Faut-il reporter les élections régionales (et les départementales ?) au moins de juin ? C’est ce que recommande Jean-Louis Debré dans son rapport sollicité par le Premier Ministre. Covid oblige, la plupart des partis en présence y sont favorables. Mais les modalités varient.
Premier tour des élections Municipales à Toulouse, le 15 mars dernier. Photo MaxPPP Michel Viala.
S’il y a bien un point sur lequel tout le monde s’accorde, c’est le refus de revivre le scénario des élections municipales. « Si c’est pour recommencer comme en mars dernier, non merci » s’exclame Julien Léonardelli conseiller régional RN, alors candidat à Fronton en Haute-Garonne. « Nous ne voulons pas à nouveau d’élections en deux rounds » prévient Myriam Martin pour La France Insoumise.
Les leçons des Municipales
« Les leçons ont été tirées par le Président et le Premier Ministre » assure Pierre Casteras qui « ne veut pas refaire le match ». « Ce que je salue c’est la méthode et l’objectif de la démarche de ce rapport » souligne aussi le porte-parole de LREM en Haute-Garonne.
« La proposition fait consensus, non ? » Pour Pierre Esplugas, il faut « s’adapter à la situation de manière raisonnable ». Or de l’avis du porte-parole de LR 31, « un report de mars à juin c’est raisonnable ».
Côté socialiste, la Présidente sortante Carole Delga n’a pas souhaité s’exprimer. Mais pour Sébastien Vincini, « ce report était souhaité ». Le premier fédéral du PS en Haute-Garonne approuve « cette décision de bon sens ». Quant à Valérie Rabault, la présidente du groupe socialiste à l’Assemblée elle ne fera pas de commentaire étant donné que cette proposition de report « va dans le sens de ce que qu’elle avait dit à Jean-louis Debré ».
« Ce qui est important pour nous c’est que la décision soit prise rapidement pour ne pas museler la démocratie » précise Antoine Maurice tête de liste EELV.
Vote par correspondance
A l’inverse la préconisation d’utiliser le vote par correspondance fait la quasi-unanimité contre elle, comme lorsqu’elle avait été évoquée pour les Municipales. « Ça doit être utilisé à la marge » recommande Myriam Martin. « On voit ce que ça a donné aux Etats-Unis où ils recomptent une semaine après » ironise Julien Léonardelli.
Pierre Esplugas se dit lui carrément « hostile » au vote par correspondance. « Pour le professeur de droit public que je suis, rien ne remplace l’unité de temps et de lieu du bureau de vote. le fait de se déplacer, de faire un effort répond au rituel électoral ».
Antoine Maurice « partage la prudence de Jean-Louis Debré sur la question ». « Il ne faut pas décider de nouvelles modalités de vote à la hâte » commente le candidat écologiste.
« Je suis assez partagé » avoue également Pierre Casteras. « C’est assez lourd à organiser. On en peut pas l’imposer à quelques mois d’une élection. Il faut en débattre sereinement » préconise-t-il. »
Procurations facilitées ?
Guère plus d’enthousiasme sur la facilitation des procurations pour certains. « Actuellement on a des bureaux de Poste, des entreprises et même des mairies ouverts. Alors pourquoi ne pourrait-on pas assurer de bonnes conditions sanitaires dans les bureaux de vote » affirme Julien Léonardelli. « On doit être dans les meilleures conditions pour aller voter. Les procurations, ça doit rester à la marge » estime Myriam Martin.
« Un aménagement numérique doit sans nul doute être envisagé » estime Pierre Esplugas. Pour l’élu Les Républicains, « le point désuet et obsolète, c’est de les faire valider par des policiers ou des gendarmes qui ont autre chose à faire actuellement ».
Même analyse sur cette facilitation des modalités pour Pierre Casteras. « Que chacun n’arrive pas avec 10 procurations bien évidemment » explique cet ancien maire, « mais, sans tomber dans le tout numérique, il faut vivre avec son temps ».
Comment faire campagne ?
Dernier point qui préoccupent les futurs candidats : la tenue de la campagne. « Ni les français, ni les élus n’ont l’esprit à des campagnes électorales en ces temps troublés » reconnaît Sébastien Vincini. « Aujourd’hui, notre action est exclusivement tournée vers la gestion de la crise sanitaire et ses conséquences sociales, psychologiques et économiques » certifie le vice-président socialiste du département de Haute-Garonne.
Pour Antoine Maurice, ce sera une campagne « en mode Covid ». « A défaut de meeting, qu’on puisse au moins aller à la rencontre des habitants » espère la tête de liste EELV.
Un désamour attendu
« D’avance je pense que la participation va être faible » annonce Myriam Martin. « On va avoir un désintérêt parce que le désamour se poursuit entre citoyens et élus. Ça c’est le vrai sujet » martèle la conseillère régionale de La France Insoumise.
« Comment allons-nous mener campagne » se demande Julien Léonardelli. « Y-aura-t-il des meetings ou pas ? Ce qui est sûr c’est qu’on va devoir innover » prévient l’élu régional du Rassemblement National.
Patrick Noviello (@patnoviello)