29 Avr

Déconfinement et masques : le « coup de gueule » d’un maire (PS) de la Haute-Garonne

Un maire (PS) de la Haute-Garonne a commandé plusieurs milliers de masques pour sa commune. Il en a reçu moins de 300.

Sébastien Vincini, maire de Cintegabelle et 1er secrétaire du PS 31

Sébastien Vincini est en colère. Le patron du PS de la Haute-Garonne est également le maire d’une commune  de 2900 habitants. Et il pousse, selon sa propre expression, « un coup de gueule » s’agissant d’une commande de masques.

3000 masques devaient être livrés. Ce mardi 28 avril, Sébastien Vincini a appris que seulement 240 exemplaires arriveront à Cintegabelle. L’élu local a fixé l’objectif de 2 masques par habitants. Deux autres commandes doivent permettre de maintenir l’apprivoisement. « Un contact direct avec une entreprise locale, va assurer 500 masques par semaine, pendant plusieurs semaines » précise Sébastien Vincini.

Mais la déconvenue de la première commande, passée par l’intermédiaire de l’Association des Maires de France, laisse un goût amer. « On nous parle de guerre (ndlr : Emmanuel Macron) mais quand on est en guerre, on doit être capable de mettre en place une économie de guerre. Ça fait deux mois que ça bricole autour du masque  » assène le maire de Cintegabelle.

Sébastien Vincini n’est pas le seul élu local (socialiste)  à être agacé par la gestion gouvernementale.

Ce mercredi 29 avril, la présidente (PS) du conseil régional a annoncé une commande de 6 millions de masques en textile tout en précisant :  » c’est pourtant de la compétence de l’Etat. On a fait à sa place. Quand l’Etat n’agit pas, ce sont les collectivités locales qui apportent des solutions ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

23 Avr

Les Municipales à Toulouse « pas la priorité du moment » pour Nadia Pellefigue

Candidate à Toulouse, Nadia Pellefigue a été qualifiée pour le second tour prévue en…mars dernier. Mais la finale des municipales a été emportée par le coronavirus et le confinement. Comment Nadia Pellefigue conçoit la suite des événements ? Quelle est l’analyse la vice-présidente du conseil régional (en charge de l’économie) sur la crise sanitaire et économique qui secoue Toulouse et sa région ?Interview.

Nadia Pellefigue. Photo : MaxPPP/PQR

Le Blog Politique. L’hypothése d’un second tour des municipales en septembre prochain existe. Que pensez-vous de cette option ?

Nadia Pellefigue. En tant qu’élue locale, ma première priorité est sanitaire comme c’était déjà le cas quelques jours avant le 1er tour des municipales, dont je considère qu’il n’aurait pas dû se tenir. J’avais été la première à transformer mon meeting en meeting virtuel et à choisir de ne pas organiser de soirée électorale pour éviter les risques de contagion. La démocratie ne peut se faire sous quelle contrainte que ce soit : quand vous ne pouvez plus échanger, discuter, débattre, cela pose problème et cela touche au fondement même de notre société. Mais encore une fois, aujourd’hui, la première des priorités, c’est la santé de la population, la gestion du déconfinement, les conséquences économiques et sociales. Concernant les municipales, le gouvernement dit attendre le feu vert du Conseil scientifique pour le mois de mai, certains ministres évoquent l’automne et d’autres le printemps. Pour moi, ce n’est clairement pas une priorité du moment.

Ma première priorité est sanitaire

Le Blog Politique. Serez vous candidate sous vos propres couleurs, en tant que tete de liste, ou allez-vous rejoindre l’autre liste de gauche qualifiée pour le 2nd tour, Archipel Citoyen ?

Nadia Pellefigue. Je répondrais à cette question très précisément lorsque je connaîtrais les modalités de vote proposées par le gouvernement. Je considère pour ma part qu’il faut, dans les communes qui n’ont pas élu leur maire au premier tour, refaire les deux tours. Avec 64% d’électeurs toulousains qui se sont abstenus, c’est la démocratie locale qui pourrait être abimée. Or je crois en sa nécessité et sa force pour trouver les solutions au quotidien de nos concitoyens. Chacun convient qu’en l’espace de quelques mois, beaucoup de choses ont basculé. Avec cette crise et ses nombreuses conséquences, celle ou celui qui va gérer demain Toulouse et sa métropole n’aura pas les mêmes priorités, les mêmes actions, ni les mêmes marges de manœuvre financière. Nous devons aux citoyens de la clarté, de la transparence. C’est de fait une autre élection, dans un contexte radicalement différent. Le projet ne peut donc pas être un copié-collé de mars. Nous ne vivons pas une parenthèse, nous avons ouvert un autre chapitre de notre histoire.

Refaire les deux tours

Le Blog Politique. Vous êtes vice-présidente en charge de l’Economie au conseil regional. Quel bilan économique dressez vous du confiment au niveau regional et à Toulouse ?

Nadia PellefigueNous avons pris rapidement la mesure de la crise avec un plan d’urgence sanitaire, économique et solidaire. L’urgence, c’est de pallier les carences de l’Etat en matière sanitaire notamment par l’achat de 10 millions de masques. C’est le soutien fort aux entreprises régionales avec un dispositif unique en France. C’est aussi un travail de fond sur la relocalisation express de productions sanitaires avec par exemple le dossier de Paul Boyé. C’est également le dispositif mis en place « former plutôt que licencier », la coopération avec les avocats de la région pour l’aide juridique aux entreprises, aux salariés, le prêt d’ordinateurs aux étudiants les plus démunis ou la création en moins de 48h d’une plateforme alimentaire pour soutenir nos producteurs, que nous avons d’ailleurs élargi aux marchés de Toulouse. Au total 22 mesure, fortes, immédiates et dans le même temps, un travail que nous poursuivons sur le nouveau modèle à mettre en place en Occitanie. La crise est forte, violente. Elle demande de l’agilité, de la détermination au quotidien, de l’expérience. Elle va durer, c’est certain, et il faudra être vigilant sur certaines filières, je pense notamment à l’aéronautique. Dans les années qui viennent, plus qu’hier, le volontarisme politique sera déterminant.

Vigilance sur l’aéronautique

Le Blog Politique. Le principal acte du deconfinement passe par la réouverture des écoles. Qu’en pensez vous ?

Nadia Pellefigue.Je comprends l’angoisse et l’inquiétude des parents. J’en suis un. Le gouvernement doit plus associer les élus locaux sur la stratégie de déconfinement et aussi les enseignants, les personnels concernés. On ne s’en sortira pas avec plus de division, mais avec plus d’unité. Ce qui veut dire plus d’écoute, de concertation qui manquent aujourd’hui. Là aussi, il faut de la transparence, des protocoles clairement identifiés et partagés par tous. Le 11 mai, ce n’est pas le défi d’un homme, en l’occurrence le Président de la république. C’est la capacité d’un pays à se relever, à recommencer à fonctionner. Cela nécessite de rassembler toutes les énergies.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

22 Avr

Confinement-Toulouse : « les quartiers populaires violemment percutés » pour l’élu Insoumis, Jean-Christophe Sellin

Pour le conseiller régional Insoumis, Jean-Christophe Sellin le confinement plonge les quartiers populaires de Toulouse dans une situation de plus en plus difficile.

Jean-Christophe Sellin, conseiller régional Insoumis

Depuis plusieurs jours, la presse régionale se fait l’écho d’incidents dans un quartier populaire toulousain. L’élu Insoumis, Jean-Christophe Sellin, ne commente pas. « Je n’ai pas réagi car je ne suis pas en mesure de recouper les infos » précise le conseiller régional.

En revanche, Jean-Christophe Sellin n’a pas apprécié le soutien aux forces de l’ordre exprimé par un des candidats de gauche aux municipales. « Antoine Maurice…s’est précipité pour être du bon côté du manche » assène l’élu régional.

Du social, pas des CRS

Pour lui, la question de la sécurité n’est pas le sujet. « Les quartiers populaires sont percutés violemment par la crise sanitaire. Ils ont besoin de social, pas des CRS » estime Jean-Christophe Sellin.

« La situation est de plus en plus difficile. La pauvreté grandit. Pour les gamins, l’école et la cantine avec un repas équilibré par jour manquent cruellement » souligne l’élu Insoumis.

Mais Jean-Christophe Sellin n’est pas pour autant favorable à la réouverture des écoles. Il se fait le porte-parole des habitants : « beaucoup de gens pensent que les conditions sanitaires de sécurité ne sont pas réunies pour une reprise le 11 mai ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

21 Avr

Déconfinement et traçage numérique à l’Assemblée : « un vote sans débat » pour le député de la Haute-Garonne, Sébastien Nadot

L’Assemblée Nationale va se prononcer sur le traçage numérique et la controversée application StopCovid. Mais, pour le député (SE) de la Haute-Garonne, ce vote va se dérouler sans (véritable) débat. En réaction, Sébastien Nadot lance une consultation citoyenne.

Sébastien Nadot. Député de la Haute-Garonne. Photo : IP3Press/MaxPPP

Sébastien Nadot n’est pas opposé à une gestion numérique du déconfinement. « J’ai bien peur que l’on soit obligé d’avoir recours au traçage et je suis pas hostile aux outils numériques. Il y a déjà plein de choses que nos téléphones délivrent à Google et compagnie » déclare le député (ex En Marche) de la Haute-Garonne.

Sans vote, on n’était plus en République

En revanche, Sébastien Nadot critique la méthode utilisée. « S’il n’y avait pas eu de vote, c’est clair, on était plus en République » souligne le député. Avec l’opposition, le député (non inscrit) a mis, selon ses mots, « la pression » pour obtenir un vote à l’Assemblée. Mais, pour Sébastien Nadot, ce n’est pas suffisant.

Ce ne sera pas un temps de débat

« On va voter. On est donc dans les clous démocratiques mais ce ne sera pas un temps de débat » assène le parlementaire.

Sébastien Nadot pointe les modalités du vote. « Chaque président de groupe aura 5 ou 10 minutes pour donner sa position puis dans la foulée on va voter. En plus on ne dispose pas d’un texte de base. Nous n’aurons pas le temps et les moyens de voter en conscience » estime le député de la Haute-Garonne.

Sébastien Nadot plaide pour une autre formule. Une formule qui serait à la hauteur d’un double enjeu :  la préservation de la vie privée et l’instauration d’un outil permettant de remonter la chaine de transmission du Covid. « Avec la création d’une commission parlementaire, composée de toutes les composantes politiques et une commission adossée à la CNIL », le député de la Haute-Garonne considère qu’il était possible de concilier démocratie et efficacité, sécurité sanitaire et liberté individuelle.

Le gouvernement et la majorité parlementaire n’ont jamais envisagé ou même évoqué l’option « commission parlementaire+Commission Informatique et Libertés ». A défaut, Sébastien Nadot lance une consultation citoyenne.

Copy Code

Le député de la Haute-Garonne compte sur la contribution de ses concitoyens pour aborder dans de bonnes conditions le vote prévu ce mardi 28 avril à 16 heures.

Laurent Dubois (laurentdub)

 

Municipales à Toulouse et Coronavirus : Antoine Maurice n’exclut pas de refaire un 1er tour

Antoine Maurice est le challenger des municipales 2020 à Toulouse. Le 15 mars dernier, au soir du 1er tour, il est arrivé en seconde position derrière le maire sortant, Jean-Luc Moudenc. Depuis ce résultat, le confinement et l’épidémie de coronavirus ont « trappé » le 2nd tour et bouleversé le quotidien des Toulousains. Comment Antoine Maurice perçoit et gère cette période hors norme ? Que pense-t-il de la gestion de la crise et notamment de la prochaine réouverture des écoles ? Interview.

Antoine Maurice. Photo : MaxPPP/ANowak

Le Blog Politique. Le gouvernement doit s’exprimer dans quelques jours sur la date du second tour. Deux hypothèses circulent : juin ou septembre. Avez-vous une préférence ?

Antoine Maurice. Ma préférence est la santé des Français. En cette période de crise sanitaire majeure, nous devons faire bloc malgré des errements très problématiques au sommet de l’État. Une loi a été votée et détermine le 23 mai comme prochain rendez-vous pour fixer une date. Si cela devait être reporté après juin, il conviendrait de faire voter une nouvelle loi. Je fais confiance aux parlementaires pour concilier santé des Français et exigence démocratique.

Concilier santé des Français et exigence démocratique

Le Blog Politique. Faut-il refaire les 2 tours ?

Antoine Maurice. Le Conseil d’État juge pour l’heure qu’il convient d’avoir entre les deux tours un délai raisonnable. Si c’est en juin, ce délai me semble pouvoir être jugé comme raisonnable. Si c’est en septembre ou plus tard, il me semble que refaire un premier tour serait plus conforme à l’esprit de nos pratiques électorales et du respect des électeurs.

Refaire un premier tour

Le Blog Politique. Quel bilan tirez vous du vote de mars dernier ? L’épidémie a-t-elle influencée le vote selon vous ?

Antoine Maurice. Le contexte de l’élection a été singulier et l’abstention a touché toutes les catégories d’électeurs. Le bilan sur le fond est qu’il y a eu une très claire aspiration à bâtir dans cette ville une nouvelle ère. Le score d’Archipel citoyen a prouvé que l’impératif de faire vivre une écologie heureuse, de combattre les inégalités et de renouveler la démocratie locale étaient des objectifs en phase avec les aspirations des Toulousains. Nous sommes aujourd’hui en situation de remporter les élections lorsqu’elles se tiendront. Pour moi c’est à l’échelle de la ville que se trouve le terreau fertile pour l’émergence d’un nouveau modèle de société. La ville doit devenir le lieu où se pense et où prend vit le paradigme nouveau qui conjugue préservation de l’environnement, justice sociale, emploi, et réinvention de la démocratie. Notre ambition est de faire de Toulouse un modèle de villes de cette nouvelle ère.

Nous sommes en situation de remporter les élections

Le Blog Politique. D’un point de vue juridique, nous sommes en campagne électorale. Comment gérez vous cette drôle de campagne ?

Antoine Maurice. Pour l’heure, je fais principalement le choix de me consacrer à mon rôle d’élu d’opposition c’est-à-dire à être de suivre la gestion de la crise sanitaire en étant vigilant vis-à-vis des décisions de Jean-Luc Moudenc et du gouvernement et force de propositions. C’est ce que nous avons fait dès le début du confinement en faisant une série de propositions à Jean-Luc Moudenc et en me rendant disponible pour échanger et aider à la construction de l’action de la ville, mais aussi chaque semaine en alertant pour protéger les SDF, nos aînés, les femmes victimes de violences, les associations, mais aussi en interpellant les bailleurs sociaux, et enfin c’est ce que nous faisons en travaillant à construire un bouclier social et écologique municipal à la crise à proposer au prochain conseil municipal.

Je fais principalement le choix de me consacrer à mon rôle d’élu d’opposition

Le Blog Politique. Comment jugez-vous la gestion du confinement par le maire de Toulouse ?

Antoine Maurice. Je regrette d’abord que l’association de l’opposition municipale soit trop timorée. Elle existe, mais elle me semble trop faible. En ces temps de crise, il faut sortir des réflexes partisans et associer toutes les énergies et les bonnes idées. Pour l’heure, Monsieur Moudenc prend des décisions et nous propose de les ajuster à la marge. Ce n’est pas ma conception de l’exigence démocratique actuelle. Sur le fond, Monsieur Moudenc applique les directives des autorités sanitaires, et c’est une bonne chose. Je serai, et nous serons très attentifs à ce que les plans d’accompagnement et de sorties de crise accompagnent tout à la fois les entreprises qui sont en grande difficulté, mais aussi les citoyens qui sont frappés de plein fouet par des pertes de salaire et des coûts nouveaux liés à la vie en confinement. Ce n’est pas aux plus modestes de payer deux fois le prix de cette crise.

Je suis favorable à la réouverture des écoles

Le Blog Politique. Le 11 mai prochain les écoles toulousaines doivent rouvrir. Que pensez-vous de cette décision ?

Antoine Maurice.  Je suis favorable à la réouverture des écoles, car leur fermeture creuse des inégalités entre les enfants, en particulier sur la question de l’accès au numérique. Mais dans l’état actuel des informations dont je dispose, je suis plus que dubitatif sur les moyens mis en œuvre. Il est impératif que cette ouverture se fasse dans des conditions sanitaires sécurisées pour les enseignants, les personnels, les enfants et les familles. Je demande donc au gouvernement d’informer au plus vite les élus locaux des mesures qu’il entend prendre pour répondre à ces exigences et je souhaite que cela soit fait à l’échelle locale comme nationale en lien étroit avec les syndicats enseignants et de l’ensemble des personnels mairie. 

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)

20 Avr

Déconfinement et réouverture des écoles : « un pari audacieux » pour le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc

Les écoles doivent rouvrir le 11 mai prochain. Le maire (LR) de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, estime qu’il reste 15 jours pour obtenir des garanties sanitaires. Mais il considère que le challenge peut être relevé.

Jean-Luc Moudenc Photo MaxPPP

Dans 3 semaines, les élèves toulousains doivent (progressivement) retrouver le chemin de l’école. Le maire de la ville Rose, Jean-Luc Moudenc, reconnait que cette perspective  » suscite beaucoup de critiques, de méfiance et de questions » et pose un préalable. « Ce sera possible que s’il y a de soldes garanties sanitaires » précise Jean-Luc Moudenc.

De solides garanties sanitaires

Le maire de Toulouse attend des éclaircissements de la part du gouvernement. La première incertitude concerne le nombre d’élèves qui peuvent revenir sur les bancs des écoles. « On n’attend pas plus d’un tiers des élèves au départ et les 206 écoles de la ville devraient suffire afin que les classes soient constituées de petits groupes. Mais si le besoin augmente il faudra d’autres bâtiments et mettre à disposition des gymnases ou encore des centres culturels ».

Des gymnases ou des centres culturels pour des classes en petits groupes

Jean-Luc Moudenc fixe une échéance mais reste optimiste. « Dans 15 jours, tout doit être prêt. Il reste 15 jours pour réussir le challenge et même ce pari audacieux. Mais, il s’agit uniquement d’une rentrée de 6 semaines, avant le début des vacances d’été. On doit pouvoir y arriver. Tout le monde a un devoir de bonne volonté, les parents d’élèves, les syndicats d’enseignants, l’Etat mais aussi les élus locaux » souligne le maire de Toulouse. Des syndicats ou l’opposition contestent l’opportunité  d’une réouverture des écoles. Le maire de Montpellier, Philippe Saurel, est ouvertement hostile à la décision prise par le chef de l’Etat.

Jean-Luc Moudenc n’est pas sur cette ligne. Le maire de Toulouse reprend un argument du gouvernement : le décrochage scolaire. Jean-Luc Moudenc « constate que, ce qui remonte, ce sont des élèves en difficulté et qui décrochent ».

Cela n’empêche pas Jean-Luc Moudenc de demander au ministère de l’Education de détailler ses objectifs pédagogiques. Le maire de Toulouse (également président de l’association des grandes villes de France) a eu Jean-Michel Blanquer au téléphone ce week-end.

Une réunion est également prévue ce mercredi, avec les services de l’Etat, à la préfecture de la Haute-Garonne.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

 

17 Avr

Un masque pour chaque Français : attention aux inégalités prévient le président (PS) du département du Tarn, Christophe Ramond

Emmanuel Macron a promis un masque « grand public » pour chaque Français. Le président (PS) du conseil départemental du Tarn, Christophe Ramond, attend des éclaircissements et met en garde contre un risque d’inégalité.

Christophe Ramond. Président (PS) du conseil département du Tarn. Photo : CR/FB

Après des semaines de déclarations contradictoires et de doute, la question du port du masque est enfin tranchée. Lors de sa dernière intervention télévisée, Emmanuel Macron a annoncé que tous les Français vont disposer d’un masque « grand public ». Cette mesure doit devenir effective avant le 11 mai prochain, date du déconfinement.

Pour le président du département du Tarn, « il y a urgence à anticiper les problématiques opérationnelles et logistiques ». Christophe Ramond attend des précisions de la part de l’Etat. « La capacité de production de masques industriels en tissu sera-t-elle à la hauteur des 66 millions de Français, si oui quand ? » s’interroge l’élu tarnais.

La capacité de production sera-t-elle à la hauteur ?

« Nous ne savons pas si l’Etat fournira les masques ou s’il demandera aux collectivités de relais. Je demande au gouvernement de clarifier la répartition des rôles entre l’Etat et les collectivités en matière de commande, d’approvisionnement, de stockage et de circuits de distribution » précise le président du conseil départemental du Tarn.

Une demande de clarification en matière de commande, de stockage et de distribution

Christophe Ramond souhaite que le gouvernement définisse une stratégique et établisse une « feuille de route ». Pour le président du département du Tarn, il est « impensable de laisser les territoires se débrouiller ». C’est le seul moyen pour ne pas « laisser s’installer une concurrence entre les territoires en France et des disparités territoriales en fonction de la proximité avec une usine ou la capacité à payer plus cher » prévient l’élu tarnais.

Laurent Dubois (@laurentdub)

14 Avr

Carnet de confinement (5) : « Virez de bord » !

Peut-on encore parler de politique par les temps qui courent ? Plus que jamais. C’est l’objet de cette chronique.

Emmanuel Macron, lors de son allocution télévisée du lundi 13 avril. Photo Martin Bureau AFP

En ce lundi de Pâques, la France était donc les yeux rivés à son écran (36,7 millions de téléspectateurs selon Médiamétrie)) ou les oreilles tendues vers sa radio pour entendre la troisième allocution présidentielle depuis le début de la crise du coronavirus. Face à l’inconnue qui est toujours devant nous, il ne fallait pas s’attendre à plus de précisions que les quelques jalons posés.

Faute avouée…

En revanche, deux éléments se détachent sur l’analyse politique de l’exercice : une reconnaissance de l’impréparation face à cette pandémie et une annonce de changement de cap politique. Sur le premier point, Emmanuel Macron a annoncé qu’il faudrait attendre la fin de la crise pour en tirer les conséquences.

« Je salue la franchise du propos et l’humilité dont a su faire preuve le Président Emmanuel Macron » souligne dans un communiqué le maire (LR) de Toulouse, soutenu par LREM aux Municipales. « La reconnaissance des failles et des ratés du mois écoulé crédibilise la parole de l’Etat » ajoute Jean-Luc Moudenc.

L’opposition en revanche voit dans cette forme de mea-culpa présidentiel quelques manques. « Je regrette qu’il ait tenté de s’exonérer dans la première partie de son discours du mouvement de déstabilisation des hôpitaux dont il est responsable depuis deux ans en ayant engagé une politique d’affaiblissement du service public » assène le président socialiste du Département de Haute-Garonne.

« Emmanuel Macron annonce une date mais toujours pas de plan de déconfinement » tacle Manuel Bompard. « On a compris que le Médef a décidé qu’il fallait retourner travailler mais pas ce qu’a prévu de faire le pouvoir pour permettre que ce soit possible » rajoute dans un tweet le député européen toulousain de La France Insoumise. Avant de conclure : « l’improvisation est-elle la politique de ce gouvernement ? ».

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Bas les masques et changement de cap ?

Symbole de cette impréparation en partie avouée : la cruelle pénurie de masque à laquelle doit faire face notre pays. Y mettre un terme est la condition sine qua non à la fin du confinement. Pour accompagner cette sortie de crise et « revenir à une situation normale », Jean-Luc Moudenc explique qu’une « feuille de route co-construite entre l’Etat et les collectivités devra être élaborée dans les semaines à venir. » « Au-delà des intentions, les Français, comme les élus locaux, jugeront aux faits » prévient le maire de Toulouse.

« Concernant la « société d’après », les termes de concorde, d’humanité et de vivre ensemble sont apparus dans le discours présidentiel. Ils semblent remplacer les valeurs du libéralisme économique mondialisé et de la théorie du ruissellement qui jusque-là étaient présentes » note Georges Méric. Le président du conseil départemental de Haute-Garonne enchaîne toutefois : « C’est une évolution qui devra cependant être confirmée en acte ».

La résurrection du Revenu Universel

Georges Méric fait partie des 19 présidents de départements à avoir signé une tribune dans le Journal du Dimanche pour demander un revenu universel. L’objectif est « d’amortir le choc social qui risque de faire basculer bon nombre de nos concitoyens dans la précarité » expliquent ces élus socialistes. Rappelons que le concept avait été porté à la Présidentielle par Benoît Hamon alors encore au PS.

En l’état, il s’agirait de verser automatiquement 900 euros toute personne de plus de 18 ans en situation de précarité avec une dégressivité en fonction des revenus d’activité. Le gouvernement (socialiste) espagnol a annoncé vouloir le mettre en place pour soutenir les personnes laissées sans revenus par la crise du Covid-19. L’idée a également circulé en Allemagne.

Appel à la participation citoyenne

Une annonce présidentielle de changement de cap qui aura peut-être entrouvert la porte mais pas forcément convaincu les signataires d’une autre tribune publiée dans le JDD intitulée : « D’un plan de relance à un plan de transformation : la démocratie pour préparer le monde d’après ». Parmi les signataires : la présidente socialiste de Région Occitanie, Carole Delga, mais encore une figure de proue du mouvement des Gilets Jaunes, Priscilla Ludosky.

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« Une fenêtre inédite dans notre histoire contemporaine est ouverte : au moment où les Français sont confinés chez eux pour au moins un mois et où la France entière découvre les outils de travail à distance, mettons leur intelligence à contribution pour sortir de cette crise par le haut. Faisons entrer le citoyen dans les mécanismes de conception des politiques publiques en organisant un chantier participatif avec tous les citoyens pour imaginer et construire les bases « du monde d’après » est-il écrit dans ce texte.

Patrick Noviello (@patnoviello)

 

 

 

09 Avr

Carnet de confinement (4) : quel après ?

Peut-on encore parler de politique par les temps qui courent ? Plus que jamais. C’est l’objet de cette chronique.

Désinfection du mobilier urbain à Toulouse par un agent municipal (Photo MaxPPP Xavier De Fenoyl)

Penser à l’après, c’est la meilleure façon de se donner de l’espoir. Ou pas. Dans une tribune, une soixantaine de parlementaires (aucun de l’ex-Midi-Pyrénées) appellent à préparer le jour d’après. A peine avais-je poster un article relayant l’initiative sur les réseaux sociaux que le boomerang me revenait en pleine tête. Le commentaire disait ceci en substance : « comment faire confiance pour nous en sortir à ceux qui nous ont mis dedans ? ».

Revoir le système, d’autres y pensent pour le secteur des assurances notamment. Un parlementaire de notre région, Pierre Cabaré (majorité présidentielle) a écrit à la présidente de la Fédération Française des Assurances pour lui demander de contribuer plus à l’effort national. Le groupe Socialistes et apparentés, à l’Assemblée, emmené par la députée du Tarn et Garonne Valérie Rabault, a déposé une proposition de loi pour revoir carrément les clauses en cas de pandémie (Voir notre article dans ce blog).

Revoir le(s) système(s) voilà donc une expression qui revient à la mode par la force des choses. Contrairement à d’autres pays, l’Etat français a décidé de prendre à son compte le chômage partiel d’ores et déjà déclaré. Mais jusqu’à quand ? Le président d’une chambre consulaire de notre région m’expliquait que quasiment un quart des petites structures qu’il accompagne risquait de disparaître après cette crise sanitaire. Et leurs emplois avec…

Quel redémarrage économique ?

L’après c’est effectivement (et surtout ?) le redémarrage économique. Parce qu’au-delà de la finance, c’est de l’économie réelle dont il est ici question, celle qui crée des emplois et qui nous rend service au quotidien, y compris en ce moment. Cette économie, c’est aussi celle du tourisme. Et l’après, pour beaucoup d’entre nous qui cherchent à se remonter le moral, a la saveur des vacances d’été.

Alors que la Présidente de Région nous appelle à les passer en Occitanie, certains campings de notre littoral savent, eux, que leur saison est fortement compromise. Fréquentés traditionnellement à 70% par des touristes allemands, ils viennent de découvrir que nos voisins germaniques travailleront en juillet et aout pour renflouer leur PIB.

De son côté, Marc Ivaldi, économiste à la Toulouse School of Economics défend la même théorie. Il propose « d’abandonner tout ou partie de nos droits aux vacances pour relancer la machine ». « Les vacances d’été sont compromises. Donc autant être solidaire » estime l’ancien candidat LR aux élections régionales de 2015.

 

Levée de boucliers des socialistes locaux à l’image du président de Haute-Garonne Tourisme. « Si la saison estivale ne se tient pas, ce sont des centaines d’emplois qui seront en difficulté en Haute-Garonne, et des centaines de milliers en France » rappelle Didier Cujives dans un communiqué.

Relire « l’administration de la peur »

Penser à l’après, pour se donner aussi du courage, n’empêche pas non plus de regarder dans le rétro. Comme j’ai plus de temps pour lire en ce moment, je me suis replongé dans un livre d’entretien avec Paul Virilio : « L’administration de la peur » (1). L’urbaniste-essayiste y expliquait, voilà dix ans déjà, que nous savions qu’il y avait de quoi avoir peur de notre monde : « guerres, famines, épidémies » … Mais que ce n’est pas en cherchant à aller plus vite et être partout que nous parviendrons à nous sauver. Je terminerai ce carnet en le citant.

« On se s’en sortira pas au moyen d’un quelconque anarcho-syndicalisme, fut-il vivace et convaincu. Ou bien même au moyen d’une logique qui ferait de l’anti-progrès, son alpha et son oméga. D’où ma réserve, au passage, sur la notion de décroissance. Je ne crois pas davantage qu’il existe de solutions locales : c’est à l’échelle du monde que cette réflexion doit se mener, que quelque chose qui ressemblerait à la naissance ou à la renaissance de l’Université (un intellectuel collectif majeur de l’Histoire) doit prendre cours. »

Patrick Noviello (@patnoviello)

  • (1) « L’administration de la peur », Paul Virilio, entretien avec Bertrand Richard, éditions Textuel.

03 Avr

Covid-19 et solidarité : nos parlementaires interpellent les assureurs

Des députés de la majorité écrivent à la Fédération Française des Assurances. Le groupe Socialiste et apparentés, lui, a rédigé une proposition de loi. Les assureurs sont priés par nos parlementaires de participer davantage à l’effort national pour redresser l’économie.

Rue commerçante de Toulouse déserte (Photo Xavier De Fenoyl MaxPPP)

« Bien qu’ils aient souscrit un contrat d’assurance « perte d’exploitation », de nombreux artisans, commerçants et entreprises ont essuyé un refus de la part de leur assureur de les dédommager pour la perte d’activité qu’ils subissent suite à la crise du coronavirus ». Le constat établi dans la proposition de loi rédigée par le groupe socialiste présidé par la députée du Tarn et Garonne, Valérie Rabault.

Les pandémies ne font pas partie des « sinistres » pris en charge par les assurances et donc ouvrant droit à des dédommagements. « Dans de nombreux cas, ce dédommagement conditionne la pérennité économique de l’entreprise » est-il encore écrit dans la proposition de loi.

L’assurance n’intervient jamais en cas d’épidémie »

« Les pertes d’exploitation des entreprises françaises dues au confinement vont sans doute se chiffrer à des dizaines de milliards d’euros, somme qu’aucun acteur à part l’Etat ne peut supporter seul. C’est pour cette raison que l’assurance n’intervient jamais en cas d’épidémie, de révolution ou de guerre car les conséquences de tels événements sont tout simplement hors de portée » explique dans une tribune, publiée sur le site de la FFA, la présidente de la Fédération Française des Assurances.

Dès le 23 mars dernier toutefois, la FFA s’est engagée à contribuer à hauteur de 200 millions d’euros au fonds de solidarité bénéficiant notamment aux TPE et aux indépendants. Mais pour Pierre Cabaré, député majorité présidentielle de Haute-Garonne et d’autres parlementaires de son bord, ça ne suffit pas.

Un confinement et moins de sinistres »

Le parlementaire a donc écrit à la présidente de la FFA pour faire valoir ses arguments. « Nos cotisations d’assurance sont encaissées et pourtant le nombre de sinistres actuellement déclaré est de très faible importance : voitures aux garages, personnes confinées donc peu de sinistres domestiques ou d’accidents de la vie ou même de dégâts de tous ordres, entreprises à l’arrêt, etc. »

Et Pierre Cabaré de demander aux assureurs « d’abonder pour un montant de 15% des cotisations annuelles, ce qui représente la partie perçue durant la période de confinement et de consacrer également 10% de leurs dividendes de l’exercice en cours ». Une « contribution significative » selon le député et qui serait consacrée aux petites et moyennes entreprises.

De 200 à 500 millions de contribution »

La demande du groupe socialiste et apparentés est, elle, plus précisément chiffrée mais repose sur les mêmes arguments : « Nous proposons un montant total de 500 millions d’euros (qui inclut les 200 millions d’euros déjà annoncés). Ce montant est calibré au regard de la différence entre une moyenne de primes reçues par les assureurs et une moyenne de dommages versés. »

Mais au-delà de cette demande de contribution immédiate, la proposition de loi se veut plus large que cette contribution exceptionnelle des assureurs. Elle demande que soit « étendu pour les futurs contrats, la garantie « pertes d’exploitation » dans le cadre d’un nouveau risque, celui de l’état de catastrophe sanitaire ».

Réflexion autour d’un nouveau régime »

« Si nous voulons anticiper de nouvelles crises comme celle-ci, nous pouvons réfléchir dès à présent aux bases d’un régime de type assurantiel qui permettrait de couvrir des catastrophes sanitaires de très grande ampleur » propose le 2 avril dernier la présidente de la FFA, dans la même tribune citée précédemment.

« Mais ne nous y trompons pas prévient Florence Lustman, les assureurs ne pourront pas couvrir seuls de tels événements et ce régime devra s’appuyer sur un partenariat avec l’Etat. C’est pourquoi la FFA a décidé dès aujourd’hui de lancer une réflexion pour faire des propositions aux pouvoirs publics en ce sens. »

Patrick Noviello (@patnoviello)