27 Mai

Bernard Carayon : « la démission de Copé est nécessaire »

Ancien député. Maire de Lavaur et président de l’UMP 81. Bernard Carayon réagit à la démission de Jean-François Copé. Il appelle à une recomposition de son parti et dresse un constat sans concession d’une UMP incapable d’incarner une véritable opposition face à François Hollande

-Votre réaction à la démission, ce matin, de Jean-François Copé ?

-Bernard Carayon. Elle était attendue. Elle est nécessaire et responsable.

-Cette démission, causée par une tempête judicaire, met à mal l’UMP. Elle fait du mal à votre parti. De ce mal peut-il naitre un mieux ?

-Bernard Carayon. La nomination provisoire de trois anciens premiers ministres (Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, François Fillon) à la tête de l’UMP va permettre de préparer un congrès réformateur. La droite a pêché par ses divisions. Il faut que la diversité des droites y trouve son compte et que l’on puisse traiter les sujets qui fâchent. Le gouvernement brille par sa nullité et ses trahisons. Nullité en terme de résultats et trahisons de son électorat. L’UMP devrait profiter de cette situation et c’est le FN qui en profite.

-La démission de Jean-François Copé est liée à une affaire de fausses factures. Cette affaire peut elle compromettre le retour de Nicolas Sarkozy ?

-Bernard Carayon. Pas du tout. Quand on est candidat à une élection présidentielle (comme c’était le cas de Nicolas Sarkozy au moment des facturations douteuses), la première préoccupation est d’aller vers les électeurs et d’aller au bout de ses chances. Pas de s’occuper de l’intendance. Un candidat, surtout à une élections présidentielle, délègue ce type de question. Il ne peut pas être à la fois à table et dans la cuisine.

-Implosion, explosion de l’UMP. Ces qualificatifs reviennent en boucle dans toute la presse. Lequel vous semble le plus juste ?

-Bernard Carayon. L’utilisation de ces termes dépend du journaliste, s’il est de gauche, de droite ou du centre. Mais franchement on n’a pas vraiment le choix au niveau des journalistes. Une seule chose importe. Le noeud gordien est tranché. La justice va se prononcer. L’UMP doit se concentrer sur le débat d’idées pour combattre une gauche qui n’apporte que des désastres au pays.

Propos recueillis par Laurent Dubois

26 Mai

Euro-catastrophés et après ?

Parlement Européen, Strasbourg ©Gerald Cercles - AFP

Parlement Européen, Strasbourg ©Gerald Cercles – AFP

« Un séisme », « un choc », « une éruption volcanique aux pluies très acides » bref Armageddon, quoi ! Les grands mots n’ont pas manqué hier soir pour commenter les résultats des élections européennes. Certes le Front National a fait quatre fois plus de voix qu’il y a cinq ans en Midi-Pyrénées. Mais y-a-t-il lieu de crier à la catastrophe ? Seul notre dernier eurodéputé Midi-Pyrénéen, José Bové, semblait vouloir garder de la mesure hier soir sur les plateaux télé, en déclarant « les français se sont lâchés », expliquant que pour eux, ces élections défouloirs n’avaient pas d’importance car les enjeux avaient probablement été mal expliqués donc mal compris.
Autre question qui taraude les esprits : va-t-on passer, nous français, pour des europhobes ou des grands protectionnistes, parce que nous envoyons la plus grosse cohorte d’élus d’extrême droite au parlement européen ? Nous n’en sommes pas encore là. Le Front National n’est pas Aube Dorée, et nous n’avons pas Viktor Orban comme Premier Ministre. Donc a priori, pas de leçon d’ouverture à recevoir de nos voisins… Qu’ont-ils fait d’ailleurs nos voisins directs ? L’Espagne a fait émerger « Podémos » un parti né de la révolte des « indignés » alors que chez nous Jean-Luc Mélenchon et le Front de Gauche stagnent.
Un Jean-Luc Mélenchon, réélu du Sud-ouest, attristé, au bord des larmes même en conférence de presse hier soir, qui appelle les travailleurs à se ressaisir. Parce qu’au fond, c’est aussi l’ensemble de la gauche qui a pris une claque ce dimanche 25 mai. Y compris dans notre région où seul l’Aveyron, dernier bastion de droite en Midi-Pyrénées, a placé l’UMP devant le FN. Il faut bien dire que les socialistes sont partis dans cette campagne à reculons, avec une tête de liste qu’ils n’avaient pas choisie, la PRG Virginie Rozière.
Le patron du PRG, Jean-Michel Baylet dit avoir reçu le message des urnes : « nous comprenons l’amertume et la désillusion d’une partie de nos concitoyens face à l’état de l’Europe aujourd’hui et sommes conscients qu’il faudra tirer les conséquences d’un tel résultat. » Pour Martin Malvy, « c’est davantage qu’une correction, un sérieux avertissement pour l’avenir ». Et l’avenir quel est-il ? Des élections cantonales et régionales dont on ne connait pas la date, réforme territoriale oblige.
Il serait trivial d’imaginer déjà un FN en tête sur ces futurs scrutins. Premier élément : pas question de proportionnelle dans ces élections, les candidats frontistes devront donc ferrailler dans un second tour, s’ils s’y qualifient… Ensuite, même si la participation est loin d’être garantie, voter pour la couleur politique de sa région peut sans doute mobiliser plus que les questions européennes. Ces élections locales resteront sans doute le réel test d’évaluation des forces de la gauche traditionnelle ici en Midi-Pyrénées. Et pour l’électeur l’occasion de rassurer ou pas les « euro-catastrophés ».
Patrick Noviello

25 Mai

Européennes : le FN premier parti de Midi-Pyrénées. Réactions à vif

Gérard Onesta (EELV. Ancien vice-président du Parlement Européen, vice-président du Conseil Régional)

« Les partis de gouvernement récoltent ce soir ce qu’ils ont semé depuis des années, par incurie, par lâcheté, sur la scène européenne. Et blé est affreusement amer ».

Brigitte Barèges (Maire UMP de Montauban).

« A l’échelle de mon département (le Tarn-et-Garonne), les plus gros scores sont en zone rurale. Dès qu’un maire UMP est en face, cela jugule un peu le FN. Dans la zone rurale du département, nous sommes entre 30 et 35 % et seulement à 24% sur Montauban. J’en suis très contente. Cela montre que lorsqu’on mène une politique sécuritaire comme je le fais, on apporte une réponse à l’exaspération des français. Notamment en ce qui concerne les cambriolages ».

Catherine Lemorton (PS Députée, Présidente de la commission des affaires sociales).

« C’était attendu malheureusement. Ce n’est pas une surprise. C’est inquiétant. Je n’en veux pas aux électeurs mais à Marine Le Pen qui raconte n’importe quoi. Il n’y a pas d’arguments, c’est tellement idiot. C’est l’histoire qui se répète sur fond de crise économique. La peste brune prospère toujours en période de grande crise ».

Martin Malvy (Ancien ministre. Président de la Région Midi-Pyrénées).

« C’est davantage qu’une correction, un sérieux avertissement pour l’avenir. La responsabilité est collective. Elle est celle de toutes les formations républicaines qui, dans une période de crise économique majeure, propice à l’extrême droite, poursuivent inlassablement, à gauche comme à droite, un débat qui paraît éloigné des Français, comme s’ils ne pensaient qu’à défendre leurs propres positions au lieu de regarder la réalité en face. Cohésion pour ceux qui gouvernent. Responsabilité pour ceux qui y aspirent. Et respect républicain. C’est aussi ce à quoi aspirent beaucoup de nos concitoyens, profondément désorientés ».

Jean-Michel Baylet (Président du PRG).

« Un séisme, un avertissement sévère pour la classe politique qu’il s’agit d’entendre. C’est un terrible coup porté à la République et un véritable choc pour nombre d’entre nous. (…) Nous comprenons l’amertume et la désillusion d’une partie de nos concitoyens face à l’état de l’Europe aujourd’hui et sommes conscients qu’il faudra tirer les conséquences d’un tel résultat. Les Français (ne doivent) pas succomber aux sirènes du Front national. (Il faut une) nécessaire union des forces démocrates et républicaines afin de refuser le repli identitaire, la régression morale et le danger économique et social qui caractérisent le programme du Front national. »

Christian Picquet (Co-fondateur du Front de Gauche. Conseiller Régional)

« Un désastre pour la République et pour la gauche. UMP et PS subissent un échec cinglant. La gauche se retrouve sous le coup d’une défaite comme elle n’en avait pas connue depuis des décennies. Le Front de Gauche se doit de tirer sans tarder les leçons de son propre échec. Il n’a pas su porter une alternative audible. Il a perdu sa dynamique de l’élection présidentielle. Une remise à plat s’impose afin qu’il puisse se réorienter de toute urgence »

21 Mai

Exclusif JL Mélenchon : debriefing du Grand Débat Européennes 2014

Poignée de main entre Jean-Luc Melenchon et Michèle Alliot-Marie ©Kevin Figiuer

Poignée de main entre Jean-Luc Melenchon et Michèle Alliot-Marie ©Kevin Figiuer

-Vous sortez du grand débat « Européennes 2014 ». Quelle impression gardez vous de cette confrontation avec les 5 têtes de liste du Grand Sud Ouest ?

-Jean-Luc Mélenchon. Pour moi, il y avait un confort car l’organisation était bonne. Mais il y avait quelque chose de très choquant. Aucun des protagonistes n’a assumé ses responsabilités. Ils sont auteurs du système actuel et ils viennent ensuite le dénoncer. Ils le savent et ils feignent de ne pas être au courant. Louis Aliot n’assume rien. Son groupe, ne s’est pas opposé au Parlement Européen, à la directive « travailleur détaché » (application des conditions sociales et du salaire du pays d’origine du salarié). Même chose pour José Bové, il découvre le traité transatlantique (créant une zone de libre échange). Dans ces circonstances, il est impossible d’avoir un débat démocratique.

-En plateau, à vos côtés, Michèle Alliot-Marie, Robert Rochefort, José Bové, Virginie Rozière et Louis Aliot. Comment jugez-vous la prestation des autres débatteurs ?

-Jean-Luc Mélenchon. Louis Aliot a récité plus qu’il n’a argumenté. Du coté du PS, non seulement ils n’assument rien mais en plus ils envoient quelqu’un qui visiblement fait ses premières armes (Virginie Rozière). Du coté de l’UMP, il est impossible de savoir ce que veut (Michèle Alliot-Marie). Le parti est empêtré dans ses ambiguïtés et il sait qu’il n’en sortira qu’à ses dépends. Robert Rochefort (tête de liste UDI-Modem) était vraiment l’homme du débat. C’est lui qui a assumé ses positions avec le plus de tranquillité et sans mystification.

-C’est votre deuxième campagne européenne, votre deuxième campagne dans le Grand Sud Ouest. Une différence par rapport à 2009 ?

-Jean-Luc Mélenchon. C’est plus facile. Les gens me connaissent. A Castres, des gens sont venus avec des fleurs en me disant qu’ils avaient entendu que j’étais dans leur ville.

Propos recueillis par Laurent Dubois

VOIR ET REVOIR le Grand débat des Elections Municipales dans le Sud-Ouest

 

19 Mai

G. Onesta, Européennes 2014 : « on rame »

Ressenti et jugement du futur président du Parlement Européen. Le 28 mai prochain, Gérard Onesta va concrétiser un vieux rêve. Il va enfin présider un hémicyclique composé de 751 « représentants » de l’Europe. L’assemblée siégera à…Tournefeuille et elle va être composée d’enfants. Mais, même si c’est le temps d’une journée, même s’il s’agit d’un exercice pédagogique, Gérard Onesta va surplomber l’arène européenne et prendre de la hauteur. Cela va le changer. Depuis des semaines, il arpente les plaines et les vallées de Midi-Pyrénées. Des vallées et des plaines mornes. Le vice président de la Région fait campagne pour le scrutin de dimanche prochain. Il est candidat, en position non éligible, sur liste de José Bové. Dans moins d’une semaine, les électeurs vont se rendre dans l’isoloir. C’est la dernière ligne droite et le temps d’un premier bilan. Gérard Onesta porte un jugement très amer sur la cuvée 2014. Il pointe du doigt Manuel Valls. Mais aussi un mauvais casting.

-Vous avez exercé plusieurs mandats à Bruxelles. Vous avez connu 7 campagnes européennes, en tant que candidat où porte parole d’Europe-Ecologie. Quel jugement portez vous sur la cuvée 2014 ?

-Gérard Onesta. C’est une bien piètre cuvée. En partie à cause de l’Europe elle même. Bruxelles a imposé l’austérité à des pays fragiles. Cela alimente l’euro-défiance. Les populismes sont en pointe partout. Les européennes 2014 débarquent dans un climat d’euro-rejet qui est à son optimum. Mais la morosité de la campagne n’est pas simplement liée à cela. Les élections ont été masquées par les municipales et le changement de gouvernement en France. Il y a aussi un problème de calendrier. La campagne se retrouve au milieu des ponts du mois de mai. Habituellement elle se déroulait au mois de juin. On m’a expliqué que c’était pour éviter un télescopage avec la coupe du monde de foot au Brésil. C’est réussi.

-Au-delà d’un contexte anti-européen et d’un calendrier défavorable, pensez-vous que le gouvernement français a une responsabilité dans la mauvaise cuvée 2014 ?

-Gérard Onesta. Pas uniquement le gouvernement. Manuel Valls, en refusant la distribution des professions de foi a une lourde responsabilité. Il tue la campagne. Comment donner envie de voter sans profession de foi ? Comment voter sans connaître les idées et les programmes des candidats. Mais l’Assemblée Nationale est également coupable. Pour les municipales, elle a donné 5 semaines de vacances à ses ouailles pour aller cumuler. Elle n’a pas été foutue de donner une journée aux députés pour aller battre la campagne. C’est incroyable. Surtout quand on sait que le ¾ de l’ordre du jour de l’Assemblée est déterminé par des décisions européennes.

-Sur le terrain, comment se traduit la fadeur de la campagne ?

-Gérard Onesta. On rame. Vendredi, à Montauban, il y avait 20 personnes dans la salle. Mardi dernier, j’étais à Bordeaux pour une réunion publique avec Alain Juppé qui officiait dans sa bonne ville, l’ancien ministre des Affaires Européennes, Bruno Le Maire et Jean-Claude Junker (ancien premier luxembourgeois, ancien président de l’Eurogroupe). L’affiche était constituée de personnalités de premier plan. Et bien la salle était à moitié vide.

La taille des circonscriptions, allant dans le Grand Sud Ouest de Biarritz à Nîmes, explique-t-elle ce désintérêt de l’opinion publique ?

-Gérard Onesta. J’ai connu, en 1979, une élection avec une circonscription de taille nationale. Et, en plus, le Parlement de l’époque n’avait aucun pouvoir. La participation a été au rendez-vous. Le désintérêt actuel n’est pas une question de taille.

-C’est un problème de casting ? Il n’est pas bon ?

-Gérard Onesta. Oui. Alliot-Marie pour attirer le chaland, on fait mieux. A l’UMP, la seule vraie pointure était Lamassoure (plusieurs fois ministre et député européen).D’ailleurs je désespère de débattre avec Alliot-Marie. Elle se fait toujours excuser. Cela fait 3 fois que je suis censé la croiser. En fait, je fais campagne contre Jean-Marie Belin (4eme sur la liste UMP). Je n’ai pas vu non plus Louis Alliot (candidat FN). Du côté du PS, Virginie Rozière (tête de liste PS-PRG) est une grande inconnue et en plus les socialistes ne font pas campagne pour elle (suite à une polémique concernant sa désignation). Il reste Mélenchon. Mais Mélenchon ne travaille pas le terrain. Il mène une campagne nationale. José Bové est le seul à être vraiment à sa place.

Propos recueillis par Laurent Dubois

16 Mai

Comprendre l’Europe (8) : Entretien avec Sandra Torremocha, tête de liste « Lutte Ouvrière »

A près les Municipales et avant elles, les Législatives, voici Sandra Torremocha à nouveau en campagne, toujours pour « faire entendre le camps des travailleurs » comme l’indique l’intitulé complet de sa liste. Elle tiendra ce soir à 20h30 une réunion publique, salle du sénéchal à Toulouse.

Sandra Torremocha

Sandra Torremocha

Pourquoi êtes-vous candidate ?
Sandra Torremocha :
Nous voulons permettre aux travailleurs qui ne se résignent pas à subir la politique du patronat et du gouvernement, de faire entendre leur voix et leurs exigences. Il n’y a aucune raison d’accepter que l’emploi et le salaire, c’est-à-dire ce qui fait la vie de la majorité de la population, soient des variables d’ajustement plutôt que les profits des capitalistes et des banquiers comme les dividendes des actionnaires.
Il faut affirmer la nécessité de l’interdiction des licenciements pour ne pas aggraver le chômage, la répartition du travail entre tous sans diminution de salaire, l’augmentation générale des salaires et des pensions et leur indexation sur la hausse des prix, le contrôle des travailleurs et de la population sur la marche de l’économie et pour commencer la levée du secret des affaires.
C’est le programme de Lutte Ouvrière, un programme pour les luttes des travailleurs. Car aucune institution, quelle soit européenne ou nationale n’accordera ces mesures d’urgence pour enrayer le développement de la précarité et de la pauvreté pour la majorité de la population.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?
S.T : Comme le parlement français, le parlement européen ne protégera en rien les conditions de vie et de travail des couches populaires. La construction européenne n’a été que le laborieux marchandage entre les différents états européens pour permettre à leurs capitalistes de jouer dans la cour des grands, et faire face à la concurrence des États-Unis. L’Union Européenne a été conçue et créée par et pour les intérêts des groupes capitalistes. En 60 ans de construction, rien n’a avancé sur le terrain des droits démocratiques et sociaux : il n’a jamais été question de créer un espace où les salaires, les droits sociaux, même les droits des femmes, soient alignés vers le haut.
Les institutions européennes ne sont rien d’autre que les instruments de la domination du capital, mais comme le sont les institutions françaises. Il est stupide d’opposer les responsables de Bruxelles ou d’Europe à ceux de la France ! Ce sont les mêmes politiquement, voire ce sont les mêmes tout court ! Après 30 ans de construction, l’Union européenne ne comptait que 12 membres. Au bout de 60 ans, elle en compte 28 mais elle n’englobe toujours pas toute la moitié orientale de l’Europe, la Russie, l’Ukraine, la Biélorussie, sans parler de la Turquie. Et si des voix s’élèvent aujourd’hui, ce n’est pas pour élargir l’Europe, mais pour la rétrécir !
Même de son point de vue, même pour ses intérêts, la bourgeoisie est incapable de faire l’unité de l’Europe.
Pour unifier l’Europe, la délivrer du carcan capitaliste, il faudra détruire les États nationaux, il faudra une révolution. Seuls les travailleurs d’Europe, en prenant le pouvoir pourront exproprier les banquiers et les industriels. Seuls les travailleurs d’Europe pourront détruire la base du pouvoir de la bourgeoisie sur l’économie et sur la société, c’est-à-dire la propriété privée des moyens de production. Seuls les travailleurs d’Europe pourront construire le monde sans frontières intérieures et extérieures des États-Unis socialistes d’Europe.

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?
S.T :Le chômage et le pouvoir d’achat bien évidemment.
Mais pour imposer l’interdiction des licenciements, la répartition du travail sans perte de salaire, l’augmentation générale des salaires et des pensions, il faudra bien autre chose que des bavardages entre « partenaires sociaux » comme on dit, ou au Parlement européen, comme français d’ailleurs, il faudra que les travailleurs se battent pour arracher ce qui n’est pourtant qu’un minimum. Il faudra des luttes sociales générales, qui embrasent l’ensemble des catégories de travailleurs pour les imposer. Car effectivement il s’agit de s’en prendre à la dictature de la minorité bourgeoisie sur l’immense majorité de la population travailleuse. Et cette majorité de la société, les travailleurs, qui par son travail fait tourner la machine économique, doit également avoir des exigences sur la marche elle-même de l’économie.
On ne peut laisser le pouvoir de décision sur la machine économique à cette minorité d’irresponsables capitalistes qui condamnent la majorité à la crainte du lendemain.
Il faudra envahir les conseils d’administration des grandes sociétés bancaires ou industrielles qui régentent la société. Les envahir mais aussi les contrôler, ne serait-ce que, pour commencer, en supprimant le secret des affaires. Ces gens là et leurs serviteurs politiques ne parlent que de transparence, de démocratie. Mais dès que l’on s’approche un peu du vrai pouvoir, celui qui décide de la vraie vie, celle du travail, des emplois, du salaire, des profits, la démocratie et la transparence laissent la place aux secrets, aux mensonges par omission ou aux mensonges tout court. C’est la dictature revendiquée des vrais décideurs.
Alors il faudra également que les travailleurs imposent leur contrôle sur tout cela. Et on vérifiera par le menu ce que l’on sait déjà dans les grandes lignes : leur parasitisme sur l’ensemble de la société, leur rôle nuisible dans son développement et la nécessité de les exproprier.

Existe-t-il selon vous une identité européenne ? Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?
S.T : Pour les travailleurs il n’y a pas plus d’identité européenne que d’identité française. Ce qui identifie les hommes ce ne sont pas les cartes d’identité ou les frontières géographiques. Ce qui les opposent ce sont les frontières sociales, les frontières de classe qui divisent la société en exploités d’un côté et en exploiteurs de l’autre. Nous rejetons toute forme de nationalisme et de chauvinisme.
De l’extrême droite jusqu’au Front de gauche, tout le monde aborde les questions de l’Europe ou des relations internationales d’un point de vue national. Qu’est-ce qui sera « bon pour la France ? » Qu’est-ce qui sera « bon pour l’économie du pays ? ».
Mais autant se demander ce qui sera « bon pour Bouygues, pour Peugeot, pour Bettencourt » car les intérêts de la France sont toujours les intérêts de la bourgeoisie française, jamais ceux des travailleurs et des pauvres.
Eh bien les travailleurs conscients doivent leur opposer à tout ce monde-là leur point de vue de classe et leur internationalisme et se demander qu’est-ce qui sera « bon pour les travailleurs, pour tous les travailleurs », quelles que soient leur nationalité et leur origine.
L’internationalisme n’est pas qu’une question de solidarité entre exploités et d’efficacité dans le combat. C’est la conviction que les travailleurs ne pourront pas s’émanciper dans un seul pays et c’est la conviction que les luttes des travailleurs dans quelque pays que ce soit font avancer le sort de tous. C’est la conviction que le combat des uns est le combat de tous.

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?
S.T : Pour mériter d’être connu, il faudrait encore qu’il ait une quelconque utilité pour changer la vie des travailleurs. Mais comme le parlement français, le parlement européen ne prend ses ordres que des capitalistes et des banquiers qui régentent toute la société. Et cela quelle que soit la majorité de gauche ou de droite qui est à la manœuvre. Le vrai pouvoir est ailleurs : dans les conseils d’administration des banques et des grandes sociétés. Ce sont eux qui tirent toutes les ficelles. Ces institutions sont faites pour cela. D’ailleurs pour mesurer l’efficacité de la démocratie européenne pour ne pas tenir compte de l’opinion majoritaire, rappelons-nous que le traité constitutionnel a été refusé par une majorité à l’occasion du référendum de 2005, ce qui n’a aucunement empêché d’être appliqué. Et puis rappelons aussi qu’une fraction importante de la classe ouvrière ne dispose pas encore du droit de vote du fait de sa nationalité.

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?
S.T : Au bout de deux ans de ce gouvernement au service du grand patronat, il n’y a plus à démontrer qu’il pouvait être pire que le précédent. Il n’y a donc rien d’étonnant à ce qu’une bonne partie des nôtres, des travailleurs, ait choisi de s’abstenir aux élections municipales pour désavouer ce gouvernement auquel « on » leur avait fait croire en 2012. Mais ce désaveu venant pour une grande partie de l’électorat de gauche, a été « détourné », « manipulé » : il s’est traduit par un retour en fanfare de la droite qui a pris des centaines de villes à la gauche, bien qu’elle ait stagné électoralement. Et bien des travailleurs qui s’étaient abstenus pour infliger un camouflet au gouvernement ont été dépités de voir que, grâce au système électoral, c’est la droite qui a finalement engrangé le résultat de leur abstention.
Et bien lors des élections européennes du 25 mai, choisir de s’abstenir sera tout aussi récupéré électoralement par la droite, voire par l’extrême droite. Pour ceux qui ne veulent pas voir leur opinion récupérée contre leurs intérêts, il y aura un autre choix dans toutes les circonscriptions de cette élection européenne, en votant pour les listes de Lutte ouvrière. Même minoritaire leur message ne sera pas récupéré contre leurs intérêts, et le drapeau de l’opposition ouvrière sera planté. Ce sera un vote sans ambiguïté. Et ce sera le seul vote utile pour l’avenir.

Patrick Noviello

15 Mai

Comprendre l’Europe (7) : Entretien avec Philippe Marty, tête de liste « Nous Citoyens » pour le Sud-Ouest.

Philippe Marty

Philippe Marty

Nous poursuivons le tour d’horizon des listes candidates aux Européennes dans le Sud-Ouest. Parmi elles : « Nous citoyens » emmenée par Philippe Marty. Ce Parti politique fondé par l’entrepreneur Denis Payre revendique 10 000 adhérents à ce jour.

Pourquoi êtes-vous candidat ?

Philippe Marty : Je suis profondément déçu par la défiance et le scepticisme des citoyens européens vis–à-vis des institutions comme des responsables élus par les peuples ou désignés par les Etats. L’Europe totalement désincarnée et mal administrée, devrait être politiquement mieux gouvernée. C’est pour apporter à la fois vision, lucidité et pragmatisme et contribuer à remettre l’Europe à sa place, sa juste place à l’intérieur comme vis-à-vis de l’extérieur. Enfin, je remettrai l’Humain au cœur des décisions économiques, sociales et sociétales.

Il est temps pour moi de m’engager dans l’action d’intérêt général, de rentrer en démocratie et non en politique politicienne. Les valeurs de responsabilité et de solidarité, fondées sur la confiance, sont les remparts aux nombreuses dérives du système politique actuel et à la peur de l’autre prônée par les partis populistes.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

P. M : Je pense que l’Europe est notre destin commun. Ce projet unique au monde a permis la paix et la prospérité pendant près de 70 ans au sein de notre continent. Pour la promotion d’échanges internationaux équitables, créateurs de richesses et de rencontres, la sobriété énergétique et les nouveaux enjeux écologiques, la sécurité de nos frontières et la régulation des flux migratoires, pour une aide coordonnée au développement, l’union fait la créativité et la force.
Pour autant, le projet européen est au milieu du gué. Les responsables en sont notamment nos dirigeants politiques, bloqués par le clivage gauche-droite ! Ils font de Bruxelles le bouc émissaire de tous nos maux et y envoient trop souvent les recalés de la politique nationale à la recherche d’un mandat alimentaire. L’Europe mérite mieux qu’un paquet de normes illisibles et de dirigeants politiques désabusés.
Nous voulons retrouver le sens commun. Alors que les crises ébranlent notre continent, nos concitoyens veulent contribuer à l’élaboration de solutions pour une vraie solidarité entre les territoires, entre les « inclus » et les « exclus » de la société et entre les générations. Il y a urgence, en particulier pour les plus jeunes, sur qui pèse le poids d’une dette irresponsable, et qui vivent dans de trop nombreuses régions de l’Europe un quotidien de chômage et de précarité.
L’Europe doit être à sa juste place et laisser le niveau local gérer les problèmes locaux : l’Europe n’a pas à légiférer sur la taille des tomates, sur la contenance des chasses d’eau, en revanche nous voulons une Europe forte sur les enjeux communs : politique économique et monétaire, politique énergétique, politique de défense…
L’Europe doit fonctionner avec des bénéfices visibles pour tous les Français dans leur vie quotidienne. Nous ne voulons pas plus ou moins d’Europe, nous voulons que le travail initié pour mutualiser un certain nombre de politiques soit enfin finalisé. Par exemple, investir en commun pour créer de l’emploi, notamment en faveur des jeunes, dans le numérique, les télécommunications, l’énergie, les transports, la défense.
Parce qu’une Europe qui fonctionne, c’est une Europe à la voix forte dans le monde, qui nous protège ! Une Europe qui nous protège dans le commerce mondial, qui nous fait respecter les normes sociales, environnementales issues de nos choix de société forts, pour assurer une concurrence loyale. Une Europe qui nous permet de lutter contre l’immigration illégale et de développer les programmes européens d’aide au développement. Une Europe qui nous protège des pollutions de l’air, de l’eau, qui lutte contre la destruction de la biodiversité : nous n’avons pas le droit de nous défausser de nos responsabilités sur les générations futures.
Pour porter ces ambitions, pour pousser les responsables politiques nationaux souvent plus préoccupés de leur réélection que des intérêts européens, nous voulons donner plus de voix et plus de poids au Parlement européen, seule institutions élue au suffrage universel direct par l’ensemble des citoyens européens !

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

P. M : S’il ne faut en choisir qu’un, c’est la transparence sur les négociations en cours du projet de traité transatlantique et l’évaluation objective de ce que l’on a à y gagner, et à y perdre avant de nous engager plus avant. Je suis favorable aux initiatives qui vont dans le sens de la libéralisation des échanges, mais je déplore la grande opacité des négociations en cours – qui intéressent au contraire l’ensemble des citoyens – et l’insuffisante concertation avec le Parlement européen et les parlements nationaux. Personne ne sait vraiment ce qu’il en est… et ce n’est pas normal !
Ainsi, en quoi ce traité peut-il remettre en cause la PAC, qui deviendrait contraire au libre-échange, les Etats européens étant largement subventionnés ? Quel impact sur l’organisation de l’enseignement quand on sait que les budgets des grandes universités américaines sont jusqu’à 10 fois plus importants que les budgets des meilleures universités ou école européennes ? Nous ne partons pas à armes égales dans la compétition. Nous devons être très vigilants quant aux modalités de ce futur accord, notamment sur l’enjeu d’harmonisation de normes.

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

P. M : Difficile de répondre oui alors que la construction européenne est une réalité essentiellement mouvante. L’Europe n’est pas une réalité donnée, inscrite dans l’ordre naturel des choses, mais une création humaine, réalisée par ses habitants, ses citoyens, voulue pour faire la paix, pour faire la force.
Cela ne veut pas dire qu’il n’y ait pas de réalités européennes, mais celles-ci sont des réalisations historiques, vestiges, patrimoine, traditions. Elles s’inscrivent dans une intention, dans un choix fort de société, de solidarité. La réalité européenne est née d’un geste de rupture fondamental, d’une réinvention de notre destin : plus qu’une identité européenne, je parlerais d’un élan de liberté, d’une envie d’émancipation de nos petites habitudes

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

P. M : Oui, je pense qu’il existe un sentiment d’appartenance à cet espace unique au monde de libertés, de solidarité, de droits et de prospérité qu’est l’Europe. Dans un sondage IFOP pour la Fondation Jean Jaurès en mars 2014, à l’occasion des élections européennes de mai 2014, 74 % des Français entendaient exprimer par leur vote leur méfiance à l’égard de l’Europe telle qu’elle se construit actuellement. Dans le sondage ViaVoice pour Libération début mai, pour 49 % des personnes interrogées, l’UE évoque « quelque chose de négatif ». Mais n’oublions pas que 60 % sont contre une sortie de l’UE, 59 % contre la sortie de l’UE. 46 % considèrent l’UE comme « une chance pour la diversité culturelle ». Une majorité de personnes interrogées veulent une plus grande intervention des instances européennes dans l’emploi (57 %), la croissance économique (53 %), etc.
La construction de l’Europe est largement inachevée et des erreurs ont été commises, mais ce sont principalement les responsables politiques nationaux qui sont en cause. C’est à cela que Nous Citoyens entend apporter des solutions pragmatiques et réalistes.


Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

P. M : Commençons par avoir des députés européens compétents et pleinement, exclusivement engagés pour servir la France et l’Europe et non pas se servir ! Des députés qui exercent un mandat complet, qui ne cumulent pas, présents aux sessions, qui participent activement à l’ensemble du travail parlementaire, de l’élaboration des textes législatifs au suivi de leur mise en œuvre, et on aura déjà fait une bonne partie du chemin ! Trop de députés européens ne vont à Bruxelles qu’en attendant « mieux » en France, pour se mettre au chaud en attendant les prochaines élections nationales.
La mission d’un député européen, c’est également rendre compte aux citoyens de son action au service de la collectivité. C’est informer les citoyens sur les clés pour se faire entendre : déposer des pétitions auprès du Parlement européen, répondre aux consultations publiques de la Commission européenne sur des projets législatifs en matière de commerce international, d’emploi, d’environnement… Franchement, quel électeur a déjà été informé par son député de cette possibilité de participer directement aux décisions européennes ? A l’évidence, on peut faire beaucoup mieux !

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

P. M : Si on ne veut pas être au menu, il vaut mieux être autour de la table ! Pour cela nous avons besoin d’une Europe forte, qui fonctionne. Cela ne se fera pas sans nous, car si les responsables politiques actuels n’ont rien fait jusqu’ici, il est peu probable que par un coup de baguette magique ils changent du jour au lendemain pour servir nos intérêts et nos valeurs. Face à la défiance généralisée des Français vis-à-vis de la classe politique, face à la colère et à la désespérance, nous portons un projet alternatif et crédible pour l’Europe : le projet de citoyens qui cessent de sous-traiter leur destin commun à des politiciens de carrière et s’engagent ensemble pour remettre l’Europe en marche.

Patrick Noviello

12 Mai

Comprendre l’Europe (6) : entretien avec la liste So Pirate sud-ouest

Mais qui sont donc ces Pirates ? Pour en savoir un peu plus nous les avons soumis à la question au même titre que les autres candidats plus « traditionnels ». Ils ont répondu en groupe, un collectif qui marque l’ensemble de leur action pour ce parti qui se dit « le seul à avoir un programme rédigé en commun dans 16 des états membres ». Parmi les moments forts de leur campagne, vous pourrez les rencontrer mercredi soir dans leurs locaux de campagne du Port Saint-Sauveur, salle des bateliers, à Toulouse pour une réunion publique à partir de 20h30.

Groupe SoPirate Sud-Ouest

Pourquoi êtes-vous candidat ?

Parti Pirate : L’Union Européenne a besoin de parlementaires qui sauront dépasser le simple intérêt national pour défendre l’intérêt de tous les citoyens de l’Union. C’est pourquoi nous nous sommes constitués au niveau européen, basé sur un programme commun avec tous les autres partis pirates d’Europe. Nous sommes candidats pour porter les idées des citoyens, améliorer la transparence de la politique européenne, défendre les idées transpartisanes de notre programme et renforcer la démocratie en Europe. Nous proposons une Europe qui résistera mieux à la fois aux idées nationalistes et aux traités internationaux.

À quoi doit servir l’Europe et son parlement selon vous ?

P.P : C’est à nous, citoyens, de définir le rôle de l’Europe et nous, membres du Parti Pirate, souhaitons que l’Europe avance dans l’idéal des droits de l’homme : libertés individuelles et libertés politiques. Seule institution européenne élue, le Parlement doit devenir le moteur de cette politique. Si le peuple choisit la politique qu’il désire voir mise en œuvre, l’UE disposera de deux atouts de taille :
– négocier avec sérénité face aux grandes puissances économiques
– et proposer un cadre de vie harmonieux où chaque individu aura sa chance et ses droits garantis.

S’il y avait un dossier prioritaire à traiter par le Parlement quel serait-il et comment le mener à bien ?

P.P : Le dossier prioritaire est la réforme du droit d’auteur. Nous sommes déjà impliqués dans le dossier puisque nous avons participé et aidé les citoyens à participer à la consultation publique de la Commission en 2013. Le Parti Pirate s’est créé en réponse à la criminalisation du partage de la culture. Depuis, il se bat entre autres pour une réforme du droit d’auteur. L’industrie du divertissement nous ment depuis plus de dix ans pour conserver son monopole et, de fait, refuse de s’adapter à l’ère numérique et d’évoluer. Avec les 6 mesures suivantes, nous proposons de rétablir la concurrence censée s’opérer dans un libre marché :
– Droits moraux inchangés
– Autorisation du partage non-marchand
– Pas plus de 20 ans de monopole commercial
– Enregistrement des œuvres tous les 5 ans pour éviter les œuvres orphelines
– Libre remix
– Interdiction des DRM

Existe-t-il selon vous une identité européenne ?

P.P : L’Union européenne a été bâtie sur la volonté de vivre en commun et de partager des compétences communes. En poursuivant cet idéal, oui, l’identité européenne existe. De nombreux programmes favorisent cette identité, des programmes sportifs comme la H Cup ou la ligue des champions, mais aussi des programmes éducatifs comme Erasmus qui permet aux étudiants de l’Union d’étudier dans tout état membre. Cependant, le concept d’identité est erroné à l’échelle d’un continent aussi vaste et culturellement diversifié. L’identité passe essentiellement par la langue, or nous n’avons pas de langue commune historique. Celle qui s’est imposée pour faciliter les interactions de développement du commerce et de l’informatique est l’anglais, mais ce fait n’est pas propre à l’Europe. L’identité ne passe pas par la somme des individus. C’est en faisant des choses ensemble que l’on va construire cette identité, c’est pourquoi il est nécessaire de continuer la promotion d’évènements communs, qu’ils soient sportifs, culturels ou politiques.
Le citoyen européen est un métis culturel.

Et un sentiment d’appartenance à l’Europe ?

P.P : Oui. Nous bougeons facilement en Europe. Nous n’avons pas besoin de visa, ni d’autorisation de travailler. Nous nous rencontrons via Erasmus, E-twinning (échange européen entre scolaires). Le sentiment d’appartenance passe par la culture.

Que faire pour que le parlement soit mieux connu des citoyens ?

P.P : Le manque d’intérêt médiatique pour les institutions européennes vient du désengagement politique. L’UE dispose d’un potentiel économique, juridique et stratégique qui est gâché par quelques frilosités nationales. Beaucoup de citoyens européens se méfient de l’Union Européenne à laquelle ils reprochent un manque de transparence démocratique (Commission Européenne non-élue par exemple), ainsi que de nombreux conflits d’intérêt (lobbyisme, etc.). Ce sont ces sources de méfiance que les Pirates dénoncent, sur lesquelles ils sont très vigilants et veulent agir.
Nous voulons également rompre avec cette fausse impression des citoyens qui pensent que les sujets européens ne les concernent pas directement. Il est nécessaire de démystifier ces sujets pour les rendre plus concrets et expliquer pourquoi ils font partie du quotidien de chaque citoyen. Le Parlement Européen souffre d’une mauvaise image parce que les gens le voient comme une entité qui impose des contraintes plutôt qu’autre chose. Il y a un véritable déficit d’informations sur ce qui s’y fait, ce qui est voté, qui décide quoi et quels sont les enjeux véritables.
Exemple symptomatique : le jour où a été votée une définition claire de la neutralité d’Internet qui protège les libertés d’expression et d’entreprise pour les citoyens de l’Union, les médias n’ont parlé que des frais d’itinérance gratuits au sein de l’Union ! Et c’est sans compter sur le fait que les gouvernements qui se sont succédé rejettent systématiquement la faute sur l’Europe quand ils n’arrivent pas à faire quelque chose, et s’attribuent pour eux-mêmes les réussites européennes. Au contraire, il est important de montrer que l’échelon européen peut être un moyen de dépasser les égoïsmes et les blocages nationaux pour faire avancer les droits des citoyens.

Qu’auriez-vous à dire aux citoyens pour les convaincre d’aller voter le 25 mai ?

P.P : Nous pensons que s’abstenir de voter n’est pas une solution. Il est indispensable de faire connaître son opinion, que ce soit par un vote blanc ou non. Le Parti Pirate est le seul parti à avoir un programme rédigé en commun dans 16 des états membres. Les idées et les valeurs qu’il défend sont simples mais souvent oubliées par les partis dits traditionnels : défendre les libertés, partager le savoir et restaurer la démocratie. Voter pirate, c’est voter pour une liste qui défend nos intérêts et non ceux des grands groupes.
Nos objectifs sont la réforme du droit d’auteur, la défense de la vie privée, le retour des citoyens au cœur de la vie politique, la transparence des institutions, la non-professionnalisation de la vie politique. Quels politiques se soucient aujourd’hui des violations de votre vie privée par l’État Français ? De l’espionnage industriel de masse opéré par les américains ? Des absurdités qu’engendre l’application excessive du droit d’auteur ? Les pirates s’assureront pour nous tous que les piliers de nos sociétés ne soient pas méprisés pour les intérêts de certains ou la soif de contrôle des autres.
D’ailleurs après seulement un mandat des deux eurodéputés pirates suédois, les premiers résultats sont visibles :
– Abandon d’ACTA
– Fin de la riposte graduée
– Adoption de la proposition de réforme du droit d’auteur par le groupe des Verts / ALE
– Protection de la neutralité du net

Enfin, pour ceux qui sont déçus de la classe politique professionnelle actuelle, plutôt que de vous abstenir ou de voter à l’extrême, le vote pirate est aussi un vote contestataire. Notre transparence politique ne pourra que vous le prouver. Nous resterons disponibles pendant le prochain mandat pour continuer à échanger et éviter le syndrome « chèque en blanc ». Les élections européennes ne doivent pas être l’expression d’un ressentiment, qu’il soit envers les politiques ou envers les citoyens, ni se limiter à une simple lutte de pouvoir. Le vote que nous ferons doit être celui du futur que nous voulons construire ensemble.

Patrick Noviello

07 Mai

Des parlementaires PS furieux contre la ministre de la Santé

Des parlementaires en colère. Gérard Bapt et Catherine Lemorton sont furieux. Le député de Haute-Garonne et la présidente de la commission des affaires sociales contestent violemment la nomination de la nouvelle numéro 2 de la Direction Générale de la Santé. Françoise Weber vient d’être nommée, ce matin, en conseil des ministres. Les deux parlementaires de Haute Garonne pointent du doigt son passé dans les laboratoires pharmaceutiques et son parcours aux côtés de Roselyne Bachelot. Catherine Lemorton se défend d’attaquer la personne. Mais elle est catégorique : « quand on est de gauche, on ne nomme pas quelqu’un comme cela. Françoise Weber a été aux côtés de Roselyne Bachelot au moment de la grippe H1N1 [ un désastre financier suite à la commande contestée de 94 millions de doses inutiles de vaccins ]. C’est elle qui lui a fourni des argumentaires. Et elle a été responsable de la pharmacovigilance dans des laboratoires. Quand on sait à quoi correspond ce genre de travail… Je suis hors de moi ». Catherine Lemorton a interpellé le cabinet de la ministre de la Santé. Sans succès. Elle a raccroché son téléphone sans obtenir gain de cause. Avec son collègue Gérard Bapt, elle porte désormais l’affaire sur la place publique.

Laurent Dubois

06 Mai

C. Alvès : « mon but est de faire regagner Jean-Luc Moudenc »

26 et 35. Parmi les 26 adjoints de Jean-Luc Moudenc, un élu de 35 ans est en charge du Handicap, du Social et du milieu Associatif. Christophe Alvès découvre le Capitole. Il a occupé des fonctions administratives à la mairie de Toulouse dans les années 2000. Aux cotés de Françoise de Veyrinas (alors 1ere adjointe de Jean-Luc Moudenc) il côtoie les dossiers toulousains. Mais, moins de dix ans après, c’est dans le fauteuil d’un élu qu’il retrouve la salle des Illustres et le conseil municipal. Dans un entretien pour « Midi-Pyrénées Politiques« , il livre ses premières impressions. Mais aussi les futures pistes qui vont guider son mandat.

-6 avril-6 mai. Il y a un mois, jour pour jour, vous vous êtes assis dans la salle du conseil municipal. Quel souvenir gardez-vous de ce moment ?

-Christophe Alvès. Ma première impression ? Une vraie émotion au moment d’entendre mon nom lors de l’appel. Ca peut paraître bête. Mais cela a déclenché une émotion. Et, au moment de s’installer dans mon bureau, au second étage, je me dis : « tu es en place ». Au début c’est l’euphorie de l’installation. Et, depuis 15 jours, je mesure le poids de mes responsabilités.

-Pour vous la campagne c’est donc du passé ?

-Christophe Alvès. Je me dis que je suis déjà en campagne pour 2020. Mon but est de refaire gagner Jean-Luc Moudenc. Il ne faut surtout pas lâcher le terrain. C’est ce qui nous a permis de gagner. Aussi, dès le 14 mai prochain, j’organise ce que j’appelle le déjeuner du « noyau dur ». Je vais réunir nos militants pour qu’ils continuent à être présents dans les quartiers. Il faut garder à la tête que le fait d’être adjoint au Capitole ne signifie pas être dans une tour d’ivoire. D’ailleurs je vais visiter tous les services municipaux qui se trouvent sur le secteur (Lardenne, Pradette, Basso-Cambo) dont je suis le maire. De même, j’ai programmé des visites d’entreprise.

Dans vos délégations (Social, Handicap, Vie Associative) vous allez changer les services ? Vous allez changer les équipes qui ont travaillé avec Pierre Cohen ?

-Christophe Alvès. Il y a forcément des ajustements. Mais il est hors de question de faire tomber des têtes. Ce n’est plus le temps de la campagne mais de l’Intérêt Général.

-Une fois installé dans votre fauteuil d’adjoint quelle a été votre première décision ?

-Christophe Alvès. J’ai voulu faire un point sur le Handicap. J’ai ouvert le dossier de l’état des lieux. Il en ressort que le problème de l’accessibilité est vraiment crucial. Il n’est pas possible de transiger sur ce point. L’état financier de la mairie pose problème. D’ailleurs le maire va se prononcer prochainement sur ce point. Je peux comprendre que le financement soit problématique. Mais si les finances de la mairie ne suffisent pas et que je doive trouver de l’argent ailleurs alors je le ferrai. Si je dois aller jusqu’au parlement européen alors j’irai jusqu’au parlement européen.

-Autre délégation : la vie associative. Quel est votre programme ?

Christophe Alvès. Il faut plus de transparence et de lisibilité sur les subventions. Je ne dis pas qu’il faut réduire ou supprimer des subventions. Non. Je le dis sur le ton de l’humour, il faut mettre en place ce que François Hollande n’a jamais réussi à faire : une simplification administrative. Les associations ne savent pas si elles doivent s’adresser aux « finances » au « sport » ou à la « culture ». Il faut mettre en place un point d’entrée unique.

Propos recueillis par Laurent Dubois