16 Juil

Métropole Toulousaine : Jean-Luc Moudenc réélu président, des élus s’estiment exclus

Dans la foulée des résultats des Municipales de juin dernier, le conseil métropolitain se réunissait ce jeudi 16 juillet pour élire président, vice-présidents et membres de son bureau. Certains élus de l’opposition ont dénoncé leur exclusion des instances exécutives.

Jean-Luc Moudenc. Photo MaxPPP/Xavier de Fenoyl

Réélu par 96 voix pour et 37 votes blancs dont le sien, Jean-Luc Moudenc était le seul candidat déclaré. Il a tenu à « remercier de la confiance qui lui était accordée ». Et le maire LR de Toulouse a immédiatement enchaîné en remerciant également le conseil « d’avoir assuré la diversité démocratique à travers son vote ».

Un point de vue que ne partage pas le maire de l’Union. Une fois faite l’annonce des vingt vice-présidents, il a tenu à prendre la parole. Il dénonce alors l’absence d’élus majoritaires de sa commune et de celle de Cugnaux de l’exécutif.

Cugnaux et l’Union éjectées » Marc Péré

« Le signal qui est donné d’éjecter Cugnaux et l’Union des vice-présidence n’est pas conforme à l’esprit qui doit régner ici » assène Marc Péré. Et l’élu de poursuivre : « Le SDEHG (syndicat départemental d’énergie de la Haute-Garonne) compte 82 représentants dont aucun de mon groupe qui constitue pourtant 15% de cette assemblée. Je trouve ça inqualifiable ! »

La réponse du président fraîchement réélu ne se fait pas attendre. « Il y a 10 postes de vice-président pour la ville centre, Toulouse, et dix pour les communes hors ville centre. Laisser croire que cela veut dire que seraient exclues les 27 autres communes est totalement contraire à la réalité et à tout ce qui s’est pratiqué dans cette collectivité » rétorque Jean-Luc Moudenc.

Pacte de gouvernance

Le maire de Toulouse revient également sur le pacte de gouvernance et d’orientation signé par certaines communes (et tous les vice-présidents) et que Marc Péré affirme ne pas s’être vu présenter. « Nous avons souhaité qu’il y ait un travail en commun entre maires de sensibilités différentes mais qui sur le travail métropolitain à faire ces dernières années reconnaissent qu’il y a des convergences objectives. Vous ne pouvez pas Monsieur Péré prendre de façon répétitive des positions différentes de la quasi-totalité des maires et vouloir, comme si de rien n’était, exercer des responsabilités exécutives ».

Marc Péré semble ainsi payer ses années d’opposition lors de son précédent mandat à la Métropole. Mais qu’en est-il de Cugnaux et de sa nouvelle majorité issue d’une liste citoyenne ? En l’absence de son maire, Albert Sanchez, c’est l’un de ses adjoints qui demande des explications. « Je ne comprends pas que notre commune n’ait pas été contactée » s’interroge Thomas Karmann. Et le nouvel élu de déplorer que « même si les habitants de la quatrième ville de la métropole nous ont élus, on se retrouve face au fait accompli sans pouvoir partager une gouvernance ».

Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas dans l’exécutif que vous serez exclus » Jean-Luc Moudenc

Là encore la réponse de Jean-Luc Moudenc laisse peu de prise : « J’ai essayé de joindre le nouveau maire de Cugnaux. Je lui ai même laissé un SMS le 5 juillet. Je n’ai jamais eu de réponse. J’ai eu votre SMS le 14 juillet un petit peu après 23 heures et je vous ai fait joindre immédiatement le lendemain matin. (…) S’agissant de votre commune, elle va participer pleinement aux instances métropolitaines, en particulier dans le bureau que nous avons élu. M. Sanchez y figure naturellement (…) Ce n’est pas parce que vous n’êtes pas dans l’exécutif que vous serez exclus ».

De son côté Antoine Maurice souhaite que le pacte de gouvernance et d’orientation proposé par Jean-Luc Moudenc soit rendu public. « Il aurait été préférable que vous le proposiez à tous » lance l’élu Europe Ecologie Les Verts à son ancien adversaire aux Municipales. Pas de réponse du président réélu de la Métropole.

Sensibilités politiques différentes

Des vice-présidents de sensibilité politique différente de celle de Jean-Luc Moudenc, il y en a pourtant dans ce nouveau conseil métropolitain. Mais ils n’ont pas emboîté le pas de Marc Péré ou de Thomas Karmann. La socialiste Karine Traval-Michelet a déclaré vouloir « être vigilante quant à la mise en œuvre du pacte de gouvernance ». « Un pacte que nous avons co-rédigé » précise-t-elle.

« Il y a dedans des objectifs auxquels nous sommes attachés et qui sont non négociables comme la participation citoyenne, la transition écologique ou le travail pour faire face à la crise économique. Il ne s’agit pas là d’un contrat de majorité mais bien d’un pacte de gouvernance » a tenu à préciser la maire réélue de Colomiers qui aura en charge l’habitat à la Métropole.

Travailler sans perdre son identité politique ou communale » Joseph Carles

Autre groupe à avoir pris la parole, et là encore sans abondé dans le sens du maire de l’Union, celui dit « indépendant » de Joseph Carles. Le maire de Blagnac a également obtenu un poste de vice-président (prospective et contractualisation). Pour lui, comme lors de la crise sanitaire, il est possible de travailler pour la Métropole sans perdre son identité politique ou communale. « Nous aurons des choix douloureux à faire mais cette Métropole doit continuer à avancer » prévient-il.

Parmi les dossiers majeurs qu’aura à traiter cette nouvelle assemblée métropolitaine : la troisième ligne de métro (les représentants de Tisséo collectivités ont aussi été élus par le conseil ce jour) ou encore la LGV. Jean-Luc Moudenc a également placé comme priorité la transition écologique et la relance économique. Une fois encore, il s’est engagé à ne pas augmenter les impôts. La « diversité démocratique » se ressentira-t-elle dans ce futur programme ? En tout cas, les débats, eux, promettent d’être animés.

Patrick Noviello (@patnoviello)