Le Grand Paris de la BD n° 3
Si Versailles m’était dessiné ou comment le 9ème art fait une entrée remarquée dans un des plus grands symboles de l’Histoire de France.
Un scénario de science fiction sous les ors de la royauté, l’idée est belle : transformer le Château de Versailles en un univers où « ses habitants ont perdu tout contact avec la réalité du monde qui les entoure », pour une histoire où passé et futur ne se distinguent plus vraiment.
Didier Convard et Eric Adam, les deux scénaristes, sont partis de la réalité historique connue de tous : le « Roy » (son nom n’est pas donné mais tout évoque le règne du Roi Soleil) et sa Cour, ses complots et ses intrigues galantes.
« Versailles, plus qu’un château : un monde », dans lequel apparaissent peu à peu des éléments incongrus (des lames tranchantes jaillissent des manches des valets), anachroniques (la géolocalisation d’une marquise égarée) ou irréels (le doyen de la Cour a 263 ans)
La plume des auteurs sait nous égarer et brouille les pistes au fur et à mesure que l’histoire progresse. Ils ont eu accès à toutes les pièces du palais et toutes ses archives en lien avec le comité scientifique de Versailles. Cela se sent dans les dessins d’Eric Liberge : chaque détail est rendu avec précision pour mieux nous prendre au piège, jusqu’à la révélation finale.
C’est un des avantages de ce pari original entre les éditions Glénat et le Château de Versailles, un partenariat pour une trilogie : trois albums, trois époques – futur, présent et passé. Et la bonne idée, c’est de ne pas avoir fait une énième BD patrimoniale, souvent assommante pour les enfants et un achat obligé pour les adultes en fin de visite du monument.
A vous de juger si cette nouvelle orientation de la Bande Dessinée vous séduit ou si ce n’est qu’une façon de faire venir encore plus de touristes dans un des lieux les plus visités en France.
Car ce n’est que le début. En plein essor dans l’édition d’art, les partenariats entre éditeurs et institutions publiques touchent depuis peu le monde de la BD. En novembre, paraitra aussi Les fantômes du Louvre, promenade en 22 portraits d’Enki Bilal, coédition entre Futuropolis et le musée du Louvre.
Les trois tomes du triptyque annoncé sont indépendants. Le deuxième marchera sur les traces d’Alexandre Dumas et de son Chevalier de Maison-Rouge en jouant sur les paradoxes temporels entre notre époque et celle de Marie-Antoinette. Quant au troisième il mettra en scène Molière et le Masque de fer.
Pour aller plus loin à la rencontre des auteurs :
La BO de l’album à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir : Dustin O’Halloran « Opus 17 » le musicien classique contemporain découvert à travers le film « Marie Antoinette » de Sofia Coppola.
Les liens pour découvrir les premières planches :