26 Oct

José Bové s’attaque aux lobbies du tabac et de l’agroalimentaire : « Holp Up à Bruxelles »

« Hold Up à Bruxelles ». Josè Bové dénonce une bande organisée. Dans son prochain livre, le député européen dévoile l’action concertée des lobbies. Industrie du tabac. Magnats agro-alimentaire. Auprès de la Commission ou du Parlement, ces puissances de l’ombre frappent à toutes les portes. Elles s’invitent et s’incrustent dans toutes les arcanes européennes.

« Ouvrage-témoignage » et « essai-porteur-de-solutions », le livre est construit autour de cinq exemples. Cinq exemples concrets et vécus. Au travers d’anecdotes croustillantes, José Bové arrache les masques. Il éclaire la face sombre du Pouvoir Bruxellois.

Bruxelles souffre d’une mauvaise image. Les sondages pointent une poussée des partis europhobes. Dans ce contexte, le grand déballage de José Bové peut mettre du sel sur les plaies. Son livre risque de faire le miel d’une Marine Le Pen. José Bové s’en défend. Il se définit comme un « pessimiste constructif ». Dans son esprit, ses révélations doivent permettre d’améliorer les choses. De la dénonciation d’un Mal doit naitre un Mieux. Belle philosophie.Joli pari.

« Holp Up » à Bruxelles. A paraitre mi janvier aux éditions de La Découverte.

Laurent Dubois

22 Oct

Léonarda : le contre-exemple ?

Voilà presque une semaine que l’encre et le fiel des déclarations coulent sur ce qui est devenu une affaire d’Etat : le dossier Léonarda. Mais que retenir au fond de cette histoire ? Surtout pas qu’il s’agit là d’un exemple de durcissement de la politique migratoire française. Le seul point positif à en tirer, s’il devait y en avoir un, c’est que désormais les forces de l’ordre ne pourront plus procéder à l’interpellation d’un mineur en situation irrégulière dans le cadre scolaire. Quoi de plus normal ? Arrêter un enfant dans ce qui doit rester un sanctuaire républicain est inadmissible et la nouvelle circulaire prise en ce sens devrait éviter toute bévue à l’avenir.

Asile refusé

Pour revenir sur le fond de l’affaire, Manuel Valls précise que la demande d’asile formulée par la famille Dibrani a été refusée à sept reprises. Des fraudes auraient même été relevées par l’administration. Ce à quoi le père répond dans « Le journal du dimanche » : « A l’Ofpra, ils savent bien que les demandeurs d’asile ne disent pas la vérité à 100% ». Les associations d’aide à ces demandeurs d’asile et aux sans-papiers apprécieront le tort que peut faire ce type de déclaration dans l’opinion publique. D’ailleurs, il est à noter que ces mêmes associations et autres organismes d’aide ont été très silencieux sur le cas Léonarda (sauf pour dénoncer ses conditions d’arrestation et la proposition de François Hollande).

Erreur politique

Beaucoup plus silencieux en tout cas que la classe politique dans son ensemble, droite et gauche confondues. Malek Boutih désormais député socialiste mais ancien patron de « SOS racisme » s’indigne en expliquant que « c’est la première fois qu’on demande à une enfant mineure de choisir entre sa scolarité et ses parents ». Ce que certains qualifient de « geste de générosité » de la part de François Hollande est considéré par beaucoup comme une erreur politique. Et c’en est sûrement une. Maintenant de là à dire qu’elle marquera irrémédiablement son mandat…

Instrumentalisation

L’ancien ministre UMP Bruno Le Maire, lui, ne fait pas dans la nuance qualifiant de « faute inexcusable » cette proposition présidentielle qui « bafoue » les lois de la République. Dans un langage plus brut de décoffrage, le père de Léonarda, décidément très disert, déclare dans le JDD « M.Hollande, vous avez merdé ! ». Alors que lui, en faisant de fausses déclarations, a sans doute eu l’attitude adéquate. Un peu de mesure que diable y compris de notre part, médias nationaux mais aussi internationaux, qui avons fait passer le dossier Léonarda d’abord comme un exemple d’intégration bafouée puis comme le symbole de l’incapacité de Hollande à présider aux destinées d’un pays.
Le vrai exemple dans cette histoire, c’est avant tout celui d’une instrumentalisation, celle qui a été faite d’une adolescente de quinze ans, dont se sont servis son père, puis une partie de la classe politique. Ces derniers ont certainement déjà oublié Léonarda et cherchent dès à présent un autre cas d’actualité à ériger en exemple.

Patrick Noviello

14 Oct

Municipales : Pour qui et pourquoi voter ?

Menaces de vote sanction contre l’actuelle majorité socialiste, appel à l’alternance, ombre du FN sur le scrutin. N’est-il pas temps de se poser les bonnes questions ?

Voilà que l’on nous fait d’une Cantonale partielle, un évènement majeur. Je parle évidemment de celle de Brignoles, dans le Var, pour ceux qui rentreraient d’un voyage de quinze jours au Groenland et ne seraient pas au courant. Quoi ? Le FN peut emporter une élection locale partielle avec 5000 voix ? Eh bien oui. Ce n’est pas une première et sûrement pas une dernière.

Les analystes de notre belle et palpitante vie politique n’ont pas attendu les résultats définitifs pour s’emparer du dossier. La mèche avait été allumée dès le premier tour. J’aurais bien aimé avoir autant d’échos et de téléspectateurs au moment où Laurent Dubois et moi-même, essayions d’expliquer les enjeux des dernières cantonales et à quoi sert un conseil général.

Brignoles et après ?

Donc les analyses sur l’effet Brignoles se multiplient mais pour nous dire quoi ? Principalement que le FN pourrait jouer un rôle majeur dans les prochaines Municipales et majoritairement dans les communes de moins de 3000 habitants. Mais ce parti a-t-il envie de gérer des petites villes ou des villages ? Eux-mêmes, j’en suis sûr, sont bien conscients qu’ils n’en auraient pas les forces vives. Mais le prochain scrutin est une caisse de résonnance formidable pour les Marinistes. Quant au suivant ? « Front National : le premier parti de France aux Européennes de juin » selon un sondage IFOP pour le Nouvel Observateur. Au nom de quoi ? Sur quels critères ? Décidément, le FN fait vendre du papier et des sondages.

Et puis nous sommes dans un pays qui aime bien se faire peur : « Imaginez si les frontistes entraient en force dans les Conseils Municipaux à la faveur du nouveau mode de scrutin ! », « Imaginez si la droite se décide à faire alliance dans l’entre-deux tours, comme ça, ni vu ni connu, avec des candidats sans étiquette mais qui seraient à la solde du FN ! », « Imaginez si telle ou telle commune venait à être conquise ! » et si, et si…

Hommes ou étiquette ?

« Pour qui et pourquoi vont voter les électeurs » reste sans aucun doute les seules questions qui vaillent d’être posées. N’est-il pas rabâché que pour des Municipales plus que pour toute autre élection, le citoyen vote pour un homme ou une femme qu’il connaît de près ou de loin, plutôt que pour une étiquette. Oui mais par exemple à Toulouse, quel nouvel arrivant connaît Cohen, Moudenc, Maurice, De Veyrac…. et Laroze.

Je ne suis pas de ceux qui pensent que le FN puisse figurer au second tour à Toulouse. Et Serge Laroze, le candidat frontiste, n’y croit d’ailleurs pas lui-même à vrai dire ou tout du moins la dernière fois que je l’ai eu au téléphone, il ne m’en a pas convaincu. Mais ailleurs qu’à Toulouse ? Dans les villes préfectures, les communes moyennes ou même dans les campagnes où les dernières Législatives ont été teintées d’un bleu très foncé sur certaines circonscriptions ?

Contestation et alternative

Là encore certains s’inquiètent, lancent des incantations menaçantes comme cette tête de liste socialiste désigné dans le Tarn et Garonne qui prédit un grand risque F.N à Moissac. D’autres ne voudraient pas que, l’année du centenaire de la mort de Jaurès, ses terres tarnaises plébiscitent le parti de Marine Le Pen. Des listes se préparent à Saint-Benoît de Carmaux et Carmaux.

Mais pourquoi utiliser le bulletin FN alors ? Pour contester, faire-valoir sa déception de « l’UMPS » comme on dit chez les frontistes ? Pour une alternative ? Pour changer ? Pour bien voir ce qu’ils seront capables de faire que n’ont pas réalisé les parti traditionnels (en dehors des sempiternels thèmes de la sécurité et de l’émigration) ? Les trottoirs seront-ils plus propres repeints en bleu marine ? Les routes seront-elles moins embouteillées ? Les impôts locaux vont-ils baisser ?

Parce que les véritables problématiques de ces élections, ce sont celles-là. Une vague plus ou moins bleue foncée au soir du 30 mars prochain ne renversera pas le gouvernement. François Hollande restera à l’Elysée jusqu’en 2017 et se représentera dans la foulée (je dis ça pour les impatients de droite comme de gauche).

En revanche :

  • si vous vous demandez pourquoi vous avez encore écrasé une déjection canine alors que vous leviez les yeux au ciel pour compter les étages de l’immeuble qui se construit en face de chez vous,
  • si vous vous rendez-compte qu’une heure de stationnement en centre-ville coûte désormais un euro cinquante mais qu’il y a plus de pistes cyclables ou encore que votre bus passe plus fréquemment qu’avant et qu’il est plus confortable,

là vous pourrez vous demander pour qui et pourquoi vous allez voté le 23 mars prochain.

Patrick Noviello

13 Oct

Exclusif : Municipales. Marine au pays de Jaurès. Des listes FN à Saint-Benoît-de-Carmaux et Carmaux

Un garage Renault à l’entrée de ville. Un bureau de poste. Une place de la mairie, un bar et une pharmacie. Saint Benoît de Carmaux ressemble à de nombreuses communes françaises. L’architecture des maisons et une cité rappellent un passé minier. Les plaques des rues mentionnent les noms de Jaurès et Blum. Mais d’autres villes sous d’autres cieux présentent le même visage. La présence, à une intersection, d’une affiche de Marine Le Pen n’est pas non plus caractéristique. Les « municipales » approchent. Un automobiliste tarbais ou lillois peut croiser, sur sa route, la figure du Front National. Et pourtant. Saint-Benoît de Carmaux n’est pas un endroit comme les autres. A deux kilomètres de son centre ville, dans la commune voisine de Carmaux, se trouve le célèbre monument de Jean-Jaurès. Saint Benoit c’est le pays de Jaurès. Ses 2152 habitants vivent et votent sur une terre emblématique. Ils vivent et votent dans la circonscription du tribun socialiste.

 

statue de Jean-Jaurès, place Jean Jaurès, à Carmaux. Photo : LDubois/France3MidiPyrénées

statue de Jean-Jaurès, place Jean Jaurès, à Carmaux. Photo : LDubois/France3MidiPyrénées

Le Front National s’invite dans le paysage. Marine Le Pen s’affiche sur les murs de Saint Benoît. Elle sera probablement présente dans les urnes. Tout un symbole. Le responsable départemental du FN, Jean-Paul Piloz, annonce l’existence d’une liste. A sa tête, une femme, Nicole Bousquet. Derrière elle, 11 noms. Au total, la liste doit obligatoirement compter 19 membres. il reste à trouver 7 candidats. Mais, d’après Nicole Bousquet, cela ne pose aucun problème :  » oh oui, on va boucler« . Elle en profite pour évoquer au passage la constitution d’une autre liste sur Carmaux. Si tout cela se confirme, Saint Bénoît, Carmaux et toutes les autres listes du département seront présentées à la presse dimanche prochain.

Membre du FN depuis 2000, Nicole Bousquet a déjà participé à des cantonales et des législatives. Mais, s’agissant des municipales, c’est inédit.

C’est une première pour elle. Mais surtout pour son parti. Jamais, auparavant, le FN n’est parvenu à fédérer des personnes et à susciter des candidatures. Saint Benoît a une municipalité communiste depuis 1977. Et, dans le carmausin, le rose et le rouge sont ultra dominants. La droite est quasiment inexistante. L’UMP peine à constituer une liste sur Carmaux. Les ressources humaines font défaut. Le principal parti de l’opposition n’est même pas certain de pouvoir présenter des candidats.

Dans ce milieu « hostile », le FN est resté sur le banc de touche pendant des années. Faute de candidats, le parti était exclu de la compétition municipale. Cette époque semble révolue.

C’est une « révolution » politique au pays de Jaurès.

L’UMP déserte la scène. En revanche, Marine Le Pen entre en piste. Au delà de la symbolique jaurésienne, le contraste est saisissant. Dans les rangs du FN, la satisfaction est évidente. Et l’enthousiasme ne se limite pas à une présence sur la ligne de départ. Frédéric Cabrolier est content de participer. Mais il espère bien gagner.

Candidat sur Albi, il regarde les municipales de Saint Benoît en voisin. Mais il est convaincu que des élus frontistes siégeront bientôt au conseil municipal de Carmaux et de Saint Benoît. Bien évidemment, il prêche pour sa paroisse. Frédéric Cabrolier a la foi du croyant. Mais des faits accréditent la thèse d’une implantation carmausine du FN.

En effet, le contexte localo-localiste est difficile pour la gauche. Dans le carmausin, des retraités qui autrefois ne payaient pas d’impôts sont désormais fiscalisés.

Le changement, c’est maintenant. C’est le temps des nouveaux contribuables. Du côté de carmaux, plus qu’ailleurs, le basculement dans l’impot a touché de nombreux retraités et des foyers modestes. Dans l’isoloir, les feuilles du Trésor Public vont peser. De plus le chomage frappe durement une région qui n’a jamais retrouvé, depuis la fin de la mine, le chemin de l’Emploi. Bref, impot et chomage composent un coktail explosif. L’abstention
et le vote sanction sont les deux alliés du FN. La faiblesse d’une offre UMP finit de jouer en faveur du FN. Frédéric Cabrolier est dans son rôle en (sur)vendant sa boutique.

Mais, objectivement, un « territoire-symbole » de la Gauche peut devenir un symbole de la poussée du FN.

Au pays de Jaurès, le Rose risque de prendre une couleur « Bleu Marine ».

Laurent Dubois

08 Oct

Pascal Bugis et le FN : « Je suis consterné » réagit Philippe Folliot, « c’est scandaleux » pour Christophe Borgel

Martin Malvy, Philippe Folliot, Christophe Borgel, Jean-Luc Moudenc et d’autres personnalités réagissent aux propos tenus, sur notre Blog et le site de France 3 Midi-Pyrénées, par le maire de Castres, Pascal Bugis. Des propos qui concernent le FN et d’éventuels rapprochements entre la droite et le parti de Marine Le Pen.

Voici un florilège de réactions dans la région :

Martin Malvy, Ancien ministre, Président PS du Conseil Régional de Midi-Pyrénées :

        « Une fraction de la Droite est tentée par le rapprochement avec le Front National et ses thèses extrêmes. Nous le savons depuis quelques mois. De nombreux Républicains de Droite se sont indignés. Ce n’est pas en faisant des offres de services au FN, comme le fait M. Bugis, que la Droite se reconstruira. Par contre, elle prend le risque d’abîmer sérieusement la République »

Philippe Folliot. Député UDI du Tarn :

« Je suis consterné. Pascal Bugis prépare les esprits à une alliance sur Castres avec le FN »

Jean-Paul Pilloz. Candidat FN municipales à Castres :

Au premier tour, on le jouera au FN. Au second, on peut s’entendre et négocier si Pascal Bugis respecte les dix points de la Charte édictée par Marine Le Pen. Mon adversaire c’est la gauche. Mon combat n’est pas contre la droite ».

Jacques Thouroude. Conseiller régional UMP, adjoint au maire de Pascal Bugis :

Je suis surpris. Il faut que je parle avec Pascal Bugis. Je suis sur la ligne de Jean-François Copé. La position de l’UMP au niveau national est très claire. Pas d’accords politiciens. Le vrai débat c’est de répondre aux attentes de nos concitoyens. Autrement ils se réfugient vers les extrêmes »

Samuel Cèbe, premier fédéral du parti socialiste du Tarn :

Il est urgent que tous les républicains de Castres unissent leurs voix pour rejeter en bloc le national populisme proposé par Pascal Bugis »

Christophe Borgel, député de Haute-Garonne, responsable des élections du PS :

Une déclaration invraisemblable et scandaleuse qui part d’un présupposé erroné. Le discours du FN n’est pas entendu par la population. C’est faux. A Brignolles (une cantonale partielle dans laquelle le FN est arrivé en tête au premier tour), seul 13 % des électeurs ont voté pour le FN. Le maire de Castres accepte un parti dont les orientations sont contraires aux valeurs de la République. La question pour la droite et la gauche c’est de mobiliser leurs électorats. Pas d’aller chercher les électeurs du FN ».

Jean-Luc Moudenc, député UMP de Haute-Garonne, candidat aux municipales à Toulouse

Je ne participe pas à ce débat polémique dont le seul résultat est de faire monter le FN. Et moi je ne veux pas la montée du FN ! »

Bernard Carayon, maire UMP de Lavaur (Tarn), ex-député : 

Que les électeurs de gauche votent directement au 1er tour pour l’UMP et le FN ne constituera plus une menace! (via Twitter)

Gérard Onesta, vice-président EELV du Conseil Régional : 

Tous les dérapages sont permis. Marine Le Pen n’a plus besoin de dédiaboliser le FN. Les petits diablotins de la droite se chargent, à sa place, de dédiaboliser le grand Satan. La déclaration de Pascal Bugis c’est le chœur de l’armée brune. Tous les quarts d’heure on apprend qu’un baron de la droite a mis l’orteil sur la ligne rouge »

07 Oct

Exclusif Municipales 2014 : à Castres, le maire Pascal Bugis laisse la porte ouverte au FN

Dans moins de 6 mois, les castrais vont prendre le chemin des urnes. A Castres, comme ailleurs, les municipales sont au bout de la route. Le maire actuel, Pascal Bugis, reste, pour le moment, sur le bas côté.

Stop ou encore. Il faut attendre. Pascal Bugis n’a pas décidé d’embrayer sur un troisième mandat. Pour le moment,officiellement, il n’a pris « aucune décision ». Il est « dans une phase de réflexion ». L’action viendra plus tard. En attendant, le maire sortant se dit en mode cogitation et observation.

Il se présente comme un « spectateur désolé ». Il dénonce une « coalition régionale qui n’est pas faite pour aider Castres ». Derrière ce (re)sentiment général pointe une amertume particulière. Pascal Bugis ne cite pas l’autoroute « Castres-Toulouse ». Mais on devine qu’il vise les atermoiements gouvernementaux et les contorsions des élus régionaux.

Pascal Bugis, maire DVD de Castres

Pascal Bugis, maire DVD de Castres

Pascal Bugis doit, selon ses mots, « se battre éternellement contre des moulins à vents ». L’avocat de profession veut bien continuer à défendre sa ville. Mais, face à l’obstruction de la partie adverse, il ressent l’appel du barreau. Il évoque, sans donner de détail, un possible retour à la vie civile.

En politique, il faut savoir se faire désirer. Le scénario « retenez-moi ou ce sera un malheur pour vous et votre ville » est un classique. Pascal Bugis mime une vraie-fausse retraite anticipée. Il entretient artificiellement le suspens.

Toutefois, son dépit semble sincère. Le maire de Castres paraît agacé et même affecté par les pesanteurs et les lourdeurs qui pèsent sur sa ville.

En revanche, un abandon en rase campagne ne cadre pas. Pascal Bugis parle facilement, comme n’importe quel candidat déclaré, de son éventuelle liste. Il ne livre pas de noms. Il donne toutefois des indications.

« Si demain un représentant du FN se reconnaît dans mon programme, je ne sais pas quelle sera mon attitude »

Sur le terrain, il « entend un vrai, vrai ras-le-bol ». Il constate surtout que, « dans la population, le FN est vécu comme une solution« . Le Front National « véhicule un discours qui est entendu par la population et qui correspond à une attente ».

Dans ce contexte, Pascal Bugis s’interroge : « si demain un représentant du FN se reconnaît dans mon programme, je ne sais pas quelle sera mon attitude ».

Cette interrogation est, en réalité, un début de réponse.

A LIRE AUSSI : les nombreuses réactions politiques à cette déclaration

La porte n’est pas fermée. Elle est donc ouverte. Pascal Bugis n’envisage pas un accord avec le FN. Mais des ralliements sont possibles.

Pascal Bugis justifie cette ouverture politique par un refus des clivages idéologiques. « Dans une ville de 45 000 habitants, il faut des discussions franches, ouvertes, cordiales ». Des discussions qui dépassent les frontières partisanes.

Pascal Bugis peut accueillir le FN. Mais il ne rejette pas le Front de Gauche. En 2008, son représentant, Philippe Guerineau a éliminé le PS au premier tour. Il s’est maintenu au second grâce à une triangulaire.

Pascal Bugis rappelle qu’il a su cohabiter avec le représentant castrais de Jean-Luc Mélenchon : « j’ai tenu compte à plusieurs reprises des propositions de Philippe Guerineau. J’ai parfois orienter mon action en fonction de ses critiques ». Avec le Front de Gauche, pas d’appel du pied ou de main tendue. Mais une oreille attentive.

A Castres, le ballon d’essai devient un sport municipal. Dans la ville du CO, les références au Front de Gauche permettent de masquer un marquage. Le marquage du Front National.

Laurent Dubois