Des adhérents du PS ont un pied dans le parti et un autre dans le Mouvement de Benoit Hamon ou…d’Emmanuel Macron. Mais le parti socialiste est incapable de chiffrer l’ampleur de ces doubles appartenances.
C’est un chiffre confidentiel. Le nombre d’adhérents du PS est, comme dans tous les autres partis, un secret bien gardé. Les socialistes revendiquent la transparence. Mais il existe toujours une querelle, ou du moins un doute, entre les chiffres officiels et la réalité des faits. Le dernier épisode en date remonte à une enquête du quotidien Le Parisien et qui livre un chiffrage de moins de 20 000 de militants actifs.
Mais il existe une comptabilité toute aussi problématique. C’est le nombre d’adhérents qui ont deux cartes dans le portefeuille : celle du PS et celle d’un autre Mouvement. Le lancement de Génération-s de Benoit Hamon donne une nouvelle actualité à un phénomène…récent. Le parti socialiste a toujours admis le système de la double appartenance entre le parti et les fameux « courants ». Mais le cumul entre le PS et un mouvement est nouveau. Le patron de la Fédération de la Haute-Garonne estime qu’il est impossible d’avoir « un pied dedans et un pied dehors » et appelle les « camarades » concernés à clarifier leur situation. L’appel de Sébastien Vincini a été entendu. Son ancien numéro 2, Christophe Lubac, a choisi Génération-s.
En revanche, des membres du mouvement de Benoît Hamon restent au PS. C’est notamment le cas de la conseillère municipale de Toulouse, Isabelle Hardy.
Dans une autre fédération PS d’Occitanie, c’est le même phénomène. Cela ne choque un cadre de la fédération : « Hamon vient de chez nous et il n’a pas la rage ». S’agissant de l’ampleur du phénomène, c’est le flou qui règne. « Je suis incapable de dire combien ils sont et même qui ils sont. Un adhérent peut parfaitement venir à nos réunions sans indiquer qu’il est membre d’un autre mouvement ».
Plus surprenant, des militants PS sont également membres d’En Marche. Comme chez Benoît Hamon, un « clic » suffit pour adhérer.
Un cadre socialiste, qui préfère conserver l’anonymat, précise : « je sais que des adhérents sont en marche et chez nous. Je connais au moins un nom. Si on ne reçoit pas une lettre officialisant le départ, la personne est toujours adhérente au PS. Il n’est pas possible de les mettre dehors et ils ont 2 ans pour se mettre à jour de cotisation. Pour voter, il suffit d’avoir en face de son nom dans la liste d’émargement le versement de sa cotisation. Et c’est possible de régulariser jusqu’à la dernière minute en glissant dans l’urne un bulletin et en faisant un chèque« .
Pour un socialiste, cette souplesse présente un risque d’entrisme : « un adhérent d’En Marche peut assister à nos réunions et prendre des infos ». Mais il existe un certain fatalisme : « pour le moment, il est impossible de réagir. Après les défaites à la présidentielle et notre petit 6% et après la raclée des législatives, il nous reste une poignée de députés, nous sommes trop faibles pour exclure des adhérents. On verra plus tard ».
Laurent Dubois (@laurentdub)