21 Oct

De la lecture pour les vacances automnales

L’Arbre aux Pies de Daria Schmitt & Vincent Zabus – Casterman

L’Arbre aux Pies de Daria Schmitt & Vincent Zabus – Casterman

 

Voici une sélection de 7 albums BD pour picorer à tout âge et nourrir l’appétit de vos enfants pendant ces congés d’automne.

 

L’Arbre aux Pies de Daria Schmitt & Vincent Zabus – Casterman

 

Ce récit est magique et magnifique, il renoue avec les grands mythes et les rites de passage d’un âge à un autre. L’auteur Daria Schmitt a su utiliser l’exacte composition alchimique des contes (une jeune fille, une magicienne, un chasseur et des animaux) en les recombinant pour donner un nouveau souffle au merveilleux. Son histoire est celle d’une enfant, Mel, vivant avec d’autres dans un pensionnat tenu par deux vieilles femmes gardiennes de la ville basse. Le plaisir de tous au milieu de la foret : se retrouver sous l’Arbre aux Pies pour écouter les légendes racontées par ces oiseaux doués de paroles comme chacun des animaux choisis comme compagnon par les enfants. Mel, comme chacun d’eux, a atteint l’âge charnière où elle devra partir pour la ville haute tenue par la magicienne Circé. Le chasseur usera et abusera de sa force pour venir les chercher. Entre l’univers des films de Hayao Miyazaki et des histoires des frères Grimm, Daria Schmitt tisse un récit riche en couleurs et faux-semblants. « Un conte dissonant » comme elle le définit,  à lire et à comprendre à différents âges.

Saveur Coco par Dillies - Dargaud

Saveur Coco par Dillies – Dargaud

 

Saveur Coco par Dillies – Dargaud

 

Quoi de plus absurde qu’une cigogne coiffée d’un sombrero, qui fume la pipe et joue de la cithare, et un renard candide qui prétend entendre la mer dans une noix de coco ? Nous ne sommes pas dans une reprise de la fable de la Fontaine, Le Renard et la Cigogne, mais plutôt dans un doux délire d’un curieux couple en quête d’eau dans un désert peuplé la nuit de poissons lunaires volants.

Renaud Dillies (Bulles et Nacelles, Abélard 2 albums sélectionnés aux Eisner Awards 2012 & 2013) a un réel talent de conteur, il emprunte au Mexique l’art des enluminures pour nous servir un récit initiatique sur le sens de la vie. Une saveur sucrée qui laisse longtemps un sourire de plaisir sur le coin des lèvres …

 

Oksa Pollock par Eric Corbeyran, Nauriel, Anne Plichota & Cendrine Wolf – XO éditions 12bis

Oksa Pollock par Eric Corbeyran, Nauriel, Anne Plichota & Cendrine Wolf – XO éditions 12bis

 

Oksa Pollock par Eric Corbeyran, Nauriel, Anne Plichota & Cendrine Wolf – XO éditions 12bis

Cette série de romans made in France est un succès traduits dans 27 pays avec 300 000 exemplaires vendus. Le 6ème tome des aventures d’Oksa Pollock est attendu pour novembre. Avant l’adaptation au cinéma, voici donc la version en bande dessinée pour les ados déjà fans ou ceux qui souhaitent découvrir celle qui est souvent présentée comme une Harry Potter au féminin.

Grande gageure que l’adaptation d’un roman jeunesse et ce n’est pas un hasard si ce travail a été confié à Eric Corbeyran, le prolixe scénariste qui a gagné la confiance des 2 auteures delà série : Anne Plichota & Cendrine Wolf. Ce duo a démarré l’aventure en publiant à compte d’auteurs et l’a poursuivi grâce à la pression de leurs jeunes lecteurs, chez un poids lourds de l’édition XO.

Dans un premier temps, le choix graphique de Nauriel nous surprend et nous livre là un dessin classique à l’image de la sage jeune fille du lycée français de Londres. Dans l’esprit de ses précédents albums (Nanami), son dessin dans la tradition franco-belge pourrait bien évoluer vers le manga quand la série basculera dans le fantastique. Car fantastique il y a dans l’univers de cette adolescente ancrée dans la réalité de notre époque, quand elle découvre ses pouvoirs (télékinésie, pyrokinésie …). Oksa Pollock  est l’inespérée pour sa famille et serait la future reine d’une civilisation  dans un univers parallèle à notre monde.

Un album à conseiller dès 12 ans et à lire en prélude des romans dont le tome 1 est sorti en poche l’an dernier.

 

Game Over t10 Watergate par Midam, Thitaum, Adam, Julien Mariolle & Philippe Auger – Madfabrik

Connu et reconnu, Midam arrive toujours à nous surprendre et nous faire rire avec son Petit Barbare, avatar numérique de son célèbre personnage Kid Paddle. Une page, un gag le principe est connu. Ici la difficulté se corse car depuis 10 albums, tout est construit sans parole ou presque, juste une onomatopée ou un panneau indicateur. C’est ce type de talent que Midam recherche quand il fait appel à ses lecteurs via son site pour trouver des idées et des auteurs. Espérons tout de même qu’une gagwoman réussira à se glisser dans ce quintet d’auteurs masculins (Midam, Thitaume, Adam, Julien Mariolle et Philippe Auger) de quoi présenter d’autres facettes un peu moins stupide de cette princesse échevelée qui accompagne ce barbare.

A découvrir dès que l’on sait tourner des pages en attendant le prochain album à paraitre en novembre prochain Yes I can

 

Stars of the Stars par Joann Sfar et Pénélope Bagieu – Gallimard

Stars of the Stars par Joann Sfar et Pénélope Bagieu – Gallimard

 

Stars of the Stars par Joann Sfar et Pénélope Bagieu – Gallimard

 

L’attente était forte quand l’homme aux cent albums rejoint une des plus mordantes bloggeuses publiées en BD (Ma Vie est tout à fait Fascinante, Joséphine, la Page Blanche). L’album est dans toutes les vitrines des bonnes librairies.

Peut être est ce la limite du polymorphisme de Joann Sfar et de sa boulimie : peut il s’adapter à tous les univers après entre autres ceux de Lewis Trondheim, Christophe Blain et Clément Oubrerie et assurer une qualité qui a fait son succès (le Chat du Rabbin, Petit Vampire …) avec tant de projets menés de front (roman, films, chroniques radio …) Le pitch selon Sfar : les Stars of the Stars sont 7 danseuses venues du monde entier. Convoquées à New York, elles se retrouvent propulsées dans l’espace après la destruction de la terre. Cette série « célèbre la rencontre de Fame et de Star Strek », comme en son temps « la série Donjon était la rencontre de Conan le Barbare et le Muppet Show ». Alors pour les fans de Sfar ou de Bagieu, ou comme moi des deux, le pari pourrait être de se dire que ce tome est celui de l’exposition et de la mise en place des personnages, et que tout ce délire va prendre forme et de la force dans les suivants. A suivre …

Stars of the Stars par Joann Sfar et Pénélope Bagieu – Gallimard

Stars of the Stars par Joann Sfar et Pénélope Bagieu – Gallimard

 

 

JADE T1[BD].indd.pdfJade par Ulysse Malassagne – Glénat

 

Issu de la célèbre école de Gobelins, Ulysse Malassagne est un jeune auteur de 24 ans prometteur. Sa fascination pour le Tibet (à ne pas rater les pages de contexte historique en fin d’ouvrage) est réelle. Sa maitrise de la construction narrative et graphique est stupéfiante. Dès la première case, il nous plonge dans l’action quitte à être un peu perdu ou avoir le sentiment d’avoir raté le précédent épisode. De cette rencontre entre un jeune anglais baroudeur en quête d’une légende transmise par son père (Jade) et d’un tibétain défenseur de la non-violence face à l’occupant chinois, né une formidable aventure humaine. Le jeune lecteur nourri de film d’animation ne sera pas dépaysé par cet album qui est aussi une bonne occasion de découvrir l’histoire du Tibet.

 

Jade par Ulysse Malassagne – Glénat

Jade par Ulysse Malassagne – Glénat

 

Les Nombrils t6 - un été trop mortel de Dubuc et Delaf – Dupuis

Les Nombrils t6 – un été trop mortel de Dubuc et Delaf – Dupuis

 

Les Nombrils t6 – un été trop mortel de Dubuc et Delaf – Dupuis

 

Elles sont trois et le monde depuis 6 albums tourne autour de leurs nombrils. Égocentrées ces trois donzelles ? C’est toujours vrai pour Jenny (la bombe naïve) et Vicky (la seconde bombe manipulatrice) et mais leur faire valoir habituel Karine (la bonne poire) a choisi de prendre de la distance en convolant avec un drôle de zig : Albin un musicien albinos.

Depuis 10 ans, les auteurs québécois gardent le cap sur les déboires de l’adolescence avec intelligence, sensibilité et pertinence en slalomant entre les clichés sur les rapports filles garçons. Ce nouvel album boucle l’intrigue commencée au tome 5 en empruntant un nouveau genre le polar. Commencée au rythme d’un gag par planche et publié au fil de l’eau, tout en gardant ce principe, petit à petit la série Les Nombrils s’est structurée pour faire évoluer ces personnages au-delà de leur apparente superficialité.

Didier Morel 

 

En Bonus pour lecteurs très avertis des albums à la frontière enfant adulte :

 

Metalfer par Stan – Dargaud

Metalfer par Stan & Vince – Dargaud

 

Metalfer par Stan & Vince – Dargaud

 

Attention cet album est aussi violent que Sa Majesté des Mouches l’était en son temps quand William Golding décrivait dans son roman la dérive d’un groupe d’adolescents livrés à eux même. Ici les adultes sont toujours présents mais ils sont au choix : cupides, avides ou stupides. Face à eux, les enfants prennent le pouvoir grâce à un jouet le Metalfer, mais est ce réellement encore un jouet quand le cadeau de Noël que tous s’arrachent est un robot exosquelette qui démultiplie la puissance de celui qui se glisse à l’intérieur.

Retour aux origines pour le duo d’auteurs des Chronokids, Stan et Vince. En 1989, ils publient chez l’éditeur américain de comics Dark Horse, une première version de 24 pages en noir & blanc. Jubilatoire et libératoire, rien n’est épargné aux victimes de Metalfer, à lire pour le plaisir de la transgression.

Metalfer par Stan & Vince – Dargaud

Metalfer par Stan & Vince – Dargaud

 

 

Mad in China par Pascal Magnat – Glénat

Mad in China par Pascal Magnat – Glénat

 

Mad in China par Pascal Magnat – Glénat

 

« Hassan Cehef c’est possible » nous affirmait le petit épicier arabe, parodié par les Nuls à la fin des années 80. Avec ce boutiquier chinois c’est plutôt : « Cà c’est un très bon choix ! »

La mention Mad in China a perdu sa voyelle car dans son échoppe, chaque objet a un pouvoir que son acheteur va découvrir à son insu. Autant d’objets, autant d’histoires courtes développées avec un talent graphique qui oscille entre François Boucq période les Aventures de Jérôme Moucherot et Moebius pour les paysages. Que du meilleur donc pour ce premier album mordant d’un illustrateur à découvrir : Pascal Magnat.

Mad in China par Pascal Magnat – Glénat

Mad in China par Pascal Magnat – Glénat

 

Didier Morel

30 Oct

Spécial Jeunesse #1

Le Grand Paris de la BD n° 4

Nouveauté de la rentrée 2012 : les vacances de la Toussaint durent plus longtemps ! Voici donc une sélection de trois albums, une tri-thérapie d’humour contre la grisaille de cet automne hivernal …

Game Over – Cold Case t8 de Midam & Adam – Madfabrik

Beaucoup de parents pourraient hésiter à acheter une bande dessinée sans paroles ou presque. Certes les phylactères sont rares dans les aventures de ce petit Barbare, l’avatar de kid Paddle dans le monde du jeu vidéo, un autre personnage du dessinateur Midam. Un petit Barbare qui vit dans l’espoir, renouvelé à chaque planche, de sauver sa princesse Brindille. Deux personnages dont la fin est toujours connue, puisque toujours la même : Game Over – une fin de partie où ils se retrouvent écrabouillés, décapités, dévorés, voire plus si affinités. A partir de cette trame narrative des plus simples, les deux scénaristes font preuve d’inventivité pour charmer leurs lecteurs, de sorte que le rire est systématiquement au rendez-vous. D’ailleurs si vous même avez des idées de gag, n’hésitez pas à leur en faire part : nombreux sont les internautes à avoir proposé une planche. Alors, pourquoi pas vous ? Si cela vous tente : gameoverforever

Grrreeny – Vert un jour, Vert toujours de Midam – Madfabrik

Midam encore, avec un nouveau venu dans la galerie des personnages de sa Mad Fabrik, sa propre maison d’édition. Une sorte de cousin de Kid Paddle, un cousin de la jungle, un tigre devenu vert après avoir nagé dans un lac radioactif. L’idée de départ est séduisante : alerter sur les risques écologiques de la planète. Mais cette bonne intention ne suffit pas pour que le message soit compris. Dès que la démarche est trop ouvertement militante, cela ne fonctionne plus. Le discours environnemental plaqué bloque le rire. Quelques gags sont néanmoins réussis, souvent les moins bavards, comme celui où Grrreeny multiplie les cadeaux à base d’objets récupérés et qui se voit offrir au final un container pour trier et recouvrer. Gageons que si l’auteur murit une suite à ce premier album encore un peu trop vert, il saura s’entourer de gagmen ou fera peut-être appel, comme pour Game Over, aux internautes. La préservation de notre caillou commun le mérite.

Titeuf :  A la folie t13 de ZepGlénat

La bonne nouvelle de cette rentrée. Titeuf a refait son apparition dans nos cours de récréation. Treizième album, celui de la maturité. Cela se sent que son auteur Zep a fait l’école buissonnière pendant quatre ans. Celle d’Happy Sex, suivi de deux rééditions : Happy Rock et Happy Girls. Trois univers adultes où la liberté de ton est assumée, comme dans ses carnets intimes.

Pour notre pré-ado à la houppe rebelle, c’est donc un retour en grande forme. Comme le suggère le sous-titre A la folie, Titeuf est encore amoureux, mais plus de Nadia, la bêcheuse qui lui distribue beigne sur beigne depuis toujours. Une nouvelle demoiselle fait son apparition dans la classe : Ramatou, une migrante échappée de la misère et de la guerre d’un pays qui pourrait être l’Angola. Le moment le plus gracieux de la rencontre entre ces deux ados naissants, c’est – au sens littéral – quand ils décollent pour marcher sur les nuages. Un subtil instant de poésie graphique. Que les amateurs de « caca prout », marque d’humour consubstantielle du monde de l’enfance, se rassurent. Cet ingrédient est toujours là, dès les premières cases : un long récit ouvre l’album. Titeuf n’est plus un gars, il est confronté à l’angoisse ultime de la perte du zizi. Cela fera 20 ans en décembre que Titeuf a trouvé sa place dans tous les cartables. Un plaisir renouvelé à partager en famille.

Quelques planches à découvrir de Titeuf

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Zep - Glénat