Une vice-présidente (PS) de la Région Occitanie condamnée pour abus de confiance. La peine est minimale : 4000 euros d’amende et aucune inéligibilité. En revanche, les sommes en jeu sont loin d’être négligeables : 356 415 euros.
Pendant plusieurs mois, Béatrice Négrier a confondu son compte bancaire personnel avec celui de son ancien parti (le MRC de Jean-Pierre Chevénement) et d’une association, Ensemble et solidaires pour Saint-André.
Selon une source judiciaire, l’affaire est née d’un signalement de Tracfin. Cet organisme (Traitement du Renseignement et Action Contre les Circuits Financiers Clandestins) est rattaché au ministère des Finances. Il est surtout connu pour sa lutte contre le blanchiment d’argent. Suite à cette intervention et après une enquête préliminaire ou une instruction, le juge correctionnel de Montpellier s’est prononcé. Le couperet est tombé le mardi 24 mai 2016. La lame n’est pas tranchante. Et pour cause. Béatrice Négrier a remboursé une partie des sommes détournées.
Selon son avocate, 316 000 euros sont retournés dans les caisses du MRC et de l’association Ensemble et Solidaire pour Saint André.
L’avocate de Béatrice Négrier justifie le comportement de sa cliente par des retards dans le remboursement de frais de campagne et « un manque d’argent à titre personnel ». L’élue socialiste a donc inventé une forme « originale » de financement : le prêt sans l’accord du « prêteur » et à taux zéro.
L’existence d’un remboursement évacue l’hypothèse d’un enrichissement personnel. C’est ce qui explique (très probablement) la « compréhension » du juge. Mais, sur le fond, la méthode est franchement douteuse.
Au delà de l’aspect judiciaire, il reste le volet politique. La vice-présidente du Conseil Régional est en charge d’un « porte-feuille » exposé : l’emploi, la formation professionnelle et l’apprentissage. Le juge correctionnel a décidé de ne pas inscrire la peine prononcée le 26 mai dernier à Montpellier au casier judiciaire (le fameux B2) de Béatrice Négrier. Mais l’élue socialiste est tout de même condamnée. Elle va devoir rencontrer des demandeurs d’emploi et des entreprises avec cette mauvaise « publicité » sur le dos.
Pour Béatrice Négrier l’affaire est classée. L’élue héraultaise estime même qu’elle n’a jamais existé. Sur sa page Facebook, Béatrice Négrier a posté une mise au point :
J’ai effectivement écopé d’une amende pour des faits datant de 2010. Une amende pour avoir effectué des transferts d’argent en espèces et rien d’autre car je n’ai lésé personne et surtout rien pris à personne ! Maintenant je termine mes courtes vacances et personne ne me fera baisser la tête ni apprécier les rares jours de repos que je m’octroie chaque été ».
Contacté par France 3 Midi-Pyrénées, le cabinet de la présidente de Région, Carole Delga, n’a pas répondu à la sollicitation
En revanche, le président du groupe PS au Conseil Régional, Christian Assaf accepte de s’exprimer :
Aucun commentaire sur une décision de justice. C’est une question de principe. A titre officiel, je peux simplement dire que j’ai pas eu l’occasion de discuter du sujet ni avec le groupe ni avec Béatrice Négrier ».
Laurent Dubois (@laurendub)