Le Nouveau Monde En Commun n’existe plus. Les Écologistes et les communistes ont constitué un nouveau groupe au sein du conseil régional. Un groupe excluant les représentants de la France Insoumise.
C’était une innovation des dernières élections régionales. Le groupe d’élus régionaux Nouveau Monde en Commun est directement issu d’une expérience présentée, à l’époque, comme « inédite ». En 2015, les écologistes, le PCF, le parti de gauche et des régionalistes se rassemblent sous une même bannière. Emmenée par Gérard Onesta, la liste fusionne, avant le 2nd tour des régionales, avec Carole Delga et les socialistes. Une fois installé dans l’hémicycle régional, Nouveau Monde se transforme en groupe d’élus. Mais c’est fini. L’attelage constitué en 2015 se disloque.
Les écologistes, les communistes, des représentants régionalistes et des personnalités de la société civile ont déposé un nouveau groupe : Nouveau Monde. Le qualificatif En Commun disparaît. Avec lui, ce sont 4 élus (Myriam Martin, Liem Haong Noc, Guilhem Serieys et Jean-Christophe Sellin) qui se retrouvent dans la nature. Les 4 conseillers régionaux dénoncent une éviction et une volonté de les faire taire. Guillhem Serieys parle d’une « manœuvre bassement politicienne » et d’une « méthode du vieux monde politique peu ragoutante et qui exaspère les gens ».
L’élu insoumis estime qu’il n’y a pas eu « une minute de discussion préalable » et trouve cela « hallucinant ». Pour Guilhem Serieys, « des intérêts partisans étriqués cassent une logique unitaire ». Mais il insiste surtout sur le sort de deux collaborateurs qui, selon lui, vont perdre leur emploi. Guilhem Serieys estime que ses anciens camarades de groupe visent une seule chose : « les transformer en non-inscrits » et les « priver de moyen d’expression ».
Guilhem Serieys reconnait que le « groupe ne fonctionnait pas ». Mais, pour lui, une scission aurait pu être négociée et l’élu aveyronnais refuse d’entériner la fin de Nouveau Monde En Commun. Guilhem Serieys menace de saisir le tribunal administratif et les prud’hommes s’agissant du sort des 2 collaborateurs.
Du côté des nouveaux « Nouveau Monde », c’est une toute autre version des faits. Le co-président du groupe, le communiste Nicolas Cossange, dément catégoriquement toute absence d’information préalable. Guilhem Serieys déclare avoir été informé par le cabinet de la présidence de Région de l’existence du nouveau groupe. Nicolas Cossange « s’inscri(t) totatalement en faux » et affirme que la création de Nouveau Monde « fait suite à une réunion avec eux (ndlr : Guilhem Serieys et ses 3 camarades) ». Cette « réunion a eu lieu dans les locaux du parc des expos de Montpellier avant l’assemblée plénière de décembre dernier ».
S’agissant du sort des deux collaborateurs de l’ancien groupe Nouveau Monde En Commun, Nicolas Cossange souligne que « c’est dans la nature de ces emplois d’être précaires à partir du moment ou il s’agit de travailler avec des élus ». Le conseiller régional communiste précise également que « l’un des collaborateurs est proche de la retraite et peut faire valoir ses droits. S’agissant de l’autre, Guilhem Serieys et ses amis peuvent continuer à lui verser un salaire. Ils en ont le moyen ».
Nicolas Cossange a visiblement compris le risque politique d’une victimisation de ses ex-camarades de groupe. Il tend également la main. Le co-président de Nouveau Monde soutient la création d’un groupe réduit au 4 ex-Nouveau Monde En Commun. Le règlement intérieur de l’assemblée régionale fixe à 7 le nombre d’élus nécessaire pour constituer un groupe. Mais Nicolas Cossange est favorable à un aménagement des règles.
Nicolas Cossange n’éprouve aucun regret sur le fond. Le seul remord concerne Myriam Martin à qui il a été proposé 4 fois de rester avec les écologistes et les communistes. Mais, à part cette tentative de « sauvetage », Nicolas Cossange estime que le divorce est une simple formalité administrative. Il est surtout consommé depuis longtemps. Bref, il s’agit de prendre acte de différends politiques profonds et anciens.
Effectivement, la liste des votes contraires et des divergences est longue : vote du budget, conflit syndical au sein du conseil régional, aides aux structures catalanes et occitanes, nomination à des postes...
Les ex-compagnons de Nouveau Monde En Commun sont d’accords sur ce point. La cohabitation vire, depuis de longs mois, à la confrontation. Une confrontation qui a pris la forme d’une incompatibilité de personnes. Notamment au sein de la commission culture entre Serge Regourd, un proche de Gérard Onesta, et Jean-Christophe Sellin.
L’officialisation de la rupture clarifie une situation devenue lourde. Mais le conflit est loin d’être terminé. Une bataille de la communication débute avec double objectif. Du côté de la présidence de Région et de Carole Delga, il s’agit de conjurer l’image d’une majorité composite qui se fissure. La disparition du PRG et son remplacement par le parti Radical redessine le paysage politique et peut impacter l’hémicycle du conseil régional. Le schisme au sein de Nouveau Monde peut institutionnaliser une contestation à la gauche de la gauche
Mais, du côté du nouveau Nouveau Monde, l’enjeu est d’éviter d’apparaître comme un diviseur, inféodé au parti socialiste et à Carole Delga.
Guilhem Serieys et ses camarades ont commencé à jouer cette carte. Le conseiller régional de l’Aveyron estime qu’il n’est pas prêt à se laisser avoir par l’idée d’un cartel avec des écologistes qui servirait de « paillasson au parti socialiste ».
Laurent Dubois (@laurentdub)