Cette semaine, Carole Delga a deux rendez-vous nationaux. Jeudi 14 janvier, à 17 heures, la nouvelle présidente de Région doit rencontrer le premier ministre, Manuel Valls. Mais le mardi 12 janvier, un autre évenement parisien, beaucoup plus sensible, est également marqué sur son agenda. Il s’agit d’une réunion du groupe PS à l’Assemblée. Cette dernière date est capitale.
Demain, la présidente-députée va devoir ouvrir le dossier brûlant de la déchéance de nationalité. Carole Delga se retrouve entre le marteau gouvernemental et l’enclume d’une majorité régionale de gauche hostile à une réforme législative de la nationalité. Son positionnement va donner le ton de sa présidence. Carole Delga présidente de Région ou députée de la majorité de François Hollande ?
Députée et présidente de Région. Les deux casquettes ne sont pas simplement difficile à coiffer. Elles peuvent carrément virer au casse-tête. Le cumul des mandats de Carole Delga passe mal. Y compris au sein du PS. Mais, avec la réforme voulue par François Hollande sur la déchéance de nationalité, la position de la présidente (socialiste) de Région se complique. Carole Delga va devoir prendre position. Au risque de troubler sa majorité régionale.
Mardi 12 janvier, à 11 heures, le groupe socialiste au Palais-Bourbon, doit arrêter sa position sur le projet de loi présenté par le premier ministre. Les débats vont être animés. Des députés de la majorité sont prêts à entrer en rébellion. En Haute-Garonne, la présidente de la commission des affaires sociales, Catherine Lemorton est claire. Elle ne votera pas le texte. La députée ne sera pas la seule.
D’autres parlementaires PS n’ont pas envi de mêler leur vote à ceux du FN et de la droite.
Quelle va être la ligne de Carole Delga ?
Selon une source, la présidente-députée est dans l’expectative. Elle est plongée dans un dilemme. Le passage de Carole Delga au gouvernement devrait clore le débat. L’ancienne ministre de Manuel Valls devrait être « vallsiste » (ou plutôt légitimiste) et voter la réforme. Mais ce n’est pas aussi simple. A 600 kilomètres de Paris, à Toulouse et Montpellier, l’entourage et la majorité de la présidente de Région a le coeur à la gauche de la gauche. La déchéance de nationalité n’est vraiment pas la tasse de thé de la garde rapprochée et des alliés de Carole Delga.
Un président de groupe issu des rangs des Frondeurs (Christian Assaf). Une vice-présidente influente et omniprésente appartenant à la gauche du PS (Nadia Pellefigue). Une majorité composée d’élus Verts dont le parti va voter contre la déchéance de nationalité. Des représentants du Front de Front de Gauche allergiques à la réforme Hollande-Valls.
Ce « cocktail » pèse forcément.
La position de la députée Delga aura nécessairement un impact sur la présidence de Carole Delga.
L’ancienne présidente du groupe Front de Gauche au Conseil Régional est catégorique.
Pour Marie-Pierre Vieu, c’est évident :
« La position de Carole Delga peut avoir une conséquence sur la cohésion de sa majorité (régionale). Si elle fait de la politique, elle ne votera pas la déchéance. Ce serait un moyen d’asseoir son autorité. Pendant toute la campagne, Carole Delga a donné des gages pour montrer que l’on va ancrer le territoire à gauche.
Selon nos informations, l’entourage proche de Carole Delga partage ce point de vue. La solidarité gouvernementale doit céder face aux considérations régionales. Et ce n’est simplement un souhait. C’est un engagement. Dans l’accord d’entre-deux-tours, les partenaires de Carole Delga ont fait graver dans le marbre un principe de base : l’autonomie du régional face au national.
Un des signataires, Guilhem Seyriès (Parti de Gauche) invoque souvent l’exemple de l’aéroport de Blagnac. Pour le représentant de Jean-Luc Mélenchon, Martin Malvy (l’ancien président PS de Midi-Pyrénées) s’est aligné sur Bercy et Emmanuel Macron. La majorité de gauche de Carole Delga ne veut pas revivre cette expérience.
Elle peut être raisonnablement optimiste. Martin Malvy ne dépendait pas de ses « camarades » Rouges et Verts.
D’après nos informations, Carole Delga n’a pas encore tranché. Mais la présidente n’a pas besoin d’attendre pour faire un constat : le cumul des mandats ça ne facilite pas vraiment la vie.
Un dossier aussi chaud que la déchéance de nationalité ne va pas se présenter tous les matins. Mais, de manière moins explosive, d’autres sujets peuvent embarrasser la présidente-députée. C’est la rançon du cumul.
Laurent Dubois (@laurentdub)