16 Oct

Ce n’est pas toi que j’attendais : Fabien Toulmé, sa fille et la trisomie 21

6008Ce n’est pas toi que j’attendais : les mots sont terribles, effrayants, qui plus-est lorsqu’ils sont ceux d’un père pour sa fille. Ces mots, Fabien ne peut les empêcher de tourner en rond dans sa tête depuis qu’il s’est penché sur le berceau de Julia à la maternité…

Et les infirmières auront beau tenter de le rassurer, Fabien sent que quelque chose ne tourne pas rond. Une physionomie particulière, la nuque droite, la tête plate, les yeux bridés. Pour lui, c’est sûr, Julia est trisomique ! Impossible de la toucher, de la prendre dans ses bras, de l’embrasser, Fabien est sous le choc, ce qui devait être le plus beau jour de sa vie vire au cauchemar et la confirmation des médecins, qui viendra un peu plus tard, finira de le mettre à terre. Pourquoi eux ? Pourquoi ce handicap ? Au sentiment de rejet s’ajoute maintenant un sentiment d’injustice et de colère. On leur avait pourtant dit que c’était plus facile de gagner au loto que d’avoir un enfant trisomique. Un cas sur combien ? 1000 ?

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l’interview de l’auteur à lire ici

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Des pleurs, beaucoup de pleurs, et puis il faut faire face, retrouver l’envie de vivre, de partager, retourner au travail, affronter les regards… Une nouvelle vie commence pour Fabien, sa femme, leur fille aînée Louise et bien sûr Julia avec au bout de la route beaucoup d’amour.

Décidément, les témoignages autour des maladies ou handicaps se suivent et se ressemblent en qualité. Après l’excellent album de Sarah Leavitt sur Alzheimer, Le Grand désordre, voici le poignant témoignage de Fabien Toulmé qui signe ici son premier album. Et quel album ! « 2 ans de boulot, 256 pages, 4 feutres Pentel, 48 mines bleues, 2 ou 3 crampes de la main… » détaille l’auteur sur son blog. Et à l’arrivée un album incroyablement senti sur son expérience au pays des enfants bisous comme on appelle les enfants trisomiques.

« Je n’ai pas cherché à expliquer la trisomie… », explique Fabien dans une interview pour Planète Delcourt, « mais plutôt le cheminement entre un événement de souffrance et un état plus apaisé. A posteriori, je me suis rendu compte que c’est un peu le livre que j’aurais aimé lire quand j’ai appris pour ma fille. Un livre qui dédramatise la situation, qui relève les moments d’espoir, d’humour et de légèreté d’une situation parfois pesante ».

Un album qui prouve une fois de plus la force du média bande dessinée pour raconter le monde et l’intime.

Eric Guillaud

Ce n’est pas toi que j’attendais, de Fabien Toulmé. Editions Delcourt. 18,95 €

L’interview de l’auteur ici

© Delcourt / Toulmé

© Delcourt / Toulmé

13 Oct

Le Chat de Geluck perd-il ses poils ?

9782203062399Non, le chat de Geluck ne perd pas ses poils, ça se saurait depuis le temps.

Il est même plutôt propre sur lui, poli, délicat et bourré d’humour potache. C’est un bon chat qui sait gratouiller là où ça chatouille, appuyer là ou chat fait mal. A coup de gags décalés et corrosifs, notre félin national pose sa griffe sur tout ce qui bouge – ou ne bouge plus d’ailleurs – dans notre belle société. Et ça fait mouche à chaque fois même si le chat préfère rappeler les conditions générales inscrites au dos des phylactères :

« L’efficacité de ce gag n’est pas garantie en cas de mauvaise humeur, de fatigue, de dépression, de rigidité mentale ou de raideur idéologique ».

Vous voilà prévenus. Si vous êtes plutôt du genre chiant ou chien, alors passez votre chemin.

Et sinon, quoi de neuf pour ce dix-neuvième album ? Le chat passe à table. Et inutile de trop le cuisiner pour avoir des révélations fracassantes. La preuve…

© Casterman / Geluck

© Casterman / Geluck

Un album forcément drôle, et beau en plus. Le coffret réunit en effet deux albums à l’italienne de 96 pages et La gazette du Chat, un journal qui parle du Chat de la première à la dernière ligne. Un travail particulièrement soigné jusque dans les moindres détails que je vous laisse découvrir…

Eric Guillaud

Le Chat passe à table, de Geluck. Editions Casterman. 17,95 €

12 Oct

Le Bayeux des correspondants de guerre : une Grand Reporter aussi en BD

Les larmes du Seigneur Afghan - Pascale Bourgaux, Campi/Zabus - Dupuis

Les larmes du Seigneur Afghan – Pascale Bourgaux, Campi/Zabus – Dupuis

Les larmes du Seigneur Afghan, c’est d’abord le titre d’un documentaire dans lequel Pascale Bourgaux raconte ses 10 ans de rencontres avec un chef de guerre pachtoun Mamour Hasan, un compagnon d’armes de Massoud, le célèbre lion du Panjshir.

Depuis le printemps, c’est aussi une BD intelligemment mise en case par Thomas Campi et Vincent Zabus.

Les larmes du Seigneur Afghan - Pascale Bourgaux, Campi/Zabus - Dupuis

Les larmes du Seigneur Afghan – Pascale Bourgaux, Campi/Zabus – Dupuis

Pascale Bourgaux est à Bayeux cette semaine. Son film est projeté pendant le festival du 21ème prix Bayeux-Calvados des correspondants de guerre et son album publié dans la prestigieuse collection Air Libre est en dédicace sur place au salon du livre. Et rappelons-le, l’entrée est libre.

Didier Morel

Pour en savoir plus, relisez l’article d’Eric Guillaud et regardez ce reportage réalisé avec Didier Bert :

 

10 Oct

Petite voleuse, une première BD en forme de petit chef d’oeuvre signée Michael Cho

Couv_225381Ça peut énerver mais c’est ainsi, il y a des gens qui comprennent tout, tout de suite. Michael Cho en fait partie.

Pour sa première contribution au Neuvième art, l’auteur signe en effet un petit chef d’oeuvre tant sur le plan du scénario que du graphisme. Les éditions Delcourt le présentent comme un nouveau prodige de la BD. Ils ont sans aucun doute raison.

Né en Corée du Sud, installé au Canada depuis l’âge de six ans, Michael Cho a appris l’anglais en lisant les comics. Ça aide. Il se fait un nom dans l’illustration en travaillant pour le New York Times, le National Post ou encore le Boston Globe. Il signe aussi des couvertures de livres avant de s’intéresser à la bande dessinée, d’écrire plusieurs histoires courtes et aujourd’hui ce roman graphique.

Petite voleuse, Shoplifter en anglais, raconte l’histoire de Corrina Park, une jeune femme ordinaire ou presque, diplômée de littérature anglaise, pleine d’ambition mais emprisonnée dans un boulot alimentaire qui lui déplaît. Corrina a envie de tout plaquer et de devenir enfin écrivain, ce dont elle rêve depuis son plus jeune âge. Mais elle doit payer son loyer et nourrir son chat. Alors, simplement pour mettre en peu de piquant dans sa vie bien terne, la jeune femme vole. Pas grand chose, des bricoles, mais suffisamment pour que ça finisse par changer le cours de son existence..

Même si l’auteur n’a pas souhaité en faire la « voix d’une génération« , comme il l’explique dans une interview accordée au journal The Coast News, Corrina Park ressemble à beaucoup de jeunes filles et de jeunes garçons de notre époque, surdiplômés et sous-employés. Son histoire nous parle de recherche du bonheur, d’épanouissement, de rêves parfois enfouis et fatalement de renoncements. C’est beau, bien écrit, juste et passionnant !

Eric Guillaud

Petite voleuse, de Michael Cho. Editions Delcourt. 19,99 €.

Quai des Bulles, le festival BD de Saint Malo est ouvert

Quai-des-bulles-2014_sslogo_Frederik-Peeters_LD_2500 auteurs… et des milliers de passionnés au rendez-vous !

C’est parti pour trois jours de folie autour de la bande dessinée. Quai des Bulles, 34e du nom, a ouvert ses portes ce vendredi matin avec un programme plutôt chargé et particulièrement alléchant qui devrait dans tous les cas contenter les festivaliers jusqu’à dimanche soir.

Au programme, plusieurs expos, notamment consacrées à Jean-CLaude Mézières, la Grande guerre, Frédéric Bézian, Guy Delisle, mais aussi des rencontres, des projections de films, des animations jeunesse, des débats et bien sûr les incontournables séances de dédicaces auxquelles les 500 auteurs présents se plieront de bonne grâce même si le SNAC BD, le Syndicat National des Auteurs et des Compositeurs de BD, appelle les auteurs à une actions collective lors du festival contre la réforme de leur régime retraite. Un débrayage des auteurs est annoncé pour le samedi 11 octobre à 17h30.

Plus d’infos sur le festival ici

Eric Guillaud

06 Oct

Corto Maltese, le héros du géantissime Hugo Pratt, reprend du service…

© Pratt

© Pratt

Non vous ne rêvez pas, le légendaire Corto Maltese sera effectivement de retour en librairie dans une petite année, en octobre 2015, ont annoncé aujourd’hui les éditions Casterman.

Contrairement à Hergé et son non moins légendaire Tintin, Hugo Pratt, mort il y a 20 ans, ne s’est jamais opposé à ce que son personnage lui survive.

Une très très bonne nouvelle pour les tous amoureux de l’aventurier qui n’avaient plus rien à se mettre sous la dent depuis 1992 et la parution de Mû la cité perdue.

Cette trentième aventure, dont on ignore bien évidemment tout pour le moment, sera réalisée par le scénariste Juan Diaz Canales connu pour son polar animalier Blacksad et le dessinateur Ruben Pellejero (Dieter Lumpen, Le Tour de valse…).

Eric Guillaud

04 Oct

Nouvelles vies, l’aventure d’une grossesse racontée par Stéphanie Delmas

nouvelles-vies360 000 naissances par jour à travers le monde, 250 premiers cris par minute écoulée ! Alors oui c’est vrai, l’aventure d’une grossesse n’a rien d’exceptionnelle, enfin quand ce n’est pas la sienne bien sûr. Et j’entends déjà certains commentaires sarcastiques, surtout du côté des hommes, qui pourraient ressembler à ça : « oh non encore une histoire d’amour qui finit mal à cause d’un polichinelle dans le tiroir ».

Bon, effectivement, Stéphanie Delmas ne va pas révolutionner la BD avec ce récit, ce témoignage pourrait-on même écrire puisqu’il s’agit d’un album autobiographique. Mais tout de même, la jeune auteure a su trouver un angle singulier et finalement intéressant, celui des réactions que l’arrivée d’un enfant provoque. Et pas seulement chez le futur papa qui, on s’en doute, attend l’arrivée du bébé comme on attendrait la livraison d’un colis pour reprendre les propres termes de Stéphanie, mais aussi du côté des futurs grands-parents, arrière-grands-parents, oncles, tantes, cousins, cousines… d’où le titre Nouvelles vies au pluriel qui signifie bien quelques petits changements dans le quotidien de chacun.

« Dans Nouvelles vies… », écrit Stéphanie Delmas sur le blog qu’elle anime sous le pseudo de Bambiii (avec 3 i), « je parle de ce repositionnement généalogique que représente la grossesse. Ce moment si particulier n’est pas QUE l’attente d’un seul enfant mais aussi une remise en questions sur sa propre enfance, sa positions dans telle ou telle famille ».

« Achetez le, il donne une belle peau! » écrit l’auteure toujours sur son blog. Sans aller jusque là – je ne voudrais quand même pas être accusé de publicité mensongère – je pense effectivement qu’il faut l’acheter. Et même si on est un mec, SURTOUT si on est un mec ! Car non seulement Nouvelles vies est un album agréable à lire, bourré de tendresse et de drôlerie, mais il répond aussi à de véritables interrogations qui naissent immanquablement dans ces moments là. Ajoutez un graphisme subtil qui doit autant à la bande dessinée qu’à l’illustration et vous obtiendrez un beau bébé, pardon un beau bouquin, à lire en famille !

Eric Guillaud

Nouvelles vies, de Stéphanie Delmas. Editions Delcourt. 14,95 €

© Delcourt / Delmas

© Delcourt / Delmas

L’album Tyler Cross du Nantais Brüno et du Parisien Nury élu album de l’année au festival de la BD de Chambéry Savoie

tyler-cross-tome-1-tyler-crossLe 38e festival de la BD de Chambéry Savoie, qui se tient jusqu’à demain dimanche, a attribué ses récompenses, les fameux Eléphants d’Or. A noter que Philippe Druillet a reçu l’Elephant d’Or du Festival pour l’ensemble de son oeuvre.

L’auteur a accueilli son prix par un bras d’honneur, comme nous le rapporte nos confrères de France 3 Alpes, et ajouter un « je vous emmerde » qui a laissé perplexe l’assistance.

Tyler Cross, le fabuleux polar de Brüno et Nury, reçoit l’Eléphant d’or du meilleur album de l’année et Le Temple Flottant de Zhang Xiaoyu, l’Eléphant d’or du Public France 3.

A lire et relire la chronique de Tyler Cross ici et l’interview de Brüno et Nury là !

 

Tous les Eléphants d’or 2014

Prix du Public France 3 : Zhang Xiaoyu pour « le Temple Flottant »
Prix Jeunesse : Patrick Sobral, pour « Les légendaires »
Prix du Meilleur scénario : Laurent Galandon pour « un peu de bonheur », Bamboo
Album de l’année : « Tyler Cross » de Brüno et Fabien Nury, Dargaud
Prix Coup de coeur : Rick Leonardi, auteur américain de Spider man 2099
Prix de l’Ensemble de l’œuvre : Philippe Druillet

03 Oct

Mon truc en plus, une histoire de chromosome en plus signée Noël Lang et Rodrigo Garcia

mon-truc-en-plusPablo est un petit garçon comme les autres qui aimerait devenir un jour footballeur pour travailler uniquement le dimanche. Ou chanteur pour écrire de jolies chansons à sa fiancée préférée. En attendant, il aime partager son temps avec ses amis et son amoureuse sans quitter des yeux son disque favori, un disque de Petula Clack, une sorte de doudou en vinyle qu’il traine jusque sur la plage ou au terrain de jeux. Oui, Pablo est un petit garçon comme les autres… enfin presque. Car Pablo a un truc en plus du côté des chromosomes…

60 000 personnes seraient porteuses en France d’une trisomie 21, un enfant sur 800 serait atteint… Dans ce petit livre au format carré, les auteurs Noël Lang et Rodrigo Garcia nous offrent un autre point de vue sur la maladie, celui d’un petit garçon malicieux extrêmement attachant. Un livre à mettre entre toutes les mains !

Eric Guillaud

Mon truc en plus, de Noël Lang et Rodrigo Garcia. Editions Steinkis. 18 €

 

01 Oct

Le grand désordre, un témoignage absolument poignant sur la maladie d’Alzheimer aux éditions Steinkis

Couv_225604Difficile d’écrire, ne serait-ce qu’un mot, une fois la dernière page de ce livre tournée. Je dois l’avouer, il m’a fallu attendre quelques minutes avant de retrouver un tant soit peu mes esprits et ma plume. Car oui Le Grand désordre est un récit poignant, déchirant, un témoignage unique en son genre sur cette p… de maladie neurodégénérative à laquelle on a donné le nom de son « découvreur », Alois Alzheimer. Et ce témoignage est celui d’une jeune femme, canadienne, Sarah Leavitt, qui décide à la fin des années 90, de garder en mémoire la maladie de sa mère par des notes et dessins qu’elle conservera religieusement jusqu’à son décès. Elle ressort alors les carnets, les croquis, les notes couchées sur des bouts de papier pour en faire une BD, plus précisément un graphic memoir, sorte de roman graphique autobiographique.

« J’ai écrit ce livre… », confie l’auteure, « parce que je veux me souvenir de ma mère avant sa maladie, mais aussi pendant. Je veux me rappeler comment certains de ses traits de caractère ont été profondément affectés par Alzheimer, mais aussi comment elle a conservé d’autres aspects de sa personnalité jusqu’à la fin. Alors que la maladie la transformait, j’ai changé moi aussi, contrainte de réexaminer ma propre identité en tant que fille et en tant qu’adulte, et de recréer ma relation avec ma mère ».

Alors que beaucoup chercheraient à oublier, Sarah note tout méticuleusement, les premiers signes, les sautes d’humeur, les visites chez les spécialistes, l’annonce du diagnostique, la dégénérescence lente et progressive, jusqu’aux dernières heures. Elle note tout pour se souvenir et finalement pour témoigner. Le Grand désordre très habilement sous-titré Alzheimer, ma mère et moi nous embarque pour un long voyage au pays de la maladie, un quotidien de plus en plus lourd dont on imagine pas un instant les difficultés, mais aussi un chemin d’amour dans l’intimité d’une famille soudée par l’épreuve. Ce n’est pas une BD, c’est un choc !

Eric Guillaud

Le Grand désordre, de Sarah Leavitt. Editions Steinkis. 18 €

© Steinkis / Sarah Leavitt

© Steinkis / Sarah Leavitt