30 Oct

Congrès du PS : « ma » synthèse

Que peut-on retenir de ces trois jours au parc des Expositions ? Annoncé comme un congrès de « rassemblement » pour les socialistes, « joué d’avance » pour certains notamment les non-signataires de la motion 1 majoritaire, il n’a finalement réservé que peu de surprises. Il y a toutefois eu des signes qui ne trompent pas sur l’état des troupes.

Le nouveau premier secrétaire du PS, Harlem Désir (Photo F. Valéry)

« On est à Toulouse, la ville de Jean Jaurès, il n’a pas toujours cherché à plaire, c’était un esprit libre, très libre » martèle à la tribune Harlem Désir. Le nouveau premier secrétaire du PS est-il aussi libre ? Rien n’est moins sûr. Sa mission première a été de défendre les premiers mois d’exercice du gouvernement pour se « serrer les coudes » autour de Jean-Marc Ayrault. Un soutien tellement fort et ressassé qu’il en paraissait presque suspect. Tout au long du week-end, de nos émissions et de nos éditions, ce sont les mêmes éléments de langages qui ont été énoncés par les élus et les militants. Ont-ils été fournis avec le kit du parfait congressiste socialiste ?

Dans « La Voix est Libre » Kader Arif s’est dit agacé par les procès d’intention qui sont faits à la majorité présidentielle. Le ministre délégué aux anciens combattants s’affirme toujours prêt à riposter sur ces attaques largement menées par la droite mais il veut  aussi parler du fond et des chantiers déjà menés par le gouvernement. Philippe Martin, toujours dans notre émission, préfère utiliser le langage rugbystique pour préconiser un « jeu collectif » et un « pack soudé ».

Absent de nos émissions spéciales, le PRG pourtant très présent dans notre région et également dans la majorité présidentielle est resté très discret. Jean-Michel Baylet et Sylvia Pinel ont d’ailleurs décliné nos invitations à venir débattre.

L’aile gauche du PS, elle, a en revanche occupé le terrain sur ce congrès, à la tribune de la salle plénière notamment avec un Gérard Filoche très applaudi. Egalement invitée à prendre la parole une délégation syndicale de Sanofi. Et puis quelques rappels à l’ordre ont fusé de la part de certaines personnalités du Parti comme Elisabeth Guigou, pour ne pas oublier les dossiers essentiels comme le soutien plein et entier aux industries fermées ou encore le vote des étrangers aux élections locales.

Et au cas où ces rappels courtois n’auraient pas suffi quelques manifestations occupaient le pavé toulousain. Curiosité locale, seuls les patrons, CGPME en tête, sont parvenus jusqu’au parvis pour crier leurs doléances, de même que des salariés de France3 Région qui avaient déployé une banderole sur leur plateau TV provoquant l’ire du service d’ordre du PS.

Un autre sujet qui fâche : le cumul des mandats. Il ne fut pas oublier, loin de là : « Courage mes camarades, encore un petit effort, on va y arriver » scande Martine Aubry. Martin Malvy, sur notre plateau, demande « un véritable statut de l’élu » qui mette les édiles à l’abri en cas de défaite électorale et de brusque retour à la vie civile. Paul Quilès lui rappelle ironiquement, qu’alors qu’ils étaient tous deux ministres, un rapport avait été commandé sur le sujet par Mitterrand. Il doit certainement caler une armoire à l’heure qu’il est…

Et les militants dans tout ça ? Eux aussi reconnaissent que ce n’était pas un congrès des grands jours ou plutôt des grands soirs. Certains demandent plus d’indulgence à l’égard de Jean-Marc Ayrault, d’autres voudraient que ça aille plus vite. « Ils ont besoin d’être rassuré » prévient le plus en plus populaire Manuel Valls. Parmi les stars de ce congrès justement, on notera le retour de Ségolène Royal au moment où Martine Aubry se met en retrait. Royal qui décidément est toujours très visible lors de ses passages toulousains. Lors du meeting de François Hollande, place du Capitole, en mai dernier, elle avait été la seule parmi les ténors socialistes à s’offrir un bain de foule.

Harlem Désir quant à lui s’est fait désirer, dès l’ouverture du congrès qu’il ouvrira avec une heure de retard, la salle plénière aurait, parait-il été insuffisamment remplie, ce qui aurait occasionné cette temporisation du patron du PS. Il aura mis huit jours à répondre négativement à l’invitation que nous lui avions lancée pour notre émission spéciale. Ce qui n’empêche pas le nouveau patron des Socialistes de citer encore Jaurès : « le courage c’est de rechercher la vérité et de la dire ». A-t-il véritablement la main pour se placer dans cette optique ? Ces prochains mois de mandats nous le diront.

Patrick Noviello

25 Oct

La Voix est libre, samedi 27 octobre à 11h30, spécialement dédiée au congrès du PS

Un débat de 26 minutes spécialement dédié au congrès du PS qui se tient du 26 au 28 octobre à Toulouse.
Le débat sera animé par Patrick Noviello et le politologue Laurent Dubois.

Sur le plateau en direct nous recevrons :

  • Philippe Martin, député PS du Gers, président du conseil général du Gers. Parlementaire très influent au sein du Parti, ancien Aubryiste, il est aussi un élu local à forte implantation. Il se murmure même qu’il est l’un des meilleurs outsiders pour prendre la place de Martin Malvy à la tête de la Région.
  • Kader Arif, ministre délégué aux anciens combattants, Hollandais de la première heure, élu Haut-Garonnais.
  • Carole Delga, députée PS de Haute-Garonne. Jeune femme, fraîchement élue, elle représente la nouvelle garde parlementaire dans notre région.

Avec eux nous parlerons bien évidemment de l’actualité du congrès mais aussi des polémiques qui agitent le PS comme le cumul des mandats. Ils nous expliqueront leur positionnement entre Midi-Pyrénées et Paris, leur rapport à la politique et leur action entre leur fonction parlementaire et leurs missions locales.

Nous nous projetterons aussi sur les futures élections locales : la région est très rose mais le fait d’être à la manœuvre au gouvernement et à l’assemblée ne va-t-il pas les affaiblir au plan local ?

Congrès de Toulouse, quel futur visage pour le PS ? vendredi 26 octobre à 23h05

Passé de l’opposition à la majorité, comment le PS se réorganise ?
Du 26 au 28 octobre se tiendra au Parc des Expositions de Toulouse le Congrès du Parti Socialiste. A l’occasion de ce rendez-vous politique majeur, nous vous proposons une émission spéciale au cœur de l’évènement.

Sous la forme d’un débat avec entre autres le président du Sénat, l’ariégeois Jean-Pierre Bel, le président de Région Martin Malvy, Pierre Cohen maire de Toulouse, Paul Quilès maire de Cordes, Florence Augier, signataire de la motion « Osez plus loin, plus vite » et deux militants Romain Cujives, membre du mouvement des Jeunes socialistes et Monique Mirouze.

Dans cette émission également, paroles de militants, coulisses du congrès et les analyses politiques de Laurent Dubois.
Nous reviendrons également en images sur les moments forts du PS dans la ville rose et les enjeux du congrès.

Une émission présentée par Marie-Sophie Lacarrau et Patrick Noviello

JJ Mirassou « Peillon aurait mieux fait de se taire »

Photo Pascal Pallas-La Voix du Midi

1974-2012. Trente huit ans d’adhésion au PS, seize Congrès dont deux dans la ville Rose. Jean-Jacques Mirassou prépare le week-end avec la tranquillité des troupes aguerries. A partir de demain, le parti socialiste va tenir son 76e congrès à Toulouse. Une cohorte de militants, un bataillon de parlementaires et un cortège de ministres vont défiler au Parc des Expositions. Certains s’inquiètent de la logistique. Un match de foot et un marathon s’invitent. Les déplacements et l’accès au Congrès risquent de tourner au rodéo urbain. Jean-Jacques Mirassou n’est pas inquiet. « Ce ne sera pas simple. Mais on trouvera une solution ». Pour le sénateur haut-garonnais, tout va bien se passer. Même optimisme sur le fond. Pour lui, le Congrès de Toulouse ne sera pas un « non congrès ». Les mauvaises langues parlent de «verrouillage » : pas de débat, un 1er secrétaire « nommé » par l’Elysée. Jean-Jacques Mirassou estime, au contraire, que Toulouse est un moment essentiel. Le parti à la Rose retrouve le Pouvoir. Il doit éviter une épine et suivre une dorsale. L’épine est celle « de la langue de bois et d’une absence d’esprit critique vis-à-vis du gouvernement». La dorsale, la ligne de crête est donc celle « un soutien critique, alliant discipline et confrontation d’idées  ». Facile à dire. Pas évident à faire. Pour Jean-Jacques Mirassou, la frontière entre rébellion et suivisme passe par… « des propositions alternatives ». Concrètement, le sénateur cite l’exemple d’un amendement concernant le « crédit impôt recherche ». L’amendement – inspiré par l’affaire Sanofi – n’est pas dans l’agenda de Jean-Marc Ayrault. Jean-Jacques Mirassou est prêt à le défendre. Avec d’autres parlementaires socialistes, il trouve insupportable que des entreprises dégagent des bénéfices, licencient et profitent outrageusement d’une facilité fiscale. Face à ce « scandale », il est prêt à « aiguillonner » le gouvernement. Ce n’est pas un coup de force. Mais un coup de main. Jean-Jacques Mirassou estime qu’il s’agit d’aider, d’influencer Jean-Marc Ayrault. Le gouvernement est victime de couacs : valse-hésitation sur la taxe audiovisuelle, recul concernant la fiscalité des plus values. Le sénateur haut-garonnais est catégorique. Les initiatives parlementaires ne vont pas rajouter des fausses notes à cette cacophonie. En revanche, Jean-Jacques Mirassou regrette le manque de sens harmonique de certains ministres. Ainsi Vincent Peillon et sa petite musique sur la légalisation du cannabis ont écorché les oreilles du sénateur. « Ce n’était pas le moment. Vincent Peillon aurait mieux fait de se taire ».

LD

18 Oct

« Italiens, 150 ans d’émigration en France et ailleurs »

Copyright Sébastien Soulié

Leur voyage est aussi le nôtre
« Italiens, 150 ans d’émigration en France et ailleurs »

A travers une vingtaine de chansons traditionnelles issues de l’art populaire et un spectacle d’une heure et demi, la troupe toulousaine In Canto, raconte l’épopée de ces hommes et femmes partis d’Italie chercher une vie meilleure. Au départ en tournée dans le sud-ouest, elle va désormais sillonner la France entière et effectuera même un périple transalpin dans les mois qui viennent. Quel joli pied de nez à l’histoire que celle de ces émigrés de retour dans leur pays pour lui faire découvrir son passé.
La salle Georges Brassens d’Aucamville se remplit peu à peu, très lentement, comme un cérémonial inconscient. Ce soir (comme à chaque fois), on affiche complet soit plus de 400 personnes. On y parle italiens bien entendu mais surtout français. Pas de nostalgiques dans l’assistance mais plutôt des curieux. Curieux dans le bon sens du terme, j’entends. Ils sont là, des anciens beaucoup mais aussi des plus jeunes parfois, à vouloir retrouver ce que les livres d’histoire leur ont si longtemps caché : comment 27 millions d’individus ont quitté leur pays, leur terre natale, dans un arrachement parfois insoutenable, pour chercher une existence vivable ailleurs ou plus prosaïquement pour faire manger leur famille.
Il y a ceux que l’eldorado américain a fait rêver. Mais pour cela il fallait endurer « 30 giorni di nave a vapore » (30 jours de bateau à vapeur), la plupart du temps entassés, dormant à même le sol, avec parfois la mort au bout du voyage. Ce fut le cas des naufragés du Sirio qui quitta Gênes en 1906 pour s’échouer près des côtes espagnoles. Plus près de nous mais non moins dramatique, il y a aussi ceux qui ont voulu rejoindre la France, la Suisse ou la Belgique en traversant les Alpes.
Sur l’écran des images en noir et blanc de familles entières, des hommes et des femmes portant parfois des bébés, progressant difficilement, de la neige jusqu’aux hanches. Combien ont échoué ? Pas besoin de s’attaquer à de hauts sommets, beaucoup sont morts aux pieds des falaises de Menton, si près de leur rêve azuréen… Des images terribles portées par des voix : celles du groupe In Canto. Chanteurs et musiciens sont habillés comme ces migrants, robes noires pour les femmes, pantalons à l’étoffe dure et chemises blanches ou marinières pour les hommes.
Ces chants ne sont pas patriotes ou plaintifs. Au contraire, ils sont une ode au monde et le dernier rempart d’une fierté bafouée : celle qui a vu les « ritals » traités de voleurs voire de dangereux assassins comme les anarchistes Sacco et Vanzetti, condamnés injustement à la chaise électrique. Une ballade leur est dédiée. Elle est scandée avec l’âme mais surtout avec les tripes : « Addio amici, in cor la fé, viva Italia e abasso il re ».
Et puis cette déferlante émigrante s’est tarie en 1976. L’Italie, à son tour, est devenue terre d’accueil, ni mieux ni moins bien que le furent les pays rejoints par ses enfants. Le noir et blanc des images anciennes s’est changé en noir et blanc des visages, ceux des africains face à leur hôtes de la péninsule. Aujourd’hui il y a Lampedusa en lieu et place de New-York, alors il ne faut pas oublier.
Pour cela, le spectacle s’achève sur un texte projeté rendant hommage à nos ancêtres migrants. Je pense à ma famille, des chemisiers de Naples partis en Algérie alors française chercher du travail. Je revois mon grand-père, tour à tour pompiste, camelot sur les marchés ou encore coiffeur. C’est leur histoire, c’est notre histoire, une histoire universelle amenée à se répéter sans cesse tant que l’humanité vivra.
Information sur le spectacle et la tournée sur www.radici-press.net

Encensée

Catherine Lemorton

Encensée Catherine Lemorton dans les pages du Monde. Le quotidien national consacrait dans son édition de dimanche-lundi, une page aux lobbyistes de l’Assemblée Nationales. A cet article était joint un portrait de la présidente de la commission des affaires sociales qui débute sur les chapeaux de roue : « A l’écouter raconter son histoire, on se la figure un peu en Erin Brockovich de l’Assemblée Nationale » écrit Hélène Bekmézian. Et la députée haut-garonnaise de poursuivre en expliquant qu’elle était « seule » jusqu’à l’affaire du Médiator et qu’elle est devenue « le porte-drapeau de ce combat ». C’est Gérard Bapt qui va être content…
Dans la suite de l’article, l’élue socialiste rentre dans le vif du sujet et relate le travail qu’elle effectue au quotidien et depuis des années contre les lobbies « qu’il faut rencontrer dans des salles de la démocratie à l’Assemblée(…) et jamais seul à seul ». Catherine Lemorton se livre un peu plus en suggérant les pressions qu’elle a subies : « il y a eu pire que ça(…) C’est derrière moi je ne veux plus en parler ». Puis la pharmacienne toulousaine conclut en parlant d’elle à la troisième personne : « Tous les gens qui criaient dans le désert sur la prégnance de l’industrie pharmaceutique ont trouvé une voix et elle s’appelle Lemorton ».

Encensée

Catherine Lemorton

Encensée Catherine Lemorton dans les pages du Monde. Le quotidien national consacrait dans son édition de dimanche-lundi, une page aux lobbyistes de l’Assemblée Nationales. A cet article était joint un portrait de la présidente de la commission des affaires sociales qui débute sur les chapeaux de roue : « A l’écouter raconter son histoire, on se la figure un peu en Erin Brockovich de l’Assemblée Nationale » écrit Hélène Bekmézian. Et la députée haut-garonnaise de poursuivre en expliquant qu’elle était « seule » jusqu’à l’affaire du Médiator et qu’elle est devenue « le porte-drapeau de ce combat ». C’est Gérard Bapt qui va être content…
Dans la suite de l’article, l’élue socialiste rentre dans le vif du sujet et relate le travail qu’elle effectue au quotidien et depuis des années contre les lobbies « qu’il faut rencontrer dans des salles de la démocratie à l’Assemblée(…) et jamais seul à seul ». Catherine Lemorton se livre un peu plus en suggérant les pressions qu’elle a subies : « il y a eu pire que ça(…) C’est derrière moi je ne veux plus en parler ». Puis la pharmacienne toulousaine conclut en parlant d’elle à la troisième personne : « Tous les gens qui criaient dans le désert sur la prégnance de l’industrie pharmaceutique ont trouvé une voix et elle s’appelle Lemorton ».

Christophe Borgel, « le PS doit pouvoir dire au gouvernement : attention « 

Photo AFP/Pascal Pavani

Dernière ligne droite pour le principal parti de la Gauche. Dans quelques jours le PS va tenir son Congrès dans la ville Rose. Derrière la place des Carmes, dans un restaurant bien connu des toulousains, Christophe Borgel évoque cet événement. Nouveau député de la Haute Garonne, il est un vieux « briscard » de l’appareil socialiste. Jusqu’en juillet dernier, Christophe Borgel était secrétaire national en charge de la vie des fédérations. Il reste responsable, rue de Solferino, des élections. Après le Congrès de Toulouse, il sera, très probablement, renouveler dans ses fonctions. La carte électorale et la galaxie socialiste n’ont pas de secret pour lui. En 2008, aux  cotés de Martine Aubry, il a vécu le Congrès  de Reims.  Autre lieu. Autre époque. « Le Congrès de Reims a été le congrès de l’éclatement. Il a fallu six mois pour recoudre, apaiser, rassembler au plan national comme au plan local ». « Le Congrès de Toulouse est (au contraire) un congrès de rassemblement ». Les petits meurtres entre « camarades », la lutte fratricide entre Martine Aubry et Ségolène Royal appartiennent au passé. Le PS ne se cherche plus – dans le « sang » et les grincements de dents – un présidentiable. Il a un président à l’Elysée. Pour Christophe Borgel, « le Congrès de Toulouse doit répondre à une interrogation majeure : quel est le rôle du parti quand la Gauche est au Pouvoir ? ». Dans son esprit, ce rôle est essentiel. Christophe Borgel garde en mémoire le précédent Jospin. Entre 97 et 2002, le PS s’est assoupi. Le parti gouvernemental s’est endormi sur ses lauriers. Pour le député haut-garonnais, ce scénario ne doit pas se reproduire. « Le gouvernement a le nez dans la gestion. Le parti majoritaire doit assumer un rôle de soutien, d’explication, de défrichage. Mais il doit y avoir une part critique dans le soutien. Il doit pouvoir dire publiquement : attention !!! ».

LD

15 Oct

Duel à l’UMP, samedi 20 octobre dans la Voix est libre

Qui pour succéder à Nicolas Sarkozy comme leader de l’UMP ?
Les 18 et 25 novembre, les militants éliront leur président. D’ici là, le débat s’anime à droite entre les deux prétendants Jean-François Copé et François Fillon.

Nous irons en reportage à Albi à la fédération du Tarn assister à une soirée de discussion. Un échange d’idées qui se poursuivra en plateau avec nos invités :

Nous… La cité

Nous…La Cité

« Quand quatre jeunes de banlieue se prennent d’écrire leur quotidien avec un de leurs éducateurs, ça envoie du lourd »

Ainsi est présentée sur la couverture cette œuvre si précieuse et tellement utile au regard de notre actualité. L’histoire de Joseph Pontus, éducateur, et de quatre jeunes de cité qu’il accompagne dans leur réinsertion, est rare car peu souvent racontée. Elle est également renforcée en authenticité par le fait que ce sont ces jeunes, eux-mêmes, qui se racontent, sans fausse pudeur, sans orgueil et surtout sans fioritures.

Preuve pour débuter du portrait que dresse Rachid, un de ces jeunes, de leur compagnon d’écriture :

–         Joseph, je sais pourquoi t’as fait éducateur comme métier. T’aurais jamais eu les couilles de devenir un voyou et surtout t’aurais jamais pu être flic. Du coup, comme ça, t’es entre les deux.

L’ouvrage se décline ensuite en thématique.

Ecole

Sylvain raconte sa sixième dans un internat de province installé dans un château.

« Le premier pote que je me fais là-bas, c’est Alain, il est dans ma classe et toutes les filles sont en sang sur lui. Il ne fait pas son âge, il est très grand à côté de mon mètre soixante et un. Moi je suis tout petit, je suis même le plus petit de ma classe en âge et en taille, même les filles me dépassent. Tout le monde m’appelle Kirikou. »

Avant même la fin de l’année, Sylvain craquera et fera la suite de sa scolarité dans un collège public de Suresnes.

Rachid, lui, écrit de la prison où il est incarcéré.

« Au début de ma première sixième, y’avait un mec avec qui je traînais dehors. Comme on le sait, un arabe et un gitan, si on les met ensemble, ça peut faire que des conneries ! On a même vendu de la drogue dans le collège, on en a vendu à tout le monde, mais surtout aux troisièmes et aux quatrièmes. »

« Par contre, j’ai jamais volé de meufs-enfin, si, deux fois-mais je le regrette encore. Déjà, parce qu’elles crient, ça ameute tout le monde et puis, on ne sait jamais, si ça tourne mal et que t’es obligé de mettre une baffe…Non, franchement, pas les femmes. Pareil pour les magasins. J’ai toujours eu honte de voler pendant les heures d’ouverture. Y’a des heures pour acheter et des heures pour voler. Moi, je ne suis pas un voleur  de magasins ouverts. »

Ce même Rachid écrit également son journal de mitard, autrement dit de quartier disciplinaire, quand il est une fois de plus sanctionné, au sein même de la prison.

« Promenade, en même temps que Choukette. Lecture, prières, gamelle, prières, galère !!! J’écris à mon avocat et au chef du bâtiment. Je repense à mon passé. A ma famille, aux morts de ma famille, je pense à mon avenir et je ne vois rien. J’ai vingt-deux ans ! »

A lire également la rencontre avec un surveillant que le jeune homme découvre humain et dont il aurait pu peut-être se faire un ami, en d’autres circonstances.

Les émeutes de 2005.

« En tout cas pendant les émeutes, la plupart des portes, elles, étaient ouvertes, les gens t’accueillaient, te donnaient à manger. C’est normal, même si t’es vieux, quand tous les jours, tu vois les flics qui humilient tout le monde, c’est une façon d’être solidaire (…)

On voyait bien que l’Etat avait peur, mais ce qui a vraiment manqué chez nous, c’est une organisation. Y avait pas de réunion, on faisait ça à l’improviste. Chaque cité faisait son truc dans son coin. Si il y avait eu des contacts avant, des vrais chefs, ça aurait été vraiment fumant ! (…)

Après, je ne sais pas si j’y retournerais aujourd’hui. Ça dépend mis c’est vrai que l’envie, elle est là. J’ai toujours une petite haine des keufs et elle peut vite devenir une grosse flamme. Si un jour faut faire la guerre aux keufs, je la ferai. Si faut aller place de la Concorde comme à la place Tahrir, j’irai, et même s’il faut s’armer de Kalach et de gilets pare-balles ».

Yougataga ! (NDR :  l’équivalent d’une « année Rock’n Roll)

La cité est dure et ses narrateurs aussi parfois, comme l’est Rachid quand il décrit le profil de ses anciens acheteurs.

« Les clients tu vois de tout, de toutes les couches sociales. Ça va du petit de douze ans au tellement vieux qu’on dirait qu’il a fait le Hadj (Pèlerinage à la Mecque), soixante-cinq, soixante-dix ans. Tu vois des riches, des junkies, des gens que t’as vu à la télé. Tu vois toute la France »

Plus réaliste encore, le point de vue de ce même Rachid sur la loi et la politique à mener en termes de lutte contre la drogue.

« Sinon en ce moment, ça parle beaucoup de légalisation. La légalisation, c’est une connerie. C’est l’Etat qui va vendre, déjà qu’il y a de la violence, ça va être encore pire. Ils vont vendre quoi, les gars, après ? Non, ce qu’il faut, c’est ouvrir des écoles, des gymnases, créer des emplois, faire partir les gens en vacances. C’est comme ça que tu inciteras les gens à ne plus dealer »

La religion

A l’heure où l’on parle recrudescence des intégristes radicaux dans les cités, d’islamistes prêts à tout sur notre propre territoire, là aussi le regard de ces jeunes est des plus clairvoyants.

(…) Après, dans le Livre, il est dit qu’il est important de respecter les autres religions. Moi j’en veux pas aux juifs mais aux israéliens ou pour être encore plus précis, à l’Etat hébreu. Et il y a des trucs que je ne comprends vraiment pas… Comment des gens qui ont connu des camps de concentration peuvent en fabriquer à leur tour ? Comment ils peuvent faire souffrir des gens alors qu’eux ont déjà souffert ?

Dans quarante ans on sortira les photos de Gaza et celles des camps, on aura quoi comme différences ? Une elle est en couleurs et l’autre en noir et blanc. Des mères derrière des barbelés.

Mais attention, les mecs dans la cité, ils disent : « La Palestine ! La Palestine !!! » C’est un beau combat mais il y en a d’autres aussi. Et le Darfour ? Et le Soudan ? Le problème c’est qu’on ne peut pas se battre pour tout ni pour tout le monde. Moi le premier. »

Sylvain, lui, est plus direct mais non moins pragmatique : « Comment font les gens pour ne pas croire en Dieu ? Comment est-on là, tout simplement ? Il y a bien un commencement… »

Alex est pas mal non plus dans le genre.

« La religion, ça m’aide dans la façon d’être avec les autres et aussi dans la façon d’être avec moi-même. Je ne doute absolument pas du choix que j’ai fait. J’ai encore des tonnes de trucs à apprendre, j’en aurai jamais fini ».

Vient se greffer à ces témoignages à vif, celui, non moins poignant et impliqué de leur éducateur, Joseph Pontus, le maître d’œuvre de ce livre. Un regard vif et à fleur de peau, notamment quand il décrit l’appareil judiciaire dans lequel ses ouailles se retrouvent plus qu’à leur tour empêtrées.

« L’avocat de Toufik est vraiment de cette race de truands qui s’acoquine avec le milieu, c’était le même qui avait défendu Rachid pour le bris de la porte de sa chambre d’isolement à l’hosto. Il est toujours aussi poseur, infatué, irritant. Semble lire avec mépris la note que je lui tends. Et si c’est comme la dernière fois, il fera style qu’il ne plaide même pas et ne reprendra que nos mots. Mais bon, on verra bien ».

Juges et policiers ne sont pas non plus épargnés, les premiers par l’éducateur, les seconds par les jeunes.  JAP, présidents de tribunaux, policiers de la BAC,  ne sont pas forcément montrés sous leur meilleur jour mais ce n’est pas là le but de ce livre. La vérité est parfois difficile à entendre.

Post-scriptum

Le livre se clôt sur un post-scriptum où Joseph Pontus cite notamment Pierre Michon et « ses vies minuscules » parues chez Gallimard.

« A leur recherche, pourtant, dans leur conversation qui n’est pas du silence, j’ai eu de la joie, et peut-être fut-ce aussi la peur ; j’ai failli naitre souvent de leur renaissance avortée, et toujours avec eux mourir ; j’aurais voulu écrire du haut de ce vertigineux moment, de cette trépidation, exultation ou inconcevable terreur, écrire comme un enfant sans parole meurt, se dilue dans l’été : dans un très grand émoi peu dicible ».

Et l’éducateur de reprendre ses propres pensées alors qu’il sait qu’il va changer d’affectation et que son travail avec ses protégés est terminé.

« Comme un parent qui voit ses enfants partir du foyer. Le cœur se serre. Déjà penser aux retrouvailles. On sortira la meilleure bouteille, ce sera dimanche, la table de fête sera mise juste ce qu’il faut de nostalgie pointera le bout de son museau. On se rappellera des beaux moments avec ce rien de pudeur qui sait que nos vies sont désormais plus liées, plus tant que ça. »

« Nous…La cité » Rachid Ben Bella, Sylvain Erambert, Riadh Lakhéchène, Alexandre Philibert et Joseph Pontus, Label « Zone », éditons La Découverte.