Le saviez vous ? Le bleu est une couleur chaude, celui de l’amour entre une adolescente et une jeune femme. Sous le titre La vie d’Adèle chapitre 1 & 2 (Blue is the warmest colour), cette BD remarquée de Julie Maroh a été adaptée au cinéma par Abdellatif Kechiche, avec Adèle Exarchopoulos et Léa Seydoux dans les rôles principaux. Le film se retrouve en sélection officielle au Festival de Cannes 2013. Salué par la critique, il est en bonne place dans la course à la palme d’or.
« – Quand tu tomberas amoureuse, ce mec sera le plus chanceux de toute la terre. – Comment as tu pu me dire ça, Emma ? Ce mec, c’est toi. »
C’est une première oeuvre réussie que nous livre là Julie Maroh. Un roman graphique sensible sur l’homosexualité. Comme souvent après l’échange d’un premier regard, Clémentine, lycéenne de 15 ans, tombe amoureuse d’une fille différente, Emma 30 ans. Les Anglais utilisent l’expression poétique « out of the blue » pour décrire des moments de grâce comme celui-ci. D’ailleurs, coïncidence ou non, Emma a les cheveux bleus (clin d’oeil peut-être aussi à Bilal et son héroïne Jill Bioskop, elle aussi à la chevelure couleur bleu intense, dans la trilogie Nikopol Froid Equateur). Emma va faire découvrir à Clémentine toutes les facettes du désir.
Dans la version cinéma du réalisateur Abdellatif Kechiche (L’esquive, La Graine et le Mulet), Clémentine devient Adèle, du nom de son interprète principale Adèle Exarchopoulos. Cette native de la région parisienne a grandi à Clichy (92). Pas encore connue, Cannes la découvre et lui rêve déjà un prix au palmarès 2013. Elle partage l’affiche avec l’actrice reconnue Léa Seydoux. Selon le cinéaste, le film est « une très libre adaptation de la BD » :
« Je n’avais rien à dire de militant sur l’homosexualité. Je ne cherchais pas à la définir et durant toute la fabrication du film je ne me suis jamais posé la question : « ah oui, ce sont deux femmes… ». J’avais plus le sentiment de traiter, de raconter l’histoire d’un couple, du couple. La problématique de l’homosexualité, je ne voyais pas pour quelles raisons je l’aborderai spécialement, car la meilleure façon, si je devais avoir un discours sur ce sujet, ce serait de ne pas en avoir, de filmer cela comme n’importe quelle histoire d’amour, avec toute la beauté que cela comprend. »
Le film est en lice pour la 66ème palme d’or à Cannes.
Pour en revenir au graphisme de l’oeuvre initiale, les traits du visage, comme celui des corps à corps, sont dessinés avec une grande finesse. Ils illustrent parfaitement les sentiments contrastés propres à l’adolescence et à la découverte de son homosexualité. Le récit tend vers l’aquarelle au fur et à mesure que la jeune héroïne doit faire face à l’homophobie de certains lycéens et à l’hostilité de ses parents. Cet album a reçu la récompense la plus forte du festival d’Angoulême en 2011 : le Grand Prix du Public.
Une oeuvre forte sur une histoire d’amour absolue entre deux femmes, à lire ou relire en attendant la sortie du film le 9 octobre 2013.
Deux premiers extraits du film :
La BO à se mettre entre les oreilles pour prolonger le plaisir de cette BD :
Baby can I hold you par Tracy Chapman
Le site de Julie Maroh
Pour lire les premières planches : Glénat
Le point de vue le presse spécialisée : BDgest