14 Juin

La Bande dessinée c’est facile! : un manuel de Gilbert Bouchard pour tout piger ou presque du dessin et du scénario

9782344016206_cgFacile la bande dessinée ? Pas tant que ça. Combien de candidats et combien d’élus, combien surtout qui au bout du compte parviennent à vivre de cet art ? Très peu…

Alors non, il n’y a rien de facile dans la bande dessinée, ni le dessin, ni le scénario, ni les couleurs. Mais les bases peuvent effectivement s’apprendre assez rapidement. Comme on apprend le solfège. Après, c’est une histoire de travail, de talent et de rencontres au bon moment. Et là, autant dire que ce n’est pas gagné d’avance.

En attendant, voici un livre qui peut permettre aux plus jeunes d’acquérir ces fameuses bases, un livre réalisé par Gilbert Bouchard, auteur de BD et intervenant dans les établissements scolaires notamment.

Tout commence par le dessin d’un visage, de ses expressions, des mouvements de la tête, se poursuit avec la conception des bulles, des onomatopées, des dialogues, des décors, puis avec le respect des perspectives, les codes de la mise en page, de l’écriture du scénario…

Cinquante leçons, autant d’exercices à faire directement sur le livre, La Bande dessinée c’est facile est une méthode simple mais efficace pour découvrir le b.a.-ba de ce merveilleux mode d’expression.

Eric Guillaud

La Bande dessinée c’est facile!, de Gilbert Bouchard. Editions Glénat. 9,90 €

06 Mai

Spécial Jeunesse #3

Jeangot, Renard Manouche par Joann Sfar & Clément Oubrerie - Gallimard

Jeangot, Renard Manouche par Joann Sfar & Clément Oubrerie – Gallimard

Le Jeangot guitariste du titre c’est Django Reinhardt, l’inventeur du Swing de Paris, l’artiste de génie qui a donné à la capitale sa bande-son idéale. Qui mieux pour lui rendre un hommage truculent en 3 volumes que Joann Sfar ? L’auteur du Chat du Rabin sait aussi le mieux rendre la substantifique moëlle d’une biographie, en toute liberté, sans hagiographie ni fidélité historique à la lettre (Gainsbourg, Chagall, Pascin ..). Le malicieux dit être parti de la pochette du premier 78 tours enregistré, celle où le nom du musicien a été transformé en « Jiango Renard, Banjoiste ! » Le style réinventé de Clément Oubrerie (Pablo, Aya de Yopougon) permet de récréer le Paris de l’entre-deux-guerres. Sous ses crayons, ce goupil de Jeangot prend vie, entouré de tout un bestiaire digne du célèbre fabliaux du moyen-âge, le Roman de Renart. Une vie de manouche riche en péripéties et facéties, à suivre dès 13 ans. Une magnifique initiation au jazz dont les notes surgissent des pages au fil des cases et des bulles.

Jeangot, Renard Manouche par Joann Sfar & Clément Oubrerie - Gallimard

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Les Yeux Noirs – Django Reinhardt

Le point de vue de la presse spécialisée : Bulles & Onomatopées Bodoï

Lou ! (t6) par Julien Neel - Glénat

Lou ! L’Age de Cristal (t6) par Julien Neel – Glénat

« Tout change, tout reste pareil » … est-il dit pour ce nouvel épisode des aventures de la jeune Lou. Cette héroïne est une des rares dans le monde du 9ème art à avoir la particularité de grandir à chaque nouvel album. Nous la retrouvons cette fois-ci dans l’année de ses 16 ans, deux années se sont écoulées depuis le précédent album. La série, multiprimée pour ses qualités, dont le Prix Jeunesse du Festival d’Angoulême en 2005 et 2010, rassemble des dizaines de milliers de fans ((400 000 exemplaires du tome 1 ont été vendus), des filles surtout, mais aussi des garçons, qui évoluent avec Lou depuis près de 10 ans (1,6 million d’albums de la série au total).

Qu’est ce que devenir adulte ? Quelles peurs et angoisses cela suscite-t-il ? Tel est le thème de cet opus. L’auteur Julien Neel, fait le choix de dérouter totalement ses lecteurs habituels et peut-être d’en séduire de nouveaux. Une sensation ouateuse, un flottement incertain, ainsi est décrite l’entrée dans la vie adulte du personnage, à l’image du décor étrange de cristaux roses qui envahissent de façon anarchique la ville. Cela peut être aussi vu comme un hommage appuyé à L’écume des Jours de Boris Vian, tout comme l’incursion du fantastique dans le réel présent dans l’oeuvre du romancier japonais Haruki Murakami (Kafka sur le rivage, 1Q84), deux auteurs de chevet pour Julien Neel.

Ne manquez pas la séquence très réussie graphiquement de la boîte de nuit, pendant laquelle la mise en couleurs alternées respecte la rythmique à 4 temps de la musique électro. Gageons que cette histoire prendra tout son relief et son sens avec les tomes suivants. Patience donc ! L’auteur a d’ores et déjà annoncé qu’il y aurait 8 albums au total et qu’il sait où il va (« Je sais déjà ce qu’il y aura dans les deux dernières pages du tome 8. »), même si le chemin pour y parvenir reste à inventer pour lui.

Lou ! (t6) par Julien Neel - Glénat

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Devil or Angel – Lou Doillon

Le point de vue de la presse spécialisée : Du9 PlanéteBD

Spirou et Fantasio - Les Pirates du Silence - A.Franquin - Marsu Productions

Spirou et Fantasio : Les Pirates du Silence (t10) de Franquin & Maurice Rosy – Marsu Productions

Pépite mal connue, cet album est à découvrir par tous les amateurs de belles voitures et de courses poursuites. A l’occasion des 75 printemps de son célèbre groom, Marsu Productions, récemment repris par Dupuis, publie dans la série « Version Originale« , l’intégrale des planches de travail du génial Franquin. Du crayonné à la couleur, toute l’évolution de sa palette est là, en format XXL. Un régal pour découvrir le maître à l’oeuvre pour sublimer par son dessin la vitesse. Ce qui ne gâche rien, le véritable héros de cette aventure, c’est bien le marsupilami qui nous dévoile un talent jusque-là bien caché, une nouvelle source de gags.

A ne pas manquer pour tous ceux qui ont ont connu ces années-là, les années 50, et qui souhaitent les faire découvrir à leurs enfants et petits enfants.

Spirou et Fantasio - Les Pirates du Silence - A.Franquin - Marsu Productions

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Bullit – Lalo Schifrin

07 Mar

Festival BD au féminin

Festival au Bd au Féminin 2013

C’est la 6ème édition d’un festival pas comme les autres qui se tiendra les 9 et 10 mars 2013. Il démarre au lendemain de la Journée Mondiale de la Femme. Ce festival BD au féminin met en lumière, comme son nom l’indique,  les trop rares auteurEs de la profession.

Derrière les pionnières comme Claire Brétécher (Cellulite), la seule femme à travailler dans le magazine Pilote, situation pas facile dans les années 70,  Florence Cestac et ses gros nez (Le démon de midi), seule femme à avoir remporté le Grand Prix d’AngoulêmeMarjane Satrapi (Persepolis) et Pénélope Bagieu (Joséphine), d’autres dessinent leur chemin dans un monde de bulles d’hommes. En France, d’après une étude menée par l’ACBD, l’Association des journalistes et Critiques de Bande Dessinée, les femmes représentaient un peu plus de 12% des auteurs de BD en France en 2010.

BD d'Essonne

Seront présentes à Igny en Essonne (91) cette année :

AURORE
Patricia LYFOUNG (uniquement le dimanche)
Audrey BUSSI (uniquement le samedi)
Anne Catherine OTT
Isabelle BAUTHIAN
Paola ANTISTA
KRYSTEL (l’auteur de l’affiche du festival)
VALP
MARA
Alice PICARD
RUTILE
PrincessH (seulement le samedi)
DIMAT (Di Matteo)
ZIMRA
DRAC
KAOUET

Autant d’artistes à découvrir et à lire …

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir :

Suzanne – La Grande sophie

Pour aller plus loin, l’article de L’Express et le blog des Fauteuses de trouble

03 Fév

Le palmarès 2013 du Festival International de la Bande Dessinée d’Angoulême

Le Festival International de la Bande Dessinée s’est achevé ce dimanche sur la cérémonie officielle de remise des prix. Et les heureux élus sont :

.

Quai d’Orsay, de Christophe Blain et Abel Lanzac, prix du meilleur album (Dargaud)

Le Japonais Akira Toriyama, prix spécial du 40e Festival pour l’ensemble de son oeuvre

Tu mourras moins bête (tome 2), de Marion Montaigne, prix du public (Ankama)

Le Nao de Brown, de Glyn Dillon, prix spécial du jury (Akiléos)

Aâma, de Frederik Peeters, prix de la série (Gallimard)

Automne, de Jon McNaught, prix révélation (Nobrow)

Les légendaires Origines, de Nadou et Patrick Sobral, prix jeunesse (Delcourt)

Krazy Kat, de George Herriman, prix du patrimoine (Les Rêveurs)

Castilla Drive, de Anthony Pastor, Prix du polar (Actes sud)

Dopututto Max, prix de la BD alternative (Misma)

Pour être tout à fait complet, sachez que Le Grand Prix de la ville d’Angoulême  2013 est l’auteur et éditeur néerlandais Willem

02 Fév

Kaboom, une autre vision de la bande dessinée

Les plus âgés d’entre-vous se souviennent certainement du magazine Les Cahiers de la BD disparu à l’aube des années 90. Le premier numéro du semestriel (ou trimestriel) Kaboom, sorti à l’occasion du 40e festival international de la bande dessinée à Angoulême, ne peut que nous y faire penser. Par son approche de la BD, le choix des angles, par sa richesse éditoriale, la qualité de sa maquette, son côté branché aussi. Et Kaboom annonce la couleur dès son édito : « Que vous soyez fan de bande dessinée, ou totalement profane, cela ne changera rien à votre lecture de Kaboom. Ici, la bande dessinée n’est pas traitée comme un univers cloisonné, mais comme un miroir orienté sur le monde dont le reflet est simplement fait de dessin ».

Au menu du premier numéro : un retour sur les grands événements du semestre passé, un zoom sur quelques projets à venir, un entretien fleuve tout à fait passionnant avec Chris Ware, des rencontres avec ceux qui pensent, conçoivent matériellement et éditent nos beaux albums, une interview croisée de Tardi et Guibert autour de leur souci commun de rigueur documentaire, les interviews de Katsuhiro Otomo, Quino, Albert Uderzo, Ben Katchor, Blexbolex, un shooting de Boris Ovini, photographe et grand amoureux de Blake et Mortimer…

Sur plus de 100 pages et pour le prix de 6,95 euros, Kaboom propose de très belles rencontres et contribue à une réflexion nouvelle sur la bande dessinée d’hier, d’aujourd’hui et de demain. Longue vie à Kaboom ! EGuillaud

19 Nov

Bienvenue t2 de Marguerite Abouet & Singeon – Collection Bayou – Gallimard

Le Grand Paris de la BD n° 6


Bienvenue dans la nouvelle série signée Marguerite Abouet, l’auteur révélée par « Aya de Yopougon ». Le Paris actuel remplace l’Afrique enchantée d’Abidjan des années 1970-80. Les deux héroïnes ont de nombreux points communs ; le plaisir de lecture est donc tout aussi fort pour cet album.

Bienvenue. Le prénom de cette héroïne est incongru aux oreilles de ses contemporains et bien peu l’apprécient. Pourtant, comme elle aime à le souligner, il fait partie de notre calendrier (le 30 octobre).

Bienvenue est une jeune étudiante des Beaux-Arts. Sans argent, elle multiplie les petits boulots et surtout les services à son entourage. C’est toute la force de la scénariste Marguerite Abouet de nous rendre attachante une Parisienne dans sa vie quotidienne tout en multipliant les personnages et les épreuves à surmonter.

Dans ce deuxième tome, la découverte du test de fertilité par un Hindou, qui ne peut avoir d’enfant, est un des passages les plus drôles. Ce roman graphique tient du livre choral, où l’on suit parallèlement aux aventures de Bienvenue la vie des autres personnages qui gravitent autour d’elle. Le talent de Marguerite Abouet est de ne réduire aucun d’eux à une simple caricature.

La mise en images est servie par un dessinateur dont c’est l’une des premières séries : Singeon. Son trait est simple, sa mise en case dynamique ; elle va à l’essentiel, à l’image de l’héroïne, dont la séduction et le charme n’est pas la priorité.

Le passage de l’adolescence à l’âge adulte chez les filles est une thématique rarement abordée dans la bande dessinée. L’album de Daniel Clowes, paru à la fin des années 1990, Ghost World, en constitue la référence incontournable. Une période pourtant propice à l’imagination, où tout est à construire, loin des parents, avec des étapes clés comme le premier rendez-vous amoureux, ou bien la découverte de la mort des proches. Des moments sensibles décrits sans complaisance et avec une grande subtilité dans l’album Bienvenue.

Dans l’actualité de Marguerite Abouet, un livre de cuisine d’Afrique et d’humour à offrir ou s’offrir pour les fêtes ou à lire pour le plaisir si vous avez aimez les recettes des 6 tomes d’Aya de Yopougon, vous connaîtrez par exemple le secret du Maggi ou comment dessaouler son mari en moins d’une heure.

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« Délices d’Afrique » illustré par Agnès Mauprééditions alternatives

La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Imany, « Take Care » de l’album « The Shape of a Broken Heart »

Pour découvrir les premières planches de l’album : éditions Gallimard collection Bayou

Le point de vue de la presse spécialisée :

planète BD – bodoïcoinbd


01 Nov

Il était une fois en France t6 de Fabien Nury et Sylvain Vallée – Glénat

Le Grand Paris de la BD n°5

Il était une fois en France (t6)

Attention cette saga est la série d’albums à lire sans plus attendre. Devenue culte, elle a reçu le prix de la meilleure série à Angoulême en 2011. Un succès d’édition avec 150 000 exemplaires vendus pour le 1er tome et un total de 500 000 pour les cinq premiers. Le 6ème et dernier vient tout juste de sortir.

L’essentiel de l’intrigue se déroule pendant la seconde Guerre mondiale. Elle est tirée d’une histoire vraie, celle de Joseph Joanovici, figure des plus controversées.

« Un homme au destin extraordinaire, une fresque humaine phénoménale. Au cours de la lecture de chacun des 6 tomes, il vous sera difficile de dire si c’est un héros ou un salaud, un Résistant (150 personnes sauvées) ou un Collabo (des milliards engrangés). Pendant la seconde Guerre mondiale, il a été les deux à la fois et pas qu’à moitié, avec une formidable capacité de rebond et un instinct de survie hors du commun. »

Joseph Joanovici - photo identité judiciaire

Ainsi s’exprime avec passion le scénariste Fabien Nury quand il répond à une question sur son personnage.

« Je ne pouvais pas m’empêcher de l’aimer à la fin du tome 6. A la fin du 4 je l’ai profondément détesté. Il a tué tant de monde et pourtant il obtient son certificat de bon Résistant. Je souhaitais sa chute. Comme son pire ennemi c’était lui-même, elle a fini par arriver. »

Son compère, le dessinateur Sylvain Vallée, insiste quant à lui sur « son souhait d’entretenir la dimension humaine du personnage, quoi qu’il ait fait ». « Je démarrais sur une fiction et au fil du dessin la réalité du personnage devenait palpable», confie-t-il. « J’ai un dessin semi caricatural, qui tend vers l’expressionisme. C’est plus intéressant de suggérer une émotion dans le regard du personnage que de l’écrire. Il y a beaucoup de choses qui viennent du ventre quand je dessine. C’est ma sensibilité. Mon imaginaire vient du cinéma. Depuis gosse, je suis dans la BD. Le cinéma c’est mon rêve.»

Les deux auteurs confirment que le titre de la série est bien sûr un hommage au cinéma de Sergio Leone et en particulier au film Il était une fois en Amérique pour la structure en flashback du scénario du 1er tome. Pour chacun des tomes suivants, ils avaient d’autres références cinématographiques en tête : Monsieur Klein (t.2), L’Armée des Ombres (t.3), Paris brûle-t-il ? (t.4) et Règlement de comptes (t.5). Pas de référence dans le dernier, la série est elle-même devenue une référence.

planche 3 - Sylvain Vallée - Glénat

Fabien Nury glisse avec malice : « Au départ, personne ne croyait que cela pourrait marcher. Nous faisions l’inverse de ce qui est conseillé habituellement pour un succès : une histoire simple, un personnage attachant et des rebondissements linéaires. Là nous démarrons avec des flashbacks, un anti-héros moche de sa personne, poursuivi par un autre type pas tellement plus sympathique. Et c’est devenu le plus grand succès de nos deux carrières. Croire en son histoire, c’est la clé. Faire confiance au regard des personnages, travailler les silences, les réactions des personnages. Le décor ne raconte pas une émotion, il donne une ambiance que nous avons en tête. La seconde Guerre mondiale, c’est notre mémoire collective, notre imaginaire. Cette période exerce toujours une fascination. Nous proposons un nouveau point de vue sur un paysage familier. Joseph Joanovici est le plus formidable vecteur pour raconter l’Occupation. »

« Qu’est-ce que moi j’aurais fait à ce moment-là? C’est la question que nous pouvons tous nous poser. Lui a choisi les deux de miser sur les deux tableaux : la Résistance et la Collaboration. », complète Sylvain Vallée.

Tous deux concluent sur une certitude : leur aventure commune est loin d’être terminée. Un film en cinémascope est en pourparlers. Un passage sur grand écran dont ils entendent rester maître. Et côté B.D, ils n’oublient pas que « contrairement aux Etats Unis ou d’autres pays, en France, notre héritage criminel est largement sous-estimé ». Il y aurait donc là « matière à de nouvelles histoires. »

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD : Il était une fois en Amérique d’Ennio Morricone

Pour en savoir plus : Editions Glénat et le site Il était une fois en France

Le blog de Sylvain Vallée

Le reportage de France 3 sur le Tome 4

30 Oct

Spécial Jeunesse #1

Le Grand Paris de la BD n° 4

Nouveauté de la rentrée 2012 : les vacances de la Toussaint durent plus longtemps ! Voici donc une sélection de trois albums, une tri-thérapie d’humour contre la grisaille de cet automne hivernal …

Game Over – Cold Case t8 de Midam & Adam – Madfabrik

Beaucoup de parents pourraient hésiter à acheter une bande dessinée sans paroles ou presque. Certes les phylactères sont rares dans les aventures de ce petit Barbare, l’avatar de kid Paddle dans le monde du jeu vidéo, un autre personnage du dessinateur Midam. Un petit Barbare qui vit dans l’espoir, renouvelé à chaque planche, de sauver sa princesse Brindille. Deux personnages dont la fin est toujours connue, puisque toujours la même : Game Over – une fin de partie où ils se retrouvent écrabouillés, décapités, dévorés, voire plus si affinités. A partir de cette trame narrative des plus simples, les deux scénaristes font preuve d’inventivité pour charmer leurs lecteurs, de sorte que le rire est systématiquement au rendez-vous. D’ailleurs si vous même avez des idées de gag, n’hésitez pas à leur en faire part : nombreux sont les internautes à avoir proposé une planche. Alors, pourquoi pas vous ? Si cela vous tente : gameoverforever

Grrreeny – Vert un jour, Vert toujours de Midam – Madfabrik

Midam encore, avec un nouveau venu dans la galerie des personnages de sa Mad Fabrik, sa propre maison d’édition. Une sorte de cousin de Kid Paddle, un cousin de la jungle, un tigre devenu vert après avoir nagé dans un lac radioactif. L’idée de départ est séduisante : alerter sur les risques écologiques de la planète. Mais cette bonne intention ne suffit pas pour que le message soit compris. Dès que la démarche est trop ouvertement militante, cela ne fonctionne plus. Le discours environnemental plaqué bloque le rire. Quelques gags sont néanmoins réussis, souvent les moins bavards, comme celui où Grrreeny multiplie les cadeaux à base d’objets récupérés et qui se voit offrir au final un container pour trier et recouvrer. Gageons que si l’auteur murit une suite à ce premier album encore un peu trop vert, il saura s’entourer de gagmen ou fera peut-être appel, comme pour Game Over, aux internautes. La préservation de notre caillou commun le mérite.

Titeuf :  A la folie t13 de ZepGlénat

La bonne nouvelle de cette rentrée. Titeuf a refait son apparition dans nos cours de récréation. Treizième album, celui de la maturité. Cela se sent que son auteur Zep a fait l’école buissonnière pendant quatre ans. Celle d’Happy Sex, suivi de deux rééditions : Happy Rock et Happy Girls. Trois univers adultes où la liberté de ton est assumée, comme dans ses carnets intimes.

Pour notre pré-ado à la houppe rebelle, c’est donc un retour en grande forme. Comme le suggère le sous-titre A la folie, Titeuf est encore amoureux, mais plus de Nadia, la bêcheuse qui lui distribue beigne sur beigne depuis toujours. Une nouvelle demoiselle fait son apparition dans la classe : Ramatou, une migrante échappée de la misère et de la guerre d’un pays qui pourrait être l’Angola. Le moment le plus gracieux de la rencontre entre ces deux ados naissants, c’est – au sens littéral – quand ils décollent pour marcher sur les nuages. Un subtil instant de poésie graphique. Que les amateurs de « caca prout », marque d’humour consubstantielle du monde de l’enfance, se rassurent. Cet ingrédient est toujours là, dès les premières cases : un long récit ouvre l’album. Titeuf n’est plus un gars, il est confronté à l’angoisse ultime de la perte du zizi. Cela fera 20 ans en décembre que Titeuf a trouvé sa place dans tous les cartables. Un plaisir renouvelé à partager en famille.

Quelques planches à découvrir de Titeuf

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Zep - Glénat

29 Oct

Versailles – le Crépuscule du Roy t1 de Eric Adam, Didier Convard & Eric Liberge – Glénat

Le Grand Paris de la BD n° 3

Versailles T1 Le Crépuscule d'un Roy Glénat

Si Versailles m’était dessiné ou comment le 9ème art fait une entrée remarquée dans un des plus grands symboles de l’Histoire de France.

Un scénario de science fiction sous les ors de la royauté, l’idée est belle : transformer le Château de Versailles en un univers où « ses habitants ont perdu tout contact avec la réalité du monde qui les entoure », pour une histoire où passé et futur ne se distinguent plus vraiment.

Didier Convard et Eric Adam, les deux scénaristes, sont partis de la réalité historique connue de tous : le « Roy » (son nom n’est pas donné mais tout évoque le règne du Roi Soleil) et sa Cour, ses complots et ses intrigues galantes.

« Versailles, plus qu’un château : un monde », dans lequel apparaissent peu à peu des éléments incongrus (des lames tranchantes jaillissent des manches des valets), anachroniques (la géolocalisation d’une marquise égarée) ou irréels (le doyen de la Cour a 263 ans)

Versailles de Liberge/Convard/Adam - Glénat

La plume des auteurs sait nous égarer et brouille les pistes au fur et à mesure que l’histoire progresse. Ils ont eu accès à toutes les pièces du palais et toutes ses archives en lien avec le comité scientifique de Versailles. Cela se sent dans les dessins d’Eric Liberge : chaque détail est rendu avec précision pour mieux nous prendre au piège, jusqu’à la révélation finale.

C’est un des avantages de ce pari original entre les éditions Glénat et le Château de Versailles, un partenariat pour une trilogie : trois albums, trois époques – futur, présent et passé. Et la bonne idée, c’est de ne pas avoir fait une énième BD patrimoniale, souvent assommante pour les enfants et un achat obligé pour les adultes en fin de visite du monument.

Versailles de Liberge/Convard/Adam – Glénat

A vous de juger si cette nouvelle orientation de la Bande Dessinée vous séduit ou si ce n’est qu’une façon de faire venir encore plus de touristes dans un des lieux les plus visités en France.

Car ce n’est que le début. En plein essor dans l’édition d’art, les partenariats entre éditeurs et institutions publiques touchent depuis peu le monde de la BD. En novembre, paraitra aussi Les fantômes du Louvre, promenade en 22 portraits d’Enki Bilal, coédition entre Futuropolis et le musée du Louvre.

Les trois tomes du triptyque annoncé sont indépendants. Le deuxième marchera sur les traces d’Alexandre Dumas et de son Chevalier de Maison-Rouge en jouant sur les paradoxes temporels entre notre époque et celle de Marie-Antoinette. Quant au troisième il mettra en scène Molière et le Masque de fer.

Pour aller plus loin à la rencontre des auteurs :

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La BO de l’album à se glisser entre les oreilles pour prolonger le plaisir : Dustin O’Halloran « Opus 17 » le musicien classique contemporain découvert à travers le film « Marie Antoinette » de Sofia Coppola.

Les liens pour découvrir les premières planches :

Les éditions Glénat & Le Château de Versailles

27 Oct

Le magasin des Suicides d’Olivier Ka & Domitille Collardey – Delcourt

Le Grand Paris de la BD n°2

Ne cherchez pas, une boutique comme celle ci vous ne la trouverez pas sur les Champs Elysées, quand bien même, si pour les grecs anciens, ces champs étaient une succursale des enfers. Ils considéraient même le suicide comme une souillure. L’iconoclaste romancier Jean Teulé sait nous surprendre, avec lui, le suicide devient une activité commerciale fort lucrative. Depuis 10 générations, la famille Tuvache propose des kits pour finir sa vie, succès garanti. « Le Magasin des Suicides » est le livre le plus vendu de son auteur Jean Teulé, traduit en 19 langues, un auteur qui s’est aussi fait connaître avec ses bandes dessinées à base de photos retouchées. Cette fois ci ce n’est pas lui qui est au pinceau, et cet album n’est pas d’avantage une déclinaison papier de l’adaptation papier du film d’animation adapté par le cinéaste Patrice Leconte, lui aussi auteur de BD à ses débuts.

Le magasin des suicides planche 3

C’est en fait à l’auteur de inspiré de « Pourquoi j’ai tué Pierre » Olivier Ka que l’on doit cette version BD. Les gags mis en cases font toujours autant mouche : « Vous avez raté votre vie ? Réussissez votre mort ! » L’humour est servi noir : « Payer à crédit ? Vous plaisantez ! Pourquoi pas une carte de fidélité ! » Mais n’y voyez pas une ode au suicide, bien au contraire, sous le crayon de Domitille Collardey, Alan le dernier né de la famille Tuvache prend vie en couleur. Ses parents ont choisi son prénom en hommage à Alan Turing, un suicidé célèbre considéré comme le père fondateur des premiers ordinateurs à qui Apple pourrait rendre hommage avec sa pomme croquée. Mais Alan est très différent de son frère Vincent (référence au peintre suicidé Van Gogh) et de sa sœur Marilyn (Monroe). Lui est dessiné en couleur, quand eux sont sombres et suicidaires, lui est plein de vie et va bousculer toute la vie de la famille. Ce qui n’est vraiment pas bon pour les affaires. Le dessin suit se bouleversement et le cadre des cases disparaît, la mise en planche rappelle la liberté dont faisait preuve Winsor McCay pour « Little Nemo ».

Alors si cette nouvelle version du « Magasins des suicides » convainc par son invention graphique, le scénario démarre fort avec la reprise du catalogue drôle des mille et une façons de mourir, mais cela ne suffit pas à compenser la faiblesse de la seconde partie. Reste ce qui fait la force du roman : une invitation à vivre.

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La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :

Dominique A « Rendez nous la lumière » de l’album « Vers les lueurs »

Pour découvrir les premières planches de l’album :

Editions Delcourt

Le point de vue de la presse spécialisée

bdgest.com

actualitte.com/critiques-bd

sceneario.com/bd

La bande annonce du film de Patrice Leconte sortie en salle mercredi 26 sept 2012 :