28 Oct

Un très « cher » musée pour le Conseil Départemental de la Haute-Garonne

Le mardi 18 octobre, le conseil départemental de la Haute-Garonne a annoncé la création d’un nouveau musée. La nouveauté est relative. Le département récupère une structure créée et gérée depuis 2014 par une communauté de communes du Comminges, la Communauté de Communes des Terres d’Aurignac. Le département de la Haute-Garonne est très fier de cette acquisition : « le musée de l’Aurignacien, c’est tout un patrimoine de l’Humanité connu dans le monde entier « . Un important déficit et une fréquentation plus que modeste assombrissent ce beau tableau.

Le nouveau musée départemental est une opération de sauvetage. L’ancien gestionnaire peut déboucher une bouteille de champagne. La Communauté de Communes des Terres d’Aurignac (CCTA) est au fond du trou. La Chambre Régionale des Comptes examine son cas et la justice est saisie s’agissant de son fonctionnement. Le fait d’être délesté d’un musée déficitaire est le bienvenu. En revanche, le contribuable est loin d’y trouver son compte.

Aurignac-Musée forum de l'Aurignacien. Photo : ministère de la Culture

Aurignac-Musée forum de l’Aurignacien. Photo : ministère de la Culture

L’engagement financier du Département est à la hauteur du « riche ensemble de plus de 300 objets archéologiques provenant des fouilles du site préhistorique commingeois découvert en 1860« . Le conseil départemental a déjà dépensé 200 000 euros. Au travers d’un Syndicat Mixte (crée pour une durée illimitée), le contribuable haut-garonnais va financer 80 % du budget de fonctionnement du Musée de l’Aurignacien. Les finances départementales vont également rembourser un emprunt en cours auprès d’une banque. Montant : 1 millions d’euros. Plus de 500 000 euros restent à couvrir.

Ces investissements sont à mettre en vis-à-vis avec le tableau de bord du musée. Déficit en 2015 : 226 490 euros. Ce mauvais résultat correspond à de très faibles recettes. En 2015, les recettes liées à la vente de tickets d’entrée s’élèvent à… 2634 euros. Des ventes à la boutique du musée (1015,43 euros) et de café (136,69 euros) permettent de dégager un chiffre d’affaires de… 4320 euros en 2015. 

Le total des recettes (toujours en 2015) est de : 13  870,61 euros.

Ces recettes commerciales sont à la hauteur de la fréquentation du lieu. Pour le mois de février 2016, on dénombre 356 visiteurs : 219 adultes, 59 jeunes, 19 « – de 6 ans », 59 scolaires. En janvier 2015, c’est pire. 171 entrées. 94 adultes. 10 jeunes. 5 enfants. 62 scolaires. Petite précision : les scolaires ne payent pas de ticket d’entrée.

Lors de sa création, en 2014, le musée de l’Aurignacien a été présenté comme un « joyau » capable de faire venir des visiteurs d’Australie. C’est possible que des habitants de Sidney se déplacent. Mais, comme les visiteurs toulousains, bordelais ou parisiens, ils ne débarquent pas en bus. Une « marraine » du projet, Carole Delga,a réussi à décrocher un label rare pour une musée en zone rurale. Le label « musée de France ». Mais, cela ne suffit pas à remplir les caisses.

Le ratio entre les charges de fonctionnement (177 077,36 euros de charges de personnel, 11 960,26 euros de publicité et communication, 1700 euros de voyages et 3588,44 euros de frais de téléphone et d’internet…) et les recettes est totalement déséquilibré. 

Des subventions de l’ancien gestionnaire limitent un peu les dégâts : 59 000 euros de subvention d’équilibre et 35 000 de participation aux frais de fonctionnement en 2015.

Le problème c’est que la Communauté de Communes des Terres d’Aurignac est elle-même exsangue : 748 746 euros de déficit au compte administratif de 2015. La Chambre Régionale des Comptes doit rendre prochainement un rapport public. Deux procédures ont été déposées concernant sa gestion. Une plainte déposée en gendarmerie porte sur un détournement de fond et l’autre vise un soupçon de « fausse délibération » concernant une ligne de trésorerie de 600 000 euros. 12 conseillers communautaires ont fait un signalement auprès du Procureur de la République. L’ancien président de la Communauté de Commune et promoteur du musée a du démissionné. Selon nos informations, ce proche de Carole Delga, ancien secrétaire de section du PS, travaille désormais au conseil régional.

Dans ce contexte, la décision du Conseil Départemental dépasse largement le cadre de la politique touristique. Elle peut faire plaisir aux amateurs de préhistoire. Mais le nouveau musée départemental fait surtout plaisir à certains élus du Comminges.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Politic Café #7 : les commentaires sur les migrants, Fillon à Toulouse et la mesure Rabault

Politic Café

Au sommaire du 7ème numéro de Politic Café, notre module vidéo de commentaires sur l’actualité politique, retour sur le meeting de François Fillon à Toulouse pour la primaire de la droite et sur la mesure prise à l’initiative de la députée PS du Tarn-et-Garonne Valérie Rabault. Mais pour commencer on revient sur les commentaires haineux laissés sur notre page facebook à propos de l’accueil des migrants.

26 Oct

François Fillon à Toulouse : une expérience unique

François Fillon est loin d’être le favori de la Primaire de la droite et du centre. L’ancien premier ministre et ses 10% d’intention de vote est largement distancé, dans les sondages,  par le tandem Juppé-Sarkozy. Mais François Fillon a un motif de satisfaction : être venu à Toulouse. Le concurrent de Nicolas Sarkozy et Alain Juppé est reparti satisfait. Dans la voiture le transportant vers son avion, François Fillon a fait un débriefing téléphonique avec son équipe parisienne. Pour lui, la réunion de la salle Mermoz, c’était « une vraie salle, active, chaleureuse et avec des questions que l’on ne pose pas ailleurs ». 

François Fillon à Toulouse (Photo : L. Arribagé / Twitter)

François Fillon à Toulouse (Photo : L. Arribagé / Twitter)

Mardi 25 octobre, François Fillon a tenu un meeting salle Mermoz. Le premier challenge était de remplir un espace pouvant accueillir 1300 personnes. Le staff parisien de François Fillon était modérément optimiste et même  exagérément pessimiste. Une demande est tombée sur les organisateurs locaux : retirer des chaises. Au final, des personnes se sont retrouvés debout et le compteur de la presse (présente) affiche plus de 500 personnes. Le président du Comité de François Fillon en Haute-Garonne, Jean-Marie Belin est plus que satisfait : « Fillon a été le seul a osé joue Toulouse et en plus la salle Mermoz. Sarkozy s’est contenté de Montauban. C’était trop facile et pour Fillon c’est réussi. Il y avait 650 personnes plus des personnes debout ».


François Fillon à Toulouse

Au delà de la quantité, le staff de François Fillon est surtout satisfait de la qualité. Qualité des personnalités présentes. Le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc est resté « de bout en bout ». Jean-Marie Belin insiste sur ce point. Mais c’est la surtout qualité des échanges qui a frappé François Fillon. La première partie de la réunion a la pris la forme (classique) d’un discours. François Fillon a égrené les thèmes de son programme : fin des 35 heures…

Derrière son image lisse, François Fillon continue à bombarder un programme de droite décomplexé.

Mais, ce qui a séduit l’ancien premier ministre, c’est la qualité des questions posées. François Fillon a mis son public dans sa poche avec une boutade sur François Hollande :

François Hollande a tellement envie que Nicolas Sarkozy soit élu, qu’il va prendre son casque et venir en scooter pour voter à la primaire ! »

Cette pointe d’humour (en forme de pique) a  (peut être) désamorcé les traditionnelles questions sur Nicolas Sarkozy et la « bagarre » entre les concurrents à la Primaire. C’est la famille, la stratégie de la France en Irak, la GPA qui ont été mis sur la table au travers d’une douzaine de questions. A Toulouse, François Fillon a déroulé un discours bien rodé. En revanche, il a découvert un public. C’est toujours ça de pris et c’est très probablement une expérience unique.

François Fillon est censé revenir sur Toulouse après entre les deux tours de la Primaire. Mais cela suppose une chose : être qualifié pour le second tour.

Laurent Dubois (@laurentdub)

25 Oct

L’appel désespéré de Bernard Carayon aux candidats de la primaire Les Républicains

Bernard Carayon ©MaxPPP

Bernard Carayon
©MaxPPP

François Fillon est à Toulouse ce mardi 25 octobre. Ce n’est pas le premier candidat de la Primaire de la Droite qui foule le sol de la Haute-Garonne. Bruno Le Maire est venu le 21 octobre. Ce succès de la ville Rose et de ses environs ne plait pas au président tarnais de Les Républicains. Bernard Carayon a l’impression que son département est « snobé ».

Pour attirer Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé ou NKM, Bernard Carayon met en avant les infrastructures de transport mais aussi les atouts gastronomiques du Tarn :

Même si ce gouvernement n’a pas poursuivi le projet autoroutier Toulouse/Castres nous disposons de routes souvent carrossables, d’un vrai aéroport et de nombreux produits du terroir qui régalent les palais les plus avertis

Pour se montrer convaincant, Bernard Carayon ne lésine pas sur les moyens. Il offre une assistante technique.

Je joins à cet appel une carte qui vous permettra de trouver votre chemin

Le président des Les Républicains tarnais dégaine même l’arme absolue

Je suis disposé à offrir à celle ou celui qui viendra, un exemplaire dédicacé de mon dernier livre !

Alain Juppé, Nicolas Sarkozy, François Fillon, Bruno Le Maire, Jean-François Copé ou NKM ont moins de 4 semaines pour entendre l’appel de Bernard Carayon. Le temps presse et les agendas sont bouclés. Ultime chance pour Bernard Carayon : la campagne présidentielle. Une campagne qui débutera après…la primaire de fin novembre.

Ce sera plus simple. Il restera un seul candidat à convaincre.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Jean-Glavany, Stéphane Le Foll et ces foutus journalistes

Les journalistes irritent les politiques. Ce n’est pas nouveau. Mais on assiste à une belle poussée allergique. Sur son Blog, le député des Hautes-Pyrénées, Jean Glavany, a trouvé la racine du Mal dont souffre François Hollande : le goût des journalistes pour l’argent. Lors de sa visite sur Toulouse, un proche du président, le ministre de l’agriculture a pointé une autre tare journalistique : la myopie et l’attrait pour les choses insignifiantes. Avec un joli sens de la formule, tirée de sa propre expérience, Stéphane Le Foll qualifie cette « pathologie » de « syndrome de la pelouse ». Explication.

Stéphane Le Foll, ministre de l'Agriculture et soutien de François Hollande au PS81

Stéphane Le Foll, ministre de l’Agriculture et soutien de François Hollande au PS31 Photo : @CaroleDelga

La publication du livre d’entretien entre François Hollande et deux journalistes déchaîne les critiques et les propres soutiens du président  se disent consternés. Comment un tel dérapage incontrôlé a-t-il-pu se produire ? François Hollande a accepté de ne pas relire le manuscrit avant sa publication. Comment expliquer une telle légèreté irresponsable ?

Pour le député PS des Hautes-Pyrénées, Jean Glavany l’explication est simple. François Hollande est victime des journalistes. Il est tombé dans un piège tendu par des journalistes avides de faire de l’argent sur le dos du président :

Je veux dire un mot de la prestation de ces 2 journalistes, que je ne connais pas. Ils vont gagner beaucoup d’argent, tant mieux pour eux, tant pis pour la morale. Ils savent très bien, ils savaient depuis le début qu’ils gagneraient d’autant plus d’argent qu’ils pousseraient le Président à la faute. Alors ils l’ont poussé, poussé, poussé… et il est tombé, tombé, tombé dans le piège.

Les honnêtes travailleurs accumulent les heures supplémentaires pour arrondir leurs fins de mois. Mais deux journalistes ont trouvé un filon beaucoup moins fatiguant et bien plus rémunérateur : publier des entretiens avec le chef de l’Etat. En plus le cadre de travail n’a rien avoir avec l’atelier d’une usine ou un bureau dans une PME : les Ors du Palais de l’Elysée.

C’est évident. Il faut le dire haut et fort : la tempête politique qui s’abat sur François Hollande est une (triste) affaire de rapacité financière. Et encore le chef de l’Etat a eu de la chance. Il aurait pu être confronté à une autre tare journalistique : le « syndrome de la pelouse ». C’est un mal diagnostiqué par Stéphane Le Foll.

Lundi 24 octobre, Stéphane Le Foll a profité d’une visite ministérielle pour faire un arrêt dans la fédération PS de la Haute-Garonne. Face aux militants, il a livré un diagnostic tiré de son expérience au ministère de l’Agriculture. Un diagnostic qui se résume à un constat : les journalistes ont une vision étroite.

Lors des journées du Patrimoine, Stéphane Le Foll fait de vrais efforts. Il ouvre ses portes mais il offre également des animations. Des oies et moutons gambadent sur les pelouses et un berger fait une démonstration avec un chien. Evidemment, tout cela laisse des traces sur les espaces verts du ministère. Des mottes sautent et le jardinier a du travail pour tout remettre en ordre.

Que retiennent les journalistes ? Les mottes en l’air et l’état de la pelouse. La joie des visiteurs, les oies et les moutons passent à la trappe. Pas un mot. Aucune ligne. Et un coup de projecteur sur l’état de la pelouse. Les journalistes sont vraiment insupportables. Âpres au gain quand il s’agit de faire de l’argent sur le dos du président, ils sont avares de superlatifs et d’enthousiasme vis-à-vis du ministre de l’agriculture.

Le monde politique se porterait bien mieux sans ces foutus journalistes.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

24 Oct

Bernard Carayon : « Vous voulez des services publics, vous avez des migrants »

Le démantèlement de la « jungle de Calais » a débuté ce matin, lundi 24 octobre. Les premiers bus acheminant les occupants commencent à arriver dans les communes d’accueil. Un accueil qui est parfois hostile. Un (futur) centre d’hébergement a été incendié dans le Puy-de-Dôme.

En région Occitanie, le Front National a publié la liste des hébergements prévus par la préfecture dans la ville de Lourdes. Dans l’Hérault, des élus sont passés des paroles aux actes. Le conseil municipal de Saint-Bauzille-de-Putois a démissionné pour marquer son refus d’accueillir des migrants.

Bernard Carayon

Bernard Carayon

Dans le Tarn, pas de démission, de divulgation de liste ou d’incendie volontaire, mais le maire (LR) de Lavaur tire à boulets rouges. Ce n’est pas la première fois que Bernard Carayon s’insurge contre l’accueil des migrants venus de Calais. L’élu déclare ouvertement : « je ne veux pas de migrants« . Cette prise de position frontale a, d’ailleurs, suscité la colère du 1er fédéral du PS 81, Patrick Vieu.

Mais, ce lundi 24 octobre, le ton monte d’un cran. Dans un communiqué de presse, le maire de Lavaur accuse le gouvernement :

Alors que le gouvernement se désintéresse de la ruralité et ferme des services publics, comme la trésorerie de Saint-Amans-Soult, il installe les migrants à la campagne : à Saint-Amans et Lacaune »

Bernard Carayon ne se contente pas de dire « vous voulez des services publics, vous avez des migrants ». L’élu Les Républicains, président de la fédération LR 81, évoque une « double peine » pour les Tarnais :

C’est le rasoir à deux lames pour les habitants : le premier signe l’abandon par l’Etat de la ruralité. Le second impose une coexistence dangereuse avec des hommes déracinés, originaires des régions du monde les plus éloignées de notre mode de vie »

« Coexistence dangereuse ». « Régions les plus éloignées de notre mode de vie ». L’avocat de profession pèse soigneusement ses mots. Pas de référence à la religion, à la nationalité ou simplement aux origines. Mais Bernard Carayon emploie des mots forts et transparents : selon lui les migrants ne sont pas des demandeurs d’asile ou des réfugiés, le sont des dangers et ils n’ont pas leur place dans le Tarn. Cette rhétorique ne dénoterait pas… au Front National. Mais ne déplaît non plus à une partie de sa famille politique !

Laurent Dubois (@laurentdub)

Législatives : l’ancien patron de l’UDI de l’Aude rejoint Louis Alliot et le Rassemblement Bleu Marine

Après les régionales, les législatives. Louis Aliot continue son ouverture et « débauche » une nouvelle personnalité centriste. Cette fois, la  cible n’est pas Toulouse et l’entourage de Dominique Baudis. La « prise » est Audoise. L’ancien président de l’UDI 11, Jean-François Daraud portera les couleurs du Rassemblement Bleu Marine (RBM) sur la seconde circonscription de l’Aude.

Louis Aliot, député européen et n°2 du Front National

Louis Aliot, député européen et n°2 du Front National

Personnage plein de faconde et haut en couleur, Jean-François Darraud (surnommé « Monsieur Scoumoune ») est un vieux routier de la politique audoise : deux candidatures aux Municipales à Carcassonne, trois candidatures à des législatives sur la 1ère circonscription, une aux cantonales.

L’ancien centriste a officialisé son ralliement à Louis Aliot ce samedi 22 octobre lors d’une conférence de presse. Gilbert Collard était présent. La participation de l’avocat médiatique et député RBM du Gard véhiculait un message politique. Un message que Louis Aliot explicite sans ambiguïté : « On continue à constituer l’aile radicale ». Gilbert Collard a porté l’étiquette Nouveau Centre lors des municipales de 2008 à Vichy. Jean-François Daraud s’affiche comme un soutien de Jean-Louis Borloo. Deux personnalités (très) différentes. Mais une même stratégie politique : l’ouverture au Centre.

Comment est-il possible de passer du Centre à Marine Le Pen ? Pour Jean-François Daraud, c’est la faute de Jean-Christophe Lagarde. C’est le patron de l’UDI qui l’a poussé dans les bras du RBM :

Depuis le départ de Jean-Louis Borloo, l’UDI est une bateau ivre. Le vrai esprit centriste est mort et c’est la faute de Jean-Christophe Lagarde. Cet homme est dangereux pour la démocratie française. Il ne pense qu’à son ambition. L’ascenseur centriste se casse la gueule. Pour la première fois, le centre n’a pas de candidat pour la présidentielle et on ne fera avaler à personne que la primaire de la droite est également celle du centre ». 

Au delà des péripéties du moment, le centrisme c’est (tout même) un corpus idéologique. Une idée appartient (notamment) à la doctrine du Centre : l’Europe. Le Front National est profondément euro-sceptique. Les centristes sont pour une Europe Fédérale et une intégration européenne qui conduit à la fin des Etats-Nations. Une nation que le Front National porte jusque dans son nom. Pour Jean-François Daraud ce n’est pas contradictoire : « je suis un européen convaincu mais contre cette Europe que l’on nous impose« .

Autre point d’achoppement : les valeurs humanistes. Là encore, Jean-François Darraud refuse d’opposer le RBM et le Centrisme. Pour lui son ralliement n’est pas un reniement. L’ancien centriste et futur candidat aux législatives met, toutefois, un bémol :

Je n’aurai jamais rejoint ce camp si Jean-Marie Le Pen était toujours le patriarche. Si c’était toujours lui, je ne serai pas venu »

Visiblement Jean-François Daraud a de la mémoire. Dans le Panthéon Centriste figure Simone Veil. L’ancienne ministre de la Santé a dénoncé régulièrement l’extrémisme du Front National. Un Front National dirigé, à l’époque, par Jean-Marie Le Pen. Simone Veil (déportée en 1944 à Auschwitz-Birkenau) s’est notamment indignée du « Durafour crématoire » qui, plus de vingt ans après, colle toujours à la peau de Jean-Marie Le Pen.

Pro-Aliot mais anti-Le Pen, Jean-François Darraud revendique des racines humanistes : « Ma vie passée parle pour moi. L’Abbé Pierre m’a remis l’étoile civique nationale et je me suis occupé pendant des années d’une équipe de foot pour les aveugles ».

Pour Jean-François Daraud, il n’y a pas de contradiction entre les valeurs humanistes du Centrisme et le Rassemblement Bleu Marine : « j’ai été accueilli à bras ouverts et je ne trouve que humanisme, tendresse et bonheur. A l’UDI ce n’était que des tensions internes et des bagarres. On m’a ouvert les bras ».

Les bras sont ouverts. Mais Marine Le Pen et son parti militent pour une fermeture des frontières. La « France Terre d’Accueil » est un thème défendu par la gauche, une partie de la droite et le Centre. Mais ce n’est pas la tasse de thé du Front National. Comment l’ancien centriste concilie ses anciennes convictions et sa récente conversation ? Avec une formule en forme de pirouette :

Je suis prêt à accueillir mais quand on a une maison avec 3 pièces alors qu’il en faudrait 4 ou 5, je dis stop. Je ne vais pas m’expatrier pour laisser ma place »

Jean-François Daraud a démissionné de la présidence de l’UDI 11 en mars dernier. Cette démission a mis fin à un parcours centriste débuté à l’âge de 18 ans. Mais il a fallu seulement quelques mois pour adopter la ligne de Marine Le Pen.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Migrants en Hautes-Pyrénées : la gauche monte au créneau face au Front National

Les premiers bus quittent Calais. Le démantèlement du camp a débuté ce matin, lundi 24 octobre. Des migrants quittent la « jungle » et sont dirigés vers des centres d’accueil et d’orientation (CAO) dans toute la France. C’est dans ce contexte qu’une polémique, soulevée par le Front National, agite depuis plusieurs jours la ville de Lourdes, dans les Hautes-Pyrénées.

Des migrants lors du démantèlement de la jungle de Calais ce 24 octobre.

Des migrants lors du démantèlement de la jungle de Calais ce 24 octobre.

Dans un communiqué de presse, le FN a dénoncé l’existence de 250 migrants, « camouflés » par les pouvoirs publics. Un conseiller régional du parti de Marine Le Pen, Olivier Montel, a également publié, sur sa page page Facebook, une note mentionnant les logements des migrants. Fait rarissime, la préfecture et le procureur de la République ont publié un communiqué commun dénoncant l’opération du Front National et en évoquant des poursuites judiciaires.

Sur le terrain politique, les réactions s’enchaînent également. Le parti socialiste des Hautes-Pyrénées parle d’une « triste polémique » et souhaite « des suites judiciaires« . Dimanche 23 octobre, le parti communiste est monté au créneau :

Il s’agit de surfer sur la peur sociale pour développer la haine anti-étranger… Monsieur Montel devant l’émoi suscité et rattrapé par les autorités départementales, a fait machine arrière prétextant qu’il ne s’agissait pas de délation mais de la volonté d’en informer les lourdais… On pourrait presque en rire si ce n’était pas à pleurer »

La réaction des communistes des Hautes-Pyrénées clôt le volet politique de la polémique. Mais le (véritable) point final pourrait venir de la justice. A suivre.

Laurent Dubois (@laurentdub)

 

 

21 Oct

Colère des policiers : tirs tendus entre FO Police et l’intersyndicale Alliance-Unsa Police

Policiers en colère à Toulouse, le mercredi 19 octobre Photo MaxPPP

Policiers en colère à Toulouse, le mercredi 19 octobre Photo MaxPPP

Tension entre les syndicats de policiers. Le deuxième syndicat des gardiens de la paix et gradés, SGP FO Police, souhaite organiser une « marche silencieuse policière et citoyenne » à Toulouse, Tarbes, Albi et Montauban. Cette manifestation (sans logo syndical) est prévue le mercredi 26 octobre. Cet événement fait suite à la mobilisation spontanée de centaines de policiers, dans toute la France, Une mobilisation liée à l’attaque de quatre policiers en région parisienne.

L’intersyndicale refuse de participer à la marche du 26 octobre. La réaction de SGP FO Police ne s’est pas faite attendre :

Avec une grande consternation que nous prenons connaissance de la décision de la pseudo intersyndicale Alliance / Unsa-police de rejeter l’appel à la marche neutre, silencieuse, et citoyenne programmée mercredi 26 octobre alors qu’ils s’approprient une autre initiative de manifestation devant les tribunaux. Nous sommes catastrophés par ce suicide assumé de concurrents  qui n’ont aucun scrupule ni états d’âme face à la détresse de nos collègues. Unité SGP ne peut que maintenir son appel à l’union SANS ETIQUETTE à une marche policière, citoyenne. Nous déplorons profondément ces positionnements politiques inopportuns et dévastateurs.

Du côté d’Alliance Police, la contre-attaque fuse. Un représentant du syndicat déclare :

Les collègues dans leur mouvement de colère avaient décidé de se rassembler le 26 octobre pour une marche silencieuse, Unité Police FO a lancé une marche silencieuse le même jour trahissant ainsi la volonté des collègues d’évoluer hors syndicats. Pour ne pas participer à cette opération de récupération, Alliance police nationale ne s’associera pas à cette marche et organise avec d’autres syndicats dont UNSA Police des rassemblements silencieux devant les palais de justice tous les mardis de 13 heures à 13 heures 30

Selon nos informations, une contre-marche pourrait se dérouler face à la marche organisée par FO Police.

On connaissait la guerre des polices. On découvre la bataille en ordre dispersé des syndicats policiers.

Laurent Dubois (@laurentdub)

Didier Martinez -SCP FO Police : « c’est la haine totale des policiers »

Didier Marinez SGP FO Occitanie

Didier Marinez
SGP FO Occitanie

Des cocktails Molotov mettent le feu dans les rangs de la police. Le 8 octobre dernier, 4 policiers ont été blessés par des engins incendiaires alors qu’ils effectuaient une mission de surveillance. Suite à ce fait divers, les policiers descendent dans la rue avec armes et véhicules de service. Le mouvement est né en région parisienne. En quatre jours, il s’étend à l’ensemble du territoire national. A Toulouse, une centaine de policiers a manifesté sa colère. Les syndicats sont court-circuités et critiqués. Le secrétaire général de SGP FO en Occitanie, Didier Martinez, revient sur ce mouvement inédit et attend une réaction concrète de la part du gouvernent. Interview.

Le Blog Politique. Les manifestations de policiers qui se déroulent à Lyon, Paris, Toulouse sont-elles inédites ? Au cours de votre parcours syndical, vous avez connu un tel mouvement ?

Didier Martinez. C’est absolument inédit. Ce qui est nouveau, c’est le côté récurrent. En 2001, suite à l’assassinat d’un collègue au Plessis- Trévise lors d’un cambriolage, la base s’est spontanément mobilisée. A l’époque Daniel Vaillant était ministre de l’Intérieur. Cette mobilisation a débouché sur une réforme indemnitaire et indiciaire. La prime de risque a notamment été augmentée. En 2012, nous avons défilé sur les champs-Elysées suite à la mise en examen après qu’il ait utilisé son arme de service. Mais, c’est pareil, comme en 2001, en deux, trois jours tout rentre dans l’ordre.

Le Blog Politique. Pensez-vous que le gouvernement a une responsabilité dans le mouvement actuel ?

Didier Martinez. Aucun gouvernement n’a eu autant de manifestations durant un quinquennat. Même sous Sarkozy. Ils n’ont jamais entendu le message. La contestation autour de la loi Taubira aurait dû les alerter. Il y a eu la signature d’un protocole. Mais il est totalement vide et creux. Le gouvernement, s’est contenté de paroles sympathiques et de compassion. Pour que ça bouge, il aura fallu que la base dise : ça suffit. Les syndicats vous n’arrivez à rien.

Le Blog Politique. Comme vous le précisez, le mouvement vient de la base et se déroule en marge des syndicats. C’est un constat d’échec pour le syndicaliste que vous êtes ? 

Didier Martinez. Jamais un syndicat ne peut donner de consignes qui exposent nos collègues à des sanctions. Nous avons tout mis dans la balance pour faire avancer les exigences de la base. Mais on ne peut pas utiliser certaines méthodes comme bloquer un périph. C’est injuste de nous reprocher notre inaction. S’agissant de l’action des collègues, ils l’ont fait et ça marche. Je m’en réjouis.

Le Blog Politique. Pensez que l’action de vos collègues va faire bouger le gouvernement ?

Didier Martinez. Le fait que François Hollande reçoive les syndicats prouve que le gouvernement a pris la mesure du malaise. Mais le gouvernement va devoir présenter une palette de réponses. Je sais notamment que les collègues attendent une réponse sur le pouvoir de riposter. Actuellement, c’est compliqué de sortir son arme. Quand une voiture refuse de s’arrêter et nous dépasse, on ne peut pas tirer dans les pneus. Nous sommes enfermés dans le cadre de la légitime défense et cela suppose d’être devant le véhicule. On ne peut pas tirer.  Il y a un risque permanent de révocation et de mise en examen. Le climat est devenu intenable. Nous n’avons pas les moyens de réagir. C’est la haine totale des policiers. Dans les manifestations, on voit des gens armés qui veulent se battre et crever du flic. Nos collègues ont un sentiment de vulnérabilité et l’exaspération a atteint son paroxysme.

Propos recueillis par Laurent Dubois (@laurentdub)