30 Nov

Fusion Département et Métropole : le gouvernement dévoile un calendrier

La Fusion « Département-Région » n’est pas encore actée. Mais le gouvernement a fixé le calendrier.

Conseil départemental de la Haute-Garonne.

Ce jeudi 29 novembre, l’Assemblée Nationale a auditionné le ministre chargé des collectivités territoriales. Une audition dans le cadre d’une délégation aux collectivités et présidée par le député du Gers, Jean-René Cazeneuve. Sébastien Lecornu a été interpellé sur le projet de Fusion entre départements et métropoles. La réponse a porté, dans un premier temps, sur la méthode.

Le représentant du gouvernement a souligné qu’une concertation est en cours. Sébastien Lecornu a précisé « voir tout le monde » et avoir reçu les maires de Toulouse et Bordeaux (Jean-Luc Moudenc et Alain Juppé) ce mardi 27 novembre.

Sébastien Lecornu  a insisté sur une condition de base : « une volonté locale fortement exprimée ». Le ministre a également précisé que le gouvernement « dresse une copie globale » afin d’évaluer « ce que deviendrait le département une fois que la Métropole a pris son envol ».

Mais le ministre a surtout indiqué un calendrier. Sébastien Lecornu a déclaré que « l’épure d’un calendrier se dessine ». « Une décision à la fin de l’année, au début de l’année prochaine dernier carat » selon le membre du gouvernement. Une décision prise par le président de la République et le premier ministre car « c’est à niveau lia que la décision sera prise » de fusionner ou non la métropole toulousaine et le conseil départemental de la Haute-Garonne.

Une Fusion (en cas de feu vert) passera en conseil des ministres « le 1er semestre 2019 ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

28 Nov

Un sénateur du Tarn-et-Garonne fait « raboter » la niche fiscale des journalistes

Le Sénat a adopté un amendement « rabotant » la niche fiscale des journalistes. Un amendement déposé par le sénateur (RDSE) du Tarn-et-Garonne, Yvon Collin.

Yvon Collin-Sénateur du Tarn-et-Garonne

Le texte a été adopté avec une majorité issue de tous les rangs du Sénat. L’initiative émane d’un sénateur RDSE, Yvon Collin. Mais des Républicains et des socialistes ont voté pour un texte rabotant la niche fiscale des journalistes. Les titulaires d’une carte de presse bénéficient d’un crédit d’impôt de 7 650 euros. Les sénateurs veulent exclure de ce dispositif les journalistes dont les revenus bruts dépassent 93 510 euros bruts par an c’est-à-dire 6 000 euros nets par mois.

Yvon Collin défend ce coup de rabot par un argument budgétaire. « Le gouvernement cherche à faire des économies. Une réforme de la niche fiscale des journalistes permet d’en obtenir » déclare Yvon Collin. Ce n’est pas la première fois que le sénateur dépose un amendent allant dans ce sens. C’est toujours la même philosophie. « Il ne s’agit pas de viser tous les journalistes ». Seuls les patrons de presse, les journalistes « vedettes » et les cadres dirigeants sont ciblés par Yvon Collin.

Le sénateur du Tarn-et-Garonne a été proche du patron de la Dépêche du Midi, Jean-Michel Baylet. C’est ce genre de contribuable qui est clairement visé par l’amendement Collin.

Cela reste un geste symbolique. Le ministre des comptes publics, Gérald Darmanin, a (explicitement)  annoncé que l’amendement sénatorial va être rejeté.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Gilets jaunes : des « cahiers de doléances » dans les Hautes-Pyrénées

Des « cahiers des doléances  » pour faire remonter les propositions. C’est la méthode des gilets jaunes dans les Hautes-Pyrénées. L’expérience pourrait être transposée en Haute-Garonne et dans le Tarn.

Manifestation des gilets jaunes au péage de Muret, en Haute-Garonne. Photo MaxPPP Frédéric Charmeux

Les gilets jaunes continuent leurs opérations de blocage ou de péage gratuit. Mais, dans les Hautes-Pyrénées, une initiative d’un genre nouveau émerge. Ce mercredi 28 novembre, à 20 heures, une délégation doit se réunir à la halle Brauhauban. Il s’agit de réfléchir à l’instauration de « cahiers de doléances ». Des cahiers ouverts aux gilets jaunes mais aussi à tous les citoyens.

Education, justice, social, santé. Des « boîtes à idées » vont balayer les thèmes principaux qui traversent la société française. Elles seront placées sur les zones de regroupement des gilets jaunes : ronds points et péage d’autoroutes. Mais une plateforme internet doit également être mise en ligne. Un des initiateurs du projet, Philippe Rouby, estime qu’il est nécessaire de dépasser la question des porte-paroles. « Ce n’est pas qui parle mais ce que l’on à dire » qui est essentiel pour ce formateur de profession.

Philippe Rouby estime que les « cahiers de doléance » permettent de répondre à la problématique du moment : « une base informelle et hétéroclite et un sommet de l’Etat qui n’entend rien ».

Que vont devenir les cahiers de doléance ? Une simple remise au préfet des Hautes-Pyrénées n’est pas la piste privilégiée. Philippe Rouby estime que cela risque d’être « un dossier parmi d’être un dossier ». Une médiatisation et une synthèse publique sont privilégiées. Une autre motivation anime les gilets jaunes des Hautes-Pyrénées : faire école et exporter le concept de « boîtes à idées » dans d’autres départements.

Des contacts existent déjà en Haute-Garonne et dans le Tarn.

Laurent Dubois (@laurentdub)

27 Nov

Deux sénateurs (RDSE) d’Occitanie votent « pour » le gel de la hausse du carburant

La commission des Finances du Sénat a adopté un amendement supprimant la hausse de la taxe carburant au 1er janvier 2019. 4 sénateurs d’Occitanie siègent dans cette commission. Deux ont voté pour ce gel. Pourquoi ? Explication(s).

Sénat. Photo MaXPPP/Lafite

Ce lundi 26 novembre, le Sénat a adopté un amendement annulant l’augmentation de la taxe « carburants ». L’adoption d’un « article d’annulation » reste symbolique. Le gouvernement dispose d’une majorité à l’Assemblée. La disposition (retoquée) va être « rétablie » par les députés. Mais, en plein mouvement des gilets jaunes, le geste des sénateurs est fort.

Un geste qui émane de la commission des Finances et des sénateurs Les Républicains. 4 parlementaires d’Occitanie siègent aux « Finances » : Jean Claude Requier (Lot), Thierry Carcenac (Tarn), Claude Raynal (Haute-Garonne) et Yvon Collin (Tarn-et-Garonne). Parmi ces sénateurs 2 ont voté pour le blocage de la fiscalité des carburants, Jean-Claude Requier et Yvon Collin

L’initiative de l’amendement provient des rangs des Les Républicains et plus précisément du rapport général, Albéric de Montgolfier. Mais les deux parlementaires se sont retrouvés dans une position de principe :   » la nécessité de soutenir le pouvoir d’achat des ménages, compte tenu du niveau déjà très élevé des prélèvements obligatoires ». Concrètement, il s’agit de maintenir le taux de la taxe intérieure de consommation de produits énergétiques (TICPE), sans remettre en cause le principe d’une fiscalité sur le carbone.

Les deux sénateurs (PS) de notre région, membre de la commission des Finances, n’ont pas rejoint leurs collègues du Lot et du Tarn-et-Garonne. Contacté par France 3 Occitanie, Claude Raynal précise qu’il est pour « un moratoire tant qu’il n’y a pas de solutions pour des mesures d’accompagnement social ». Mais le parlementaire (et candidat à la mairie de Toulouse) considère qu »il ne « faut pas complètement déshabiller le principe » d’une taxe carbone.

Du côté de la majorité parlementaire, l’initiative sénatoriale n’est pas vraiment appréciée. Le député (En Marche) du Gers rappelle que « la taxe carbone était dans tous le programme de tous les partis » et il estime que « les français jugeront sévèrement ces changements de postures opportunistes ». Pour Jean-René Cazeneuve, « le mécanisme proposé par le président de la République est plus responsable : modifier la taxe si le prix du baril augmente ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

23 Nov

Municipales à Toulouse : qui compose la « Task Force » Cujives ?

Romain Cujives  occupe le devant de la scène toulousaine. Une mécanique bien « huilée » et tournée vers un but avoué : la conquête du Capitole. Qui accompagne et conseille Romain Cujives ? Elément(s) de réponse(s).

Romain Cujives (Facebook)

Romain Cujives revendique 350 participants à la soirée de présentation de son livre-programme . Cette soirée est le dernier acte d’un véritable storytelling.

Un storytelling entamé à la rentrée, avec des vidéos Facebook au titre taillé sur mesure : Station Capitole. Derrière cette stratégie d’occupation du terrain se trouve plusieurs cercles.

Le cercle politique : Henri Matéos et un « conseil stratégique »

Romain Cujives bénéficie de l’expérience d’un « homme de l’Ombre » : Henri Matéos. Le socialiste (et ancien représentant syndical) a lancé la carrière de l‘ex-députée Catherine Lemorton.  Sa connaissance des sections, sa maitrise de l’appareil (notamment sa « gestion » des cartes ) ont également accompagnés Georges Méric vers la présidence du conseil départemental. Les relations « Méric-Matéos » se sont dégradées. La rupture a même débouché sur une mise à la retraite (forcée) du fonctionnaire territorial (employé par le département) Henri Matéos.

Ce divorce (brutal) est une source de motivation (supplémentaire) pour le « coach » politique de Romain Cujives. Dans la campagne interne au PS, Georges Méric soutient le concurrent déclaré de Romain Cujives, Claude Raynal. En faisant gagner « son » candidat, Henri Matéos pourrait savourer un match retour face au président du conseil départemental.

Le « Trotskiste-Lambertiste » a largement contribué à l’installation de Sébastien Vincini à la tête du PS 31. Mais Henri Matéos a des raisons personnelles de contribuer à la défaite d’un Claude Raynal, candidat (quasi) officiel de la fédération socialiste.

Le cercle politique de Romain Cujives dépasse le seul « maître d’oeuvre » Matéos. Romain Cujives est en contact permanent avec une dizaine de secrétaires de sections. Notamment Michel Torrea, Alexandre Borderies, Ousseynou Diaw. Le responsable du Mouvement des Jeunes Socialistes, Daniel Molina appartient également à ce réseau très politique. Ils sont la « pierre angulaire »  de la stratégie du jeune candidat.

Un cercle « com »

Des anciens ou des membres actuels du MJS sont les « chevilles ouvrières » de la com de Romain Cujives. Tous bénévoles, ils réalisent notamment les vidéos « Station Capitole ».

Un groupe de 3 personnes écrit les textes qui sont ensuite mis en image par un cadreur. Pour le lancement de son livre, Romain Cujives a dérogé au principe du bénévolat. La réalisation d’un site a été confié à un prestataire de service.

Un cercle thématique

Romain Cujives revendique une 50aine de « personnes ressources ». Un médecin toulousain alimente notamment le candidat sur les questions de santé. Un avocat, un chef d’entreprise, un universitaire, des salariés et des retraites complètent ce cercle « société civile ». L’identité de ces personnes n’est pas publique. Officiellement, c’est pour préserver le « caractère collégial de la démarche et ne pas mettre en avant des personnalités ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

22 Nov

Toulouse : création d’un groupe local de l’association anti-corruption, ANTICOR

L’association, spécialisée dans la lutte contre la corruption, ANTICOR va installer une antenne locale en Haute-Garonne.

ANTICOR est implantée dans 10 des 13 départements de l’Occitanie. A partir du 5 décembre prochain, seuls le Lot et l’Ariège ne disposeront pas d’un groupe local. L’association va ouvrir une antenne en Haute-Garonne. Elle sera animée par deux référents, dont une élue de Labarthe-sur-Lèze, Christine Roussel. Des référents qui sont déjà des adhérents d’ANTICOR.

Le groupe haut-garonnais a ouvert une page Facebook. Il va disposer d’une salle et ouvrir un site internet. S’agissant du mode de fonctionnement, il est conforme à la charte nationale d’ANTICOR. Créée en juin 2002 par le juge Halphen, l’association « lutte contre la corruption » et le rétablissement « de l’éthique en politique ». ANTICOR « regroupe des citoyens et des élus de toutes tendances politiques engagés pour faire respecter les exigences démocratiques non partisanes ».

ANTICOR est à l’origine de plusieurs affaires judiciaires retentissantes. Notamment le dépôt d’une plainte « pour prise illégale d’intérêt » visant le président de l’Assemblée nationale, Richard Ferrand.

 

Le groupe de la Haute-Garonne a, selon nos informations, plusieurs dossiers en « stock ». Mais, comme pour toutes les autres antennes locales, c’est le « national » qui décide des éventuelles suites judiciaires à donner. Entre Toulouse et Paris, les échanges d’informations passeront par un « va-et-vient ». La nouvelle référente, Christine Roussel, est convaincue que l’ouverture d’une « vitrine » toulousaine permettra des « remontées » d’information(s).

Laurent Dubois (@laurentdub)

20 Nov

Gilets jaunes et risque d’affrontement : une députée En Marche annule ses déplacements

La députée En Marche du Tarn, Marie-Christine Verdier-Jouclas annule ses déplacements par crainte d’affrontement avec les gilets jaunes.

Marie-Christine Verdier-Jouclas, députée LaRem du Tarn. Photo : MaxPPP/Tanguy

La députée a annoncé la nouvelle sur la messagerie cryptée (Télégram) du mouvement En Marche dans le Tarn. Marie-Christine Verdier-Jouclas estime « inutile de risquer des affrontements » avec les « gilets jaunes ».

La parlementaire « tien(t) à préserver » les marcheurs « qui l’accompagneraient dans ses actions » sur le terrain. Aussi, Marie-Christine Verdier-Jouclas annule tous ses déplacements sur les marchés de sa circonscription.

Ce vendredi 23 novembre, un « rendez-vous café » et une opération de tractage étaient prévus à Carmaux. Les adhérents ont été prévenus que ces deux  événements disparaissent de l’agenda.

La parlementaire « n’exclu(t) aucune rencontre ou débats avec ceux ou celles se réclamant des gilets jaunes. Mais la difficulté c’est que les porteurs de gilets jaunes ne sont pas réceptifs aux paroles…Pour convaincre, il faut être entendable. Et aujourd’hui nous ne le sommes plus » regrette Marie-Christine Verdier-Jouclas.

La députée ne se rendra plus au contact (direct) des habitants de sa circonscription. Mais elle tient « à donner la bonne information aux citoyens » sous forme d’actions de boitage ou de rencontre dans sa permanence.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

19 Nov

Les avocats albigeois s’estiment trahis par le député (et avocat) En Marche, Jean Terlier

Les avocats d’Albi se sentent « trahis » par le député (En Marche) du Tarn. Le parlementaire revendique une concertation avec le barreau albigeois. Une concertation qui, selon les avocats, n’a jamais (véritablement) existé.

Jean Terlier, député du Tarn; Photo : MaxPPP/Isorel

Le torchon (ou plutôt l’épitoge) brûle entre le Barreau d’Albi et un avocat, le député Jean Terlier. L’objet du litige est une interview dans les colonnes de la presse régionale. Dans un « papier » en date du 16 novembre, le parlementaire évoque la réforme de la Justice. Jean Terlier, avocat de profession et de formation, mentionne l’audition d’avocats albigeois et du Barreau de Castres. Une audition visiblement utile et productive puisque le député de la majorité précise avoir déposé un amendement suite à la consultation de ses confrères.

Problème. Les avocats albigeois n’ont pas du tout la même lecture des événements.

« Jean Terlier veut associer les avocats albigeois qu’il aurait « auditionnés »…En tout et pour tout, la concertation avec le Barreau d’Albi s’est limitée à une réunion de 2 heures avec le député. Pire encore : le député n’a pas été jusqu’au bout d’une prétendue démarche de concertation en annulant , à la dernière minute, la seconde réunion prévue le 16 novembre dernier  » déclarent les avocats d’Albi, dans un texte adopté à l’unanimité.

Au delà d’une polémique sur la méthode, c’est un problème de fond qui suscite la colère du Barreau : « lors de (la) réunion de très nombreuses critiques du texte (ndlr projet de loi réformant la justice) ont été formulées auxquelles le député a répondu par des éléments de langage fournis par le ministère de la Justice ».

Pour les avocats albigeois Jean Terlier « n’a rien entendu des critiques portées par les avocats de terrain » et ils se retrouvent associés (par voie de presse) à un projet de loi qu’ils contestent.

Contacté par France 3 Occitanie, Jean Terlier prend acte « du ton très politique du communiqué (Ndlr : du Barreau d’Albi) et de la violence des propos tenus par certains de (ses) confrères albigeois ». Le député tarnais « regrette fortement les nombreuses insultes proférées à son égard ». Mais le parlementaire défend surtout son indépendance de jugement : « En tant que député, je me dois de ne pas raisonner en tant qu’avocat et défendre une profession ou une corporation, je dois privilégier l’intérêt général, l’intérêt du justiciable, ce que j’estime faire en soutenant » le projet de loi réformant la Justice.

Jean Terlier souligne toutefois que, malgré « des divergences de point de vue », la consultation des avocats albigeois a permis « des avancées sur certains points notamment la réduction du délai pour divorcer par rupture de la vie conjugale ». Le député attribue cette « proposition (à) une avocate du Barreau d’Albi ».

Laurent Dubois (@laurentdub)

[Edito] Gilets jaunes : combien de divisions ?

Manifestation des gilets jaunes au péage de Muret, en Haute-Garonne. Photo MaxPPP Frédéric Charmeux

« Je n’ai pas réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants » a reconnu Emmanuel Macron avant même le 1er jour d’action des gilets jaunes ce samedi. Mais la question après ce 17 novembre où près de 300 000 personnes ont manifesté est désormais : comment le peuple français va-t-il se réconcilier avec lui-même ?

Je ne parle pas ici de division entre classes sociales ou entre ruraux et urbains, bobos et prolos, écolos et consuméristes… Je parle par exemple d’une jeune femme insultée et moquée par ceux qui se réclament du « peuple » pour être  partie gagner, samedi dernier malgré les blocages, ses 1200 euros mensuels dans un supermarché de l’agglomération toulousaine

Mais qui est ce « peuple » d’ailleurs ? Que signifie encore ce mot dans notre société si individualiste, morcelée, corporatiste ou tout simplement « libérale » comme la qualifient certains ? Je n’aurais pas la prétention de répondre ici à cette question si vaste voire insoluble.

« Un cri d’injustice ». Voilà comment plusieurs de mes confrères qualifient le mouvement des Gilets Jaunes. Mais là encore, de quelle injustice parle-t-on ? De celle qui fait que de plus en plus de personnes ne peuvent plus habiter près de leur travail et sont obligées d’utiliser chaque jour leur voiture pendant des heures (et des litres) souvent au milieu des embouteillages.

Mais à qui la faute ? Aux maires qui ne tiennent plus les loyers de leurs villes et en donnent les clés aux promoteurs ? Aux Français qui veulent à tout prix leur maison, le carré de jardin qui va avec et le calme alentour ? Aux chefs d’entreprise qui ne font pas le pari de s’installer trop loin de la métropole ou de la ville préfecture ? A l’Etat enfin, qui voit (qui fait ?) s’envoler les prix du carburant et le coût de la vie, sans rien faire, ou pire en disant : « c’est pas moi » ?

Le prix de l’essence n’est pas la seule raison de la colère des gilets jaunes. Mais la voiture individuelle, après avoir longtemps été un symbole de liberté mais aussi un marqueur social, devient aujourd’hui plus que jamais clivante, entre ceux qui peuvent s’en passer et les autres. Clivante aussi entre ceux qui pourraient s’en passer et ceux qui leur font la morale à ce sujet. Perdre sa voiture ou la possibilité de l’utiliser quand on le souhaite, au mieux inquiète, au pire peut faire sortir de ses gonds.

Ce qui semble aussi irriter les gilets jaunes, et cela revient souvent dans les discussions, c’est ce sentiment, ou cette impression, que « tout le monde n’est pas logé à la même enseigne ». Une fois de plus « les pauvres paieraient pour les riches » c’est-à-dire pour ceux qui peuvent se payer une « hybride » ou encore ceux qui ne regardent jamais les prix à la pompe. Mais là encore qu’est-ce qu’un »pauvre » et qu’est-ce qu’un « riche » ? D’ailleurs les gilets jaunes ne se réclament-ils pas, pour beaucoup d’entre eux, de « la classe moyenne », là encore un terme de plus en plus flou par les temps qui courent.

Face à autant de questions et de manques de repères fiables, comment ne pas générer affrontements et rancœurs ? « Il ne faudrait pas se tromper de cible » vitupèrent ceux qui ont laissé leurs gilets jaunes dans la boite à gants. Ceux qui les ont sur les épaules leur répondent : « Si vous n’êtes pas avec nous, alors vous êtes contre nous ». Un réservoir de protestations qui pourrait bien faire le plein de divisions.

Patrick Noviello (@patnoviello)