Après Scrooge un chant de Noël, Rodolphe et Estelle Meyrand adaptent un autre conte de Charles Dickens intitulé L’Embranchement de Mugby. Et c’est tout simplement un bonheur, un bonheur de graphisme, d’ambiances et de mise en scène. Un bonheur identique à celui dont on parle justement dans ce récit, celui qu’on cherche souvent au bout du monde alors qu’il peut se trouver là, juste sous nos yeux. L’histoire est celle d’un homme qui n’a jamais pris, jusque là, le temps de se poser, de réfléchir, d’envisager son avenir. Un chef d’entreprise qui avait toujours rêvé d’être riche et important. Il le fût ! Et soudain, le voilà débarqué en gare de Mugby, un coin paumé au milieu de nulle part, le point de départ  vers plusieurs destinations plus ou moins lointaines, plus ou moins incertaines et inconnues. Mais laquelle prendre ? « Aller par ici ?  Ou au contraire par là, faire ceci ou cela, aimer un tel ou une telle, travailler ici, habiter là-bas… », s’interroge-t-il. Et l’homme hésite, tournicote, finit par rencontrer une jeune femme paralysée des jambes qui va tout changer, l’aider à décider de sa vie à venir… Si on connaît Rodolphe, auteur de quelque 80 albums mis en images par des gens comme Ferrandez, Juillard ou encore Léo, Estelle Meyrand est à la tête d’une œuvre beaucoup plus modeste et pourtant déjà très affirmée, entre ses travaux parus aux éditions Petit à Petit ou dans la presse jeunesse et bien entendu ces deux adaptations de l’un des plus grands écrivains anglais ! E.G.

24 Nov

La Chair de l’araignée, de Hubert et Caillou. Editions Glénat. 15 euros.

25 kcal pour 100g d’asperges, 220 kcal pour 100g d’avocat, 36 kcal pour autant de carottes… Les deux personnages de ce récit, un jeune homme et une jeune femme, connaissent sur le bout des doigts, pour ne pas dire sur le bout de la langue, la valeur calorique de chaque aliment. Et ce n’est pas par gourmandise, bien au contraire. Nos deux personnages souffrent de troubles du comportement alimentaire. Ils ne s’alimentent à vrai dire pas. Ou très peu. Se font vomir. Sont mal dans leur peau. Ne supportent plus leur chair… C’est à la sortie d’une consultation psy que ces deux personnages vont se rencontrer et partager leur expérience. Une amitié naîtra de cette souffrance commune, une belle et triste amitié…

La chair de l’araignée, récit au sujet particulièrement délicat, a été rendu possible grâce à la rencontre entre deux auteurs, le scénariste Hubert (Les Legs de l’Alchimiste, Miss Pas Touche, La Sirène des pompiers…) et la dessinatrice Marie Caillou, transfuge du cinéma d’animation. « C’est un thème sur lequel j’avais déjà essayé d’écrire... », confie Hubert, « mais je ne trouvais pas l’angle exact. C’est le dessin de Marie, qui est extrêmement tendu et poétique, derrière une apparence première de froideur, qui a été la clef, qui a imposé la distance exacte vis à vis du sujet ». D’inspirations diverses, depuis l’école US jusqu’à la ligne claire franco-belge en passant par le manga d’auteur, le trait de Marie Caillou maintient effectivement une certaine distance entre le lecteur et les personnages. Et cette distance, suffisante pour y introduire un peu de poésie et de douceur, permet d’éviter le pathos et le voyeurisme. Même s’il a de fortes résonances autobiographiques, comme le concède Hubert, La Chair de l’araignée met en scène des personnages imaginaires plongés dans une maladie quant à elle bien réelle et effrayante, l’anorexie. Après le magnifique album  La Parenthèse, paru aux éditions Delcourt, La Chair de l’araignée prouve que le Neuvième art peut aborder des thèmes sensibles et graves comme la maladie avec intelligence et humanité ! E.G.

L’Enragé, Le Sursis, Seuls, Buck Danny, Tout Jijé, Green Manor… une avalanche d’intégrales pour Noël !

Depuis plusieurs années, les éditions Dupuis se sont engagées dans une politique de réédition en intégrale, une façon pour le lecteur de découvrir ou redécouvrir les œuvres essentielles de la bande dessinée francophone…

Et parmi celles-ci, L’Enragé, récit mythique paru initialement en deux volets et qui nous entraîne dans l’univers de la boxe avec un gamin prénommé Anton, prêt à tout pour quitter sa banlieue pourrie, y compris à jouer des coudes ou plus exactement des poings. Véritable cador du ring, Anton va grimper rapidement, parfois grillé les étapes, devenir riche et célèbre, arrogant et détestable. A 21 ans seulement, il n’a déjà retenu que le pire de la boxe, dira de lui un journaliste. Mais l’ascension aura une fin et la chute sera pour le moins brutale… Déjà auteur d’un album autour de la boxe, intitulé Le Chemin de l’Amérique, Baru aime avant tout parler des gens de la vraie vie et plus précisément de la classe ouvrière avec une acuité et un humanisme extraordinaires. Un auteur talentueux et engagé qui sera en janvier prochain l’heureux président du Festival international de la bande dessinée d’Angoulême.

Autre réédition en intégrale, et non des moindres, Le Sursis. Passionné par la période de la Seconde guerre mondiale, Jean-Pierre Gibrat raconte ici l’histoire d’un jeune homme, Julien, censé être mort dans le train qui l’emmenait en Allemagne et qui, en réalité, se cache dans une maison de son village. Bien décidé à attendre ainsi la fin de la guerre, Julien va observer la vie quotidienne des villageois, les actes de collaboration des uns, les actes de résistance des autres, les haines, les amours, les mensonges et autres lâchetés, et surtout la belle Cécile dont il est secrètement amoureux… Avec un graphisme délicat, raffiné, des scènes riches en émotion, et une narration paisible, Jean-Pierre Gibrat nous prouve qu’il est un auteur complet de grand talent.

Dans un style semi-réaliste et pour un lectorat plus jeune, l’intégrale Seuls propose de retrouver les cinq premières aventures de Dodji, Leïla, Camille, Yvan et Terry, cinq enfants livrés à eux-mêmes dans une ville mystérieusement désertée par ses habitants. Ils devront tour à tour affronter un fou du couteau, des singes kidnappeurs, des animaux échappés d’un cirque et autres « rescapés » plus ou moins belliqueux… Avant de se lancer dans cette aventure, le dessinateur Gazzotti animait la série Soda, d’où la proximité graphique que vous ne manquerez pas de constater. Vehlmann, pour sa part, vient de reprendre la série mythique Spirou et Fantasio en compagnie de Yoann.

Retour au réalisme avec le dernier volume de l’intégrale Tout Jijé et le premier de l’intégrale Buck Danny, le célèbre pilote d’avion. L’ultime volume Tout Jijé tout d’abord, dix-huitième dans l’ordre de parution, troisième dans l’ordre chronologique, réunit des récits de Joseph Gillain, dit Jijé, publiés entre 1942 et 1945, époque marquée par la guerre bien sûr, par l’interdiction du journal Spirou en septembre 1943, par sa renaissance à la Libération, par la création de deux personnages aujourd’hui mythiques, Jean Valhardi et Fantasio et par la publication de la biographie de Christophe Colomb. ce quinzième volume contient trois aventures de Spirou, l’aventure Jean Valhardi détective, la biographie sur Christophe Colomb, plusieurs illustrations de romans et un dossier d’une vingtaine de pages, passionnant, qui replace la création des différents récits dans le contexte de ces années troubles en s’appuyant sur nombre d’illustrations parfois inédites. Ce dernier volume, publié presque six ans après le dix-septième a nécessité un travail de restauration en profondeur. Il marque la fin de la réédition en intégrale des travaux de Jijé réalisés entre 1938 et 1977 pour les éditions Dupuis.

Une intégrale se termine, une autre débute… C’est en 1947, le 2 janvier pour être très précis, que Buck Danny apparaît pour la première fois dans les pages du journal Spirou. Aux manettes, un tandem de choc composé de Jean-Michel Charlier et Victor Hubinon. Grâce à un savant dosage d’action, de références historiques et de détails très réalistes, la série Buck Danny va connaître un succès fulgurant auprès des jeunes lecteurs. Aujourd’hui Buck Danny comporte 52 titres, le dernier réalisé par Francis Bergèse datant de 2008. Dans ce premier volume de l’intégrale sont réunis les récits Les Japs attaquent et Les mystères de Midway ainsi qu’une histoire inédite intitulée L’agonie du Bismark. En outre, comme dans toutes les intégrales des éditions Dupuis, un dossier revient sur le contexte de création.

Une très belle intégrale pour finir, celle de Green Manor. Sous une couverture imitation cuir craquelé par le temps, les éditions Dupuis nous proposent un voyage dans le passé, direction l’Angleterre victorienne en compagnie de quelques meurtriers, escrocs, bandits et autres fripouilles de la pire espèce. Au menu, 16 charmantes historiettes criminelles écrites par un spécialiste de la chose, Fabien Vehlmann, et mises en images par Denis Bodart, 16 petites perles noires, autant de drames, d’événements étranges et d’actes violents à dévorer sans attendre et en se souvenant que « le meurtre n’est rien sans un peu d’élégance… ». E.G.

Dans le détail :

L’Enragé, de Baru. Editions Dupuis. 24 euros.

Le Suris, de Gibrat. Editions Dupuis. 24 euros.

Seuls, intégrale du cycle 1, de Gazzotti et Vehlmann. Editions Dupuis. 30 euros.

Tout Jijé (tome 15), de Jijé. Editions Dupuis. 28 euros.

Buck Danny l’Intégrale, de Charlier et Hubinon. Editions Dupuis. 19 euros.

Green Manor (intégrale), de Bodart et Vahlman. Editions Dupuis. 35 euros.

23 Nov

Immigrants, témoignages mis en récits par Christophe Dabitch. Editions Futuropolis. 18 euros.

Ils viennent du Laos, du Portugal, d’Iran, de Turquie, du Maroc, d’Uruguay, de Sierra Leone ou encore d’Angola. Leur point commun : être des immigrés… ou des immigrants comme l’écrit Christophe Dabitch en ouverture du livre, un terme qu’il juge moins saturé d’usages et de significations. Cet album collectif, réunissant 13 auteurs de bande dessinée, parmi lesquels Davodeau, Flao, Hureau, Gaultier… et 6 historiens donne la parole à ces hommes, ces femmes et ces enfants venus d’ailleurs à travers 11 récits courts, basés sur des témoignages recueillis par Christophe Dabitch. Ces récits nous racontent pourquoi ils ont quitté leur pays, ce qu’ils sont venus chercher en France, ce qu’ils y ont trouvé, parfois des conditions de vie terribles, la misère, le racisme, parfois une terre d’accueil et de paix inespérée. Porter un regard neuf sur le sujet était l’objectif de ce livre. Objectif atteint, Immigrants évite les stéréotypes et préjugés de toutes sortes pour s’intéresser à l’aspect humain de la chose, en considérant l’immigration comme quelque chose de normal, un élément à part entière dans l’histoire de notre pays. Une très belle initiative ! E.G.

Trois Largo Winch sinon rien…

A quatre semaines des fêtes de fin d’année et à trois mois de la sortie du très attendu second long métrage, le rouleau compresseur Largo Winch débarque dans les rayons de toutes les librairies de France et d’ailleurs. Et impossible de passer au travers, le héros de Philippe Francq et Jean Van Hamme est partout, non seulement à l’affiche d’une nouvelle aventure intitulée Mer noire mais également à la tête du huitième diptyque de la collection Gold et d’un magnifique artbook collector, des albums bien évidemment indispensables pour les amoureux de la bande dessinée en général, pour les inconditionnels de Largo en particulier. On voit tout ça dans le détail…
  

 Aucune surprise ou, plus précisément, aucune mauvaise surprise avec cette nouvelle aventure de notre milliardaire préféré. Mer noire présente le même cocktail que les précédents volets, un cocktail savoureux à base d’action et de glamour. Et cette fois Largo qui doit déjà se battre contre la crise financière afin d’éviter des licenciements dans son groupe, se retrouve mêlé à une sombre affaire de trafic d’armes et de terrorisme international. Inquiété par le FBI, il doit lui-même prendre les choses en main. Direction les ports de la Mer noire où il tentera de comprendre qui peut bien lui en vouloir de cette façon… Inutile de vous dire que le scénario, le graphisme, les dialogues, les premiers et seconds rôles, les couleurs, les décors… sont tout simplement dignes des plus grands films hollywoodiens… Si la perfection en bande dessinée existait, elle ressemblerait certainement à ça !
  

Et voici finalement le huitième et dernier volume de la fameuse collection Gold initiée en janvier 2010 pour fêter les 20 ans de la série. Au menu, une aventure initialement publiée en deux albums ici réunis, Les trois yeux des gardiens du Tao et La Voie et la vertu, deux albums qui nous emmènent en Orient où Largo va être confronté à une réalité immédiate et impressionnante : l’éveil économique de la Chine. Un Orient qui coure après la modernité tout en restant très attaché aux traditions ancestrales. Comme les volumes précédents, celui-ci comporte en supplément un cahier graphique qui nous invite aux sources de la création avec de nombreuses illustrations inédites (esquisses, études de personnages…) et extraits d’interviews.
  

Sous le titre Largo Winch, images en marge 1990 – 2010, Philippe Francq et Jean Van Hamme proposent aux lecteurs de découvrir vingt ans de travaux graphiques pour différents supports et médias, une sélection de dessins parfois inédits, souvent inconnus, depuis les incontournables ex-libris jusqu’aux dessins publicitaires, en passant par les cartes de vœux, les couvertures, les marque-pages, les sérigraphies, les illustrations pour des journaux ou des pochettes de disque…, Bref, un album collector somptueux qui permet d’admirer au plus près le graphisme élégant et racé de Philippe Francq. Et c’est bien entendu Jean Van Hamme qui signe la préface, préface dans laquelle le scénariste confie qu’ils sont tous deux des « perfectionnistes obsessionnels », recherchant sans arrêt l’efficacité « … indispensable pour que l’émotion et la compréhension que nous espérons offrir à notre lecteur atteignent leur but sans se perdre dans d’inutiles scories ». Un très bel album à commander sans plus attendre au Père Noël ! E.G.

  

Dans le détail :

Artbook Largo Winch, de Francq et Van Hamme. Editions Dupuis. 28 euros.

Largo Winch (Diptyque 8/8), de Francq et Van Hamme. Editions Dupuis. 22 euros.

Mer noire, Largo Winch (tome 17), de Francq et Van Hamme. Editions Dupuis. 11,50 euros.

18 Nov

Feux et Murmure, de Lorenzo Mattotti. Editions Casterman. 30 euros.

Docteur Jekyll & Mister Hyde, Caboto, Carnaval, L’Homme à la fenêtre, Stigmates… Lorenzo Mattotti fait partie du cercle très fermé des plus grands auteurs de bande dessinée de ce siècle. Il est responsable de nombreux albums de bande dessinée mais aussi de livres pour enfants et de recueils d’illustrations, une œuvre particulièrement riche, éclectique, foisonnante et innovante tant sur le plan graphique que narratif, une œuvre poétique aussi couronnée par de nombreux prix et traduite dans le monde entier ou presque. Dans cet ouvrage, publié chez Casterman, les lecteurs auront plaisir à découvrir ou redécouvrir deux récits, et non des moindres puisqu’il s’agit de Feux, considéré par la critique comme l’un des chefs d’œuvre du Neuvième art, et de Murmure. Ces récits, respectivement écrits en 1985 et 1989, ont pour point commun la couleur, utilisée comme élément narratif, une aventure insulaire et la rencontre avec des êtres étranges, invisibles et flamboyants pour le premier, joyeux et colorés pour le second. Un très bel album présenté sous jaquette, indispensable pour les inconditionnels, recommandé pour les autres ! E.G.