30 Mai

Révélations sur les responsabilités dans le « fiasco » Dominique Reynié aux régionales

Une situation inédite et un cas unique. L’annulation de l’élection de Dominique Reynié offre à la région Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées un double palmarès. Jamais une tête de liste régionale n’a vu son élection annulée. Mais, de plus, aucune région française n’a connu l’élimination judiciaire d’un élu qui a drainé sur son nom des centaines de milliers de voix. Dominique Reynié n’est pas le seul «coupable» de ce triste bilan. D’autres responsables de gauche comme de droite partagent le fardeau du fiasco. Des responsables qui étaient les concurrents politiques du politologue parisien et qui ont « instrumentalisé » la « vraie-fausse » candidature Reynié à des fins électorales. Révélations.

(Photo : Pascal Pavani / AFP)

(Photo : Pascal Pavani / AFP)

Un demi-million d’électeurs pour un « vrai-faux » candidat

520 028 bulletins de vote qui n’auraient jamais dû exister. Un demi-million d’électeurs ont voté pour un « vrai-faux » candidat : Dominique Reynié. L’annulation de l’élection de l’ex-tête de liste (de la droite et du centre) aux régionales 2015 se résume à un terrible constat : le premier grand scrutin sur la nouvelle Grande Région a été un scrutin «fantôme» et même «fantoche». Les élections de décembre dernier n’ont pas été juridiquement annulées. Mais, politiquement, elles sont sérieusement écornées.

Pendant des semaines et des mois, les électeurs ont vu et entendu une tête d’affiche. Mais Dominique Reynié n’aurait pas dû être sur l’affiche et encore moins en tête de gondole. Son visage et son nom se sont étalés sur une caravane de véhicules qui a sillonné la région, sur des millions de documents électoraux et des affiches placardées au bord des routes, dans des centaines d’articles de presse. Mais tout cela n’aurait jamais dû exister. C’est ce que vient de proclamer (avec l’autorité de la chose jugée et sous le sceau de la République) la plus haute juridiction administrative française.

Tout est parti du maire d’Onet-le-Château

Dominique Reynié ne commente pas la décision du Conseil d’Etat. Mais il insiste sur le fait qu’il est victime d’un rejet de la classe politique locale. Il n’a pas tort. C’est effectivement un élu de la région qui lui a coûté son seul et unique mandat politique. Mais, contrairement à ce que prétend Dominique Reynié, ce n’est pas le sénateur LR de l’Hérault qui est son «bourreau». Bien-sûr, c’est Jean-Pierre Grand qui a saisi la justice administrative et obtenu sa «tête». Néanmoins, plusieurs sources concordantes sont catégoriques.

J’ai arrangé le coup à Reynié et il n’a rien fait pour moi»

C’est le maire d’Onet-le-Château qui allume la mèche sur laquelle va souffler Jean-Pierre Grand. Le 1er magistrat de la commune hébergeant la mère et le frère de Dominique Reynié voulait une troisième place sur la liste du politologue parisien. Il ne l’obtient pas. Déçu, il se répand alors dans les dîners en ville et les cénacles de la droite départementale : «J’ai arrangé le coup à Reynié et il n’a rien fait pour moi».

Ces «lamentations» finissent par se propager et arrivent jusqu’aux oreilles de Jean-Pierre Grand. Au siège des Républicains, comme dans les rangs des socialistes aveyronnais, les conversations vont bon train. Nous sommes plus de trois mois avant le scrutin et l’inéligibilité de Dominique Reynié devient un secret de Polichinelle. A Paris, lors d’un déjeuner entre Etienne Mougeotte (ancien directeur de TF1, actuel patron de l’hebdomadaire Valeurs Actuelles) et le président de l’UDI, Jean-Christophe Lagarde, le doute n’est pas de mise. Les deux hommes estiment que Dominique Reynié ne peut pas être candidat. 

La « bienveillance » de ses adversaires socialistes

Toute cette agitation (souterraine) et le sol qui commence à trembler sous les pieds de Dominique Reynié sont bien partis d’une faille localisée dans l’Aveyron. Dominique Reynié a raison. Sa chute a des racines locales. Mais il a également bénéficié d’une « protection » également très locale. Une « protection » localisée dans… le camp adverse.

Lors d’une réunion à Millau, un militant socialiste interpelle ses instances départementales. Il connaît le dossier Reynié et veut saisir la justice. II demande l’autorisation au 1er fédéral de l’Aveyron. Carole Delga est présente. Un des piliers de sa campagne, l’ancien sénateur de l’Aveyron, Alain Fauconnier également. Réponse : non. Pas question de bouger.

Cette bienveillance peut surprendre. Eliminer ou du moins affaiblir un concurrent, c’est de bonne guerre dans une bataille électorale. Sauf, quand le concurrent est un concurrent utile. Suffisamment haut dans les sondages pour barrer la route à Louis Aliot et au Front National. Suffisamment bas pour ne pas constituer un danger pour la candidate socialiste.  

Il nous va très bien Reynié, faut surtout pas nous le changer ».

Quelques temps après la réunion de Millau, un des plus proches collaborateurs de Carole Delga, explicite les choses : «Il nous va très bien Reynié, faut surtout pas nous le changer ». Ce sont quasiment les mêmes mots utilisés par celui qui va devenir le directeur de cabinet de la future présidente de Région. Laurent Blondiau est alors en charge de la campagne de Carole Delga. Lors d’une opération autour du Canal du Midi, il n’hésite pas à dire au staff de Dominique Reynié qu’il faut conserver le candidat de la droite.

A l’époque de ces propos, la date de l’enregistrement de la candidature Reynié par la préfecture approche. Beaucoup s’interrogent sur l’attitude du préfet de région : va-t-il siffler la fin de la partie ? Pour le staff de Carole Delga, pas de doute, il faut le maintenir en piste.

Jusqu’aux plus hauts sommets de l’Etat

Paradoxalement, dans le même temps, Dominique Reynié reste confiant et affirme qu’il est parfaitement serein. Mais c’est également le cas de son entourage politique. Sacha Briand (conseiller régional et maire adjoint de Toulouse mais aussi avocat) a toujours affirmé que la question de l’éligiblité de Dominique Reynié ne se pose absolument pas. Même ligne du côté d’un autre conseiller régional LR, lui aussi avocat et élu municipal (à Montauban), Thierry Deville.

Ce sont les concurrents de Dominique Reynié qui ont conscience que la foudre peut tomber. Le premier ministre, Manuel Valls, et le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve sont personnellement et directement avisés du dossier Reynié.

Il n’est pas éligible. Mais il sautera seul après les élections »

Un ancien président de région déclare après le dépôt de la liste Reynié en préfecture : «Bien-sûr il (ndrl Dominique Reynié) n’est pas éligible. Mais il sautera seul après les élections. On a consulté un avocat et la seule inconnue c’est de savoir si c’est la liste de l’Aveyron qui saute ou uniquement Reynié».

De plus, selon nos informations, la candidate socialiste, Carole Delga, a eu connaissance d’une note juridique, réalisée par un avocat, pointant l’inéligibilité de Dominique Reynié.

Dans le camp socialiste, le scénario qui s’est écrit en mai 2016 avec la décision du Conseil d’Etat est donc connu depuis…novembre 2015. Pour le staff de Carole Delga et au PS, Dominique Reynié était «condamné». Mais il devait rester en course.

Cela s’appelle jouer aux «apprentis sorciers». Des mois avant la saisine de la justice, les socialistes devinent la fin de l’histoire. Mais ils ignorent le scénario. En cas de faible écart de voix entre Carole Delga et Dominique Reynié, le juge aurait même pu prononcer (conformément à une jurisprudence constante) une annulation du scrutin. 4 millions d’électeurs rappelés aux urnes. Impossible de plaider l’ignorance. Toute l’affaire (révélée par France 3 Midi-Pyrénées) s’est étalée dans la presse nationale.

La région LRMP aurait pu connaître un «accident» politique industriel avec la complicité active du parti au pouvoir à Matignon et à l’Elysée. Le pire a été évité. Il reste «juste» un goût amer. L’impression d’une élection tronquée et en partie «truquée».

Laurent Dubois (@laurentdub)

27 Mai

Annulation de l’élection de Dominique Reynié : la responsabilité du préfet pointée du doigt par Gérard Onesta et Louis Aliot

Dominique Reynié, conseiller régional LRMP

Dominique Reynié, conseiller régional LRMP

Le Conseil d’Etat a annulé l’élection de Dominique Reynié qui perd ainsi son (unique) mandat électoral et qui doit abandonner la présidence du groupe de la droite et du centre au conseil régional . Premières réactions.

Gérard Onesta et Louis Aliot pointent la responsabilité du préfet du Région. Un préfet qui a été en charge de la vérification administrative de la candidature de Dominique Reynié et qui a validé ce qui apparaît aujourd’hui (suite à la décision du juge administratif) comme une «  »vraie-fausse » candidature.

Vincent Terail-Novès, conseiller régional (LR) :

Je prends acte de la décision souveraine du Conseil d’Etat. Le groupe d’opposition soudé engagera sereinement dans les prochains jours sa réorganisation. J’apporte à Dominique Reynié en tant qu’homme mon soutien et mon amitié dans la situation personnelle difficile qu’il traverse

Louis Aliot, ex-tête de liste aux Régionales FN et député européen.

Professeur à sciences po Paris, directeur de Fondapol et retoqué pour une question de domiciliation. C’est pas sérieux. Et ces gens donnent des conseils et font la leçon aux autres en permanence. Ce sont des charlots. Reste que le préfet, Valls et Cazeneuve ont été alertés sur cette situation dans les délais d’inscription et n’ont pas réagi. Je trouverai toujours ça suspect

Christian Assaf, président du groupe PS à la Région et député.

Je n’ai pas l’habitude de commenter des décisions de justice. C’est une preuve que la loi s’applique pour tout le monde. C’est la force de l’Etat de Droit.

Gérard Onesta, ex-tête de liste aux Régionales. Président du bureau de l’assemblée régionale

J’avais des relations courtoises avec Dominique Reynié que je tiens pour un vrai démocrate. Son profil atypique a dérangé son propre camp. Mais aujourd’hui je m’interroge : pourquoi la préfecture, sur une question aussi sensible que celle de la tête de liste d’une des plus grandes formations politiques, n’a pas fait, alors que c’est son rôle, une vraie vérification administrative au moment du dépôt de candidature. C’est d’autant plus incompréhensible que la presse détaillait depuis des mois, pièces à l’appui, tous les éléments du dossier. Y a-t-il eu des calculs -et si oui de quelle nature. Quelles auraient été les équilibres politiques si la liste de droite avait été menée par une personne d’autres options. J’ai la désagréable sensation que le résultat a été affecté dans une proportion que plus personne ne peut plus définir. Notre démocratie en sort affaiblie

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

L’élection de Dominique Réynié (LR) aux régionales annulée

Le Conseil d’Etat a annulé l’élection de Dominique Reynié, tête de liste des Républicains lors des élections régionales de décembre 2015, considérant que le candidat n’était pas éligible en raison de l’absence de domiciliation fiscale sur la commune d’Onet-le-Château (Aveyron) où il avait été inscrit sur les listes électorales.

Dominique Reynié (AFP)

Dominique Reynié (AFP)

Lors de l’audience le 18 mai dernier, le rapporteur public avait demandé au Conseil d’Etat d’annuler l’élection de Dominique Reynié. Il avait parlé de « domiciliation fantôme » et de « contrat de convenance » au sujet du bail de location signé entre la tête de liste régionale et sa mère. 

Dans son arrêt, le Conseil d’Etat ne reconnaît par à Dominique Reynié de domiciliation dans la région :

Le Conseil d’État a relevé que l’installation du candidat à Onet-le-Château était récente et dans des conditions relativement sommaires ; le lieu d’exercice de son activité professionnelle était toujours à Paris et à Villejuif, qui était également le lieu d’activité de sa femme ; ses attaches familiales étaient en région parisienne, où il dispose d’un logement familial.

Au vu de l’ensemble de ces éléments, le Conseil d’État a jugé que le candidat ne pouvait être regardé comme ayant son établissement principal dans la région Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées » (communiqué)

C’est le sénateur de l’Hérault Jean-Pierre Grand, opposant à Dominique Reynié au sein de sa famille politique des Républicains, qui avait introduit ce recours. Le sénateur s’était insurgé contre la désignation du professeur de science politique en avril dernier. Il s’était notamment interrogé sur l’éligibilité de Dominique Reynié, inscrit sur les listes électorales à Onet-le-Château (Aveyron).

Cette information, révélée par le blog politique de France 3 Midi-Pyrénées en octobre dernier, avait secoué la campagne des Régionales. Suite à ces révélations, Dominique Reynié avait fourni à France 3 des documents attestant de sa « résidence » à Onet, hébergé chez sa mère, en présentant notamment un bail de location.

Mais nous avions également révélé qu’un avocat qu’il avait consulté lui avait conseillé en mai 2015 de « prendre un bail » à Onet afin de régulariser sa situation. Pourquoi lui demander en mai de prendre un bail s’il en avait déjà un en mars ? Simple problème de concordance de date ou document anti-daté ?

Juste après les élections, le sénateur LR de l’Hérault Jean-Pierre Grand a déposé un recours devant le Conseil d’Etat contre l’élection de Dominique Reynié. Après plusieurs mois d’instruction, l’audience s’était déroulée le mercredi 18 mai. Ce vendredi 27 mai, on apprend donc que le Conseil d’Etat a suivi les conclusions du rapporteur public.

Jean-Pierre Grand a immédiatement réagi :

Dominique Reynié ne pouvait ignorer les règles de droit que la Démocratie impose à tout candidat aux élections. Il a grossièrement tenté de les contourner. Sénateur de la République, mon devoir est de les faire respecter.
Le Conseil d’Etat, plus haute juridiction administrative, a constaté son inéligibilité et invalidé son élection »

Dominique Reynié qui avait depuis suspendu sa participation aux travaux du Conseil Régional n’est donc plus élu. C’est le maire de Millau, Christophe Saint-Pierre, qui le remplace au Conseil régional.

Fabrice Valery (@fabvalery) et Laurent Dubois (@laurentdub). 

Conseil Régional : un flottement dans la majorité de Carole Delga

Perte de majorité. Carole Delga fragilisée. Le rejet d’une délibération en plein débat budgétaire alimente les commentaires et agite le bocal politique. Le texte « retoqué » portait sur l’autonomie fiscale. Une seule voix a fait défaut. Cet accroc est-il sérieux ?  Depuis le début de la mandature, une évidence s’impose : la majorité de Carole Delga est une majorité plurielle. L’incident lors du vote du premier budget régional marque-t-il le début de commencement d’un schisme  ? Analyse.

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Jeudi 28 mai le nouveau conseil régional a voté son budget : 2,8 milliards d’euros. Principale enveloppe : 1,59 milliards d’euros concernant l’éducation (440,5 millions d’euros), la formation professionnelle et l’apprentissage (532 millions d’euros). Le second gros chapitre est le développement économique. Il représente 614,3 millions d’euros. Carole Delga qualifie le premier budget de son mandat « d’ambitieux et de volontariste« . Un budget adopté sans le vote de l’aile gauche de la majorité régionale. Six élus du Front de Gauche et la Nouvelle Gauche Socialiste ont fait défaut : Jean-Christophe Sellin, Guilhem Serieys et Liem Hoang Ngoc ont voté contre, Myriam Martin et Muriel Ressiguier se sont abstenues.

Cette fronde (prévisible) n’a pas remis en cause le vote final. En revanche, une délibération a été rejetée. Il faut relativiser et être précis. Le texte « torpillé » n’était pas un acte budgétaire. Son rejet n’a pas d’incidence concrète sur les comptes de la Région. Il s’agissait d’un « cahier des doléances » afin de présenter (officiellement) une demande au gouvernement. Une demande portant sur le « rétablissement de l’autonomie fiscale des régions« . Fin des transferts de compétence sans transfert de moyen. Création de leviers fiscaux et augmentation des ressources propres. En dehors d’une référence à une promesse de campagne de Carole Delga (la création d’une taxe sur le transport routier pour financer les infrastructures transports et notamment la LGV), la délibération contenait uniquement de vielles et récurrentes revendications.

L’opposition régionale reconnait elle-même que les enjeux étaient limités. Comme le précise Elisabeth Pouchelon (LR) : « c’est très symbolique et très probablement un vœux pieux« .

Néanmoins, le résultat est là. Un vote a échappé à Carole Delga. Un élu de la majorité parle d’un « simple » cafouillage : « un moment de grand flottement et d’incompréhension au moment du vote. Certains élus ont sans doute confondu les amendements et le vote final« . Un conseiller régional est sur cette ligne mais évoque une maladresse de la présidence de séance : « Carole Delga a promulgué le vote immédiatement. Cela n’a pas permis à certains de changer leur vote ». Un autre élu pointe un problème de professionnalisme dans l’entourage de la présidente : « Carole Delga est mal conseillée. Elle aurait du attendre avant de promulguer le vote« .

Un vote extrêmement serré : 68 votes « pour », 69 votes « contre », 15 « abstentions ».

Le scrutin s’est déroulé en fin d’après-midi, vers 18 heures 30-19 heures. Mais, quelques temps auparavant, un signe précurseur aurait pu alerter la présidente de Région. Contrairement aux habitudes de l’ex-conseil régional de Midi-Pyrénées, le vote du budget a été fait par chapitres et lors de la mise au scrutin de l’important chapitre sur les transports (incluant la LGV) la majorité a été acquise à une voix près.

Le président du bureau de l’assemblée régionale relativise les choses et « positive ». Gérard Onesta : « la rédaction plus ambitieuse de la résolution (ndlr sur l’autonomie fiscale des régions) devrait permettre de dégager une majorité claire dans un mois lors de la prochaine plénière. Finalement, ce vote de rejet d’une voix qui a surpris tout le monde pourrait s’avérer positif pour muscler le signal envoyé à Paris« .

Un élu de la « majorité » régionale n’est pas sur la ligne Onesta. Guilhem Serieys ne réduit pas l’épisode à un dérapage incontrôlé ou une erreur involontaire. Le conseiller régional évoque une divergence de fond : « la délibération de Carole Delga acceptait la baisse des dotations. Nous sommes plusieurs à avoir voter contre« .

Laurent Dubois (@laurentdub)

26 Mai

La « douloureuse » assemblée plénière du Conseil régional à 85 000 euros

Tout a un prix. Surtout le confort et la sérénité. Lors de la précédente assemblée plénière, de nombreux conseillers régionaux (de droite comme de gauche) se sont plaints des conditions d’hébergement. Manque de place. Impossibilité de prendre des notes. Installés dans les fauteuils de l’auditorium du Corum, à Montpellier, les élus ne disposaient pas de table pour pouvoir écrire ou poser des documents. Visiblement, les doléances ont été entendues. L’assemblée plénière a planté ses « meubles » dans un nouvel endroit : le Parc des Expositions.

Photo : Région LRMP/Twitter

Photo : Région LRMP/Twitter

Les conditions de travail sont bien meilleures.Mais cela à un coût : 11 550 HT pour les deux jours de plénières. La facture est plus lourde que la fois précédente : 4 854 euros de dépense supplémentaire. A cette somme, il faut ajouter la location (pour les jeudi 26 mai et vendredi 27 mai) du centre de convention : 10 056 euros HT. Au total le volet « immobilier » s’élève pour la plénière du mois de mai à : 21 606 euros.

Cette somme correspond (uniquement) à la location des « murs ». L’équipement des salles, la restauration, la « captation » de la séance par des moyens vidéos constituent d’autres dépenses incontournables. La « plénière » d’avril dernier a été chiffrée à 60 000 euros. L’Hôtel de Région communique le nouveau montant total : 85 000 euros pour ces deux journées. 

L’option d’une location temporaire (à l’occasion de chacune des 4 « plénières » annuelles) est justifiée par des… économies. La formule est présentée comme la plus économique. Sur la base du chiffrage de l’assemblée plénière « ancienne formule » (au Corum), Gérard Onesta (président du bureau de l’assemblée régionale) évaluait l’enveloppe globale sur la durée des 5 ans de mandat à 1,5 million d’euros. Le changement de localisation fait grimper la facture à 1,7 million d’euros.

Le ratio entre le coût de la location et le coût d’éventuels travaux à Toulouse ou Montpellier reste favorable à l’option « hébergement provisoire dans la durée ». Carole Delga parle de 8 millions de travaux pour un agrandissement toulousain et de 10 millions s’agissant de hémicycle montpellliérain.

Ces chiffres sont contestés. Plusieurs sources parlent de devis et d’études réalisées (sur le site toulousain) à la fin du mandat du président Malvy. Des devis et des simulations qui tablent sur une « fourchette basse » à 1 million d’euro et une hypothèse maximum de 6 millions d’euros.

Au delà d’une question « comptable », le financement du « logement » des conseillers régionaux est (véritablement) stratégique. Une location, par définition, est « précaire » et la nouvelle région va devoir organiser ses « plénières » pendant des dizaines d’années. Le fait de construire ou d’aménager un site est probablement difficile à justifier auprès d’une opinion publique allergique à la dépense publique. Elle est également contraire aux engagements de campagne de Carole Delga. Mais elle permet de se projeter dans l’avenir.

Autrement dit, il s’agit d’une dépense d’investissement et l’investissement justifie la dépense.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Conseil Régional : l’aile gauche de la majorité de Carole Delga pointe une « ligne rouge » pour le budget

Premier acte budgétaire pour la nouvelle Grande Région. Ce jeudi 26 mai, l’assemblée régionale doit adopter son budget primitif. L’aile gauche de la majorité de Carole Delga fait un rappel à l’ordre. Les élus du Parti de Gauche et de Nouvelle Gauche Socialiste parlent d’un « moment de vérité » et fixent « une ligne rouge » s’agissant de la LGV. Mais c’est aussi l’enseignement et la culture qui sont au cœur des « recadrages » demandés.

carole Delga, président de la Région Photo MaxPPP

carole Delga, président de la Région Photo MaxPPP

La majorité régionale est une majorité plurielle. C’est une spécificité. La région LRMP est la seule région de France qui doit marcher sur trois pieds. La victoire de Carole Delga repose sur une  alliance avec deux autres partenaires : les radicaux de gauche de Jean-Michel Baylet et Nouveau Monde de Gérard Onesta. Les alliés de la gauche de la gauche n’ont pas tardé à se manifester. Le jour de l’élection de Carole Delga à la présidence de la Région, 4 élus de « Nouveau Monde » se sont abstenus.

Quatre mois après cette première escarmouche, des conseillers régionaux du Parti de Gauche et de la Nouvelle Gauche Socialiste (membres de « Nouveau Monde« ) remontent au créneau. Le cœur de cible est la gare de la Mogère-Montpellier. Jean-Christophe Sellin  joue le rôle de sniper : « Carole Delga s’était engagée à un moratoire sur les financements de la Mogère en attente des conclusions des EGRI (Etat Généraux du Rail et de l’Intermodalité) qui sont en cours. Or, les travaux avancent et plusieurs millions sont fléchés pour La Mogère dans le budget présenté ce jeudi. Nous défendrons donc le respect du moratoire sur les financements régionaux et la fin de ce chantier incohérent et pharaonique ».

Mais, au delà du dossier épineux de la LGV, plusieurs autres sujets sont sur la table. Lors de la séance budgétaire, un amendement doit être déposé pour demander que le conseil régional s’oppose à la politique gouvernementale de suppression de la Dotation Globale de Fonctionnement (DGF). D’autres questions, plus pratiques, sont également soulevées. Jean-Christophe Sellin et ses camarades ciblent également le financement des lycées privés. Les élus du PG et de la NGS souhaitent que seuls les établissements publics bénéficient des fonds régionaux et que les économies ainsi réalisées permettent de financer la gratuité des livres scolaires.

La présidente de la commission Education, Myriam Martin (membre du Front de Gauche) va mettre en avant cette demande.

La culture, les milieux associatifs et plus largement la défense des services publics sont également sur la sellette. Jean-Christophe Sellin estime que le maintien et le renforcement des financements constituent un enjeu pour l’emploi.

Laurent Dubois (@laurentdub)

LGV Bordeaux-Toulouse : Feu vert du Conseil d’Etat mais…

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 Les élus et les institutionnels se réjouissent du feu vert donné par le Conseil d’Etat pour la construction de la Ligne Grande Vitesse Bordeaux Toulouse à l’image de Jean-Louis Chauzy, président du Conseil Economique et Social régional Midi-Pyrénées/Languedoc-Roussillon

 

Par sa décision favorable, le Conseil d’Etat conforte l’engagement des grandes collectivités, des acteurs économiques sociaux et associatifs qui à travers le Conseil Economique Social et Environnemental et l’association Eurosud Transport soutiennent depuis plus de 10 ans l’interconnexion de la liaison à grande vitesse pour les grandes villes du Sud Ouest européen.

C’est un succès pour tous, c’est la réussite aussi de l’union dans la durée de tous les grands acteurs concernés. Les investissements pour les infrastructures créent de l’emploi et de la richesse et conditionnent l’attractivité de demain.

La LGV se fera, elle est attendue par les populations concernées.

 

 

Carole Delga, la présidente socialiste de région pense logiquement déjà à la prochaine étape.

 

Nous devrons tenir rapidement une réunion sur le financement de Bordeaux-Toulouse. J’avais rencontré le président de la République il y a quelques semaines pour défendre sur ce dossier le principe d’une maîtrise d’ouvrage publique.

La réussite de ce projet stratégique suppose une dynamique innovante dans sa conduite et dans ses financements. La Région sera au rendez-vous.

Ma détermination est totale pour que ce projet majeur pour l’aménagement de notre territoire, l’emploi et le dynamisme de Languedoc Roussillon Midi Pyrénées soit réalisé dans les meilleurs délais

 

Une LGV Bordeaux-Toulouse qui va également être déterminante pour la métropole toulousaine comme l’explique son président et maire (LR) de Toulouse Jean-Luc Moudenc.

 

J’attends du Gouvernement, et je lui renouvelle la demande que j’ai faite en ce sens au mois de novembre dernier, des clarifications sur le plan de financement et le calendrier de décision.
Toulouse et sa métropole sont déterminées à obtenir d’ici 2024 le TGV qui les placera à 3h de Paris et 1h de Bordeaux. Cette réalisation, couplée à la 3ème ligne de métro qui desservira, également en 2024, la gare Matabiau et son quartier d’affaires TESO en cours de réalisation, sera une étape décisive pour l’avenir de nos territoires

 

Le financement, enjeu majeur de ce projet d’infrastructure, Georges Méric, Président du Conseil Départemental de Haute-Garonne s’en préoccupe aussi.

 

Notre département est l’un des plus dynamiques de France et il est urgent d’accompagner son développement et ses besoins croissants en mobilité. Nous restons mobilisés et attendons la confirmation de l’avis du Conseil d’Etat par le Secrétaire d’Etat chargé des Transports. Il est maintenant plus qu’urgent de réunir l’ensemble des financeurs de la LGV pour définir et consolider un plan de financement crédible et soutenable.

25 Mai

Mobilisation anti Loi Travail : quand le PS devient une cible

Midi Pyrénées : terre de majorité socialiste. Les élus et militants de ce parti actuellement au pouvoir paient un lourd tribut à leur étiquette. Demain, nouvelle journée d’action contre la loi travail, risque de voir encore certains de leurs locaux occupés ou dégradés en signe de protestation.

Le 17 mai dernier, la permanence de la députée socialiste Catherine Lemorton est recouverte d'affiches. Photo MaxPPP

Le 17 mai dernier, la permanence de la députée socialiste Catherine Lemorton est recouverte d’affiches.
Photo MaxPPP

Si à Grenoble, le paroxysme a été atteint avec une fédération PS de l’Isère criblée de douze impacts de 9mm, dans notre région c’est l’effigie de François Hollande brûlée en place publique, celle du Vigan à Albi en l’occurrence, jeudi dernier, qui a fait grand bruit. « On n’a pas vraiment brûlé l’effigie du Président. On a brûlé quatre personnages, c’est pas comme quand on brûle le drapeau français, ce qui est d’ailleurs encore interdit dans notre pays et heureusement » se défend Michel Bélières le secrétaire départemental de la CGT dans le Tarn.

L’image du drapeau Thierry Braillard, le secrétaire d’état au sport la reprend en direct sur le plateau de notre journal de midi, vendredi dernier, provoquant l’ire d’autres représentants syndicaux. « La dernière fois que j’ai vu quelque chose brûler, c’est un drapeau français qui l’était par l’Etat Islamique ». Pour lui, il est clair qu’il y a délit d’outrage. « On ne peut pas s’en prendre à des policiers, on ne peut pas s’en prendre à des permanences parlementaires comme celles du député socialiste de Haute-Garonne Christophe Borgel. On ne peut pas s’en prendre ni au Premier Ministre, ni au Président de la République quel qu’il soit d’ailleurs car ce sont les fondamentaux de notre République, de notre état de droit ».

Le « quel qu’il soit » est important car la majorité à l’image du premier secrétaire du PS, Jean-Christophe Cambadélis, a écrit « à tous les partis pour leur demander de réagir ». Invité sur le plateau de « La Voix est Libre » samedi, Vincent Terrail Novès l’a fait, toujours au sujet de cette « effigie » de François Hollande brûlée. Pour le conseiller régional Les Républicains « c’est toujours regrettable et c’est quand même le signe qu’il y a un malaise très profond ».

Demain est annoncée une nouvelle journée d’action contre la loi travail. Les socialistes redoutent-ils d’être pris pour cible une fois encore ? Catherine Lemorton a vu sa permanence parlementaire visée à plusieurs reprises. « C’est honteux qu’une quarantaine de manifestants se ruent sur deux salariés ». Demain ses assistants resteront chez eux. « Hier encore, deux ou trois militants de la CGT tournaient autour de mes locaux. Ils ont même alpagué un voisin pour lui demander si j’étais là » raconte la présidente de la commission des affaires sociales de l’Assemblée Nationale. « Si ça continue, il va vraiment falloir qu’ils oublient ma permanence, mais pour tout alors ! Quand je vois comment je me suis battue dans le dossier Sanofi et que c’est si ce n’est être remerciée, je ne suis même pas respectée…. » La seule sortie du conflit qu’envisage la députée socialiste passe par la deuxième lecture du texte de la loi travail à l’assemblée. Mais d’ici là, combien de journées de mobilisation ?

 

Patrick Noviello

 

 

 

24 Mai

Conseil Régional : un élu d’opposition demande à Carole Delga de faire la police

Ce jeudi 26 mai le conseil régional va voter son budget primitif. Mais tous les comptes ne sont pas soldés. La précédente assemblée plénière (la première en terre montpelliéraine) a été marquée par des incidents et des débordements. Un conseiller régional LR a adressé une lettre à Carole Delga et Gérard Onesta afin de demander à la présidente de la région et au président de l’assemblée régionale de veiller à la sérénité des débats.

Carole Delga lors de la plénière du Conseil Régional à Montpellier.

Carole Delga lors de la plénière du Conseil Régional à Montpellier.

« Le débat démocratique…ne peut tolérer la violence et (je) souhait(e) que les futurs dérapages de quelques extrémistes incontrôlables soient sanctionnés. Je vous demande de veiller avec la plus grande fermeté à ce que nos débats retrouvent la rigueur républicaine qui s’impose ». Les mots utilisés par le conseiller régional du Lot portent un nom : un appel à la police. Plus précisément un appel à la police des débats.

A quelques jours, d’une nouvelle assemblée plénière, Aurélien Pradié interpelle l’autorité en charge de l’ordre public dans l’hémicycle régional : la présidente de séance, Carole Delga. Le but est d’éviter une récidive. La précédente plénière a échappé à tout contrôle. Bousculades, huées, invectives.

Pour Aurélien Pradié, ces dérapages (incontrôlés) sont imputables au Front National. L’élu régional évoque « des tentatives d’agressions physiques » et « la tournure d’intolérance, d’agressivité, voire d’insulte que les élus FN semblent vouloir instaurer dans notre Assemblée ».

Contactée par France 3 Midi-Pyrénées, la présidente du groupe FN, relativise les choses. « Tout cela va au-delà de la politique et c’est une querelle de personnes entre Aurélien Pradié et Emmanuel Crenne (conseiller régional FN) » déclare France Jamet.

Dans son courrier Aurélien Pradié désigne Emmanuel Crenne comme le principal fauteur de troubles. Les relations entre les deux élus du Lot sont particulièrement tendues. Le représentant du Front National a d’ailleurs porté plainte, en mars dernier, contre Aurélien Pradié pour « diffamation, injure publique et détournement de suffrages par bruits calomnieux ». Cette plainte est liée au scrutin régional et traduit ce qu’un élu régional qualifie de « haine entre les deux hommes ».

Quoi qu’il en soit, la précédente plénière s’est terminée dans un climat surréaliste et la prochaine débute dans une drôle d’atmosphère.

Laurent Dubois (@laurentdub)

23 Mai

Portrait de Hollande brûlé à Albi : un syndicat réclame des excuses publiques à un ministre

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Le bûcher d’Albi désormais sur la table des polémiques. Après l’opération menée en place publique jeudi, au cours de laquelle les effigies du président de la République François Hollande, du Premier Ministre Manuel Valls, de la ministre du travail Myriam El Khomri, du ministre de l’économie Emmanuel Macron et du patron du Medef Pierre Gattaz ont été brûlées sous les applaudissements des manifestants anti-loi Travail, un syndicat (Sud-Solidaires) demandent des excuses publiques à un membre du gouvernement en l’occurrence Thierry Braillard, secrétaire d’Etat aux sports.

Vendredi 20 mai, en visite à Toulouse dans le cadre de la préparation de l’Euro 2016, Thierry Braillard est interrogé dans le 12-13 de France 3 Midi-Pyrénées au sujet de ce bûcher qui s’est déroulé la veille à Paris.

Ce lundi, le syndicat Sud de Haute-Garonne réclame donc des excuses publiques au secrétaire d’Etat. Dans un communiqué, Sud cite les propos de Thierry Braillard :

« Si c’est pour brûler l’effigie du président de la République comme jeudi à Albi, si c’est pour se faire entendre avec des méthodes proches de celles de l’État islamique… c’est la voie de l’excès », écrit le syndicat, citant le secrétaire d’Etat.

Sauf que Thierry Braillard n’a pas véritablement tenu ces propos cités entre guillemets. Les vrais mots prononcés sont les suivants :

« Je suis profondément choqué (…) La dernière fois que j’ai vu quelque chose brûler, c’était un drapeau français brûlé par l’Etat Islamique. Vous voyez le message qui est envoyé ».


Extrait 12/14 réaction Thierry Braillard

Mais pour le syndicat Sud, le rapprochement, dans la bouche du ministre, entre l’EI et cette action syndicale ne passe pas.

La voie de l’excès est bien celle de ce secrétaire d’Etat. Comparer les méthodes des manifestants contre la loi travail à celle de l’Etat islamique est une insulte, non seulement pour nos organisations syndicales, pour tous les militants, mais aussi pour les victimes de cette organisation pratiquant l’assassinat de masse.

Nous souhaitons donc obtenir des excuses publiques de ce secrétaire d’Etat et lui rappeler que nos organisations syndicales sont celles qui, à Toulouse, ont organisé les manifestations à la suite des attentats de janvier et novembre 2015. Et lui faire remarquer qu’il devrait se pencher sur la politique étrangère de la France qui de légion d’honneur en vente de rafale, est allié aux pires régimes qui soutiennent la violence fondamentaliste partout dans le monde » (communiqué Sud).

Il paraît bien improbable que le secrétaire d’Etat fasse des excuses publiques au syndicat. Quant à l’Etat, le préfet du Tarn n’a toujours pas fait s’il allait porter plainte pour outrage.

Fabrice Valéry (@fabvalery)