11 Fév

Le célèbre mangaka Jirô Taniguchi est mort

©PHOTOPQR/LE PARISIEN ; FESTIVAL INTERNATIONAL DE LA BANDE DESSINEE VAISSEAU MOEBIUS UNE GRANDE EXPOSITION RETRACANT L OEUVRE DU DESSINATEUR JAPONAIS Jir? TANIGUCHI FAIT LE PLEIN A LA CITE DE LA B.D. LE MANGAKA A VISITE LES LIEUX EN COMPAGNIE DU MAIRE DE LA VILLE XAVIER BONNEFONT (JEUNE BRUN MANTEAU NOIR) ET DU COMMISSAIRE DE L EXPOSITION NICOLAS FINET (CHAUVE). (SA TRADUCTRICE AVEC ECHARPE ROUGE) (MaxPPP TagID: maxpeopleworld854401.jpg) [Photo via MaxPPP]

© MaxPPP / Jean-Baptiste Quentin – janvier 2015

C’est l’un des auteurs de mangas les plus connus et les plus appréciés en Europe. L’homme qui marche, Le Journal de mon père, Quartier lointain, Enemigo, Furari, Au temps de Botchan, Le Gourmet solitaire, Sky Hawk ou encore Les Années douces, Jirô Taniguchi a élaboré une oeuvre personnelle, sensible, humaniste, influencée par la bande dessinée européenne.

Aucun genre du neuvième art ne lui était indifférent, baladant sa plume et son crayon avec le même talent du côté du western, de la saga animalière, du carnet de voyage, du récit intimiste, de l’adaptation littéraire ou autobiographique. Une oeuvre abondante qu’on ne se lassait pas de découvrir de ce côté-ci de la planète. Chaque parution était un petit moment de bonheur, d’excitation et de récréation.

En janvier 2015, le Festival international de la bande dessinée d’Angoulême lui avait consacré une exposition de grande ampleur revenant sur quarante ans de création. L’artiste était venu pour l’occasion en France, invité exceptionnel du festival.

Les éditions Casterman qui ont largement contribué à faire connaître son oeuvre en Europe ont annoncé la triste nouvelle sur leur compte Facebook parlant d’un artiste « profondément bienveillant et doux ».

Et de préciser : « Si l’humanisme qui traverse toute son œuvre est familier de ses lecteurs, on connaît beaucoup moins l’homme, d’un naturel réservé et plus enclin à laisser ses récits parler à sa place. Le regard de Jirô Taniguchi s’illuminait dès lors que la conversation portait sur la bande dessinée. C’est l’un des rares sujets qui le voyait, lui d’ordinaire discret et peu prolixe, s’éveiller avec fougue et passion. Il aimait à témoigner de sa vive admiration à l’égard des auteurs occidentaux qu’il considérait comme des maîtres, et s’empressait de partager des anecdotes savoureuses sur les circonstances dans lesquelles il avait découvert leur travail. Il nourrissait également un intérêt profond pour les formes les plus récentes du neuvième art, toujours avide de voir où la bande dessinée allait, curieux de voir éclore de nouveaux talents. »

Eric Guillaud

Jean Doux et le mystère de la disquette molle : un récit de Philippe Vallette solidement déjanté

jeanDouxEtLeMystereDeLaDisquetteMolle« Je ne vais pas tortiller du cul pour chier droit », comme dirait l’un des personnages de l’album, « Jean Doux et le mystère de la disquette molle » est une tuerie de rigolade, une aventure au fin fond du grand n’importe quoi mais sacrément bien foutue quand même…

Il faut dire que Philipe Valette, son auteur, a déjà de la bouteille dans ce genre d’histoire. En 2013, honte à lui, il comettait Georges Clooney une histoire vrai, un album débile avec plein de fautes d’orthographe « légèrement scatologique, lourdement comique », écrivais-je à l’époque. Et je maintiens mes propos même sous la torture d’un deuxième album.

Rien de vraiment scatologique cette fois, même si’l y a quelques restes à droite ou à gauche, mais du lourdement comique assurément. A commencer par le titre et l’objet central de l’aventure, une disquette molle de 1976. Pour ceux qui ne seraient pas encore très loin des couches culottes et des aventures de Mireille L’abeille, les disquettes molles ou souples servaient à stocker et transporter des données d’un ordinateur à l’autre. L’ancêtre des clés USB mais avec beaucoup beaucoup beaucoup moins de capacité de stockage. Toute une époque !

Mais revenons à notre sujet, Jean Doux et le mystère de la disquette molle nous propulse au coeur d’une entreprise des années 90, Privatek, spécialisée dans les broyeuses à papier. Jean Doux, cadre pas vraiment dynamique, découvre un beau jour dans un faux plafond, un attaché-case contenant une disquette molle qui va l’entrainer, lui et deux de ses collègues, dans une aventure incroyable, un parcours à la Indiana Jones, sans Indiana Jones, et sans l’Arche d’alliance, mais avec un Jean Doux hallucinant autant qu’halluciné et une broyeuse de niveau 12, summum de la technologie dont on aurait voulu cacher l’invention pour je ne sais quelle raison obscure. Je me renseigne et reviens vers vous, comme dirait tout bon Responsable des Ressources Humaines.

En attendant – vous pouvez attendre longtemps! – jetez-vous à plat ventre sur ce copieux album de 250 pages en couleurs, oui oui, avec une impression recto verso, dingue non?,  un dessin façon 2D sans traits avec grands aplats, et de la dérision à foison. Un album pour ne plus jamais broyer du noir !

Eric Guillaud

Jean Doux et le mystère de la disquette molle, de Philippe Valette. Éditions Delcourt. 29,95€

04 Fév

Rose : Premier volet d’un thriller ensorcelant de Vernay, Alibert et Lapière

B0pRBAtnxsOVSkFuURgorEa1cxfz9PIB-couv-1200Sortir de son corps, être le spectateur de sa propre vie, traverser les murs, être transparent. Rose à cette sensation, que dis-je ce pouvoir depuis toujours. Elle s’infiltre dans les appartements pour regarder les gens vivre, s’invite au coeur des discussions pour surprendre les échanges intimes…

Ce qu’elle croyait être une maladie quand elle était toute petite devient une force en grandissant. Et lorsqu’elle va devoir enquêter sur la mort mystérieuse de son père, tué d’une balle dans la tête, alors ce pouvoir deviendra une bénédiction.

Rien ne prédestinait Rose à devenir détective. Elle travaillait jusqu’ici dans un musée. Mais les circonstances vont la pousser à reprendre l’affaire de son père. Premier boulot, se rendre chez lui pour y trouver peut-être un indice, une trace de son meurtrier.

Elle ne trouvera rien de tout ça mais croisera trois fantômes, des vrais, qui hantent la maison depuis 18 ans et qui aimeraient bien aller prendre l’air…

Denis Lapière, éminent scénariste, Emilie Alibert, directrice d’écriture de Plus Belle la vie, et Valérie Vernay, qui a signé les couleurs de plusieurs séries comme Harmony ou Millénium, livrent un récit fantastique surprenant par son scénario et son approche graphique. Un thriller qui pourrait vous faire aimer les fantômes !

Eric Guillaud

Rose (tome 1/3), de Vernay, Lapière et Alibert. Éditions Dupuis. 12€

© Dupuis / Vernay, Alibert & Lapière

© Dupuis / Vernay, Alibert & Lapière

01 Fév

Irena : l’histoire en trois tomes de la Juste parmi les nations, militante et résistante polonaise, Irena Sendlerowa

9782344013632Premier constat, le dessin tranche singulièrement avec le propos. S’il n’y avait pas ce titre en couverture, Le Ghetto, on pourrait s’attendre à une bande dessinée humoristique, ou du moins semi-réaliste, comme en dessine habituellement Evrad, aka E411. Mais Irena n’est pas une bande dessinée humoristique, il suffit d’entreprendre sa lecture pour comprendre qu’elle nous entraîne, assez brutalement d’ailleurs, dans la tragédie de l’holocauste…

Un monde de misère où seuls les rêves des enfants sont encore en couleurs. Bienvenue dans le ghetto de Varsovie ! Irena est attendue impatiemment. Avec sa petite estafette, elle apporte de quoi manger et s’habiller aux familles juives, de quoi supporter encore un peu l’ignominie de la situation. Jusqu’au jour où une jeune femme sur le point de mourir confie son enfant à Irena. Que doit-elle faire ? Le faire sortir clandestinement ? Le temps de se poser la question, le gamin est abattu par un officier allemand. Pour Irena, c’est le choc, elle décide ce jour-là de sauver le plus d’enfants juifs possibles.

Et elle en sauvera 2500. Elle, c’est Irena Sendlerowa, une résistante, une vraie, déclarée Juste parmi les nations en 1965 et décédée en 2008. Malgré ses actes de bravoure et d’amour, les livres d’histoire n’ont pas gardé, semble-t-il, sa mémoire. C’est en tombant par hasard sur un article qui lui est consacré que Jean-David Morvan décide de raconter sa vie. Trois tomes sont prévus avec Séverine Tréfouël au scénario, David Evrad au dessin et Walter aux couleurs. Trois tomes qui permettront de raconter « l’histoire d’une femme ordinaire qui réalisa quelque chose d’extraordinaire ». Un album à mettre bien évidemment entre toutes les mains et notamment celles des enfants !

Eric Guillaud

Le Ghetto, Irena (tome 1/3), de Morvan, Evrard, Tréfouël et Walter. Éditions Glénat. 14,95 €

© Glénat / Morvan, Evrard, Tréfouël et Walter

© Glénat / Morvan, Evrard, Tréfouël et Walter