15 Déc

Haute-Garonne : En Marche remplace son référent départemental et désigne une femme

En Marche change de tête en Haute-Garonne. Une femme, Alice Dausse, remplace l’actuel référent départemental, Pierre Casteras.

Photo : MaxPPP/Tanguy

Ce lundi 14 décembre, le bureau exécutif de La République En Marche a désigné un nouveau référent départemental en Haute-Garonne. Diplômée de l’IEP Toulouse et cadre dans l’industrie aéronautique, Alice Dausse prend la tête du mouvement pendant les deux prochaines années.

La jeune femme est un « pur produit » d’En Marche. Alice Dausse a découvert la politique en s’engageant dans la campagne présidentielle d’Emmanuel Macron, en 2017. Son unique expérience électorale remonte aux dernières municipales et à une place sur la liste du maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc.

Depuis plus d’un an, l’actuel référent départemental était sur la sellette. Son action et son bilan étaient contestés par plusieurs députés de la majorité. A plusieurs reprises, des interventions locales sont remontées à Paris, auprès des instances nationales d’En Marche, afin de demander son « débarquement ».

C’est désormais chose faite. Malgré le soutien de deux parlementaires, Michaël Nogal et Corinne Vignon, Pierre Casteras n’a pas obtenu un renouvellement de son mandat. Sa remplaçante a sur son agenda deux échéances électorales : les départementales et les régionales.

S’agissant des régionales, une tête de liste, Vincent Terrail-Novès, a été trouvée. Elle sera officialisée en janvier prochain. En revanche, le chantier des départementales en Haute-Garonne est encore largement à défricher. Il s’agit notamment de mettre en musique, comme pour les dernières municipales à Toulouse, un accord entre En Marche et Les Républicains

Laurent Dubois (@laurentdub)

09 Déc

Municipales : Toulouse « pas assez bobo pour passer aux Verts » ?

C’est la question que pose une note éditée par la Fondation Jean Jaurès. Jerôme Fourquet et Sylvain Manternach livrent, six mois après, leur analyse « socioculturelle de ce non-basculement ». Instructif quant aux causes avancées de la défaite de la liste écologiste et citoyenne.

Antoine Maurice et Jean-Luc Moudenc lors de la campagne des Municipales en juin dernier. Photo Nathalie Saint-Affre/MaxPPP

Pourquoi Lyon, Strasbourg, Besançon ou encore Poitiers, Tours et Bordeaux et pas Toulouse ? Comment une ville qui, à la Présidentielle, a accordé 29,2% à Jean-Luc Mélenchon au 1er tour en 2017 et 62,5% à François Hollande au second en 2012, a-t-elle vu la droite l’emporter ?

Première élément d’explication : « Une gauche archipélisée » au premier tour (avec six listes) face à une droite unie et qui plus est soutenue par LREM. Avantage donc Moudenc pour ce qui est d’un départ groupé.

Qui vote qui ?

Mais Fourquet et Manternach rentrent également dans le profil des électorats respectifs des listes de gauche. Ainsi le vote Archipel Citoyen « se superpose assez bien avec la carte de la densité de population ainsi que la desserte en métro et un aménagement favorable au vélo. Bref un électorat dans la partie centrale de la ville, l’hyper centre très bourgeois restant clairement à droite.

Autre liste de gauche, celle de Pierre Cohen. « Elle apparaît comme un négatif assez parfait du vote pour l’Archipel Citoyen » nous explique la Fondation Jean Jaurès. « Mais surtout c’est dans les cités toulousaines que cette liste enregistre ses meilleurs résultats », plus de 10% au Mirail, Empalot ou encore aux Izards. Les métropolitains à Archipel, les cités populaires à Génération(s).

Pellefigue et Maurice se sont disputés un électorat similaire »

Quid du PS ? Nadia Pellefigue (18,5% contre 27,6 à Antoine Maurice au 1er tour) prospecte son électorat sur les mêmes terres qu’Archipel.  Plus on se rapproche du centre-ville, plus l’écart se creuse entre les deux listes. Dans la périphérie, l’écart est plus faible voire rarement à l’avantage de la socialiste.

« Au total, il apparaît que les trois listes de gauche se sont adressées à des segments électoraux, non seulement différents sur certaines orientations politiques mais également divers en termes socioculturels ». Mais, mécaniquement, l’ensemble des voix conquises au premier tour ne se sont pas agrégées au second. Résultat d’une union trop tardive et ratée.

« Une clientèle fidélisée de longue date» pour Moudenc

L’étude relève en revanche que Jean-Luc Moudenc, lui, a su construire sa victoire dans « les quartiers de l’hyper-centre les plus aisés » mais aussi sur « certains quartiers pavillonnaires excentrés ». Son implantation de conseiller départemental puis de député sur ces deux zones n’y est pas étrangère. « Une clientèle fidélisée de longue date » comme l’appelle Fourquet et Manternach.

Derrière une opposition gauche/droite, ce sont également deux visions de la ville et deux façons de la vivre qui se sont fait face au second tour »

Phoning et procurations par milliers ont aussi permis au maire sortant de creuser l’écart selon l’étude. Dans les quartiers plus périphériques où les déplacements se font encore en voiture, le candidat LR prend aussi l’avantage. L’électorat d’Archipel, lui, se retrouve le long des stations de vélos et du tracé du métro.

Comment l’aéronautique et la LGV ont plombé Maurice

Au-delà des profils électoraux des deux listes, deux dossiers ont également fait la différence : l’aéronautique et la LGV. Antoine Maurice affronte un premier trou d’air, accusé d’avion-bashing par son adversaire. Opposé également à une nouvelle ligne TGV entre Toulouse et Bordeaux (il prône un réaménagement de l’existant), l’écologiste voit une différence programmatique insurmontable le priver d’un report de voix suffisants avec la liste de Nadia Pellefigue.

Une LGV Sud-ouest qui, paradoxe, a amené de Paris un électorat plus favorable à EELV à Bordeaux, Poitiers, Tours. Une LGV qui a aussi amené des « bobos » à Strasbourg, Lyon et même Marseille, faisant basculer ces métropoles du côté des Verts ou de la gauche version citoyenne. Au même titre, relève l’étude, qu’historiquement « l’arrivée du chemin de fer » et des activités économiques qui vont avec avait « favorisé l’implantation précoce et durable du Parti Communiste ».

L’absence d’une LGV a donc sans doute structurellement pénalisé Antoine Maurice et favorisé Jean-Luc Moudenc en freinant le changement sociétal et la boboïsation de la ville rose »

En fin de note, Fourquet et Manternach, aidés de Céline Collange, expliquent comment ils ont mis au point leur « indice de boboïsation », loin des catégories décrites par l’Insee. Ils assurent que « Bordeaux surclasse nettement Toulouse » en la matière.

Patrick Noviello (@patnoviello)

03 Déc

Décès de Valery Giscard d’Estaing : l’hommage des centristes de la région

Midi-Pyrénées, l’Aveyron mais aussi Toulouse furent des terres centristes, dirigées par des élus UDF, le parti de Giscard. Ses anciens membres se souviennent. Quant à la nouvelle génération, elle rend aussi hommage à l’ancien président.

Valéry Giscard d’Estaing en juin 2019 lors d’une conférence consacrée au 50ème anniversaire de l’élection de Georges Pompidou (Photo Jacques Demarthon AFP)

L’UDF fut  fondée en 1978 en soutien à Valéry Giscard d’Estaing. Jean-Luc Moudenc l’intégra dès sa création. Il avait 17 ans. « C’est  l’élection de Valery Giscard d’Estaing qui m’a fait m’engager en politique pour des idées forces : l’Europe, la majorité à 18 ans, l’idée de gouverner au Centre pour rassembler les français » témoigne l’actuel maire de Toulouse sur le site internet de France3 Occitanie.

Philippe Douste-Blazy intégra l’UDF plus tard. Mais  l’ancien maire de Lourdes et de Toulouse rend aussi un hommage appuyé au Président disparu. Ce qu’il retient aujourd’hui de VGE :

La profonde intelligence, un immense européen, un grand réformateur, le modernisateur de la vie politique française et européenne »

« Il fut ce qu’on peut appeler mon mentor politique dès les années 70» avoue sans retenue Marc Censi. « J’avais pour lui une grande admiration. J’ai eu l’occasion de le côtoyer à l’association des présidents de régions » se souvient celui qui dirigea Midi-Pyrénées de 1988 à 1998.

« Mon regret est qu’il n’ait pas pu effectuer un deuxième mandat. Je crois que c’est Borloo qui a dit de lui qu’il était un homme qui avait eu raison trop tôt » regrette l’ancien maire UDF de Rodez.

L’UDI 31 a le cœur gros

Aujourd’hui, l’UDF n’est plus mais les militants de l’UDI se souviennent aussi du dernier centriste encarté à avoir été Président.

« Comme il l’avait si bien su le dire en 1974, personne n’a le monopole du cœur mais ce soir la famille centriste a le cœur gros » écrit sur son compte Twitter Sophie Lamant, la présidente de l’UDI 31.

Patrick Noviello (@patnoviello)

01 Déc

Régionales : Myriam Martin et Manuel Bompard désignés « chefs de file » pour La France Insoumise

Aucune surprise quant à ce choix de la conseillère régionale sortante et du député européen, tous deux habitués aux affiches des derniers scrutins. Leur programme s’élabore et il se veut « ouvert » à de nouveaux partenaires.

Après les Sénatoriales en septembre dernier, en route pour les Régionales pour Myriam Martin Photo : Facebook M.Martin

Déçus par la décision d’Europe Ecologie Les Verts réunis en Assemblée Générale ce week-end, le comité électoral Occitanie de LFI a donc annoncé la couleur en désignant ses chefs de file. « Nous leur avions pourtant fait une proposition précise pour parvenir à une liste de large rassemblement en capacité de gagner la Région, sans préalable de notre part » précise le comité régional dans son communiqué.

Antoine Maurice tout seul n’aurait jamais fait 48% aux Municipales » Myriam Martin

« Moi je suis toujours surprise par ses refus-là non motivés. Je pense qu’EELV a une mauvaise analyse des Municipales. Je regrette vraiment qu’Antoine Maurice ait perdu à Toulouse mais tout seul il n’aurait jamais fait 48%. Et c’est le cas de tous les autres candidats Europe Ecologie Les Verts en France » analyse Myriam Martin.

Union ratée avec EELV

« Nous avons été mal traités par le PC et les Verts à la Région. Ils nous ont privé de groupe politique. Mais de ça, on avait fait table rase. Je ne suis pas pour l’union béate mais quand on peut unir nos forces il faut le faire. On avait convaincu nos militants de nous unir avec EELV, mais eux ont fait le contraire » regrette la désormais chef de file LFI.

Et dans son communiqué le comité électoral régional de LFI de reprendre à son compte le cheval de bataille historique d’EELV : « Nous n’avons plus que quelques années pour agir face à l’urgence climatique. Et la terrible crise sociale qui frappe notre pays nous oblige à un devoir de responsabilité. Il y a donc urgence à changer les politiques régionales et les méthodes politiques. Cela nécessite de se fédérer, à l’inverse de la décision de repli sur soi que viennent de décider les instances d’EELV ».

Il faut arrêter les projets inutiles ! » Myriam Martin

« Il faut arrêter les projets inutiles comme la scierie de Lannemezan ou l’autoroute Castres-Toulouse. Il y en a énormément dans notre région » assure Myriam Martin. Et la candidate LFI de relever « un désaccord sur la méthode avec Carole Delga. « Il faut partir des besoins et des urgences écologiques. Le Schéma Régional pour l’Aménagement du Territoire prévoit des choses en ce sens mais pour… 2040 ! »

Dans son programme, Myriam Martin souhaite aussi plus « faire avec les habitants ». Mais quid de la convention citoyenne alors ? « C’est la montagne qui accouche d’une souris. En seulement trois sessions, c’est une plaisanterie ! Nous voulions un débat général sur la LGV par exemple. Il a été refusé ».

Main tendue à d’autres forces politiques

Mais pas d’union avec EELV signifie-t-il pour autant que LFI restera seule ? « Nous continuons de tendre la main à toutes les forces politiques, aux militants associatifs ou syndicaux, qui partagent ces priorités politiques pour constituer ensemble une liste porteuse de ces aspirations » précise prudemment leur communiqué.

Un « Archipel Citoyen » régional ? « On n’a pas abandonné l’idée » avoue Myriam Martin. « Dans l’appel que nous avons lancé, il y a des signataires de tous horizons. On a proposé d’ouvrir le programme » explique la conseillère régionale sortante. Covid oblige, la campagne va surtout débuter en visio mais les équipes de LFI sont déjà en place assure le mouvement.

Combien de listes à gauche ?

Carole Delga candidate à sa propre succession, Antoine Maurice en campagne pour Europe Ecologie Les Verts, déjà deux listes sont déclarées à gauche, trois avec celle-ci. Y-en aura-t-il une quatrième voire plus ? Même si c’est bien connu aux Régionales plus qu’ailleurs, chacun compte ses voix au premier tour et on se réunit au second, l’union finale est cette fois-ci loin d’être assurée.

Patrick Noviello (@patnoviello)