Bien sûr, vous auriez préféré rester un peu plus les doigts de pieds en éventail sur une plage abandonnée mais la réalité est toute autre et il vous a fallu ce matin rejoindre l’école, le bureau ou l’usine la plus proche. Alors pour vous tous et toutes, voici une petite sélection de mangas qui pourrait vous aider à digérer le retour à la vraie vie…
On commence avec une réédition particulièrement attendue en cette rentrée, celle de Remina, un manga horrifique imaginé par l’un des maîtres du genre, Fauve d’honneur lors du dernier festival d’Angoulême, je veux bien évidemment parler du sieur Junji Ito. Paru au Japon en 2005 et initialement publié en France chez Tonkam en 2008, le voici disponible en version intégrale prestige chez Delcourt / Tonkam, l’occasion rêvée de se replonger dans cette histoire de planète soudainement apparue dans l’espace, la fameuse Remina du nom de la fille du scientifique qui l’a observée la première fois, et qui va plonger l’univers dans un chaos indescriptible. L’occasion aussi de savourer pleinement les atmosphères incroyablement tendues et le trait précis, dynamique et expressif du Mangaka. Époustouflant ! (Remina, de Junji Ito. Delcourt / Tonkam. 19,99€)
Une autre réédition toute aussi incontournable, celle de Biomega avec un deuxième volume en version Deluxe grand format tout juste sorti de l’imprimerie. 400 nouvelles pages à couper le souffle, avec ce graphisme si singulier du mangaka Tsutomu Nihei, un immense fan, et ça se sent, du créateur des décors et monstres d’Alien, HR Giger. L’homme s’est fait connaître au Japon et en Europe avec des récits SF sombres, désespérés, violents, oppressants, organiques, reconnaissables entre tous. Après Abara et Blame 0, c’est donc au tour de Biomega de bénéficier d’une réédition Deluxe, de quoi profiter pleinement du génie de Nihei et de se téléporter en 3005, carrément, pour une histoire mêlant exploration spatiale et contamination virale. Le poids des mots, le choc des images. Divin ! (Biomega deluxe tome 2, de Tsutomu Nihei. Glénat. 14,95€)
Mai 2045. Bienvenue à Osaka ou du moins ce qu’il en reste dans l’ancien Japon. C’est là que vit et travaille Naoki, au milieu des ruines, avec la désolation pour horizon comme il dit. Depuis l’apocalypse qui a ravagé la Terre il y a maintenant une dizaine d’années, les survivants se disputent les restes du monde, lui participe à la reconstruction de son pays en fouillant les gravats à la recherche du patrimoine technologique d’avant, telle que cette salle de serveurs qu’il vient d’exhumer. Mais depuis quelques temps, Naomi entend des voix qui l’exhortent à sauver la jeune Hinako considérée comme l’espoir de l’humanité… Sorti en juin, Great Trailers est un récit SF à la Mad Max teinté d’Akira, noir et violent, dans un décor urbain post-apocalyptique angoissant. Pour les amoureux de combats et de mecha-designs ! (Great Trailers tome 1, de Akira Miyagawa. Casterman. 8,45€)
Fans de One Piece, en attendant la livraison du 105e volet prévu pour le 30 septembre prochain, les éditions Glénat vous ont concocté un nouveau numéro du One Pièce Magazine, bien évidemment consacré à la série culte de Eiichiro Oda. Au sommaire de ce numéro 12 : un dossier consacré aux trois frères, Ace, Sabo et Luffy, mais aussi des interviews, un manga, des recettes de cuisine, des illustrations inédites, des chroniques, un roman… Bref, de quoi patienter ! (One Pièce Magazine n°12. Glénat. 19,90€)
Il s’est fait connaître de ce côté-ci de la planète avec Search and destroy, Soil, Deathco, ou encore Wet Moon, il est de retour avec Evol dont le troisième volet vient de paraître aux éditions Delcourt / Tonkam, un voyage sans retour dans un monde en déliquescence, qui pourrait être le nôtre finalement, où l’héroïsme et les pouvoirs qui vont avec sont un don héréditaire et où les héros sont au service de la justice, enfin de celui qui a parlé le plus fort, en général le plus véreux. L’avenir serait ainsi scellé dès la naissance de chaque être. Sauf pour Nozomi, Sakura et Akari, deux jeunes filles et un garçon ordinaires qui après une tentative de suicide se retrouvent eux-aussi dotés de supers-pouvoirs. De quoi combattre ce monde qu’ils ne supportent plus. Publié dans un grand format sous couverture rigide et avec jaquette, Evol est un manga d’une noirceur sans pareille dans lequel transparaissent à chaque page le mal-être des adolescents et la violence de notre monde. Influencé par le punk, le cinéma et la bande dessinée américaine, Atsushi Kaneko exprime dans ces superbes pages toute sa colère, sa révolte, avec un trait qui n’est pas sans nous rappeler celui de Frank Miller. (Evol tome 3, d’Atsushi Kaneko. Delcourt / Tonkam. 19,99€)
L’adaptation manga de l’anime Neon Genesis Evangelion poursuit sa route dans une nouvelle édition en grand format, l’occasion de se replonger dans cette œuvre mythique qui marqua le monde de l’animation japonaise dans les années 90. En 2000, un astéroïde géant s’abat sur le pôle sud. Entre la montée du niveau des eaux, les crashs économiques, les guerres civiles… la moitié de la population humaine finit par disparaitre. Quinze ans plus tard, de mystérieux anges destructeurs font leur apparition. Pour les combattre : une seule solution, les Evangelion, de gigantesques machines de guerre anthropoïdes. Pour les amoureux des robots géants ! (Neon Genesis Evangelion, tome 6, de Yoshiyuki Sadamoto. Glénat. 14,95€)
Le premier volet est sorti en juin, le second est annoncé pour septembre, Romantic Killer est un manga tout en couleurs, c’est suffisamment rare pour le signaler, qui met en scène une jeune fille loin d’être romantique, seulement obnubilée par ses jeux vidéo, ses chocolats et son chat. Jusqu’au jour où un magicien lui confisque tout ça pour une question de natalité au Japon ou quelque chose comme ça et lui offre une vie entourée de « beaux gosses comme dans les mangas ». Un rêve ? Un cauchemar pour la jeune fille qui croit perdre là sa raison de vivre. Mais résistera-t-elle longtemps à l’amour ? C’est toute la question de cette série fraîche, colorée et drôle adaptée en série d’animation diffusée sur Netflix et toujours disponible. (Romantic Killer tome 1, de Wataru Momose. Soleil Manga, 15,99€)
C’est une histoire d’épicier. Mais d’épicier épicé. Du genre qui ne vend pas que des légumes. Taro Sakamoto, c’est son nom, a beau avoir un léger embonpoint, une moustache à la papa, des lunettes de myope, il est à lui seul un mythe, une légende, un ex-tueur admiré de tous ces congénères, craint par tous les gangsters. Oui, Sakamoto l’épicier avait le flingue facile avant de raccrocher, de se marier, d’avoir un enfant et de s’installer comme épicier. Une vie pépère jusqu’au jour où le jeune assassin télépathe Sin débarque dans la supérette. Vous voulez de l’action ? Alors vous en aurez, Sakamoto Days est un concentré d’énergie au rythme de parution effréné. Le tome 9 est sorti en juillet, le 10 devrait paraître en septembre. (Sakamoto Days tome 9, de Yuto Suzuki. Glénat. 6,99€)
C’est un peu Le Club des cinq mais sans le chien Dagobert et en version horreur. Trois garçons et une fille, tous issus du même collège décident pour leurs vacances de partir à la recherche d’Ayano Hirakawa, une de leurs camarades disparue depuis deux ans au bord de la rivière qui traverse son quartier. Ni les battues, ni l’enquête, n’ont permis jusqu’ici de la retrouver. A-t-elle fuguée ? A-t-elle été enlevée ? Personne ne peut le dire et les rumeurs les plus folles ont circulé. Mais cette fois, la bande de gamins croit savoir où elle est, ce qui semble ne pas plaire à certains… Un premier volet plein de promesses signé par Hôsui Yamazaki qui s’est déjà fait remarqué dans le manga d’horreur avec Kurogasi – Livraisons de cadavres publié à partir de 2006 aux éditions Pika. Une histoire bien ficelée, un dessin élégant et des frissons assurés ! (Chasse aux cadavres tome 1, de Hôsui Yamazaki. Casterman. 8,45€)
Un peu de fraîcheur et même de grand froid avec Kaioh Dante dont le premier volet est sorti en juillet, une série qui nous embarque pour l’océan arctique pas loin des terres de glace en 1765. Là, un navire de la marine britannique est bloqué depuis des jours et des jours par la banquise et le blizzard. Les réserves s’amenuisent, le capitaine s’inquiète, pourra-t-il planter son drapeau au pôle nord avant les autres et ainsi affirmer la suprématie de l’empire britannique ? Lorsque soudain sorti de nulle part approche un enfant. Son nom : Dante. Dans sa musette un livre de cartes incroyables de précision et des pouvoirs magiques qui changeront peut-être le cours des choses… Ryouji Minagawa au dessin et Fukuro Izumi au scénario livrent ici un grand récit d’aventure au coeur d’un 18e siècle ô combien riche en explorations et découvertes de nouvelles terres. Un deuxième tome est annoncé pour septembre. (Kaioh Dante tome 1, de Ryouji Minagawa et Fukuro Izumi. Vega Dupuis. 8,35€)
Bienvenue en enfer ou presque ! Depuis 100 ans, la Terre est plongée dans le noir à cause d’un épais nuage. La plupart des végétaux a disparu et l’humanité place ses derniers espoirs dans la transfloraison, une technique qui consiste à transformer un être humain en plante, comblant ainsi le manque de végétaux. Héros de ce récit vivant dans une grande pauvreté, Toshiro décide de franchir le pas et de subir l’opération nécessaire à sa transformation en plante… Un récit d’anticipation original aux belles ambiances sombres. (Fool Night tome 5, de Kasumi Yasuda. Glénat. 7,90€)
Vous avez adoré Chi une vie de chat de Konami Kanata, un énorme carton en 12 volumes publiés entre 2010 et 2015, alors vous devriez aimer Nights with a cat qui reprend un peu la formule magique du jeune chat débarquant dans un foyer, en l’occurrence ici celui de Futa et de sa petite sœur. À la différence près qu’ici, ce n’est pas le chat qui découvre la vie des humains mais les humains qui découvrent la vie de chat. Sa toilette, ses pupilles, ses oreilles, son sommeil… Futa décortique la bestiole et scrute ses habitudes tentant d’en apprendre un peu plus sur lui à chaque page. Le tout avec un peu d’humour et des couleurs ! (Nights with a cat tome 2, de Kyuryu Z. Glénat. 10,95€)
Et de 13 pour la série de Rumiko Takahashi, Grand prix 2019 du Festival international de la BD d’Angoulême. Je rassure tout de suite ceux qui auraient développé une petite allergie à l’histoire avec un grand H durant leur cursus scolaire, Mao ne retrace pas la vie du fameux chef d’état chinois Mao Zedong, non, Mao est ici un chasseur de yôkai, ces petites créatures surnaturelles qui hantent la mythologie japonaise. Et Mao a une mission : aider Nanoka Kiba, une jeune gamine du XXIe siècle qui a perdu ses parents dans un accident et qui a été projetée un siècle plus tôt à lever le mystère sur sa véritable nature… (Mao tome 13, de Rumiko Takahashi. Glénat. 6,90€)
Une histoire d’amour pour finir. D’un côté, Subaru Miyazawa. De l’autre, Togo Amase. Le premier est designer, paralysé des membres inférieurs depuis sa naissance. Le second est photographe spécialisé dans l’astrophotographie. Ils se rencontrent à l’occasion d’un spectacle au planétarium de leur ville sur lequel tous deux ont travaillé. Ensemble, ils décident d’aller voir les étoiles du monde entier… Un premier boy’s love (romance entre hommes) pour la collection Moon Light des éditions Delcourt. (Après avoir regardé le ciel étoilé, de Bisco Kida. Moon Light Manga / Delcourt. 8,50€)
Eric Guillaud