Sénatoriales 2011
« C’est du 50/50. Cela dépendra de la force du souffle, car le mécontentement des élus locaux subsistent ».
Jean-Pierre Bel, Président du groupe socialiste au Sénat, sénateur de l’Ariège.
La Croix, mercredi 31 août
31 Août
Sénatoriales 2011
« C’est du 50/50. Cela dépendra de la force du souffle, car le mécontentement des élus locaux subsistent ».
Jean-Pierre Bel, Président du groupe socialiste au Sénat, sénateur de l’Ariège.
La Croix, mercredi 31 août
30 Août
Primaires au PS
« Ma candidate c’est Martine Aubry. Mais mon candidat, c’est aussi le socialiste qui sera vainqueur au soir des Primaires.»
Martin Malvy, président socialiste de la Région Midi-Pyrénées, lors de l’université d’été du PS à la Rochelle, vendredi 26 août.
Politique d’austérité du gouvernement
« Restaurer la confiance, c’est redonner des perspectives d’avenir au pays, donner des raisons aux hommes et aux femmes de croire dans la parole publique afin d’éviter que la moitié des français s’abstienne de voter, 75% parfois des habitants d’une ville ou d’un quartier, ce qui illustre le divorce entre les élus et les habitants ».
Jean-Louis Chauzy
Président du Conseil Economique, Social et Environnemental Régional.
29 Août
Adieu veau, vache, cochon et couvée. La fable de La Fontaine est devenue réalité. Les « Perrette » s’appellent Jacques ou Michel. Et la viande ou les fruits rejoignent – dans la poussière – le fameux pot au lait.
Porte de Versailles, les bêtes s’exposent. L’Agriculture tient salon. Mais les sourires sont tristes. La fête a un gout salé. Un gout de larmes. Baisse des revenus, chute des cours et volatilité des marchés. Le monde agricole est sinistré.
Ce n’est pas une simple crise. C’est la fin d’un système. Les agriculteurs sont les mineurs du XXIe siècle. Dans les années 80, les puits ferment. Le charbon polonais enterre le filon français. La concurrence internationale enseveli l’industrie tricolore.
Les mêmes causes produisent les mêmes effets. La fraise marocaine « grignote » la gariguette du Sud Ouest.
La mondialisation n’est pas la seule « fossoyeuse ».
L’autre « faucheuse » – d’exploitations – est bien connue. Elle sévit au-delà des champs et des cours de ferme. Il s’agit de la libéralisation des marchés.
Tous les jours, les politiques défilent sur les stands. Ils avalent roquefort et saucisson. Ils pourraient ajouter au menu une tranche. Une tranche de sincérité.
Droit dans les yeux, face aux agriculteurs, ils pourraient avouer une évidence.
Ils ont organisé la mise en concurrence des exploitants français avec le reste de l’Europe et du Monde.
L’ouverture des marchés agricoles n’est pas un « décret céleste ». Édicté par la déesse Économie.
C’est un choix politique, issu de décisions bruxelloises.
L’Elysée plante son chapiteau dans les hangars d’Airbus. Nicolas Sarkozy met en musique ses vœux aux forces économiques. L’Ode à l’A 380 est ambiguë. Derrière le concerto : un naufrage.
Des milliers d’avions vendus. Des centaines d’emplois créés. Airbus est un fleuron industriel.
Mais, c’est un vestige. Nicolas Sarkozy a choisi un symbole de réussite. En réalité, l’entreprise est un « radeau de la Méduse ».Un ilot dans un océan de délocalisations et de fermetures d’usines. Les eaux de la Mondialisation ont englouties l’automobile, la sidérurgie, le textile…
L’A 380 est une belle vitrine. Mais, sur le fond, l’opération est « cruelle ». Les ouvriers de Renault ou de Molex sont des « naufragés ». Et Nicolas Sarkozy parle de l’industrie dans le transat d’un « paquebot ».
Les friches attirent rarement. De gauche ou de droite, les responsables politiques cherchent des « écrins », mettant leur parole en valeur.
Néanmoins, le décalage est violent. Un décalage renforcé par un « volontarisme ». Les années passent. Nicolas Sarkozy ne change pas. Il est plus « présidentiel », moins « de Funès ».
Mais, il conserve sa foi de charbonnier. Il rabâche son credo : la volonté déplace les montagnes économiques. Seul problème. Sa verve est « plombée ». Quatre années de pouvoir ont creusé un abime de perplexité.
Pierre Cohen, Pierre Izard et Martin Malvy écrivent à Nicolas Sarkozy. Ils le rappellent « à ses devoirs envers le monde du travail ».
C’est un beau geste. Beaucoup de français n’auraient pas dépensé un timbre.
La confiance est fragile.
Difficile, lente à construire. Elle est encore plus difficile, lente à rétablir.
Une pétition circule. Des parlementaires interpellent Air France. La compagnie aérienne est sommée d’acheter Airbus. Cet appel au patriotisme – économique – européen est une saine croisade. Mais l’aéronautique est un mauvais cheval de bataille.
Une centaine d’avions. Une facture de 20 milliards d’euros. Air France va acheter des longs courriers. Boeing est favori. Le constructeur américain doit emporter le marché.
Le député du Tarn – Bernard Carayon – conteste ce choix. Avec 140 collègues, il plaide pour une préférence européenne. Pour lui, c’est une question de principe : Airbus doit équiper Air France. Ce protectionnisme est salutaire.
L’Europe est une puissance économique. Un PIB supérieur à celui des Etats-Unis et des records mondiaux : exportation de services, commerce. Pourtant, le « colosse » a des pieds d’argile. Ou plutôt peu agiles. La religion du libre-échange est une « chaussure » de plomb. Les Américains et les Chinois favorisent les achats nationaux. Les européens sont handicapés par un dogme : la – sacro-sainte – libre concurrence.
Bernard Carayon a raison de brandir le drapeau européen. Seul problème. Il se trompe de combat. Le protectionnisme passe par les droits de douane et la réglementation des marchés. Non par le lobbying et les menaces.
Airbus est gêné par l’encombrant député. Le marché américain est le principal débouché de l’avionneur européen. Il craint des représailles. De même Air France est agacé. Bernard Carayon néglige les intérêts de l’entreprise : qualité des moteurs, coûts de maintenance…
L’activisme pro-européen de Bernard Carayon a des racines…tarnaises. Il veut se donner des ailes pour les prochaines législatives. Sa nouvelle circonscription – découpée par ses amis – est une terre électorale difficile. Décoller dans les médias est un « parachute ».
Air France vaut bien un siège.
Drame humain et loi économique d’airain. La désindustrialisation mobilise le cœur et le cerveau. La détresse des salariés, souvent la rancœur, parfois la colère. Face à ces maux, les mots et les préconisations d’un sénateur-entrepreneur. Au milieu, une crise de foi : la rationalité économique repousse. Trop de patrons « voyous » et un sentiment d’injustice dressent un mur de défiance.
Samedi 16 avril La Voix Est Libre planche sur un rapport parlementaire. Le sénateur Chatillon vient présenter ses réflexions sur l’industrie française. Renforcement de la recherche, aide aux PME, incitations fiscales.
Le catalogue est classique. Il est pertinent. Malgré tout, l’adhésion est difficile.
Les fermetures d’usines, l’abandon de certaines filières et la fin des grosses unités – faisant vivre des centaines familles est – peut-être – « logique ». La disparition du mineur carmausin ou du filateur ariégeois est – peut-être – inévitable.
Le citoyen retient surtout un fait : l’Economie est une grande faucheuse. Elle coupe la tête des ouvriers. Ils ne se relèvent jamais d’un licenciement.
Cette impression de « casse sociale » favorise les « coups de gueules ». Face au sénateur Chatillon et ses réponses économiques, Myriam Martin – porte-parole du NPA- crie. Elle n’apporte aucune solution. Elle ne propose aucun remède.
Elle se contente d’exprimer un sentiment général.
Ciel dégagé sur le Conseil Régional. DSK ou Aubry ? Aubry ou Hollande ? Un mail – envoyé à la première secrétaire – dissipe enfin le brouillard. C’est Martine Aubry.
Pendant des semaines, Martin Malvy a esquivé. Langue de bois et ligne de fuite « répondaient » à la question : « quel candidat pour les primaires ? ». Le suspense est levé.
Le choix n’était pas évident. A priori l’équation était sans inconnue. Martin Malvy est Fabiusien. Fabius soutient. Malvy rejoint.
En fait, c’est plus compliqué.
Depuis des mois, Laurent Fabius a choisi son camp. Un camp aujourd’hui dissout.
Il portait l’étendard DSK. Avant sa mise au cachot, Dominique Strauss-Kahn était son « champion ».
Or Martin Malvy n’a pas marché au son du « canon ». Il faut attendre début juin pour connaître sa position. Ce décalage – dans le temps – n’est pas innocent.
Le « Fabiusisme » de Martin Malvy a des racines profondes : entrée dans le gouvernement Fabius, croisade contre le Traité Constitutionnel Européen, promotion d’une candidature Fabius aux primaires de 2006. Sans parler, d’un tout puissant directeur de cabinet – Philippe Joaquim –, ancien collaborateur du député de Seine-Maritime.
Malgré cela, Martin Malvy est resté longtemps en retrait. Pourquoi ?
Une défiance, une méfiance à l’égard de la procédure des primaires. En coulisse, le président de Région avoue son manque d’enthousiasme.
Mais, c’est aussi et surtout une affaire politique. Un manque d’appétit pour le style et le social-libéralisme de DSK.
D’un Mal – la fin de DSK – peut naître un Bien.
Martin Malvy n’a plus besoin de faire contre mauvaise fortune bon cœur.
Martine Aubry est plus à Gauche que l’ancien patron du FMI. De plus, elle est première secrétaire.
Le légitimisme et la fibre « rose » de Martin Malvy sont satisfaits.
Une seule chose manquait : le dire. Ou plutôt l’écrire.
Jean-Michel Baylet largue les amarres. Cap sur l’horizon élyséen. Le « capitaine » du PRG est candidat à une candidature présidentielle. En fait, c’est un « marin » d’eau douce. Jean-Michel Baylet fait des ronds sur la petite mare de ses intérêts « domestiques ».
Le dépôt des candidatures est clos. Le casting des primaires est arrêté. Un concurrent inattendu est sur la liste : Jean-Michel Baylet.
C’est un vrai-faux compétiteur. Laïcité, Europe fédérale. Le patron du PRG promet un débat d’idées. En réalité, les présidentielles l’intéressent modérément. Il le dit lui-même. Sa candidature aux primaires vise…les législatives.
Les radicaux de gauche négocient avec le PS. Les tractations sont rudes. Les socialistes cultivent – avec le petit « frère » – un complexe de supériorité. Et, de surcroit, la concurrence existe. Europe Ecologie est attractif. Une image moderne, une courbe électorale ascendante. En face, le « plus vieux parti de France » sent la « naphtaline ».
Un seul moyen pour redonner de la couleur et une saveur au PRG : une participation aux primaires. La manœuvre est simple : récolter quelques voix, les offrir au challenger pour faciliter sa victoire. Et – en retour – recevoir des circonscriptions gagnables.
Plus tard – en cas de conquête élyséenne – la dot pourra être enrichie par un ou deux portefeuilles ministériels.
L’investissement n’est pas forcément à moyen ou long terme. Il peut produire immédiatement ses fruits. Avant le premier tour des primaires, des promesses et des accords de couloirs peuvent profiter au PRG.
Les calculs « commerciaux » n’expliquent pas tout. Un intérêt immatériel, une motivation personnelle guide Jean-Michel Baylet. Par hasard, l’ancien ministre de François Mitterrand a croisé – dans un avion – un ancien ministre de François Mitterrand. Il lui a fait un aveu révélateur. Le président du PRG se sent des ailes nationales.
Sa candidature aux primaires n’est pas seulement une affaire de « fonds de commerce ».
Jean-Michel Baylet a envi de grand large.
Chaque semaine Patrick Noviello, reçoit dans son émission « la Voix est
libre » des invités politiques de la région. Avant, ou aprés l’émission en dehors
de la caméra , ils livrent des confidences qui seront publiées
dans la rubrique » Petites phrases ».
De « vraies » primaires, avec des confrontations et un risque de commotion. Ou des primaires policées, bien encadrées. Mais un intérêt relatif et une opération ratée. La Gauche est confrontée à une quadrature du cercle.
Six candidats, des milliers d’électeurs potentiels. Le PS prépare ses premières primaires ouvertes. En Haute-Garonne, le premier fédéral – Sébastien Denard – parle de 214 bureaux de vote et espère 40 000 votants.
Le défi est logistique. Il faut trouver des lieux, établir des listes électorales. Mais le véritable challenge est politique.
En toute hypothèse, un vainqueur va être désigné. L’essentiel n’est pas le résultat. L’Austerlitz d’un Hollande ou d’une Aubry peut devenir un Waterloo pour la Gauche.
La victoire d’un jour peut préparer des lendemains de défaite.
Des attaques trop violentes, des vaincus rancuniers – adeptes des travaux de sape – peuvent boucher l’horizon.
Cette évidence est présente dans les esprits. Les socialistes affichent leur sens des responsabilités. C’est promis, juré. Les primaires ne seront pas un pugilat et les battus soutiendront le gagnant.
Europe Ecologie a fait la même promesse. On a vu les résultats : crocs-en- jambe et uppercuts.
Martine Aubry est bien naïve. Elle parle d’une course « chacun dans son couloir ».
Une primaire n’est pas un mille mètres. C’est un combat rapproché. Les compétiteurs doivent se démarquer, s’affronter.
Autrement le « peuple de gauche » enverra les primaires dans les cordes. Il ne se déplacera pas et le vainqueur coiffera des lauriers artificiels.
Se confronter sans se déchirer. Vivifier un moment – démocratique – sans sacrifier l’avenir.
La Gauche a rendez-vous avec elle-même.
Un rendez-forme en forme de « casse tête ».
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