Ce n’est pas pour rien que l’album s’ouvre par une citation de l’auteur Ray Bradury. Space Relic Hunters est un récit d’aventure célébrant les vertus de l’imagination et offrant une réflexion sur le pouvoir politique et la religion.
Comme pas mal d’autres sous-genres de la science-fiction, le space opera (‘l’opéra spatial’ en bon français) est apparu dans les années 40 lors de l’époque bénie des pulps, ces magazines bon marché thématiques vendus pour trois francs six sous qui ont enflammé toute une (jeune) génération de lecteurs et qui ont, aussi, permis à de nombreux futurs grands auteurs de se lancer. L’intérêt ici est que dans la forme, on a avant tout affaire à un récit d’aventure pure, avec des méchants et des gentils, des coups de théâtre, des lieux exotiques…
En fait, dans le fonds, pas mal de ces histoires ne se différencient pas tant que ça que d’un bon vieux Bob Morane. Sauf qu’au de lieu de se passer à Macao ou, mettons, la Cordillère des Andes, elles se déroulent plutôt entre Jupiter et Alpha du Centaure, avec des personnages ne se déplaçant non pas en avion ou en bateau mais en vaisseau spatial. Le tout dans un contexte socio-politique et offrant une vraie critique sociétale où il est souvent facile de remplacer telle ou telle espèce d’extra-terrestres par, par exemple, des réfugiés politiques ou des migrants…
Avec ses décors grandioses, son trio de héros bigarré et son trait très organique où l’influence des grands maîtres du genre des années 70/80 (Moebius en tête), Space Relics Hunters assume pleinement cette affiliation, mais sans jouer la carte de la nostalgie non plus. D’une certaine façon, ses deux auteurs, déjà remarqués pour la saga en trois tomes On Mars, prouvent ici que le space-opera n’est pas si figé que ça et sait s’inscrire dans une certaine modernité.
L’univers est dominé depuis 200 ans par le Grand Quatuor, quatre dieux ayant imposé une religion unique. En conséquence, les nombreuses reliques des anciens cultes sont devenues des objets rares convoités par des collectionneurs fortunés, obligés de faire appel à des contrebandiers. Trois d’entre eux sont mandatés par un client mystérieux de dénicher à tout prix sur une planète inhospitalière un objet sacré d’un culte méconnu contre une très forte somme d’argent. Bien sûr, rien ne se passe comme prévu et surtout, ce trésor suscite bien plus de convoitise que prévu…
Il y a du souffle, de l’action mais aussi de l’action et surtout pas mal d’humain dans cette belle virée intergalactique, portée par un beau travail sur les couleurs. Un vrai bon petit space-opera dont on a, déjà, envie de revoir les protagonistes.
L’info en + : Les planches originales sont actuellement visibles à la Galerie Maghen 36 rue du Louvre à Paris jusqu’au 16 septembre
Olivier Badin
Space Relic Hunters de Sylvain Runberg et Grun. Daniel Maghen éditions. 29,95€