C’est en rédigeant sa thèse sur le Larzac que Pierre-Marie Terral a commencé à rassembler des archives. Puis, il a décidé de raconter l’ancien président par les lieux où il est passé mais aussi ceux qu’il a voulu éviter. « Ni un « Mitterrand pour les nuls », ni « oui oui » », un ouvrage qui résonne aussi à un an de la Présidentielle.
« C’est Gérard Deruy, l’ancien maire de Millau qui a commencé à me parler de lui et à me faire faire passer des documents, puis Alain Fauconnier (NDR : ancien sénateur et maire de Saint-Affrique) » se souvient Pierre-Marie Terral. « Tous me racontaient un Mitterrand intime qui, sous couvert de meeting, avait en fait un lieu à venir visiter, comme l’orgue de Vabre l’Abbaye. On le lui avait décrit comme similaire à celui de Jarnac lieu de son enfance » explique le professeur de lycée.
Un Larzac qu’il connut bien
Quand Mitterrand débarque sur le Larzac en 1974, pour participer à un rassemblement, il essuie des jets de pierres et de bouteilles par des militants d’extrême-droite. « Ces lieux où il est pris à partie, il les décrit remarquablement bien dans « la paille et le grain » » raconte Pierre-Marie Terral.
Et pour cause, il les connaît déjà. Il y est venu l’été précédent, en promenade, avec Anne Pingeot, notamment du côté de La Couvertoirade. « C’est en découvrant les « Lettres à Anne » que je m’en suis rendu compte » explique l’auteur de « François Mitterrand : un roman français ».
Le sens de la formule
L’historien n’oublie pas le sens de la formule de la figure socialiste. « Quand en 1982, une fois élu, il revient à Rodez où il est acclamé par ses mêmes paysans du Larzac, il leur lance : « nous nous devons une victoire réciproque » ».
Ce livre montre l’habileté qu’avait Mitterrand à «être de partout », lui qui a sillonné toute la France. Un aspect qui a séduit (et inspiré) François Hollande. Le dernier Président Socialiste signe d’ailleurs la préface de l’ouvrage. Un ouvrage qui expose donc les lieux où Mitterrand est passé ou a vécu mais aussi ceux qu’il a voulu éviter.
Une habileté à être « de partout »
« Il est remarquable de noter les détours qu’il a été capable de faire pour ne pas remettre un pied à Vichy ». Autre lieu évité soigneusement : l’observatoire. Le Président socialiste va aussi plus systématiquement visiter les villages et les églises que les cités où veut le traîner Pierre Joxe.
Le livre raconte aussi une certaine vision de la France. Un pays que le promoteur de « La force tranquille » et des villages à clochers va voir évoluer malgré lui. « Par conservatisme, il a été réticent à certains aménagements routiers ou autoroutiers pour ne pas voir changer des paysages, lui qui aimer voyager en micheline mais qui a inauguré le TGV » explique Pierre-Marie Terral.
Alors à un an de la prochaine présidentielle, que nous apprend ce portrait en format paysage ? « Avec Mitterrand, on voit comment pendant des décennies, on peut être tourné vers un objectif, devenir Président. Aujourd’hui, on arrive à accéder à cette fonction en quelques mois, grâce à des réseaux et au numérique, sans avoir forcément parcouru la France » analyse l’historien aveyronnais.
« François Mitterrand, un roman français » de Pierre-Marie Terral, Mareuil Editions