29 Jan

Législatives partielles : la théorie du test

Photo MaxPPP/MBoyer

Photo MaxPPP/MBoyer

Val d’Oise, Territoire de Belfort, Loiret, Mayotte, Réunion et…Haute-Garonne. « Les partis d’opposition face au test des législatives partielles » titre ce vendredi matin Le Figaro, « un test pour l’exécutif » embraie Le Monde. Mais que représentent finalement quelques scrutins à l’échelle de la majorité écrasante de LREM à l’Assemblée ? Une goutte d’eau dans une mer d’huile électorale. Voilà bien longtemps que plus personne ne sent le vent. Présidentielle et Législatives l’ont bien prouvées. Pour gagner, l’heure n’est plus aux prévisions mais à l’alignement des planètes.

Revers et symbole »

Comme souvent oubliées, les sénatoriales de septembre dernier ont toutefois laissé des traces dans l’état-major de La République En Marche. Le mouvement macroniste ne pensait pas obtenir aussi peu d’élus. A scrutin différent, résultat différent. La vague « En Marche » s’est finalement ensablée face aux grands électeurs et au maintien des partis du « vieux monde » des jardins du Luxembourg.

En quoi l’élection partielle du Comminges, notamment, peut-elle donc être un test ? Sans doute, vaudra-t-elle pour savoir si le symbole du dernier bastion socialiste en Haute-Garonne tient encore ou pas. Elle prouvera, quoi qu’il arrive que la gauche, au sein de laquelle le PS n’est plus majoritaire, est plus que jamais divisée. Elle rappellera aussi que les éternels outsiders, FN et FI, gagnent encore du terrain et peuvent jouer les invités du second tour. Quant à la droite traditionnelle, elle fera acte de présence.

En campagne mais pour qui ? »

D’ici mars, cette partielle commingeoise devrait toutefois s’animer. Des têtes d’affiche y feront le déplacement comme dans les autres circonscriptions de France où élection il y aura. Les deux finalistes du scrutin annulé et leurs adversaires ont déjà repris leurs bâtons de pèlerins, non loin de Saint-Bertrand de Comminges. Iront-ils foulé, en campagne, le tapis rouge du festival de Luchon ? Une victoire est toujours bonne à prendre, un siège de député encore plus.

Seulement, les citoyens ont-ils la tête à voter ? Ils devraient toujours l’avoir me direz-vous… Mais la séquence électorale du printemps a été une fois encore celle qui a mis en avant les abstentionnistes, au pire totalement désintéressés, au mieux en plein doutes. Si cette forte abstention était à nouveau au rendez-vous, la théorie du « test » ferait flop. Et la victoire électorale serait une nouvelle fois attribuée à un bon alignement de planètes plus qu’à la volonté du peuple.

Patrick Noviello (@patnoviello)

26 Jan

Ces socialistes qui militent aussi à Génération-s ou à En Marche !

Des adhérents du PS ont un pied dans le parti et un autre dans le Mouvement de Benoit Hamon ou…d’Emmanuel Macron. Mais le parti socialiste est incapable de chiffrer l’ampleur de ces doubles appartenances.

Benoît Hamon lors du lancement de son mouvement (Photo : AFP)

Benoît Hamon lors du lancement de son mouvement (Photo : AFP)

C’est un chiffre confidentiel. Le nombre d’adhérents du PS est, comme dans tous les autres partis, un secret bien gardé. Les socialistes revendiquent la transparence. Mais il existe toujours une querelle, ou du moins un doute, entre les chiffres officiels et la réalité des faits. Le dernier épisode en date remonte à une enquête du quotidien Le Parisien et qui livre un chiffrage de moins de 20 000 de militants actifs.

Mais il existe une comptabilité toute aussi problématique. C’est le nombre d’adhérents qui ont deux cartes dans le portefeuille : celle du PS et celle d’un autre Mouvement. Le lancement de Génération-s de Benoit Hamon donne une nouvelle actualité à un phénomène…récent. Le parti socialiste a toujours admis le système de la double appartenance entre le parti et les fameux « courants ». Mais le cumul entre le PS et un mouvement est nouveau. Le patron de la Fédération de la Haute-Garonne estime qu’il est impossible d’avoir « un pied dedans et un pied dehors » et appelle les « camarades » concernés à clarifier leur situation. L’appel de Sébastien Vincini a été entendu. Son ancien numéro 2, Christophe Lubac, a choisi Génération-s.

En revanche, des membres du mouvement de Benoît Hamon restent au PS. C’est notamment le cas de la conseillère municipale de Toulouse, Isabelle Hardy.

Dans une autre fédération PS d’Occitanie, c’est le même phénomène. Cela ne choque un cadre de la fédération : « Hamon vient de chez nous et il n’a pas la rage ». S’agissant de l’ampleur du phénomène, c’est le flou qui règne. « Je suis incapable de dire combien ils sont et même qui ils sont. Un adhérent peut parfaitement venir à nos réunions sans indiquer qu’il est membre d’un autre mouvement ».

Plus surprenant, des militants PS sont également membres d’En Marche. Comme chez Benoît Hamon, un « clic » suffit pour adhérer.

Un cadre socialiste, qui préfère conserver l’anonymat, précise : « je sais que des adhérents sont en marche et chez nous. Je connais au moins un nom. Si on ne reçoit pas une lettre officialisant le départ, la personne est toujours adhérente au PS. Il n’est pas possible de les mettre dehors et ils ont 2 ans pour se mettre à jour de cotisation. Pour voter, il suffit d’avoir en face de son nom dans la liste d’émargement le versement de sa cotisation. Et c’est possible de régulariser jusqu’à la dernière minute en glissant dans l’urne un bulletin et en faisant un chèque« .

Pour un socialiste, cette souplesse présente un risque d’entrisme : « un adhérent d’En Marche peut assister à nos réunions et prendre des infos ». Mais il existe un certain fatalisme : « pour le moment, il est impossible de réagir. Après les défaites à la présidentielle et notre petit 6% et après la raclée des législatives, il nous reste une poignée de députés, nous sommes trop faibles pour exclure des adhérents. On verra plus tard ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

25 Jan

L’ex-députée (LR) de la Haute-Garonne, Laurence Arribagé, évincée des instances nationales de son parti

Info France 3 Occitanie. Les Républicains doivent adopter la composition de leur nouvelle Commission Nationale d’Investiture (CNI). La présidente de LR31, Laurence Arribagé, n’est pas dans la liste.

Laurence Arribagé, présidente de LR31. Photo : MaxPPP

Laurence Arribagé, présidente de LR31. Photo : MaxPPP

Samedi 27 janvier, le bureau national des Républicains va valider la nouvelle composition de sa CNI. Selon nos informations, la présidente de LR31 ne figure pas dans la liste des membres. Laurence Arribagé ne siégera pas dans la commission qui attribue les investitures électorales. La CNI est une instance hautement stratégique dans la vie du parti mais aussi pour ses membres. La sélection des candidats aux élections conditionne la réussite politique des Les Républicains. Mais, pour un membre de la CNI, la CNI est un levier pour asseoir une autorité politique et assure un leadership. C’est un « bâton de Maréchal » permettant de jouer les « faiseurs de Roi ».

S’agissant d’une présidente de Fédération, un siège à la CNI est donc un véritable atout. Selon nos informations, Laurence Arribagé, était candidate. Mais Laurent Wauquiez lui a barré la route.

Selon l’entourage du président de LR, Laurence Arribagé paye son échec aux dernières législatives sur une circonscription qualifiée d’imperdable. Un parlementaire, proche de Laurent Wauquiez explique, également, le passage à la trappe de l’ex-députée par un problème de méthode et de comportement. Laurence Arribagé aurait considéré son intégration comme un droit et un tremplin vers les Européennes de 2019.

Dernière explication : des relations pas vraiment bonnes avec Laurent Wauquiez. Un seul fait résume le manque de confiance qui règne. Pour l’investiture d’un candidat dans la « partielle » de mars prochain dans le Comminges, le casting a été piloté directement par l’entourage de Laurent Wauquiez, sans passer par les instances fédérales présidées par Laurence Arribagé.

A noter que la taille de la CNI est réduite. Elle passe de 80 à 50 membres et que la parité est respectée. La taille de la commission est conforme à la pratique du temps de l’UMP, dans les années 2007-2008.

Laurent Dubois (@laurentdub)

24 Jan

L’ex-députée (LR), Laurence Arribagé reboostée par Nicolas Sarkozy

Nicolas Sarkozy a déjeuné avec une quinzaine d’élus dont l’ex-députée de la Haute-Garonne, Laurence Arribagé.

Nicolas Sarkozy et Laurence Arribagé. Photo : Facebook/LArribagé

Nicolas Sarkozy et Laurence Arribagé. Photo : Facebook/LArribagé

Ce mardi 23 janvier, Nicolas Sarkozy a rencontré des élus locaux et des parlementaires de sa famille politique. Le rendez-vous s’est déroulé dans un restaurant parisien du VIIe arrondissement, L’Envue. En bonne place, à côté de Nicolas Sarkozy, se trouvait la présidente de LR en Haute-Garonne. Laurence Arribagé est ressortie d’une 1 heure 30 d’échanges remotivée :

Nicolas Sarkozy a une énergie communicative. On est rentré reboosté. Autour de la table, nous étions plusieurs à avoir perdu des élections et il nous a dit qu’une défaite ce n’est rien. Avec de la volonté on obtient toujours ce que l’on veut.

Au delà d’une leçon de volontarisme, Laurence Arribagé retient un autre enseignement de son déjeuner avec Nicolas Sarkozy : le rassemblement et le fait de « chasser en meute ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

23 Jan

Défilé de ministres et de personnalités nationales pour la législative partielle en Haute-Garonne

Les législatives partielles sur la 8ème circonscription de la Haute-Garonne se transforment en tribune nationale. Trois ministres et des personnalités comme Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon sont attendues.

Christophe Castaner. Secrétaire d'Etat chargé des Relations avec le Parlement. Photo : MaxPPP/EMalot

Christophe Castaner. Secrétaire d’Etat chargé des Relations avec le Parlement. Photo : MaxPPP/EMalot

La campagne semble morne. Un « tir-croisé » sur l’avenir du tribunal de Saint-Gaudens, une conférence de presse et des publications sur les réseaux sociaux. C’est le bilan pour le moment et il n’est pas très brillant. L’élection d’un nouveau député dans le Comminges ne brille pas vraiment par son dynamisme. Dans les rangs d’En Marche, cette léthargie commence à inquiéter. Mais le rythme doit s’accélérer.

Du côté du candidat En Marche, Michel Montsarrat, trois ministres vont faire le déplacement. Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, va ouvrir le bal le 31 janvier prochain. Le ministre de la Cohésion des Territoires, Jacques Mézard, est ensuite annoncé. Le patron d’En Marche ! et secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Christophe Castaner, clôturera, début mars, la campagne.

Du côté de la France Insoumise, pas de certitude sur la venue de Jean-Luc Mélenchon. Mais l’hypothèse d’un déplacement est dans les tuyaux. Comme le précise  Manuel Bompard, « c’est à l’étude ».

En revanche du côté du Front National, deux personnalités nationales sont programmées. L’avocat et député du Gard, Gilbert Collard, sera dans le Comminges ce dimanche 28 janvier. Le numéro 2 du Front National, Louis Aliot, viendra soutenir la candidate FN, Marie-Christine Parolin. Le secrétaire départemental du FN31, Julien Leonardelli, évoque également une possible visite de Marine Le Pen mais « l’agenda est compliqué ».

Quant au candidat du Parti Socialiste, le sortant Joël Aviragnet, il n’est pour l’instant pas d’actualité de voir « descendre » des personnalités nationales. Il faut dire que le PS est en pleine campagne interne pour se choisir un nouveau premier secrétaire. Mais surtout, les principaux soutiens du candidat socialiste sont locaux, départementaux et régionaux.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Le mouvement de Benoît Hamon, Génération-s, se développe en Ariège

Le mouvement de Benoît Hamon lance un quatrième comité local en Ariège.

Benoit Hamon. Photo ; MaxPPP/esdourrubaihl

Benoit Hamon. Photo ; MaxPPP/Esdourrubaihl

Après Mirepoix, Ax-les-Thermes et Saint-Girons, Génération-s inaugure un nouveau comité local à Pamiers. Le porte-parole du Mouvement, Mickaël Trovalet, estime que c’est encore « une phase de lancement et qu’une dizaine de personnes » doivent rejoindre le comité de Pamiers-Basse Ariège. Le représentant ariégeois de Benoît Hamon est formel. Il n’y aura pas de secrétaire départemental pour chapeauter les comités locaux : « il s’agit de garder la liberté des comités locaux et de conserver une horizontalité« .

Génération-s revendique une démarche citoyenne avec des débats internes. Des débats qui s’articulent autour des propositions de Benoît Hamon lors de la présidentielle de 2017 : écologie, internationalisme, social et démocratie. Mais Mickaël Trovalet met également en avant les problématiques locales : « l’Ariège a des enjeux forts au niveau social. C’est un département pauvre avec beaucoup de personnes vivant des minimaux sociaux. S’agissant de l’écologie, il y a également les carrières de la Basse Ariège ou encore la mine de Salau.

Génération-s ne souhaite pas simplement organiser des débats et susciter la réflexion. Mickaël Trovalet évoque ouvertement une perspective électorale : « à terme le mouvement va se structurer et le but est de peser et pour peser il est utile d’avoir des mandats ». Les européennes de 2019 sont le prochain rendez-vous électoral. Des membres de Génération-s pourraient donc être en piste en Ariège. Sur la ligne politique, le porte parole du mouvement est clair : « on veut rester sur un engagement citoyen ouvert à toutes les forces de gauche et cela sans hégémonie ».

La main est tendue vers les écologistes et la France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon. Cet appel à une gauche plurielle n’est pas un pur produit ariégeois. C’est également le discours tenu en Haute-Garonne. C’est parfaitement normal puisqu’il s’agit de la ligne nationale de Génération-s. Une ligne défendue, au moment de la présidentielle, par Benoît Hamon.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

22 Jan

Conseil Régional : le groupe « Nouveau monde en commun » explose

Le Nouveau Monde En Commun n’existe plus. Les Écologistes et les communistes ont constitué un nouveau groupe au sein du conseil régional. Un groupe excluant les représentants de la France Insoumise.

Photo AFP

Photo AFP

C’était une innovation des dernières élections régionales. Le groupe d’élus régionaux Nouveau Monde en Commun est directement issu d’une expérience présentée, à l’époque, comme « inédite ». En 2015, les écologistes, le PCF, le parti de gauche et des régionalistes se rassemblent sous une même bannière. Emmenée par Gérard Onesta, la liste fusionne, avant le 2nd tour des régionales, avec Carole Delga et les socialistes. Une fois installé dans l’hémicycle régional, Nouveau Monde se transforme en groupe d’élus. Mais c’est fini. L’attelage constitué en 2015 se disloque.

Les écologistes, les communistes, des représentants régionalistes et des personnalités de la société civile ont déposé un nouveau groupe : Nouveau Monde. Le qualificatif En Commun disparaît. Avec lui, ce sont 4 élus (Myriam Martin, Liem Haong Noc, Guilhem Serieys et Jean-Christophe Sellin) qui se retrouvent dans la nature. Les 4 conseillers régionaux dénoncent une éviction et une volonté de les faire taire. Guillhem Serieys parle d’une « manœuvre bassement politicienne » et d’une « méthode du vieux monde politique peu ragoutante et qui exaspère les gens ».

L’élu insoumis estime qu’il n’y a pas eu « une minute de discussion préalable » et trouve cela « hallucinant ». Pour Guilhem Serieys, « des intérêts partisans étriqués cassent une logique unitaire ». Mais il insiste surtout sur le sort de deux collaborateurs qui, selon lui, vont perdre leur emploi. Guilhem Serieys estime que ses anciens camarades de groupe visent une seule chose : « les transformer en non-inscrits » et les « priver de moyen d’expression ».

Guilhem Serieys reconnait que le « groupe ne fonctionnait pas ». Mais, pour lui, une scission aurait pu être négociée et l’élu aveyronnais refuse d’entériner la fin de Nouveau Monde En Commun. Guilhem Serieys menace de saisir le tribunal administratif et les prud’hommes s’agissant du sort des 2 collaborateurs.

Du côté des nouveaux « Nouveau Monde », c’est une toute autre version des faits. Le co-président du groupe, le communiste Nicolas Cossange, dément catégoriquement toute absence d’information préalable. Guilhem Serieys déclare avoir été informé par le cabinet de la présidence de Région de l’existence du nouveau groupe. Nicolas Cossange « s’inscri(t) totatalement en faux » et affirme que la création de Nouveau Monde « fait suite à une réunion avec eux (ndlr : Guilhem Serieys et ses 3 camarades) ». Cette « réunion a eu lieu dans les locaux du parc des expos de Montpellier avant l’assemblée plénière de décembre dernier ».

S’agissant du sort des deux collaborateurs de l’ancien groupe Nouveau Monde En Commun, Nicolas Cossange souligne que « c’est dans la nature de ces emplois d’être précaires à partir du moment ou il s’agit de travailler avec des élus ». Le conseiller régional communiste précise également que « l’un des collaborateurs est proche de la retraite et peut faire valoir ses droits. S’agissant de l’autre, Guilhem Serieys et ses amis peuvent continuer à lui verser un salaire. Ils en ont le moyen ».

Nicolas Cossange a visiblement compris le risque politique d’une victimisation de ses ex-camarades de groupe. Il tend également la main. Le co-président de Nouveau Monde soutient la création d’un groupe réduit au 4 ex-Nouveau Monde En Commun. Le règlement intérieur de l’assemblée régionale fixe à 7 le nombre d’élus nécessaire pour constituer un groupe. Mais Nicolas Cossange est favorable à un aménagement des règles.

Nicolas Cossange n’éprouve aucun regret sur le fond. Le seul remord concerne Myriam Martin à qui il a été proposé 4 fois de rester avec les écologistes et les communistes. Mais, à part cette tentative de « sauvetage », Nicolas Cossange estime que le divorce est une simple formalité administrative. Il est surtout consommé depuis longtemps. Bref, il s’agit de prendre acte de différends politiques profonds et anciens.

Effectivement, la liste des votes contraires et des divergences est longue : vote du budget, conflit syndical au sein du conseil régional, aides aux structures catalanes et occitanes, nomination à des postes...

Les ex-compagnons de Nouveau Monde En Commun sont d’accords sur ce point. La cohabitation vire, depuis de longs mois, à la confrontation. Une confrontation qui a pris la forme d’une incompatibilité de personnes. Notamment au sein de la commission culture entre Serge Regourd, un proche de Gérard Onesta, et Jean-Christophe Sellin.

L’officialisation de la rupture clarifie une situation devenue lourde. Mais le conflit est loin d’être terminé. Une bataille de la communication débute avec double objectif. Du côté de la présidence de Région et de Carole Delga, il s’agit de conjurer l’image d’une majorité composite qui se fissure. La disparition du PRG et son remplacement par le parti Radical redessine le paysage politique et peut impacter l’hémicycle du conseil régional. Le schisme au sein de Nouveau Monde peut institutionnaliser une contestation à la gauche de la gauche

Mais, du côté du nouveau Nouveau Monde, l’enjeu est d’éviter d’apparaître comme un diviseur, inféodé au parti socialiste et à Carole Delga.

Guilhem Serieys et ses camarades ont commencé à jouer cette carte. Le conseiller régional de l’Aveyron estime qu’il n’est pas prêt à se laisser avoir par l’idée d’un cartel avec des écologistes qui servirait de « paillasson au parti socialiste ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

Réforme de la constitution : une universitaire toulousaine auteure du rapport sur la Corse

Wanda Mastor enseigne à l'Université Toulouse 1 Capitole (Photo UT1)

Wanda Mastor enseigne à l’Université Toulouse 1 Capitole (Photo UT1)

C’est à cette professeur agrégée de droit public de l’université Toulouse-Capitole que Jean-Guy Talamoni a demandé le rapport qu’il présente aujourd’hui et demain à Paris. Wanda Mastor nous explique le but de son travail pour que les spécificités corses soient prises en compte lors de la prochaine révision de la constitution.

Le Blog Politique : Pourquoi le président de l’assemblée de Corse a-t-il fait appel à vous ?

Wanda Mastor : Tout d’abord pour mes compétences constitutionnelles. J’ai effectué un travail de comparaison sur des exemples étrangers éclairants. J’ai co-rédigé en 2013 le rapport Carcassonne pour l’assemblée de Corse. Et puis enfin, je suis corse d’origine, je suis née sur l’île et y ai vécu jusqu’à mes 20 ans. J’ai donc une connaissance évidente de ce territoire et un attachement pour lui  également. C’est la plus belle mission de ma vie, mais je reste une scientifique.

Le Blog Politique : Scientifique donc indépendante ?

Wanda Mastor : Le fait qu’un politique commande un rapport à un scientifique, ça c’est toujours fait. Jean-Guy Talamoni m’a laissé totalement libre d’écrire dans le sens où je l’entendais. De toute façon, je ne peux pas défendre quelque chose en quoi je ne crois pas. J’ai toujours agi ainsi. Et puis sur le plan politique justement, avec la victoire des nationalistes en Corse et le pacte girondin proposé par Emmanuel Macron, c’était le moment d’écrire un tel rapport.

L’autonomie interne d’une région n’entraîne pas la violation du principe de l’indivisibilité de la République »

Le Blog Politique : Quel est le but premier de ce rapport ?

Wanda Mastor : Inscrire la Corse dans la Constitution.  Savez-vous que le mot « Corse » ne figure pas dans la constitution alors que celui de l’île de Clipperton y est ? C’est une contradiction de fond sachant que de plus en plus de spécificités ont été accordées à l’île depuis les années 70. La Corse bénéficie déjà d’un statut législatif. J’essaie de résoudre cette contradiction. Je préconise un nouvel article spécifique à la Corse dans la constitution. L’autonomie interne d’une région n’entraîne pas la violation du principe de l’indivisibilité de la République. D’ailleurs je n’ai travaillé en rien sur les pouvoirs régaliens de l’état comme l’Armée.

Le Blog Politique : Justement sur les domaines d’autonomisation, vous en ciblez trois : le foncier, la fiscalité et la langue. Pourquoi ces trois-là ?

Wanda Mastor : Parce qu’ils ont une incidence directe sur la vie de l’île. C’est la beauté de l’île qui fait son bonheur mais aussi son malheur. L’accession à la propriété est difficile pour les corses. Ils ne peuvent même plus s’offrir une sépulture. Concernant la fiscalité, le rapport Carcassonne avait déjà soulevé la spécificité d’un régime. Il appartient à une loi organique de le définir.  Enfin, la langue Corse cristallise des tensions. Elle est de plus en plus parlée et enseignée dans les écoles. La définir dans la constitution permettrait de détailler certains de ses domaines.

Le Portugal n’a accordé d’autonomie à aucune de ses régions si ce n’est ses deux îles Madère et Les Açores »

Le Blog Politique : Vous évoquiez tout à l’heure l’opportunité politique d’une prise en compte des spécificités corses dans la constitution avec la victoire des nationalistes et l’appel d’Emmanuel Macron à un « pacte girondin ». Mais en sens inverse, est-ce que le spectre catalan n’a pas plané sur votre travail ou ne peut-il pas échaudé  certains décisionnaires ?

Wanda Mastor : Vous noterez que je n’ai jamais utilisé le mot « catalan » dans mon rapport. La Catalogne n’est pas un bon exemple. L’attitude des politiques catalans a brouillé le débat. Et puis l’Espagne a accordé l’autonomie à nombre de ses régions. Je me suis inspiré principalement du Portugal qui est le pays qui ressemble le plus à la France constitutionnellement. Il n’a accordé d’autonomie à aucune de ses régions si ce n’est à ses deux îles Madère et Les Açores.

Le Blog Politique : Quel est le destin de votre rapport à présent ?

Wanda Mastor : Beaucoup de mensonges et d’attaques à son sujet ont circulé sur les réseaux sociaux. Je l’ai remis en fin de semaine dernière à Jean-Guy Talamoni qui n’en a pas changé une ligne. Il l’a ensuite fait parvenir aux présidents de groupe de l’assemblée de Corse. Je l’ai aussi moi-même transmis à Matignon. L’heure maintenant est politique. Moi, j’ai fait mon travail. Certains à l’assemblée de Corse auraient préféré un débat. Mais c’est toujours comme ça qu’on a procédé. Mon rapport n’est qu’une base de discussion. Tout dépendra maintenant des rencontres de ce jour et demain à Paris entre Gilles Simeoni, Jean-Guy Talamoni et le Premier Ministre ainsi que les Présidents de l’Assemblée Nationale et du Sénat. Il revient à eux de les convaincre d’inscrire la Corse dans le projet de loi constitutionnel.

Propos recueillis par Patrick Noviello (@patnoviello)

Tarn : la bataille des députés pour reprendre la main sur le mouvement En Marche !

Un nouveau référent d’En Marche va être désigné dans le Tarn. Les députés profitent de l’occasion pour pousser des proches.

Photo : MaxPPP/Tanguy

Photo : MaxPPP/Tanguy

La direction tarnaise d’En Marche a collectivement démissionné. Officiellement, cette décision est uniquement liée à une envie : passer le relais une fois la mission accomplie. Mais il existe une raison inavouée et difficilement avouable publiquement. Le départ du staff dirigé par Clément Baller n’est pas étrangère au comportement des députés du Tarn. Il est faux de réduire la démission collective des Marcheurs a des bisbilles entre le Mouvement et les parlementaires. Mais il est tout aussi inexact d’occulter les tensions latentes entre l’équipe Baller et les députés Jean Terlier et Marie-Christine Verdier-Jouclas.

Les deux députés ont trouvé une solution pour éviter une nouvelle édition du scénario. Deux des trois candidats sont des proches des deux parlementaires tarnais. Ce samedi 20 janvier, un proche de Jean Terlier a officialisé sa candidature. Il s’agit du nouveau maire de Saint-Sulpice, Raphaël Bernardin. Jean Terlier c’est véritablement investi dans la campagne municipale de Saint-Sulpice. Il a quasiment endossé le costume de directeur de campagne. Jean Terlier a notamment décroché son téléphone pour organiser un meeting avec sa collègue de la Haute-Garonne, Monique Iborra.

Raphaël Bernardin a pris une certaine distance avec le mouvement En Marche ! le temps des municipales. C’était surtout au niveau de l’affichage.

Dans les faits, le député En Marche de la 3ème circonscription a mobilisé les Marcheurs.

Une désignation de Raphaël Bernardin a la tête du mouvement En Marche se traduirait par une forte synergie avec le député Jean Terlier. Sous le « mandat » de Clément Baller, Jean Terlier a affirmé à la tribune son autonomie vis-à-vis du mouvement En Marche ! Cette ligne ne serait plus d’actualité si son lieutenant est désigné par les instances nationales d’En Marche.

C’est le même schéma du côté de Danielle Maximilien. Sa nomination constituerait un tandem avec la députée Marie-Christine Verdier-Jouclas.

Le nouveaux députés ont rapidement adopté une règle de l’Ancien Monde : le contrôle du territoire et le placement de fidèles.

La décision finale appartient aux instances nationales d’En Marche. Ce sera un test sur le nature du mouvement et son éventuellement autonomie vis-à-vis des députés. Mais c’est également un test sur les relais nationaux des deux députés du Tarn et sur leur capacité à peser sur les choix de la direction d’En Marche.

Laurent Dubois (@laurentdub)

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