Venise, Alexandrie, Zanzibar, Mombasa, Équatoria… cette nouvelle aventure de Corto Maltese nous embarque dans un voyage à travers le monde entre mythe et réalité…
Les amoureux du Corto de la première heure se souviennent – forcément – du mythique et très poétique Fable de Venise, album publié en 1981 et signé de la plume et du pinceau du maître, le grand Hugo Pratt.
C’est dans la Cité des Doges que nous retrouvons autourd’hui notre aventurier au long cours, à la recherche cette fois, non pas de la clavicule de Salomon, mais d’un autre trésor, un miroir magique qui aurait permis à un roi, dit-on, d’y observer n’importe quelle partie de son royaume. Corto Maltese n’oubliant pas de préciser à la belle Aïda, qui l’accompagne dans les rues de Venise et le questionne sur les raisons de sa présence ici, que personne n’a jamais vu ce roi et que personne ne sait précisément où se situe le fameux royaume. Et que bien évidemment, il allait tout faire pour le retrouver.
Bref, l’affaire ne s’annonce pas simple. Mais ce n’est jamais simple avec Corto. Ses aventures sont romantiques, poétiques, fantastiques, ésotériques, métaphysiques, énigmatiques, mythiques… mais jamais simples ! Et c’est ce qui fait finalement le charme de la série reprise il y a deux ans maintenant par le tandem Canales / Rubén, deux auteurs passionnés par l’univers prattien. Et ça se sent !
On peut imaginer toute la difficulté de reprendre une série aussi mythique. Le danger des comparaisons avec le maître, le souci de garder la ligne tout en apportant sa griffe, la lourde responsabilité de transmettre un univers aux générations suivantes… sont autant de pressions qui s’accordent guère avec la création.
Les puristes intégristes crient bien évidemment au scandale, les autres se réjouissent de retrouver ce personnage hors pair qui appartient aujourd’hui à l’immaginaire collectif, une légende, une icône, un dieu.
Bien sûr, ce n’est plus tout à fait la même chose, Il manque certainement un quelque chose de je ne sais quoi, un parfum, un goût, une odeur, une impression, une sensation, une subtilité… qui rendait peut-être notre marin libertaire plus humain qu’il ne l’était vraiment. Mais le trait de Pellejero est vraiment très agréable, Corto n’a pas changé d’une boucle d’oreille, enfin, le voyage, la découverte de cultures et de traditions différentes, la poésie… sont toujours à la base des aventures de Corto.
Corto serait-il devenu un héros de papier comme les autres ? « je ne vois aucun intérêt à devenir un héros de papier! »; lui font dire avec un trait d’humour Juan DÍaz Canales et Rubén Pellejero. « Pauvre Corto, comme si on pouvait choisir », répond Aïda !
Eric Guillaud
Équatoria, Corto Maltese, de Juan DÍaz Canales et Rubén Pellejero. Éditions Casterman. 18€