L’ancien ministre d’Alain Juppé, Jean Arthuis, quitte Alliance Centriste et épingle son actuel président, le tarnais Philippe Folliot. Un coup de théâtre qui couvait depuis plusieurs mois avec, en toile de fond, les Européennes.
Philippe Folliot. Député du Tarn. Photo : Twitter
Le départ est tonitruant. Jean Arthuis claque la porte d’Alliance Centriste et justifie son départ par une lettre ouverte, rendue publique sur les réseaux.
Ce grand déballage, en forme de charge contre Philippe Folliot, est le poing d’orgue d’une lutte en coulisse. La vie interne d’Alliance Centriste a été émaillée, ces derniers mois, de lettres d’avocats et d’argumentaires juridiques. En 2014, Jean Arthuis a transmis le relais à Philippe Folliot. L’ancien ministre voulait se consacrer à son mandat européen. Mais les lignes ont bougé. En s’appuyant sur les statuts et avec l’appui de présidents de fédérations départementales, Jean Arthuis a tenté d’obtenir la convocation d’un congrès.
Un courrier d’avocat a informé Jean Arthuis que cette convocation n’est pas conforme aux statuts du parti. Seul le président peut convoquer un nouveau congrès.
Cette fin de non-recevoir et l’existence d’un obstacle juridique peut expliquer le départ de Jean Arthuis. Face à un mur, la porte peut constituer une issue.
Selon nos informations, Jean Arthuis brigue une investiture pour les Européennes. Le fait de récupérer la présidence d’Alliance Centriste était incontestablement un atout. La République En Marche croule littéralement sous les candidatures (plus de 1300). De plus Jean Arthuis et ses 73 printemps n’incarne pas vraiment le « Nouveau Monde ». Le statut de président d’un parti peut peser dans la balance. Alliance Centriste n’aura pas de liste autonome aux Européennes. Ses représentants doivent décrocher un ticket auprès d’En Marche. Un retour de Jean Arthuis à la tête d’Alliance Centriste était un « plus » dans les tractations à venir.
Jean Arthuis dispose actuellement d’une seule carte dans sa manche : son adhésion à En Marche. Une adhésion qui, d’ailleurs, est antérieure à son départ d’Alliance Centriste. Tous les membres de l’Alliance disposent, depuis la création de La République En Marche, d’une double appartenance avec le parti d’Emmanuel Macron. Le fait que Jean Arthuis mette en avant une « adhésion » qui, en réalité, existe depuis 2017 montre qu’il intègre les règles de sa nouvelle vie politique. L’ancien ministre doit montrer qu’il est « macroniste » plus que jamais. C’est la condition de base pour espérer décrocher une place pour les prochaines Européennes.
Laurent Dubois (@laurentdub)