29 Août

Municipales Colomiers (31) : PS/EELV : lettre de rupture

La ville de Colomiers - ©MaxPPP

Bernard Sicard, maire socialiste de la ville depuis 2001 passant la main, Colomiers sera une commune à suivre lors du prochain scrutin. D’autant plus que l’union à gauche est loin d’être acquise dans la deuxième commune de Haute-Garonne (plus de 35000 habitants). Le divorce semble même être consommé entre écologistes et socialistes, et les deux formations communiquent désormais par lettres interposées.

La dernière en date provient d’Europe Ecologie Les Verts et le courrier s’adresse au PS Columérin. D’entrée les porte-paroles d’EELV Colomiers s’étonnent que les socialistes les invitent à « construire un rassemblement des forces de la gauche » dans la ville. Les écologistes précisent qu’ils partiront seuls quoi qu’il arrive, menés par Patrick Jiména (le conseiller général à la caravane, souvenez-vous).

Et les verts de rappeler les propos peu amen du parti à la rose à leur égard : une annonce de candidature qualifiée de « non évènement politique », un affrontement sur « le bétonnage de la ville » où les socialistes les auraient qualifiés de « snippers qui tirent à balles réelles ».

Autre dossier chaud pour ce prochain scrutin sur la commune : l’école. Selon EELV, le président du groupe majoritaire au conseil municipal aurait parlé d’eux en ces termes :

« ceux qui n’ont rien prouvé jusqu’à maintenant à part faire de la démagogie et du populisme ».

De son côté la secrétaire de section du PS Columérin calme le jeu dans un courrier adressé à Europe Ecologie mi-juin :

« Nous sommes bien conscients des disparités politiques qui peuvent parfois exister entre nous (…) nous souhaitons engager avec vous une réflexion autour de nos valeurs communes(…) C’est donc avec enthousiasme et une réelle volonté de partenariat que nous vous invitons à une rencontre à votre convenance ».

Pour l’heure pas de rendez-vous fixé entre les deux (anciens ?) partenaires de gauche, mais une certitude pour les écolos :

« Plusieurs listes de gauche seront présentes lors de cette élection municipale (…) mais aucunes d’entre elle n’aura le monopole du « rassemblement » et aucune d’entre elles ne sera qualifiée pour jeter l’opprobre sur les autres ».

La campagne promet d’être animée…

Patrick Noviello

Guillaume Cros et une confidence de Cécile Duflot : « ça coince à Bercy »

Guillaume Cros, président du groupe EELV à la Région. Photo : Laurent Dubois/France3MidiPyrénées

Des socialistes « verts » de rage. Les écolos « roses » de plaisir. Le projet d’une contribution « climat-énergie » en fait voir de toutes les couleurs à la majorité. Du côté du PS, les critiques fusent. En revanche, chez les alliés d’Europe Écologie, les sourires fleurissent.

Évidemment, Guillaume Cros est satisfait. Le président du groupe EELV à la Région revient de Marseille avec du baume au cœur. Il a participé aux journées d’été de son mouvement. A côté la gare Saint-Charles,  Il a entendu, en direct, le discours de Philippe Martin. Au milieu de ses camarades, dans la cité Phocéenne, Guillaume Cros a applaudi la proposition du nouveau ministre de l’Écologie. Les feuilles d’impôts arrivent dans les boîtes à lettres. Une hausse de la CSG plane sur la réforme des retraites. Une augmentation de la TVA est programmée pour le mois de janvier prochain.

Guillaume Cros reconnaît qu’un nouveau prélèvement obligatoire est « difficile à expliquer ». Mais « il faut le faire avec pédagogie et pas avec démagogie comme Ségolène Royal qui parle d’un impôt en plus ». Pour Guillaume Cros, « il n’y a pas d’opposition entre fiscalité verte et pouvoir d’achat. La contribution climat-énergie va coûter en moyenne pour un ménage 3 à 4 euros par mois et elle va permettre de changer certains équipements domestiques. Notamment des chaudières qui seront plus économes ». Malgré cette profession de foi, Guillaume Cros sent bien le risque de dérapage. La pression fiscale est forte. Les contribuables grognent.  A quelques mois des municipales, la majorité jongle avec des grenades dégoupillées. Aussi Guillaume Cros plaide pour une « compensation » avec une baisse de prélèvements déjà en place. D’après lui, « on peut compenser avec une baisse de TVA sur certains produits ou travaux ». Guillaume Cros est prudent. Mais, en fait, la question des modalités pratiques est prématurée.

Pour Guillaume Cros et ses camarades, l’annonce de Philippe Martin est une simple…annonce. Lors d’un déjeuner, Cécile Duflot lui a fait une confidence : « ça bloque à Bercy ». La création de la contribution « climat-énergie » est « suspendue à un fort arbitrage au plus haut niveau ». Bref, les Verts ont entendu les paroles. Ils attendent maintenant les actes. Et, visiblement, les tensions au sein du gouvernement, sont vives. Aussi, Guillaume Cros menace :  » le PS ne peut pas assumer une rupture avec Europe Écologie. La petite popularité de François Hollande fait que le PS a besoin de nous ».

D’ailleurs, au travers de la fiscalité verte, c’est tout l’équilibre du partenariat PS-EELV qui est en jeu. Jean-Marc Ayrault est dans le viseur. Mais aussi Martin Malvy. Guillaume Cros est très clair : « dans pas mal de collectivités on risque de ne pas voter le budget et dans certaines collectivités si on ne vote pas, le budget ça ne passe pas. En Midi-Pyrénées le budget régional va devoir refléter une accroche écologique forte. Particulièrement sur le volet agricole ».

Laurent Dubois

27 Août

Municipales à Toulouse : Christine de Veyrac ira « jusqu’au bout »

Lassée de répondre aux mêmes questions des journalistes quant à la durabilité de sa candidature, Christine de Veyrac a confirmé, lors d’une conférence de presse ce mardi, qu’elle ne renoncera pas. La député européenne, sans vouloir d’ores et déjà citer de noms, se targue d’avoir autour d’elle des militants de toutes tendances «gauche, droite, centristes, écolos… ». « Et on y croit ! » lance la candidate UDI (même s’il ne devrait pas y avoir d’étiquette politique sur ses futures affiches).

Créer des arrondissements à Toulouse

« La seule chose qui puisse me faire renoncer, c’est que les gens que je rencontre dans les quartiers toulousains me disent qu’ils n’ont plus besoin de moi, et ce n’est pas le cas ». Et pour répondre à leurs attentes, Christine De Veyrac propose un premier outil de démocratie participative : l’arrondissement. Pour elle, « avoir une personnalités forte à la tête de chacun d’eux est primordial. Je n’ai pas peur d’enlever du pouvoir au maire, moi ! Qui aujourd’hui est capable d’identifier le représentant de la mairie pour son quartier ? ».

Avec cette création d’arrondissements, comme à Paris, Lyon ou encore Marseille, la candidate se défend de créer des dépenses supplémentaires ou une strate administrative de plus. « Les infrastructures et les moyens humains y sont ».

Concernant les agents publics municipaux justement, Christine de Veyrac vient de leur écrire une lettre ouverte pour leur expliquer comment elle va travailler avec eux si elle est élue. La missive sera distribuée dans les heures qui viennent à la sortie de la mairie et devant les bouches de métro. La lettre ouverte sera d’ailleurs le futur moyen de communication récurrent de la liste De Veyrac..

Et pour ne pas présenter son programme d’un bloc, « ce qui serait trop lourd », la militante centriste en exposera un point précis chaque mois jusqu’au scrutin à travers une conférence de presse. La campagne est bel est bien lancée pour Christine de Veyrac : « Et j’irai jusqu’au bout » répète-t-elle.

Patrick Noviello

02 Août

EXCLUSIF : témoignage(s) sur l’influence politique de Pierre Fabre

Jacques Thouroude, maire adjoint de Castres, conseiller régional. Photo : L.Dubois/France3MidiPy

Pierre Fabre et le Tarn. Le Tarn est « Pierre Fabre« . Pour l’opinion publique, les deux noms sont synonymes. L’industriel castrais incarne la vie économique du département de Jaurès. Le pays tarnais abrite quelques PME innovantes. Mais il a perdu ses cheminées d’usines et ses grands sites de production. Les mégisseries, les fonderies, la mine appartiennent au passé.  Le Groupe Fabre est le dernier fleuron. L’ultime poumon. Après le décès de son fondateur, la presse a rappelé le poids et l’influence des « labos ». Un poids, une influence qui s’étendent à la vie sportive, culturelle et médiatique. Financement du Castres-Olympique. Participation au capital du quotidien régional. Propriété d’une maison d’édition…Pierre Fabre ne restait pas enfermé dans ses laboratoires. Et en matière politique ? Le sujet est plus tabou. Il est moins évident. Les visites ministérielles et les rencontres avec des personnalités – de droite comme de gauche – sont de notoriété publique. En revanche, les interventions dans les carrières ou les décisions restent dans l’ombre. Jacques Thouroude éclaire ces coulisses. Le conseiller régional UMP les connait bien. Salarié du Groupe Fabre pendant des années, il est maire adjoint de la ville berceau des « labos » : Castres. Conseiller général du Tarn de 2001 à 2010, son terroir politique s’enracine dans le terreau Fabre. A ses yeux, une constante a guidé le fondateur du groupe pharmaceutique. D’après Jacques Thouroude, Pierre Fabre  » ne voulait pas que l’on puisse épingler une étiquette politique à son entreprise ». Celui que les salariés appelaient « Monsieur » était donc discret. « Il n’a jamais assisté à un meeting ou à des réunions politiques ». Cela n’empêchait pas certains signes de soutien. Notamment à l’égard d’un très proche ami, ancien ministre, ancien député et maire de Castres : Jacques Limouzy. Jacques Thouroude se souvient d’une anecdote parlante. « Un jour, avant des législatives, un rendez-vous est fixé à 19 heures à côté de la pharmacie de Pierre Fabre, à Castres. En arrivant (Jacques Thouroude) voit Pierre Fabre et Jacques Limouzy qui l’attendent. Pierre Fabre demande ou (ils) peu(vent) aller manger dans un endroit où il y a du monde ». Pour Jacques Thouroude « c’était une manifestation publique de soutien. Un geste fort ». Pierre Fabre cultivait la discrétion. Mais cela n’interdisait pas les affinités électives. Et une aide financière. Pierre Fabre, reconnaît Jacques Thouroude, « a aidé des personnalités de droite et de gauche. Il l’a fait à titre personnel et dans les limites fixées par la loi ». Parmi les heureux bénéficiaires, le nom d’un député midi-pyrénéen, ancien ministre de Gauche. Et, à l’opposé de l’échiquier idéologique, celui d’un responsable d’extrême-droite du Grand Sud. Pierre Fabre a incontestablement exercé une influence politique forte. L’ancien maire de Castres, Arnaud Mendement, en sait quelque chose. Le socialiste a expérimenté les rapports de force avec le puissant patron des « labos ». L’influence de Pierre Fabre sur la vie politique est réelle. Mais elle est relative. L’entourage de Pierre Fabre ne voulait pas entendre parler d’un Philippe Folliot à la mairie de Castres. Les quatre pieds du fauteuil municipal ont été méthodiquement  sciés. Le député UDI n’a jamais pu s’asseoir dedans. Néanmoins, il a pu décrocher un siège au Palais-Bourbon. En face de lui, un autre candidat revendiquait le soutien de Pierre Fabre. Bernard Carayon a été battu. Avec ses 9000 salariés en Midi-Pyrénées et presque 2 milliards d’euros de chiffre d’affaire, le Groupe Pierre Fabre dispose d’un pouvoir qui va bien au delà de l’argent. Mais ce pouvoir s’arrête au rideau de l’isoloir. La disparition de son fondateur va accentuer cette évidence.

Laurent Dubois