31 Août

Les régionales : des élections dépolitisées !!

Les meetings et les joutes médiatiques, ce n’est pas maintenant. Il va falloir attendre octobre-novembre et le coeur de la campagne. La rentrée offre un peu de répit avant le déclenchement des hostilités. C’est le moment pour se poser des questions de fond. Les élus languedociens sont-ils toujours hostiles à la fusion ? Quelles attentes par rapports aux élections de décembre prochain Quels espoirs vis-à-vis de la (future) grande région ? Eléments de réponse avec le maire d’une commune des Pyrénées-Orientales. Port-Vendres et son premier magistrat, Jean-Pierre Romero, ne résument pas à eux seuls tout le Languedoc et toutes les petites communes. Mais cet exemple illustre une réalité valable au-delà de la côte Vermeille : les élus municipaux veulent que la nouvelle région « booste » des dossiers locaux. Sur le littoral, comme dans les terres, les étiquettes partisanes sont accessoires.

Jean-Pierre Romero. Maire de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales)

Jean-Pierre Romero. Maire de Port-Vendres (Pyrénées-Orientales)

Régionales 2015 – Pour beaucoup de midi-pyrénéeens, les languedociens sont hostiles à la fusion. Cette impression est liée à l’opposition ou du mois aux réserves des présidents de région (Christian Bourquin et son successeur Damien Alary). De votre côté, comment percevez-vous la fusion avec Midi-Pyrénées ?

Jean-Pierre Romero. Je suis favorable à la fusion parce qu’elle ne peut que renforcer des complémentarités. Dans les Pyrénées-Orientales nous nous sentons proches des toulousains. Nous sommes rattachés par les Pyrénées. Notre côte va offrir une façade maritime à Toulouse. Une côte que les toulousains connaissent bien vu les plaques minéralogiques que nous croisons sur nos routes.

Régionales 2015 – Qu’attendez-vous des élections de décembre prochain ?

Jean-Pierre Romero. Je suis de droite (NDLR Jean-Pierre Romero est membre de « Les Républicains » et ancien UMP) . Mais je ne vais pas mal le vivre si c’est une équipe de gauche qui gagne. Même si je préférai que la droite gagne bien sur. Ce qui compte c’est que la région ne soit pas gérée par une bande de petits copains, de droite ou de gauche d’ailleurs.

Régionales 2015 – Quel dossier local souhaitez-vous que la Région porte ?

Jean-Pierre Romero. Port-Vendres est le seul port en eau profonde du département des Pyrénées Orientales. On peut accueillir de la grande plaisance et des bateaux de croisières. Il y a une carte à jouer en matière de développement touristique avec les croisières.

Propos recueillis par Laurent Dubois

28 Août

Régionales, une rentrée médiatique chaude !!!

Avec la fin du mois d’août, c’est le début de la rentrée médiatique. Tout l’été, Carole Delga, Philippe Saurel, Louis Aliot et Philippe Martin ont donné des interviews et alimenté les médias. Mais le retour des vacanciers et des journalistes dans les rédactions marque la fin de la torpeur estivale.

Le réveil est bruyant et annonce une rentrée chaude.

Monique Iborra députée de la Haute-Garonne

Monique Iborra députée de la Haute-Garonne

Dans un entretien accordé à un site d’information toulousain, Carole Delga revient sur son actualité et, au détour d’une batterie de questions, elle qualifie son opposante « préférée » et acharnée, la députée socialiste, Monique Iborra, de… «jalouse ». Immédiatement Monique Iborra envoie un message privé sur Facebook à la journaliste qui a réalisé l’interview. La parlementaire haute-garonnaise demande un droit de réponse sous la forme d’une interview. On connaissait les petites phrases assassines. On découvre les qualificatifs (« jalouse ») qui font dégainer.

Philippe Saurel maire de Montpellier et tête de liste régionale des "Citoyens du Midi"

Philippe Saurel maire de Montpellier et tête de liste régionale des « Citoyens du Midi »

Un autre média, toujours toulousain, fait également monter la température des Régionales. « Coté Toulouse » a ouvert ses colonnes à un maire de l’agglomération toulousaine. Le titre reprend la déclaration choc de l’élu local : « Marc Péré ne sera pas tête de liste en Haute-Garonne pour Philippe Saurel ». Dans l’équipe du maire de Montpellier on crie aussitôt au mensonge. C’est un démenti catégorique. Philippe Saurel a bien rencontré l’intéressé. Il y a eu des échanges de SMS. Mais jamais Philippe Saurel n’a proposé la tête de liste à Marc Péré. Pour mieux démasquer le « mythomane », l’entourage de Philippe Saurel livre même un scoop : la tête de liste en Haute-Garonne sera une femme.

Laurent Dubois

 

 

 

 

Régionales : remaniement dans le staff de campagne de Carole Delga

Carole Delga retaille son staff de campagne. En mai et juin dernier, la tête de liste PS-PRG a nommé une coordinatrice de campagne et deux directeurs. En plein été, l’ancienne ministre a modifié son dispositif. Depuis environ 3 semaines, un nouveau nom apparaît dans les mails envoyés aux militants. Il s’agit de John Palacin. Ancien collaborateur d’Arnaud Montebourg à Bercy, élu municipal à Luchon et candidat aux régionales dans le Comminges, il porte le titre de directeur de campagne politique.

Carole Delga. tête de liste PS-PRG pour les Régionales

Carole Delga. tête de liste PS-PRG pour les Régionales

C’est la première « régionale » pour John Palacin. Ce jeune énarque de 37 ans n’a pas vraiment connu le feu au moment des municipales. Il était sur une liste tirée par le maire de Luchon, Louis Ferré. En revanche, il a une expérience nationale. En effet, au moment des primaires socialistes, en 2011, John Palacin a été le trésorier et le directeur de campagne d’Arnaud Montebourg. Un proche de l’ex-ministre de l’Economie et du Redressement Productif le qualifie de « pilier incontestable de la campagne ».

John Palacin, nouveau directeur de campagne politique de Carole Delga

John Palacin, nouveau directeur de campagne politique de Carole Delga

L’arrivée de John Palacin dans l’équipe de Carole Delga n’est pas simplement liée à son CV politique. Le conseiller municipal de Luchon (chargé des finances) entretient des rapports personnels avec Carole Delga. Tous deux sont des élus du Comminges et, au ministère de l’Economie, le conseiller d’Arnaud Montebourg a eu l’occasion de croiser l’ex secretaire d’Etat, Carole Delga.

Officiellement, la nomination de John Palacin est un renforcement de l’équipe de campagne. Mais, d’après nos informations, le renforcement est plutôt un débarquement . John Palacin remplacerait une directrice de campagne, Karine Traval-Michelet qui, selon plusieurs sources, « a disparu des écrans radars ».

Pour la députée (PS) de la Haute-Garonne, Monique Iborra cela ne fait aucun doute :

« Karine Traval-Michelet a été peu à peu écartée puis exfiltrée. Elle n’a jamais fait campagne et elle n’est jamais sortie de Colomiers. Elle a juste profité de ce moment pour régler ses comptes, notamment avec moi en barrant mon assistante parlementaire des listes pour les régionales. C’est lamentable. Mais c’est comme ça ».

Simple ajustement ou véritable remaniement, en tout cas, une chose est certaine. L’été a été l’occasion pour Carole Delga de modifier son organigramme. La montée en puissance de Philippe Martin (en charge des relations avec des élus) est également à noter. D’ailleurs, le 13 septembre prochain, l’ancien ministre de l’Ecologie doit animer, en Lozère ( sur les terres d’un autre directeur de campagne de Carole Delga, Alain Bertrand) une réunion sur la question de la ruralité.

Philippe Martin, président du conseil départemental du Gers et ancien ministre de l'Ecologie

Philippe Martin, président du conseil départemental du Gers et ancien ministre de l’Ecologie

En pleine polémique aoûtienne sur la présidence déléguée, alors que le plus difficile reste à faire s’agissant des accords PS-PRG (la distribution), Carole Delga a ajusté le tir s’agissant de l’organisation de sa campagne. Face à une rentrée qui s’annonce agitée, c’est de la simple mécanique interne. Cela ne suffira pas à neutraliser le tangage. Mais John Palacin et Philippe Martin peuvent stabiliser (un peu) le navire.

Laurent Dubois

27 Août

Régionales : Philippe Saurel désigne un socialiste tête de liste dans l’Aveyron

Après le Tarn et avant l’Hérault, Philippe Saurel continue la désignation de ses têtes de listes départementales pour les régionales. Le leader des « Citoyens du Midi » vient d’investir son représentant dans l’Aveyron. Il s’agit du socialiste et conseiller régional Régis Cailhol.

Régis Caihol, conseiller régional et tête de liste dans l'Aveyron des "Citoyens du Midi"

Régis Caihol, conseiller régional sortant et tête de liste dans l’Aveyron des « Citoyens du Midi »

Philippe Saurel privilégie la désignation de maires et de citoyens. Pour le 1er magistrat de Montpellier, ils forment la base de sa « République d’en bas ». Régis Cailhol ne cadre pas vraiment avec ce profil. Conseiller régional sortant, il vient de passer deux mandats dans l’hémicycle présidée par Martin Malvy. Il siège également dans le conseil départemental de l’Aveyron.

Néanmoins, Régis Cailhol est un homme de terrain. Il est décrit, par ses collègues socialistes du conseil régional, comme un « travailleur et quelqu’un de solide qui ne fait pas d’effets de manche ». Même son de cloche du côté de Guillaume Cros. L’élu écologiste est le président du groupe EELV. Mais, surtout, il est le président de la commission (Prospective, évolution et concertation citoyenne) dans laquelle siège Régis Cailhol. Guillaume Cros déclare :  » c’est un élu de base dans le sens où le système Malvy laissait peu d’autonomie aux élus socialistes. Mais, dans ma commission, il était là. Il faisait son boulot et généralement il disait des choses plutôt bien. C’est un élu de terrain, un élu de son territoire ».

Membre du groupe PS à la Région, Régis Cailhol n’est pas un proche du président socialiste de la Région. Mais il a souvent représenté Martin Malvy dans différentes manifestations et, au sein de son groupe, on lui reconnaît une grande disponibilité.

Régis Cailhol est toujours encarté au parti socialiste. Il a d’ailleurs été candidat pour figurer sur la liste de Carole Delga. Sa candidature a été écartée au profit du fils d’Alain Fauconnier (ancien sénateur et maire de Saint-Affrique) Eric Fauconnier.

Son ralliement à Philippe Saurel devrait lui couter sa carte au PS. Une exclusion va, probablement, intervenir dans les prochains jours. En attendant, Régis Cailhol, très introduit dans les milieux agricoles, va pouvoir utiliser son carnet d’adresses aveyronnais pour constituer la liste départementale de Philippe Saurel.

Après Pierre Verdier dans le Tarn, Régis Cailhol est la deuxième tête de liste départementale de Philippe Saurel. Le cahier des charges reste le même. Comme son voisin tarnais, Régis Caihol va devoir trouver des hommes et des femmes pour boucler la liste aveyronnaise. Ce travail se fera en liaison étroite avec Philippe Saurel. De son côté, le maire de Montpellier va continuer son périple pour recruter 11 autres « Cailhol » dans les 11 autres départements de la Grande Région.

Laurent Dubois

 

 

26 Août

[Humeur] Jean-Christophe Cambadélis pense que Midi-Pyrénées vit au XIXe siècle

Le Canard Enchainé rapporte des propos de Jean-Christophe Cambadélis. Des propos inquiétants. Un responsable politique est censé vivre dans son temps et être au contact des réalités de son époque. Apparemment, ce n’est pas le cas de Jean-Christophe Cambadélis. Le numéro 1 du PS est victime d’un trouble « spatio-temporel ». Il croit évoluer dans un environnement  archaïque, digne du XIXe siècle. 

Jean-Christophe Cambadélis 1er secrétaire du PS

Jean-Christophe Cambadélis 1er secrétaire du PS

Jean-Christophe Cambadélis justifie un accord électoral entre son parti et le PRG par l’influence du groupe de presse de Jean-Michel Baylet. Lors de sa venue à Toulouse, il a tenu, entre les murs de la fédération départementale du PS 31, des propos similaires.  Il n’est pas le seul sur cette ligne . Le député de la Haute-Garonne et numéro 3 du PS, Christophe Borgel a également « vendu » à ses camarades l’idée que les journaux de Jean-Michel Baylet valent bien un accord électoral.

Les leaders du PS pensent que les midi-pyrénéens vivent encore au temps de Napoléon.

Sous l’Empereur, l’information passait par le « Moniteur ». Les français devaient lire des pages imprimées et contrôlées par le gouvernement. La censure veillait et la concurrence n’existait pas.

Visiblement, Jean-Christophe Cambadélis croit encore vivre à cette époque « bénie ». Le patron des socialistes estime que les colonnes de la « Dépêche du Midi » font et défont les carrières politiques. Dans son esprit, les rotatives de Jean-Michel Baylet permettent de gagner des élections.

Jean-Christophe Cambadélis ne vit pas dans le monde contemporain. Son quotidien doit valoir le coup d’œil. Dans son salon, des chandeliers doivent assurer l’éclairage. A la place d’un garage et des voitures, Jean-Christophe Cambadélis a probablement une écurie et des chevaux. Le courrier de l’éminence rose circule forcément par malle postale.

Dans la vraie vie, les « vrais » français sont connectés. Ils disposent de dizaines de chaines de télévisions. Ils peuvent lire sur ces drôles de choses appelées « ordinateurs », « tablettes » ou « Smartphones » une presse qui ne reçoit pas de tampon officiel.

Sous la Loire, loin de Paris, les tarnais, les ariégeois et les aveyronnais ont accès (chose incroyable) à une électricité qui alimente écrans plats et internet. Contrairement à ce que pense Jean-Christophe Cambadélis, les « indigènes » du Sud Ouest ne se réunissent pas tous les matins sur la place du village. Tous les jours, ils n’attendent pas (religieusement) que le garde champêtre distribue le quotidien de Jean-Michel Baylet.

Même au fin fond du Larzac, Facebook et Twitter existent et la télécommande permet d’accéder à un bouquet de chaines.

Depuis belle lurette, l’opinion publique ne croit plus ce que raconte la presse. Jean-Christophe Cambadélis regrette peut être la Belle Epoque ou les électeurs marchaient au son du tambour médiatique. Mais, de nos jours, la propagande fait « pchittt ». Les responsables politiques ont toutes les raisons de le regretter. Mais c’est un fait. Les lecteurs ne sont pas des cerveaux faciles.

Jean-Michel Baylet pourra vanter, tous les jours, les qualités (réelles ou mystifiées) du parti socialiste, de Nicolas Sarkozy ou du Pape. Mais l’efficacité est plus que relative. 

Le rôle de « Pravda » est toujours possible. Il suffit d’avoir des journalistes dociles (c’est-à-dire des salariés qui craignent pour leurs fins de mois), des annonces légales (judicieusement attribuées par des collectivités amies) et des moyens matériels (facilités par des marchés publics). En revanche, la vente de papier ne garantit absolument pas l’achat des voix. Les lecteurs ne sont pas des benêts et les électeurs des moutons.

Midi-Pyrénéees et Languedoc-Roussillon n’échappent pas à cette évolution. Le TGV est moins développé qu’en Aquitaine. Le chômage est plus élevé qu’en Ile-de-France. Mais, au pays de Jean-Michel Baylet, les pendules ne se sont pas arrêtées au siècle de Fouché.

Jean-Christophe Cambadélis est né le 14 aout 1951. Son anniversaire est passé. Mais il est peut être encore temps pour lui offrir un cadeau : un séjour en Midi-Pyrénées. Cette immersion en terre « indigène » lui permettrait peut être de changer sa vision de notre région. Une seule journée ou même quelques heures devraient lui suffire pour s’apercevoir d’une stupéfiante réalité : les midi-pyrénéeens vivent au XXIe siècle.

Laurent Dubois

 

 

 

20 Août

Jean-Pierre Grand (sénateur de l’Hérault), la présidence déléguée « ça ne passera pas au Sénat »

Ce n’est pas encore la rentrée. Mais ce ne sont plus vraiment les vacances. Depuis le 20 août, « Europe-Ecologie » tient son Université d’Eté. A partir du dimanche 23, le NPA d’Olivier Besancenot va faire de même dans l’Aude, à Port-Leucate. A quelques jours de la « vraie » reprise, Jean-Pierre Grand revient sur la polémique de l’été : le projet d’une présidence déléguée dans les exécutifs régionaux. Un projet, une polémique qui ont fait couler beaucoup d’encre et de salive malgré la torpeur estivale. Le sénateur (LR) de l’Hérault et maire de Castelnau de Lez livre également ses impressions sur la pré-campagne des Régionales.

Jean-Pierre Grand Sénateur de l'Hérault (LR)

Jean-Pierre Grand Sénateur de l’Hérault (LR)

Midi-Pyrénées Politiques. Le gouvernement prépare une réforme législative qui doit permettre de créer un nouveau poste dans les exécutifs régionaux : un président délégué. Votre réaction.

Jean-Pierre Grand. Je suis toujours très opposé aux modifications législatives de circonstance pour régler des cas particuliers. La création d’un poste de président délégué vise à régler le cas particulier de Damien Alary (NDRL : président sortant (PS) du Languedoc-Roussillon) et éviter qu’il se retrouve rétrograder. C’est insupportable. Mais ce qui heurte mes convictions au delà de la création d’un second président pour la région, c’est une absence de vision. Il faut des régions fortes et un exécutif fort pour gérer les nouvelles régions. Si on commence à dédoubler la présidence on affaiblit mécaniquement l’exécutif. Il y aura deux présidents, deux administrations, deux DGS (NDLR : Directeur Général des Services) et quand il y aura un coup de téléphone de Toulouse l’autre président qui sera à Montpellier répondra 1 fois sur 3. Il y aura forcément une concurrence et ce sera dévastateur.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous êtes sénateur. D’après vous, le Sénat va voter le projet défendu par le gouvernement ? 

Jean-Pierre Grand. Le gouvernement s’est avancé un peu vite pour apaiser Damien Alary. J’ai du mal à l’imaginer. Au Sénat, ça ne passera pas et c’est totalement grotesque.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous avez discuté de la présidence déléguée avec d’autres sénateurs ? Ils partagent votre point de vue ?

Jean-Pierre Grand. Oui. Pour tous les gens sérieux, ce n’est pas possible.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous plaidez pour un exécutif régional fort. C’est-à-dire ?

Jean-Pierre Grand. Il faut un exécutif qui dispose de nouveaux moyens réglementaires, financiers, institutionnels. Je vais proposer que tous les présidents de régions se réunissent régulièrement dans un conseil à l’Elysée, autour du président de la République, du premier ministre et des ministres concernés par les dossiers régionaux. Cela doit permettre une harmonisation des politiques nationaux et de maintenir la cohérence nationale. Je propose également la création de zones franches stratégiques. Cela doit éviter que des entreprises se délocalisent et partent à une heure de vol de Toulouse ou Montpellier.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous n’êtes pas candidat aux régionales. Mais vous soutenez Philippe Saurel. Quel est votre jugement sur la pré-campagne ?

Jean-Pierre Grand Le FN n’a pas besoin de faire campagne car le PS et « Les Républicains » font campagne pour lui. Pour le PS le seul intérêt qui compte est celui du parti. On le voit dans la polémique autour de Damien Alary et du lot de consolation que ses amis veulent lui offrir. Et pour « Les Républicains », ils ont parachuté Dominique Reynié. Il pourrait faire campagne. Mais c’est triste à mourir. Dominique Reynié a réussi une seule chose : se mettre tous les élus à dos. Dominique Reynié se méfie des élus locaux parce qu’il ne les comprend pas. Il est complétement hors du temps. Il n’a pas compris ce qu’est la gestion locale, le tissu local et humain de la région. Il va à la catastrophe. Nicolas Sarkozy était à la manœuvre pour le parachutage de Dominique Reynié. Je pense qu’il s’en est rendu compte et qu’il s’en mord les doigts.

Midi-Pyrénées Politiques. L’été n’a pas modifié votre jugement sur Dominique Reynié. Et s’agissant de Philippe Saurel, vous pensez toujours que c’est le meilleur candidat ? Quels sont, d’après vous, ses atouts ?

Jean-Pierre Grand. Philippe Saurel répond davantage aux attentes de nos concitoyens. Les gens sont fatigués d’une approche partisane de la politique et de partis qui se soucient de leur intérêt et oublient l’intérêt général. En plus, il associe les maires et ce sont eux qui sont les plus proches des préoccupations des gens.

Propos recueillis par Laurent Dubois

14 Août

[Exclusivité] Régionales, Carole Delga : « j’ai toujours été favorable à une fusion avec le Languedoc »

L’été de tous les remous. Fin juillet, la signature d’un accord avec Jean-Michel Baylet agite les rangs socialistes. Le pont d’or offert aux radicaux suscite des rancœurs. Début aout, une tempête médiatique autour de la création d’une présidence déléguée secoue le PS. Comment réagit Carole Delga face à ses turbulences ? Après quelques jours de repos en famille, la tête de liste socialiste répond sur ses terres, à Martres-Tolosane. Dans le jardin d’un Grand Presbytère désormais rénové et transformé en espace culturel, Carole Delga revient sur une polémique qui va traverser l’été et impacter sa campagne. Mais elle développe surtout sa vision de la future Grande Région.

Carole Delga, tête de liste PS-PRG aux régionales. Photo : Y.LeGall

Carole Delga, tête de liste PS-PRG aux régionales. Photo : Y.LeGall

Midi-Pyrénées Politiques. Comment se déroule votre mois d’aout ? 

Carole Delga. Je parcours la région et je continue mes rencontres. Je mène campagne en étant sur les Routes du Sud mais pas comme une touriste car je suis de ce territoire. Je vois des chefs d’entreprise, des citoyens, des professions libérales et beaucoup de maires. Je traverse pas mal de départements. J’ai été dans le Tarn, le Gers, les Pyrénées Orientales. Bien sur, je finis toujours par revenir dans le Comminges.

Midi-Pyrénées Politiques. Quel est le but de ces déplacements ?

Carole Delga. Approfondir ma connaissance du territoire et cela me fait connaître. Quand j’étais ministre (NDLR en charge de l’Artisanat, du Commerce, de la Consommation et de l’Economie sociale et solidaire dans les gouvernements Valls I et Valls II), lors de mes déplacements dans les Ardennes ou en Bretagne, je me disais souvent : « ça c’est une bonne idée, je la veux pour chez moi ». Les déplacements permettent une maturation des projets.

Midi-Pyrénées Politiques. Concrètement quelles leçons tirez-vous de ces visites dans le Tarn ou l’Hérault ? Des rencontres vous ont marqué ?

Carole Delga. Oui. Les vignerons du Languedoc qui ont des projets pour former les jeunes à la culture de la vigne et à l’œnologie. Nous aurons des actions à mener pour renforcer la viticulture dans notre région. Je présenterai plusieurs propositions. Mais il y a une autre rencontre qui m’a marqué. C’est lors de ma visite dans le quartier de Bagatelle à Toulouse. J’ai rencontré des femmes qui ont su créer une dynamique collective avec les jeunes pour les aider à monter des projets, découvrir d’autres horizons et s’éloigner de la violence. Je pourrais également citer la rencontre avec des chefs d’entreprise et des chercheurs dans le domaine de la chimie verte ou du numérique. 

Midi-Pyrénées Politiques. Pensez-vous que la Grande Région puisse devenir autre chose qu’une juxtaposition de 13 départements ?  

Carole Delga. J’ai toujours défendu une fusion avec le Languedoc-Roussillon. J’ai toujours préféré cette fusion avec une fusion avec l’Aquitaine. Je l’ai toujours dit. Nous avons une culture commune avec le Languedoc. Nous avons une histoire commune. Il va falloir développer et renforcer ce socle. Il faut entrer pleinement dans une République des territoires, avec des coopérations. Et il faut sortir des rapports de force et d’une féodalité qui ne correspond pas au XXIe siècle. La coopération des territoires doit passer par une coopération entre les villes moyennes, les métropoles et les territoires ruraux.

Midi-Pyrénées Politiques. Pensez-vous que les citoyens vont adhérer au « mastodonte » régional ? Cette grande région est trop grande ?

Carole Delga. Je suis convaincu que notre région a tous les atouts pour devenir une vraie et grande région. Mais il faut expliquer à nos concitoyens quels sont ses atouts. Je suis d’ailleurs la seule candidate à mettre en avant ce point essentiel. Il faut expliquer que la grande région, c’est une vraie chance. J’ai été vice-présidente de la région Midi-Pyrénées (NDLR 2010-2013, en charge des questions de ruralité). J’ai pu constater à quel point la taille (NDLR des anciennes régions) pouvait être un handicap. Notamment dans le domaine de l’aéronautique et de l’agroalimentaire.

Midi-Pyrénées Politiques. Votre été est « pourri » par une polémique sur la création d’une présidence déléguée au profit de Damien Alary. Vous défendez ce projet ?

Carole Delga. Dans les régions qui fusionnent, une présidence déléguée est utile. Il faut arrêter de dire aux gens que tout est simple et facile. Pendant une période transitoire, c’est utile d’avoir un président délégué en charge des politiques de convergence. Il va falloir des convergences dans le domaine ferroviaire ou des politiques environnementales. Le président délégué peut être en charge de ce travail. Je ne vois pas ce qu’il y a de choquant. Au point de vue budgétaire, cela ne va pas coûter plus cher et cette présidence déléguée pourrait intervenir uniquement pendant le 1er mandat.

Midi-Pyrénées Politiques. Dominique Reynié, le candidat de la droite et du centre, parle d’une facture totale de 114 millions d’euros.

Carole Delga. Le chiffre de Dominique Reynié est une pure élucubration. On va diviser le nombre de vice-présidents par 2. On va passer de 30 à 15. Cela va permettre des économies et le président délégué n’aura pas de cabinet comme le prétend Dominique Reynié. Il n’y aura pas 2 cabinets mais un seul. Celui du président de la région.

Midi-Pyrénées Politiques. Plusieurs députés socialistes refusent de voter la création d’une présidence déléguée. Savez-vous quelle forme peut prendre la réforme. Un projet de loi ? Un amendement ?

Carole Delga. Le travail législatif n’a pas encore commencé. Le gouvernement doit le faire avec le parlement. Mais il y aura un dispositif qui correspond à une réalité et à un besoin.

Midi-Pyrénées Politiques. C’est bientôt la rentrée. Prochaine échéance pour vous : la finalisation des listes départementales. Il va falloir faire de la place pour les radicaux et donc « trapper » des socialistes. L’exercice va être douloureux ?

Carole Delga. Non. Les listes seront prêtes fin septembre.

Midi-Pyrénées Politiques. Un des points chauds est dans l’Aude. Le PS local ne veut du maire de Gruissan (PRG), Didier Codorniou, comme tête de liste départementale. On évoque un « parachutage » dans l’Hérault ou une glissement en deuxième position. C’est réglé ?

Carole Delga. C’est fait et Didier Codorniou sera bien dans l’Aude.

Propos recueillis par Laurent Dubois

07 Août

Régionales, Philippe Saurel : « la création d’une présidence déléguée est un contresens absolu »

Le mois d’août rime avec plage et serviettes de bains. Beaucoup de midi-pyrénéeens prennent la direction de la côte languedocienne. Un estivant fait le chemin inverse. Le maire de Montpellier, Philippe Saurel passe une partie de son été entre Toulouse, Pamiers, Lourdes, Auch, Albi et Montauban. Ce périple « politico-touristique » lui permet de faire des rencontres et de « humer » l’atmosphère de départements qu’il découvre où retrouve. Derrière la tenue décontractée du « vacancier » se trouve le costume d’un candidat en campagne. En plein mois d’août, Philippe Saurel prépare les régionales de décembre prochain. La confection des listes départementales n’est jamais très loin de la visite de la grotte de Massabielle ou d’un pèlerinage à Montségur. Avant de reprendre la route, Philippe Saurel aborde la question de l’identité régionale de la future grande région. Il revient également sur la polémique de l’été. Une polémique qui pourrait bien « pourrir » la rentrée  du PS : la création d’une présidence déléguée au profit du président sortant du Languedoc, Damien Alary.

Philippe Saurel, maire de Montpellier et tête de la liste "Citoyen du Midi" pour les régionales

Philippe Saurel, maire de Montpellier et tête de la liste « Citoyen du Midi » pour les régionales

Midi-Pyrénées Politiques. Vous avez fait toute votre carrière politique dans l’Hérault. Depuis l’officialisation de votre candidature aux régionales, votre horizon politique s’étend à Midi-Pyrénées. Connaissez-vous cette région ?

Philippe Saurel. Je connais bien l’Aveyon. Mes parents ont une maison à côté de Réquista, vers la route d’Albi. J’ai des amis à Millau et Rodez. Je connais également Toulouse. J’y viens régulièrement en tant que maire de la seconde agglomération (NDLR avec Toulouse) de la grande région. Toujours dans le cadre de mes fonctions de maire, je suis également allé à Lavaur (NDLR Tarn). Nos disposons dans l’Hérault des derniers échantillons de la manufacture de Lavaur. Une manufacture qui remonte à Louis XVI. Je suis également allé plusieurs fois dans les Hautes-Pyrénées, la Mongie, le cirque de Gavarnie. En revanche je découvre l’Ariège, le Gers et le Tarn-Garonne. Je suis également allé, pour la première fois à Lourdes. J’ai d’ailleurs été surpris par l’atmosphère de Lourdes. Il règne un climat de religion populaire, très différent de celui que l’on peut rencontrer à Rome.

Midi-Pyrénées Politiques. Quelles sont vos impressions sur votre « immersion » midi-pyrénéenne ?

Philippe Saurel. Pour moi, Midi-Pyrénées n’a jamais été une terra incognita. Il existe un socle culturel commun entre nos deux régions. L’Occitanie. Les cathares. L’ancien comté de Toulouse. Nous avons la même croix du Languedoc. Pendant mes études d’histoires, j’ai lu les lettres qu’adressaient les consuls montpelliérains aux Capitouls de Toulouse. Cela m’a permis de mettre des sensations physiques sur tout un patrimoine culturel que j’ai étudié. Au delà de ça, j’ai écouté des gens et regardé. J’ai pu sentir l’ambiance générale. Je me suis senti de suite dans mon milieu. Cette impression est également lié au fait que j’ai passé 15 ans aux côtés de Georges Frêche (NDRL : ancien maire de Montpellier et ancien président de la Région Languedoc). Georges Frêche m’a toujours dit : « je souhaitai être maire de Toulouse. Mais mon mariage de raison avec Montpellier est devenu un mariage de passion ». J’ai été aux côtés de Georges Frêche pendant plus de dix ans et notamment pendant les régionales de 2010.

Midi-Pyrénées Politiques. La fusion sera effective le 1er janvier 2016. Pour l’instant, la future Grande Région c’est juste un mécano institutionnel. Pensez-vous que la Grande Région puisse devenir une vraie Région, avec une âme ?

Philippe Saurel. La fusion rapproche des territoires que l’histoire a séparé. Mais Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussilon sont proches. Elles sont proches fonctionnellement. Les toulousains vont à la mer et les montpelliérains vont dans les terres. Il faut arrêter de dire que les deux régions vont se marier. Ce n’est pas « 1+1=2 » mais « 1+1=1 ». Il faut désormais réfléchir et agir à partir et en fonction d’une collectivité unique. Nos cultures ne sont pas si éloignées. Il faut les stimuler. Dans cette perspective, je propose une fédération de 13 départements avec 2 grandes métropoles. C’est pour cela que la création d’une présidence déléguée est un contresens.

Midi-Pyrénées Politiques. Justement au sujet de la création d’un poste de « président délégué » à la tête de la région. Votre point de vue.

Philippe Saurel. Je le répète. C’est un contresens absolu. L’esprit de la loi à l’origine de la fusion des régions est d’unifier Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. Créer deux présidents c’est divisé à nouveau en deux ce qui ne doit plus former qu’une seule collectivité. On coupe en deux pour faire plaisir aux copains. C’est de la petite cuisine solférinesque qui laisse sortir de la marmite une bonne odeur de tambouille.

Midi-Pyrénées Politiques. Vos adversaires vous reprochent votre aventurisme politique. Que répondez-vous à cette critique ?

Philippe Saurel. Je laisse parler. Je rappellerai tout de même une chose. A la différence d’autres, je n’ai qu’un seul mandat et c’est le rôle du maire de la deuxième métropole de la région de s’intéresser à l’équité territoriale entre les deux métropoles régionales et les deux anciennes régions. Personnellement, je ne m’intéresse qu’aux résultats. Je suis le seul maire de gauche d’une grande ville dans le grand sud. Philippe Martin (NDLR : dans une interview publiée cette semaine le président PS du Gers critique Philippe Saurel) n’est ni mon directeur de campagne, ni mon objecteur de conscience. J’ai gagné à Montpellier avec 10 points de demi d’avance et aux départementales 8 de mes 10 candidats ont été élus.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous n’êtes pas un homme politique conventionnel. Vous citez Jaurès et Bonaparte. Vous évoquez régulièrement l’histoire locale et les cathares. L’ascension que vous venez de faire de Montségur, vous inspire politiquement ?

Philippe Saurel. J’ai fait tous les autres châteaux cathares. C’était le dernier à faire. J’ai parié avec des amis que j’y monterai. Effectivement, ça grimpe. Les forteresses cathares portent une idéologie. Les cathares, comme d’ailleurs les protestants dans les Cévennes, portent un esprit d’insoumission qui est propre au Midi. C’est le Midi résistant. Les cathares ne sont pas contre la religion catholique. Ils veulent purifier l’esprit religieux. L’insoumission ne signifie pas que l’on est en guerre. C’est comme dans l’art roman. L’art roman repose sur deux bases : la non « répétitivité » des motifs et les respect des cadres. Cela peut paraitre antinomique. Mais non. Dans mon livre (Réparer la république, éditions Privat), j’ai choisi comme titre : réparer. Et pas fracasser. Etre insoumis (NDLR Philippe Saurel a été exclu du PS en raison de son soutien à Georges Frêche lors des régionales de 2010), cela ne veut pas dire que l’on veut casser le cadre. Mais simplement lui donner plus de souplesse et moins de dogmatisme.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous êtes un ami personnel de Manuel Valls. Le premier ministre incarne le contraire de l’insoumission : l’autorité.

Philippe Saurel. Je soutiens depuis le début Manuel Valls. Et détrompez vous. Il a dit que le socialisme est devenu une langue morte.

 

Propos recueillis par Laurent Dubois

 

 

 

 

 

04 Août

Régionales, le projet d’une présidence déléguée suscite des remous au PS

Le projet circule. Depuis deux semaines environ, la création d’une présidence déléguée est sur la table. Damien Alary, Philippe Martin et Carole Delga évoquent publiquement la possibilité d’une réforme législative afin de créer un nouveau poste dans le futur exécutif de la Grande Région. Comme le précisait dans un précédent article « Mid-Pyrénées Politiques », Manuel Valls planche sur le sujet. D’après nos informations, le premier ministre en a discuté avec Philippe Martin vendredi dernier, lors de sa visite dans le Gers.

Le Code Général des Collectivités Territoriales mentionne une présidence et 15 vice-présidences. Des socialistes souhaitent ajouter dans l’organigramme régional un nouvel échellon. Cette idée soulève une levée de bouclier. Les défenseurs du projet s’en défendent. Mais l’institution d’une présidence déléguée apparait comme une mesure de circonstance, une loi « sur mesure » dont le seul but est de « recaser » Damien Alary, le président socialiste du Languedoc.

Jean-Claude Perez, député de l'Aude et ancien maire de Carcassonne

Jean-Claude Perez, député de l’Aude et ancien maire de Carcassonne

Cette réforme est loin d’être votée. L’affaire commence a prendre une dimension nationale. L’opposition, malgré la trêve estivale, réagit. Le député du Cantal (et ancien ministre), Alain Marleix dit :  » c’est scandaleux ». Le président de la commission des Lois du Sénat, Philippe Bas, ne cache pas son hostilité. Visiblement, le vent de fondre touche les rangs des députés socialistes. Jean-Claude Perez vient de déclarer :

Je suis contre la création d’un président-délégué ! Le gouvernement de Manuel VALLS a déjà répondu à ces exigences en décidant d’une répartition équilibrée des services de l’Etat. Il y aura donc après les élections de décembre prochain,une Présidente et des vice-Presidents pas besoin de rajouter un président -délégué. Dans le débat parlementaire,il n’a jamais été question de créer un président -délégué car cela aurait conforté les anciennes entités au détriment de la nouvelle fusion. J’ai donc donné mon point de vue directement au Premier Ministre Manuel VALLS,en lui indiquant que j’étais contre la création d’un président -délégué. Même si le parti socialiste est au pouvoir, il ne peut pas à sa guise décider tout seul. Ce qui arrange les intérêts de quelques dirigeants socialistes ne peut pas se faire au détriment de nos concitoyens !!!

 

Laurent Dubois

 

03 Août

[Exclusif] Régionales, Philippe Martin : « la gauche est encore trop divisée »

La campagne est dans le Gers. La visite, vendredi dernier, de Manuel Valls rappelle que le département est un des départements les plus ruraux de France. Mais c’est également un territoire présidé par un socialiste, Philippe Martin, qui mène campagne pour les régionales. L’ancien ministre de l’Ecologie aurait pu s’enfermer dans sa citadelle gersoise. Philippe Martin avait des ambitions régionales et se serait bien vu à la présidence de la future Grande Région. Sa camarade Carole Delga lui a « ravi » la tête de liste. Mais Philippe Martin joue collectif et ne ménage pas ses forces pour assurer la victoire de son camp. Dans une interview exclusive, Philippe Martin revient sur la visite du premier ministre et sa gestion de la crise agricole. Il recadre également les voix socialistes dissonantes qui critiquent l’accord « PS-PRG » et lance un appel pour l’unité de la Gauche.

Philippe Martin, président du conseil départemental du Gers et ancien ministre de l'Ecologie

Philippe Martin, président du conseil départemental du Gers et ancien ministre de l’Ecologie

Midi-Pyrénées Politiques. Quel bilan faites vous de la visite de Manuel Valls dans votre département ?

Philippe Martin. Lorsque j’ai invité, à l’Assemblée, Manuel Valls je ne savais pas que les éleveurs manifesteraient. Le déplacement était prévu avant. Mais, dans ce contexte, la visite était importante. Dans une certaine mesure, l’absence de Stéphane Le Foll (NDRL : le ministre de l’agriculture) a permis à Manuel Valls de monter en première ligne et il a eu un incroyable impact sur le milieu agricole. Tous les retours sont positifs. J’ai eu des responsables agricoles au téléphone, ils m’ont dit qu’ils ont été assez impressionnés par leur rencontre avec le premier ministre. Manuel Valls a fait preuve d’une grande qualité d’écoute et il a pris beaucoup de temps. Il s’est passé quelque chose entre le monde rural et l’homme d’Evry (NDRL : Manuel Valls a été maire d’Evry). Il y a eut une vraie rencontre. Les agriculteurs aiment l’autorité et le premier ministre n’en est pas dépourvu.

Midi-Pyrénées PolitiquesD’après vous,  Les syndicats agricoles sont globalement satisfaits. C’est surprenant. Une simple visite ne peut pas régler les lourds problèmes de l’élevage. Qu’est ce qui explique, selon vous, ce sentiment général ?

Philippe Marin. C’est la méthode Valls : « je dis, je fais ». Le lendemain de sa visite des ordres ont été passés à la DDT (NDRL : Direction Départementale des Territoires, un service de l’Etat). Et puis le premier ministre a fait des annonces dont toutes n’ont pas encore été révélées publiquement. Une est particulièrement bien reçue par les agriculteurs gersois. Pour percevoir des aides, il faut qu’une exploitation réalise 75% de ses revenus dans la filière élevage. Or, dans le Gers, beaucoup d’exploitations sont multi- agricoles. Elles font du canard, des céréales, de l’élevage. Manuel Valls a annoncé un abaissement du seuil pour percevoir les aides.

Midi-Pyrénées Politiques. Quittons le terrain agricole pour le terrain politique. Le PS vient de signer un accord pour les régionales avec le PRG. Cet accord fait grincer des dents. Votre réaction.

Philippe Martin. J’ai tout fait pour que cet accord se fasse. J’ai même déjeuné à Fleurance avec Sylvia Pinel et Jean-Michel Baylet. Je n’ai aucun état d’âme. Je déplore que certains tirent contre leur camp. Cela profite uniquement à nos adversaires. Je n’aime pas ces critiques. Elles émanent de personnes qui mordent la main qui les a nourrit. C’est une forme de mépris à l’égard de Martin Malvy qui leur a fait leur carrière politique ou professionnelle.

Midi-Pyrénées Politiques. Vous regrettez que le PS se retrouve avec un seul partenaire ?

Philippe Martin. La gauche est encore trop divisée. Il faut un plus grand rassemblement. Un rassemblement, dès le 1er tour, avec Europe Ecologie et le Front de Gauche, cela aurait du sens. Nous avons un bilan commun. Gérard Onesta a voté tous les budgets de la majorité. Même chose pour le Front de Gauche. Ils font aujourd’hui de la polémique. Mais ils ont été aux responsabilités dans la majorité de Martin Malvy. D’ailleurs, il faudra m’expliquer comment vont s’entendre des écologies régionalistes et un Front de Gauche départementaliste. Face à un Front National, c’est une sacrée responsabilité de jouer l’éparpillement.

Midi-Pyrénées Politiques. Quelles sont vos inquiétudes pour décembre prochain ? La concurrence de Philippe Saurel ?

Philippe Martin. Dans le Gers, je vois qu’il se tourne (NDLR pour composer sa liste départementale) vers tous les rebus et les déçus du PS, vers des gens qui ont besoin d’exister. Philippe Saurel c’est la vieille politique : je dis une chose pour être élu et une fois élu, je fais autre chose. J’ai une forme de respect par rapport au fait qu’il est devenu maire de Montpellier. Il a forcément des qualités. Mais je le regarde comme quelqu’un qui, après avoir demander la mairie de Montpellier, veut passer à autre chose. Ma vraie inquiétude, c’est le Front National qui est très haut et très haut dans des territoires où il ne l’était pas.

Midi-Pyrénées Politiques. Sur le ticket « PS-PRG », il y a un quatre noms : Carole Delga, Damien Alary, Sylvia Pinel et Didier Cordorniou. Ce n’est pas trop ?

Philippe Martin. Non. La taille des nouvelles régions impose un certain partage. Et puis deux femmes qui occupent des postes importants et joueront un rôle important, c’est une modernité politique. D’ailleurs derrière la position de tous les candidats il y a une pointe de machisme comme on l’a fait avec Ségolène Royal. Gérard Onesta, Louis Aliot, Philippe Saurel veulent disqualifier Carole Delga. Ce sont les 3 mousquetaires du machisme.

Midi-Pyrénées Politiques. Une polémique est en train de naitre autour d’un projet de loi qui permettrait de créer un poste de président délégué dans la future Assemblée Régionale et dont bénéficierait le président sortant du Languedoc, Damien Alary. Vous confirmez le projet et comment le justifiez-vous ?

Philippe Martin. On y avait pensé au moment de la loi Notre (NDRL, texte de loi organisant les compétences des collectivités) et beaucoup regrettaient de ne pas l’avoir fait. Ce projet ne concerne pas seulement Midi-Pyrénées et Languedoc-Roussillon. C’est une question qui se pose dans les régions qui fusionnent. Il s’agit de territoires d’une taille considérable et cela suppose une nouvelle organisation.

Propos recueillis par Laurent Dubois