02 Juil

BD jeunesse. Dix nouveautés à découvrir pendant les vacances

De l’action, de l’humour, du merveilleux, de l’animalier… il y en a pour tous les goûts dans cette sélection forcément subjective mais totalement assumée.

On commence par un grand classique, que dis-je un chef-d’œuvre de la littérature française, Voyage au centre de la Terre de Jules Verne, revisité en bande dessinée par Rodolphe et Patrice le Sourd. Ces deux mêmes auteurs ont précédemment adapté avec succès La Ferme des Animaux, ce qui explique peut-être leur choix de poursuivre ici dans la veine animalière avec des lapins, des gros lapins, en guise de personnages. Le trait de Patrice le Sourd est magique et nous aspire littéralement dans le récit parfaitement cadré par le travaille de scénariste de Rodolphe. Un délice prévu en deux volumes. Direction Hambourg où le professeur Lidenbrock s’apprête à partir pour un voyage extraordinaire… (Voyage au centre de la Terre, de Jules Verne par Rodolphe et Le Sourd. Delcourt. 11,50€)

La situation est critique mais pas désespérée ! Anne, notre bonne Anne, va se sortir du mauvais pas dans lequel elle apparait sur la couverture. Et non seulement, elle va se sortir de ce mauvais pas mais elle va continuer à faire de superbes tartes aux pommes pour tous les habitants du royaume. Et même se trouver un prince charmant. Enfin, le temps d’une page… Après pratiquement 10 ans d’absence, le bon roi Serge, sa femme, acariâtre et médisante, ses fils complètement laids, sa fille Cécile qui monopolise la salle de bain, et la douce Anne, sont de retour pour de nouvelles aventures toujours sous la plume et le pinceau de Benoit Feroumont. Un septième tome rempli d’histoires plus ou moins courtes mais drôles dans tous les cas, publiées initialement dans le journal Spirou. (Le Royaume, tome 7, La Meilleure pâtissière, de Benoit Feroumont. Dupuis. 12,50€)

Vous connaissez l’achluophobie ? Derrière ce mot barbare se cache une réalité assez répandue, surtout chez les jeunes enfants : la peur de l’obscurité. C’est ce dont souffre Armelle, une tortue. À la nuit tombée, elle allume un feu, puis une bougie, tentant de rester éveillée. Et le jour ? Ce n’est pas mieux. Au moindre danger, Armelle ne peut même pas se réfugier dans sa carapace : il y fait affreusement noir. Armelle est désespérée jusqu’au jour où elle croise le chemin de Mirko, un insecte qui pourrait bien lui changer la vie… Une histoire d’une tendresse infinie signée par les scénaristes Anne Montel et Loïc Clément  dont on a déjà pu mesurer tout le talent dans leurs albums précédents (Chaussette, Les Jours sucrés, Le temps des Mitaines…)  et le non moins talentueux Julien Arnal transfuge du cinéma d’animation et de l’illustration. Tendre ! (Armelle et Mirko, de Anne Montel, Loïc Clément et Julien Arnal. Delcourt. 15,95€)

Tête de chips, tas de lardon, têtard à hublots, tas de moules… Brume a un certain don pour distribuer des noms d’oiseaux, et un autre pour la sorcellerie. Enfin ça, c’est ce qu’elle croit ! Elle a même acheté un chaudron magique pour préparer ses mixtures et ouvert une échoppe de sorcellerie. Mais les clients se font rares. Jusqu’au jour où le dragon local se réveille, enveloppe la région d’une opaque fumée nauséabonde. Un boulot pour notre sorcière bienaimée… Issue du monde du jeu vidéo pour l’un et de l’illustration jeunesse pour l’autre, Jérôme Pelissier et Carine Hinder signent ici une bande dessinée franchement attendrissante et humoristique, inspirée par leur propre vie dans le Morbihan. Le couple vit en effet à Rochefort-en-Terre où vécut la dernière sorcière de France. Magnifique ! (Brume tome 1, Le Réveil du dragon, de Carine Hinder et Jérôme Pelissier. Glénat. 12,50€)

On connaissait Le Roi lion, voici Le Roi louve et non Le Roi loup, puisque cette histoire, signée Alibert et Lapière au scénario, Adrián au dessin, nous embarque pour un monde où les insectes géants ont remplacé la plupart des autres formes de vie, où les femmes ovipares ont définitivement soumis les hommes et où les loups, qui se sont civilisés, changent de sexe à chaque Lune avant d’opter pour l’un d’eux. Or, Petigré, l’un de ces loups ou l’une de ces louves, comme vous voulez, héritier du trône, a décidé de rester une fille contre l’avis de son père, le roi, qui lui veut un garçon pour lui succéder… De l’heroic fantasy revu, corrigé et non dénué de questionnements autour de la parité, du genre et de quelques autres sujets très actuels. (Le Roi louve tome 2, L’Envol de Trycia, d’Alibert, Lapière et Adrián. Dupuis. 14,50€)

Et si les animaux envahissaient notre quotidien. Ou plus exactement, s’ils retrouvaient la place qu’on leur a prise avec nos villes, nos autoroutes, nos aéroports. C’est un peu ce qui arrive dans cette nouvelle série dont le premier volume vient tout juste de paraître aux éditions Dupuis. Grand Louis, c’est son nom, c’est aussi le nom du personnage principal qui n’est autre que Louis de la Taille. Pour son premier album BD l’auteur nous offre un récit légèrement autobiographique mais profondément poétique, une chronique familiale parisienne troublée par le déferlement d’animaux sauvages obligeant la population à se confiner ou fuir à toutes jambes vers la campagne. Ça vous rappelle quelque chose ? Une histoire séduisante portée par un dessin simple et souple et une mise en page des plus fluides. À suivre… (Grand Louis, tome 1, Le Marcassin, de Louis de la Taille. Dupuis. 15,50€)

Deux héros, un frère et une sœur, Ziad et Louna, issus d’un milieu populaire et qui plus-est d’une famille issue elle-même de l’immigration ! C’est suffisamment rare en BD comme ailleurs pour le signaler d’entrée. Mais la thématique de cette nouvelle série dont les deux premiers volumes viennent d’être publiés simultanément chez Dupuis est toute autre. Le Métier le plus dangereux du monde, tel est son nom, est effectivement né d’une volonté des auteurs d’explorer le monde des super-héros avec un côté social, ceci expliquant cela, et un contexte ordinaire, banal. L’idée est simple : dans un monde légèrement futuriste avec des super-héros à gogo, plus préoccupés par leur image sur les réseaux sociaux, leurs sponsors et leurs followers que par le sort de la veuve et de l’orphelin, Louna et Ziad se mettent à rêver eux-aussi de super-pouvoirs. Le costume sera-t-il à leur taille ? Rien n’est moins sûr ! (Le Métier le plus dangereux du monde, tomes 1 et 2, de Bocquet et Lai. Dupuis. 12,95€)

Plus qu’une simple bande dessinée, voici un livre-jeu, un escape book, inscrit dans l’univers de La Brigade des cauchemars, la série à succès de Franck Thilliez qui se décline à ce jour en six volumes vendus à plus de 150 000 exemplaires. On retrouve bien évidemment nos jeunes héros membres de la fameuse brigade et un nouvel enfant sujet à des terreurs nocturnes, Gaspard. Votre mission si vous l’acceptez : aider la brigade à résoudre les énigmes autour de ce nouveau dossier et offrir au jeune garçon des nuits paisibles. (La Brigade des cauchemars, L’escape book, de Thilliez, Dumont et Kaedama. Jungle. 13,95€)

Encore une histoire de chat, allez-vous me dire. Oui, un chat, mais du genre poltron, à avoir peur d’un lapin et d’un écureuil venus le réveiller dans la forêt où il s’est égaré. Pas pour longtemps, Poltron Minet, il s’appellera ainsi désormais, fait ami-ami avec eux d’autant qu’ils lui promettent de l’aider à retrouver ses maîtres. En attendant, Poltron Minet découvre une communauté animale réfugiée dans les bois qui n’a finalement pas grand chose à envier à celle des humains. À noter le joli coup de crayon de Madd et ses planches réalisées à l’aquarelle. (La voie romane, Poltron Minet tome 1, de Mayen et Madd. Dupuis. 12,95€)

Et si vous dessiniez vos propres histoires ! Rien de plus facile, si on peut dire, avec ce petit livre de Jean-Paul Aussel. En un peu moins de 200 pages, abondamment illustrées, vous apprendrez à dessiner les personnages, les décors, les objets, les animaux, vous vous initierez à l’art de la perspective et aux particularités du manga. « Dessiner est la discipline la plus simple pour qui veut matérialiser son imaginaire », écrit Achdé, le dessinateur de Lucky Luke, en préface. Et c’est vrai. Un crayon, une feuille blanche, un peu d’imagination… et c’est parti ! (On veut tout dessiner, de Jean-Paul Aussel. Leduc. 18€)

Eric Guillaud