Dans une interview accordée à la revue « Zadig », le Président évoque sa vision de la France et fait pas mal de référence à la région Occitanie. De ses vacances passées dans les Hautes-Pyrénées (pas seulement d’enfance chez sa grand-mère) à son attachement particulier au Lot. Extraits….
Un pouvoir trop centralisateur dirigé par un Président trop parisien, voilà souvent les deux reproches contre lesquels ont dû s’ériger les chefs d’Etat Français. Eric Fottorino et François Vey prennent donc soin dès l’entame de la rencontre de poser la cartographie de l’ancrage d’Emmanuel Macron.
Et ce dernier d’évoquer « une carte sensible entre deux pôles que sont Amiens et les Pyrénées ». Les Hautes-Pyrénées et Bagnères-de-Bigorre décrites comme « mon autre centre de gravité ». « A Campan, sur le col, vivent encore quelques-uns de mes meilleurs amis » raconte le Président avant de déclarer solennellement « Mais j’ai vu Bagnères-de-Bigorre s’arrêter ». Et Emmanuel Macron d’évoquer la désindustrialisation :
Puis, d’un seul coup, la ville s’est comme figée. Les jeunes ont de moins en moins trouvé d’emplois, ils sont partis. Je revenais chaque été et retrouvais la même ville. Elle s’était arrêtée dans sa prospérité, avant de se relancer avec le thermalisme qui draine une population plus âgée. » Emmanuel Macron dans « Zadig »
Les journalistes de Zadig lient alors dans leur questionnement les sorts des deux villes de cœur du Président, Amiens et Bagnères-de-Bigorre. Dans les deux cas, le créateur d’En Marche a « connu une France inquiète ». Et évoquant à nouveau les Pyrénées :
J’ai alors connu les premiers cousins qui galèrent dans leur recherche d’emploi, qui ne retrouvent rien-aussi parce vivant dans les Pyrénées, ils ne veulent pas bouger de la vallée. (…) Une partie de ma famille pensait que tout continuerait comme avant. Quand l’activité s’est arrêtée, le choc a été total ». Emmanuel Macron dans « Zadig »
Désertification de certaines zones, sentiments d’abandon, autant de terreau fertile au mouvement des Gilets Jaunes qui va germer puis enflammer le pays. Les auteurs de l’entretien évoquent alors le livre-programme d’Emmanuel Macron, « Révolution ». Le Président dit y avoir évoqué plusieurs France.
Nous sommes une addition de pays qui ont chacun leurs rapports historiques, je dirais même telluriques : dans les Hautes-Pyrénées, d’une vallée à l’autre, les habitants, les représentations sont très différents… » Emmanuel Macron dans « Zadig »
Pour essayer d’écouter à nouveau ce pays grondant, l’ancien énarque va alors organiser le grand débat. Parmi les villes où il ira l’animer : Souillac dans le Lot. Ce département n’a pas été choisi par hasard à l’image de « ces lieux qui peuvent nous faire comprendre, mieux que d’autres ce que nous sommes » l’interrogent Eric Fottorino et François Vey.
Il y a des villes et des départements où l’on peut prendre le pouls des choses. J’aime particulièrement, le Lot, Figeac, Cahors… Ce département a formidablement résisté, il a reconquis une activité industrielle, tout en gardant un grand rapport à l’histoire-avec des figures historiques incroyables comme Maurice Faure-, et on y retrouve une forme de ruralité heureuse. Je pense à Saint-Cirq-Lapopie. Breton y a eu cette phrase admirable qui dit tout de l’ancrage choisi : « j’ai cessé de me désirer ailleurs ». Ce sont des lieux qui permettent de comprendre ce qui est accepté en France et ce qui ne l’est pas. » Emmanuel Macron dans « Zadig »
Une évocation qui semble déjà résonner comme un air de campagne…présidentielle.
Patrick Noviello (@patnoviello)
Interview complète à retrouver dans le dernier numéro de la revue « Zadig » : « Ma France », grand entretien avec Emmanuel Macron par Eric Fottorino et François Vey.